Allier
Alpes-de-Haute-Provence
Alpes-Maritimes
Ardennes
Ariège
Aude
Aveyron
Bas-Rhin
Cantal
Charente
Charente-Maritime
Cher
Corrèze
Côte-d'Or
Côtes d’Armor
Creuse
Dordogne
Doubs
Essonne
Eure
Eure-et-Loir
Finistère
Gard
Gironde
Haute-Garonne
Haute-Loire
Haute-Saône
Hautes-Pyrénées
Haute-Vienne
Hauts-de-Seine
Hérault
Ille-et-Vilaine
Indre
Indre-et-Loire
Isère
Landes
Loire-Atlantique
Loir-et-Cher
Loiret
Lot
Lot-et-Garonne
Maine-et-Loire
Manche
Marne
Mayenne
Morbihan
Moselle
Nièvre
Nord
Oise
Orne
Paris - Notre-Dame
Pas-de-Calais
Puy-de-Dôme
Pyrénées-Atlantiques
Rhône
Saône-et-Loire
Sarthe
Somme
Tarn
Tarn-et-Garonne
Val d'Oise
Vaucluse
Vendée
Vienne
Yonne
Yvelines
Actualité de la base Muséfrem
Vous avez dit prosopographie ?
Histoire de l'enquête Muséfrem
Les fondements de l'enquête Muséfrem
Les contributeurs depuis 2003
Les partenaires scientifiques
Contact
Pour citer Muséfrem
BOYER, Michel, au Mans (1768-1858)
Complément de nom : au Mans
Date(s) : 1768-2-5 / 1858-9-16
Sa carrière personnelle d'organiste fut relativement brève : elle s'interrompit à la Révolution et ne reprit pas ensuite. Pourtant, Michel BOYER, né à Tours, mort au Mans, a une réelle importance pour l'histoire de l'orgue dans ces deux villes, et plus largement : sa longévité, et la dextérité de sa plume, en ont fait en effet un témoin majeur de la vie organistique de la première moitié du XIXe siècle, puisqu'il est l'auteur d'un grand nombre de notices sur le sujet.
• 5 février 1768, Tours : Fils de François Boyer et de Charlotte Chandereau, Michel BOYER "né d'aujourd'hui" est baptisé paroisse St-Pierre-des-Corps. Son père était dit boulanger lors de son mariage, en 1752, mais il est ensuite devenu maçon, métier d'ailleurs exercé par le parrain de l'enfant. Ni ce parrain, ni la marraine ne savent signer.
• [Dates incertaines, vers 1775-vers 1778 environ], Tours : Dès l'âge de 7 ans, Michel BOYER est formé à la musique, puis à l'orgue par son frère Étienne BOYER, organiste à l'abbaye mauriste de Marmoutier, sur la rive droite de la Loire, près de Tours. Michel ne semble pas avoir été enfant de chœur dans une maîtrise tourangelle.
• [Vers 1778-1779], Tours : Très jeune, à l'âge de dix ans, écrit-il, Michel BOYER aurait été reçu comme organiste à Saint-Saturnin de Tours.
• Novembre 1784, Le Mans : Reçu organiste à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour du Mans, aux gages de 400 livres / an, Michel BOYER quitte Tours pour s'installer au Mans. Aux claviers de l'orgue de la collégiale, il succède à Pierre BERTIN. Il rencontre Julien BROUSSIN, qui lui montre son vieil orgue de l'abbaye de La Couture.
• Entre fin 1784 (son arrivée au Mans) et fin 1785 : Michel BOYER forme la jeune Françoise Adélaïde VEIMRINGER à toucher l'orgue.
• Décembre 1785, Le Mans : Après un bref passage aux claviers de la cathédrale, de fin juin à mi-décembre 1785, pour prendre le relais de Louis Jacques MALLET devenu trop âgé, Michel BOYER revient au bel orgue Parizot de la collégiale (contrat de six ans renouvelable, à 700 livres / an, ce qui représente une augmentation très importante).
Il racontera plus tard pourquoi et comment s'opéra ce transfert : d'une part il avait été très déçu du refus du chapitre cathédral d'investir la somme nécessaire pour faire réparer ses orgues, alors en mauvais état ; d'autre part le chapitre collégial lui envoya nuitamment un émissaire, le Marquis de FLERS, pour lui proposer "de recouvrer notre cher orgue avec un traitement supérieur, garanti par un traité à vie", ce qu'il accepta immédiatement. Le chapitre de St-Julien, furieux de ce départ, lui interdit l'accès à l'orgue lors de la fête de St-Julien suivante (27 janvier 1786) alors que selon l'usage c'est l'organiste de chacune des compagnies chantant successivement matines qui doit toucher l'orgue. Le chapitre collégial, s'estimant outragé à travers son organiste, quitte la cathédrale en corps et va chanter matines "avec exaltation" dans sa propre église. Cela provoque un incident diplomatique de plus entre les deux chapitres rivaux, que "la sagesse du prélat", Mgr Jouffroy-Gonssans, apaise.
À la cathédrale, Michel Boyer est remplacé par René COINDON, qui arrive de Poitiers.
• Vers juin 1786, Michel Boyer commence à desservir aussi l'orgue des Cordeliers. L'horaire des cérémonies de l'octave de la Fête-Dieu de 1786 chez les Cordeliers l'empêchant de pouvoir être présent, car il doit bien sûr donner la priorité à son employeur principal, le chapitre de Saint-Pierre-la-Cour, il se fait remplacer par un de ses élèves, débutant en clavecin, qui ne sait jouer que "J'ai du bon tabac", ce qui cause un petit scandale. Il explique que tous ses autres élèves sont "des jeunes personnes", c'est-à-dire des jeunes filles, qu'il n'aurait pas été décent d'envoyer chez messieurs les Cordeliers...
• En 1790, Le Mans : Le poste principal de Michel BOYER est toujours l'orgue de la collégiale St-Pierre, mais il tient toujours aussi l'orgue du couvent des Cordeliers qui lui rapporte 100 livres / an.
Le chapitre collégial parvient alors à entretenir 9 musiciens et 4 enfants de chœur. Sous la conduite de Julien-Marin LETOURNEAU, qui fait office de maître de musique, sans en avoir le titre, chantent François-René BOISNÉ, Jean Louis Charles DUVAL, Antoine Joseph FLAMAND et Pierre SOUCHET. Leurs voix sont soutenues par deux serpents, Jacques CHAUFFIER et Vincent LELIÈVRE – un troisième serpent, Pierre Antoine LEMEUNIER, devenu aveugle, étant depuis le printemps 1789 pensionné par le chapitre.
Vers la fin de 1790, BOYER adresse une demande aux administrateurs du district du Mans afin de toucher ses appointements de trois mois de service comme organiste de la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour et ceux de six mois et six semaines à l'église des Cordeliers.
• Janvier 1791, Le Mans : Les administrateurs du département de la Sarthe accordent à Michel Boyer 237 livres 10 sols (soit 175 livres pour les trois derniers mois de son traitement de 1790 comme organiste de Saint-Pierre, et 62 livres 10 sols pour sept mois et demi de ses appointements d'organiste des Cordeliers).
• Les administrateurs prennent une série de décisions contradictoires à son sujet (1er mars, 5 mars, 26 mars 1791)...
• Mai 1791, Le Mans : Michel BOYER est engagé comme organiste de la nouvelle paroisse agrandie de Notre-Dame du Pré.
• 1791 : Il accède à la place de professeur de troisième et de seconde de rhétorique au collège laissée vacante par un oratorien ayant refusé de prêter serment.
• En mars et avril 1792, BOYER "Maître de musique au Mans" échange plusieurs courriers avec la fabrique de piano Érard.
• 1er frimaire (21 novembre 1793) : Michel "Regulus" BOYER, est l’un des organisateurs de la Fête de la Raison dans l’ex-cathédrale "purgée de tous les attributs de la superstition et décorée de ceux du patriotisme". Il en adresse le récit à la Convention : sur l'autel trônent "trois déesses de la Liberté, de la Justice et de la Vérité représentées dans la personne de trois jeunes filles vertueuses et patriotes". La fête s’achève par le feu purificateur qui dévore "un monceau de chapes, de petits bons dieux, de missels et d’autres instruments magiques de cette espèce"...
• 4 frimaire an II (24 novembre 1793), Le Mans : Michel "Regulus" BOYER, "professeur au collège national du Mans", épouse "Vérité" (Anne)-Victoire Biou, 18 ans, fille d'un chirurgien ou officier de santé, en présence de plusieurs de ses amis engagés dans la Révolution, qui sont alors aux commandes de la ville. Le surnom de la jeune mariée suggère qu'elle pourrait avoir été trois jours plus tôt l'une des représentations allégoriques de la Fête de la Raison.
Rédacteur au Courrier patriotique de la Sarthe, BOYER est aussi le quatrième signataire d’une Adresse que les "sans-culottes" du Mans envoient à la Convention, au Comité de Salut public et à "toutes les Sociétés populaires" pour prendre la défense de Philippeaux, député de la Sarthe et représentant en mission, qui avait dénoncé à l’Assemblée les agissements des généraux républicains dans les départements de l’Ouest.
• Germinal-Floréal an II (mars-avril 1794), Le Mans : Sous l’accusation d’hébertisme, Michel BOYER est arrêté le 7 germinal (27 mars 1794) avec neuf autres membres de la Société populaire, emprisonné et emmené à Paris. Cette "affaire du Mans" est un résultat de la rivalité Philippeaux/Levasseur, c'est d'ailleurs ce dernier qui a dénoncé à Garnier de Saintes, représentant en mission venu au Mans, ces dix "hommes profondément pervers"… Accusé avec d'autres membres de la Société populaire, dont Rigomer Bazin, "d'une conspiration contre la liberté et la sûreté du peuple français, tendante à dissoudre la représentation nationale, à anéantir le gouvernement républicain, et à exciter la guerre civile", Boyer comparaît devant le tribunal révolutionnaire et y subit un interrogatoire le 10 floréal an II. Il est acquitté le 11 floréal (30 avril 1794), ainsi que les autres prévenus manceaux. Toutefois, les dix Manceaux restent en prison à la demande de Garnier de Saintes, et ils ne semblent avoir été réellement libérés qu'après le 9 Thermidor.
• Frimaire an III : Michel BOYER est choisi par le district du Mans pour se rendre à Paris suivre les cours de l’École normale à la suite de l’annulation de nominations antérieures par le représentant du peuple Génissieu qui, le 4 frimaire, a déclaré préférer des pères de famille à des ex-prêtres et célibataires. L’expérience de l'École normale dure quatre mois (pluviôse, ventôse, germinal et floréal an III), du 20 janvier au 19 mai 1795 [1er pluviôse an III au 30 floréal an III].
• L’école normale fermée, BOYER rentre au Mans où il est à nouveau arrêté le 30 prairial an III (18 juin 1795) comme "agent subalterne" du terrorisme, "instituteur provocateur, partisan des mesures acerbes, profond hypocrite et flagorneur du peuple". Il bénéficie, comme les autres accusés, d’un verdict de non-lieu le 16 vendémiaire an IV (8 octobre 1795).
• Michel BOYER repart alors pour Paris où il s'installe et se consacre à l'enseignement durant près de dix ans.
• Le 17 thermidor an IV (4 août 1796), au no 210 de la rue Bellefond, à Paris, naît sa fille Victorine. L'acte de naissance, dressé le lendemain, qualifie Michel Boyer d'"artiste".
• Fin 1796, Paris : La presse parisienne publie des annonces pour des œuvres du citoyen BOYER. L'un de ces recueils de sonates est dédié à Philippe Delamain, un de ses élèves, jeune aveugle de 7 ans. On peut acheter ce recueil "chez l'auteur, rue Bellefond, no 210, Faubourg Montmartre" [annonce parue en décembre 1796 (frimaire an V) dans les Affiches et Avis divers de Paris et dans Le Journal de Paris].
• Vers 1804-1805 environ, Michel BOYER revient au Mans où il devient professeur au Collège, d'abord alternativement en seconde et en rhétorique, puis titulaire de la chaire de rhétorique, jusqu'à sa retraite en 1836. Par ailleurs, il achète terres et bordages aux alentours du Mans (Brains-sur-Gée, Saint-Georges-du-Bois) et les gère avec attention.
Durant un demi-siècle, et surtout à partir de 1836, Michel Boyer écrit et publie abondamment. Il est membre de la Société royale des Arts, aux réunions de laquelle il est assidu et pour laquelle il rédige de nombreux textes, orientés vers deux thèmes essentiels : la musique et l'éducation.
Jusque dans son grand âge il fait fonction d'expert régional pour les orgues et écrit à leur propos de précieux souvenirs au sujet des instruments et des musiciens du passé, ainsi que des récits d'inauguration d'orgues contemporaines. Il joue un rôle déterminant dans la décision de Gabrielle de Sainte-Gemme Dudevant de faire don de son orgue de salon au collège du Mans. Cet orgue se trouve toujours aujourd'hui dans la chapelle de l'Oratoire et a été restauré à la fin de la première décennie du XXIe siècle. Michel Boyer s'implique au service de la paroisse de Saint-Benoît, dont il préside la fabrique avant de lui faire don d'un orgue en 1839 puis, en 1849, de former la pianiste Mélanie LIONNET pour le toucher.
Après le décès d'Albin Claude François NOCQ, en septembre 1837, présenté à cette occasion comme le doyen des organistes de France, c'est Michel BOYER qui, dans les années suivantes, se pare de ce titre.
• Michel BOYER perd son épouse en 1844 et rédige des "poèmes élégiaques" en son honneur. Leur fille Victorine avait épousé le 3 octobre 1825 Charles Louis Auguste de Condren de Suzanne, professeur de seconde au collège royal d'Angers, qui deviendra ensuite inspecteur de l'académie d'Angers.
• 16 septembre 1858, Le Mans : Michel BOYER, devenu nonagénaire, s'éteint dans sa maison rue "de la Truie qui File", dans la ville ancienne. Il avait rédigé son testament le 26 décembre 1856.
• 18 septembre 1858 : Michel BOYER est inhumé au Grand cimetière de la ville. Il y repose aux côtés de son épouse, de sa fille et du petit-fils de celle-ci.
Un inventaire est dressé quelques jours après son décès, il permet de bien connaître le cadre confortable dans lequel le vieil organiste avait vécu la fin de son existence.
Mise à jour : 28 mai 2019
• • • Principaux écrits de Michel Boyer (consultables à la médiathèque Louis-Aragon, Le Mans) :
- De l'éducation des filles, Jusqu'à quel point la culture des sciences et des arts doit-elle entrer dans cette éducation ?, Le Mans, Fleuriot, 1811, 41 p.
- Notice biographique sur François Pichon, ancien maître de musique au Mans, Le Mans, Fleuriot, 1836, 8 p.
- L'Éducation, poème en douze chants, Le Mans, 1838.
- Quelles est celle des trois méthodes suivantes qui paraît la plus propre à populariser le goût de la musique : 1°) l'enseignement par le solfège ; 2°) l'enseignement par le méloplaste, sur des tableaux, avec des chiffres au lieu de notes ; 3°) l'enseignement simultané, suivant la méthode de Wilhem, Le Mans, 1839.
- Concert donné par les élèves du collège du Mans, à l'occasion de la fête de M. le principal, le 24 juin 1841, Le Mans, 1841.
- Notice biographique sur le père Moissenet dernier supérieur du Collège Séminaire de l'Oratoire et premier principal de ce même Collège, Le Mans, Fleuriot, 1842.
- Le Festival du Mans et le Stabat de Rossini, Le Mans, 1842.
- "Dissertation sur l'utilité de la musique dans l'instruction primaire", Bulletin de la Société d'Agriculture Sciences et Arts de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1843, p. 107 à 112.
- "Notice sur les orgues du diocèse du Mans avant et après 1793", Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, La Mans, Monnoyer, 1846, p. 338 à 359.
- "Réception de l'orgue de Saint-Calais", Union de la Sarthe, Le Mans, 1846.
- Réception de l'orgue de Château-du-Loir, Le Mans, 1846.
- "De l'harmonium, son histoire, ses progrès", Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, Le Mans, 1847.
- "Notice historique sur les orgues existant dans les églises de Tours avant 1789 et sur les organistes qui les desservaient", Congrès scientifique de France, Tours, 1848.
- "Notice biographique, musicale et littéraire sur François Marc, Maître de chapelle de la cathédrale du Mans", Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1850-1851, p. 415 à 443.
- De l'usage, de l'accord et de l'éducation du piano, Le Mans, 1853.
- Notice sur l'Orgue et l'organiste, Le Mans, 1854, 23 p.
- Inauguration de l'orgue d'accompagnement de la cathédrale du Mans, Le Mans, Julien, Lanier et Cie, 1856, 14 p.