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MALLET, Louis Jacques (1714-1786)
Autre(s) forme(s) du nom : MALET
Date(s) : 1714-10-24 / 1786-6-22
Fils, frère, père et oncle d'organistes, Louis-Jacques MALLET est situé au cœur d'une famille d'organistes – hommes et femmes – qui se croisent et s'entrecroisent, se succèdent et se remplacent à travers toute la Normandie, pour finir par atteindre le Maine : c'est à la splendide tribune de la cathédrale Saint-Julien du Mans que Louis-Jacques touche ses derniers orgues, après une carrière marquée par l'instabilité.
• 26 octobre 1714, Pont-de-l'Arche [Eure] : Louis-Jacques MALLET, fils de Louis MALLET [organiste] et de Marie Alexandre, naît le 26 et est baptisé le 28 octobre, avec pour parrain et marraine Louis Mallet et Magdeleine Glinet qui, tous deux, savent signer avec facilité.
Moins de trois ans plus tard, le 3 juin 1717, est baptisé au même endroit son jeune frère Robert-Alexandre.
• [D'environ 1721 à environ 1731] : Il est plausible que Louis-Jacques MALLET ait été formé à la musique dans une maîtrise de Normandie. Rouen à 18 km au nord de sa ville natale, Évreux à 33 km au sud, ou ailleurs ? À moins qu'il ne soit redevable qu'à son père de ses connaissances, en particulier en ce qui concerne l'art de toucher l'orgue.
• 28 octobre 1738, Pavilly : Dans cette petite ville situé à environ 20 km au nord-ouest de Rouen, Louis-Jacques et son frère Robert assistent à l'inhumation de leur père, Louis MALLET, "organiste en cette église", décédé à l'âge de 44 ans. Ils signent tous les deux l'acte de sépulture.
• [Avant septembre 1742], Rouen : Louis-Jacques MALLET est organiste à Rouen – à l'église paroissiale Saint-Laurent, et peut-être à d'autres tribunes – lorsqu'il postule à l'orgue d'Honfleur.
• 16 septembre 1742, Honfleur [Calvados] : Après le décès de CORISY, le précédent organiste, Louis-Jacques MALLET "organiste à Rouen", est reçu pour toucher l'orgue de la paroisse Sainte-Catherine. Ses appointements, à compter de la Toussaint 1742, sont fixés par la fabrique à 328 livres. S'y ajouteront 12 livres payées par la Charité et 10 versées par la confrérie du Saint-Sacrement. À Saint-Laurent de Rouen il est remplacé par Pierre FÉREY.
• 18 février 1744, Honfleur : Dans l'église paroissiale Sainte-Catherine, Louis-Jacques MALLET, 27 ans, "organiste dans cette église depuis viron seize mois", épouse Suzanne Juglet, 21 ans, "domiciliée de notre ditte paroisse depuis plusieurs années". Tous deux sont orphelins de père, leurs mères respectives ont envoyé leur consentement, depuis Rouen pour celle du marié, depuis Beaumont-le-Roger pour celle de la mariée. Cette dernière est assistée d'un oncle, "contrôleur au tarif".
Les Mallet-Juglet quittent Honfleur sans doute vers la fin de 1744 : les comptes 1745 et 1746 de la paroisse Sainte-Catherine, en ce qui concerne l'orgue, mentionnent uniquement la rétribution d'un organiste extérieur – en 1745, COUSIN – venu de Pont-Audemer pour les fêtes de la sainte patronne. Le service de l'orgue pourrait ne pas avoir été assuré de façon continue durant ces années.
• De 1745 à 1747, Évreux : Louis-Jacques MALLET est organiste de la cathédrale Notre-Dame.
À la mi-février 1745, un an après le mariage, une première fille, prénommée Anne-Flore, nait dans la paroisse Saint-Nicolas de la cité ébroïcienne. Elle a pour parrain Louis Jacques THIAU, alors maître de musique de la cathédrale. Une seconde fille, Anne Aimée, nait en la même paroisse le 4 avril 1747. Entre temps, un garçon, Louis-Joseph, est né le 8 février 1746, toujours paroisse Saint-Nicolas. Dans les trois actes de baptême, le père est dit "organiste de la cathédrale". Les autres parrains choisis sont "contrôleur des aides" et "bourgeois de Paris".
• 10 décembre 1747, Honfleur : La fabrique de Sainte-Catherine accepte la proposition que Louis-Jacques MALLET vient de lui faire, revenir toucher l'orgue de la ville où il servi quelques années plus tôt. L'assemblée paroissiale arrête le montant des appointements à 278 livres payées par la fabrique, avec en outre 12 livres par la Charité et 10 livres par la confrérie du Saint-Sacrement, soit un total de 300 livres, c'est-à-dire 50 livres de moins que prcédemment. Cette baisse s'explique par l'état de guerre (guerre de Sept ans) qui touche la région et ses populations (insécurité, forte pression financière sur une ville en défense). MALLET touchera l'orgue à dater du 1er janvier 1748. On peut s'interroger sur les motivations qui ont poussé l'organiste à renoncer à un orgue de cathédrale pour revenir à un poste paroissial.
À Évreux lui succède son futur beau-frère Louis Jean DULONG, qui épousera sa sœur Marie-Marguerite Françoise Mallet le 26 août 1748, à Rouen.
• 1er novembre 1750, Honfleur : À la suite d'une réclamation de l'organiste, l'assemblée paroissiale accepte d'augmenter ses gages annuels jusqu'à 328 livres. Louis-Jacques MALLET a en effet rappelé qu'il avait offert de revenir d'Évreux à condition de toucher les 350 livres d'appointements. On lui objecte la guerre, qui oblige à restreindre les dépenses...
• 21 décembre 1756, Honfleur : Alors que la guerre se poursuit, l'organiste a demandé que l'assemblée paroissiale statue sur le rétablissement de ses gages à 350 livres. Par délibération il est arrêté que ces appointements seront maintenus à 328 livres durant deux années encore. Et, si l'état de guerre continuait au-delà, l'on étudierait à nouveau la question.
• 14 août 1759, Honfleur : Une délibération mentionne le départ de Louis-Jacques MALLET qui "a quitté l'orgue pour aller s'établir à l'abbaye de Préaux", et reçoit un nouvel organiste. Il s'agit de Robert Alexandre MALLET, frère du précédent, qui touchera l'instrument durant près de dix années.
• Entre août 1759 et mai 1761, Les Préaux [Eure] : Louis-Jacques MALLET – peut-être suppléé par ses filles, voire son épouse lorsqu'il s'absente ? – est organiste de l'abbaye Saint-Pierre des Préaux, abbaye bénédictine mauriste proche de Pont-Audemer.
• 13 avril 1760, Dreux : L'organiste Louis LIEDÉ ou LIEDDE (père) n'étant plus en état de toucher l'orgue de l'église Saint-Pierre et bien qu'il ait proposé son fils pour le remplacer, c'est Louis-Jacques MALLET qui obtient la place, "aux appointements de 400 livres dont 200 livres seront payées au sieur LIEDDE du consentement dudit MALLET (à cause de l'infirmité dudit sieur LIEDDE) et 200 livres au sieur MALLET pour ses honoraires ... après le décès dudit LIEDDE, le dit sieur MALLET jouira desdites 400 livres en entier."
Louis LIEDDE décède en mai 1761, mais la fabrique fait des difficultés pour régler aussitôt les appointements complets à Louis-Jacques MALLET, qui n'a semble-t-il pas été très assidu à son poste depuis sa nomination de l'année précédente. En son absence d'ailleurs, c'est une demoiselle LIEDDE qui a assuré le service pendant six mois. Un terrain d'entente n'est trouvé que le 5 mai 1761 grâce à Suzanne Mallet, la femme de Louis-Jacques qui vient plaider sa cause devant les marguillers : 400 livres annuelles "à charge pour lui d'accorder l'orgue lorsqu'il sera besoin et de donner des leçons de plain-chant aux quatre enfants de chœur. Par considération spéciale, il lui est accordé la somme de 24 livres pour l'indemniser des frais de son voyage, non comprises dans ses appointements." Le couple en effet n'habite toujours pas à Dreux et semble encore résider à l'abbaye de Préaux, à plus de 100 km de là.
• 15 janvier 1764, Dreux : Louis-Jacques MALLET ayant été engagé à St-Léonard d’Alençon, il propose sa fille Anne Aimée MALLET pour le remplacer à Dreux, pour des gages de 250 livres par an (il en touchait, lui, 400 !). Elle prend ses fonctions immédiatement mais doit patiemment rembourser une dette paternelle de 300 livres par une retenue sur ses gages de 15 livres par quartier.
• [Vers fin 1765 ou 1766], Le Mans : Louis-Jacques MALLET devient organiste de la cathédrale Saint-Julien. Il a, vraisemblablement, succédé à Guillaume LE BOURDAIS, décédé en septembre 1765. À la même période, sa fille Anne-Flore MALLET devient organiste de l'abbaye bénédictine Saint-Julien du Pré au Mans. Elle le restera pendant vingt-cinq ans, jusqu'à la Révolution.
• 16 juin 1774, Pezé-le-Robert [Sarthe] : Dans ce village situé à 32 km au nord-ouest du Mans (ce qui représente de nombreuses heures de marche à pied), Louis MALLET "musicien organiste de l'église cathédrale du Mans" et Nicolas BOUTELOU "organiste de l'abbaye royale de St-Vincent", sont ensemble témoins à une noce dont aucun protagoniste ne semble particulièrement lié à la musique.
• 10 décembre 1782, Le Mans Crucifix : Louis-Jacques MALLET est présent et signe à l’inhumation de l’épouse de Louis PRIMO, chantre musicien de la cathédrale, en compagnie de Jean BARILLET, Antoine Firmin DURANT et André Laurent GAILLOURDET. Cette présence montre que même si son poste le sépare d'eux au quotidien durant les célébrations, l'organiste redescendu de sa tribune fréquentait à l'occasion les autres musiciens employés par le chapitre.
• 24 mai 1784 : Le sieur MALLET publie une annonce dans Les Affiches du Maine, dans laquelle il se dit toujours organiste de la cathédrale, et met en vente "un grand clavecin en ravalement facture de Denis à Paris", et "un violon Chapuis avec plusieurs archets". Il demeure rue Saint-Vincent, c'est-à-dire à proximité immédiate de la cathédrale. Cette vente est sans aucun doute l'indice des difficultés désormais éprouvées par le vieux musicien pour manier ses instruments.
• [Vers 1783-1785], Le Mans : Devenu infirme, Louis-Jacques MALLET est suppléé à l'orgue de Saint-Julien par un amateur, le marquis de Flers, puis remplacé provisoirement par Michel BOYER, de fin juin 1785 à mi-décembre 1785, et enfin par René COINDON, à partir de février 1786.
• Louis-Jacques MALLET s'éteint au Mans le 22 juin 1786.
Mise à jour : 13 mars 2019