Login
Menu et informations
TOURNEUR, Étienne, (fils) (ca 1676-1727)
État civil
NOM : TOURNEUR     Prénom(s) : Étienne     Sexe : M
Complément de nom : (fils)
Autre(s) forme(s) du nom : LETOURNEUR
LE TOURNEUR
LETOURNEL
LE TOURNEL
Estienne
Date(s) : 1676 ca  / 1727-1-1 
Notes biographiques

Fils d'un père organiste, frère de quatre organistes, oncle d'au moins huit musiciens et musiciennes, père d'au moins un autre…, Étienne TOURNEUR – ou LETOURNEUR – est lui aussi organiste et facteur d'orgues, installé à Beaune puis à Lyon. Il est surtout actif en Bourgogne et à Lyon, mais rayonne jusqu'à Mende, en Gévaudan.

• [1676] : Étienne TOURNEUR ou LETOURNEUR est l'un des nombreux enfants nés d'Étienne TOURNEUR (ou Letourneur), maître écrivain et organiste à l’église St-Denis de Sézanne [Marne], et de Simone Éluard. Il est donc du même coup frère de Pierre, né en 1664 (qui sera organiste à Mantes, diocèse de Chartres), de Thérèse, née en 1668 (qui deviendra organiste aux côtés puis à la place de leur père à Sézanne), de Jean, né en ou vers 1676 (qui sera organiste à Chalon-sur-Saône) et de Joseph, né en 1680 (qui sera marchand et organiste à Seurre).
Son acte de baptême n'a pas été retrouvé à Saint-Denis de Sézanne, contrairement à ceux de la plupart de ses frères et sœurs qui s'échelonnent entre 1658 et 1680. Selon l'âge, probablement approximatif, indiqué à son décès, il pourrait être né en ou vers 1676.

• [1700], Beaune [Côte-d'Or] : Étienne TOURNEUR succède à François BEROIN à l'orgue de l'église paroissiale Saint-Pierre de Beaune, selon les recherches de Pierre Marie Guéritey.

• 2 avril 1704, Montmain [Côte-d'Or] : "Estienne Tourneur" est présent et signe l'acte de mariage de son frère Joseph, organiste à Seurre, et de Marie Robert. La mariée résidait jusqu'alors dans ce village situé à 8 km au nord-ouest de Seurre, sur la rive droite de la Saône (Seurre étant sur la rive gauche, diocèse de Besançon). On remarque qu'Étienne a adopté la graphie la plus simple de leur patronyme, "Tourneur".
• 3 septembre 1704, Troyes : Étienne TOURNEUR et Nicole Petit se marient en l'église Saint-Pierre. Les bans ont été publiés à Saint-Pierre de Beaune, paroisse de résidence du marié, et… à Saint-Denis de Sézanne, d'où vient la mariée et où son père, Thomas Petit, est marchand. Pourquoi le mariage a-t-il lieu à Troyes ? Rien dans l'acte n'indique que la jeune femme y ait résidé avant son mariage. Il y a un peu moins de 60 km entre Sézanne et Troyes. En revanche, le marié, lui, a parcouru plus de 170 km depuis Beaune. Son frère, Joseph, est venu de Seurre (près de 190 km). Le père de la mariée est présent également. Les autres témoins sont un "bourgeois de Troyes", le sonneur de Saint-Pierre et un tailleur d'habits.

• 1er janvier 1705, Seurre [Côte-d'Or] : Son épouse, Dlle Nicole Petit, est la marraine choisie par son frère Joseph TOURNEUR, organiste de l'église paroissiale Saint-Martin de Seurre, et par Marie Robert, sa femme, pour le baptême de leur premier fils, prénommé François.
• 6 novembre 1705, Beaune : Le premier enfant d'Étienne TOURNEUR et Nicole Petit voit le jour à son tour. Il est baptisé le lendemain à Saint-Pierre, où son père est "maître organiste".
Ensuite, et jusqu'au 27 août 1716 s'échelonnent au moins six autres naissances. Étienne TOURNEUR est présent à la plupart des baptêmes retrouvés. Il signe toujours en écrivant son patronyme "Tourneur", sans jamais ajouter un Le devant. Son identité professionnelle est claire aux yeux des scripteurs des actes : "maître organiste à Beaune", "facteur et organiste", "organiste de cette ville"… Il est plusieurs fois appelé "maître" en avant-nom. Contrairement à son frère Joseph, à Seurre, il ne semble pas exercer une autre activité professionnelle, en tout cas il n'est jamais dit "marchand" ni quoi que ce soit d'autre.
Les parrains et marraines sont par deux fois issus de l'entourage familial : son frère Joseph, en 1708, et l'épouse de celui-ci en 1711. Les autres appartiennent aux élites beaunoises, administratives, judiciaires ou fiscales : conseiller et lieutenant au bailliage et chancellerie de Beaune, "vice bailly de Beaune", avocat à la cour, trésorier en chef des consignations du parlement, receveur général, substitut de monsieur le procureur du Roy au bailliage de Beaune, procureur et notaire royal et syndic de la dite ville… Deux sont qualifiés d'écuyers.

• 29 novembre 1708, Seurre : Le sieur Estienne TOURNEUR, "marchand à Beaune, organiste de St-Pierre du dit Beaune" est à son tour choisi comme parrain par son frère  Joseph pour un nouveau fils, prénommé Étienne. Comme à son habitude, il signe "Estienne Tourneur". De Beaune à Seurre, il n'y a que 25 km environ, et les deux familles sont manifestement liées.

• 4 septembre 1713, Beaune : "HH [honnête homme] Estienne TOURNEUR, organiste de l'église de Saint-Pierre de Beaune", est présent à la sépulture de François BEROIN, organiste de la collégiale Notre-Dame, décédé la veille à l'âge de 38 ans. 
• 6 septembre 1713 : Le chapitre de la collégiale Notre-Dame, pour remplacer son organiste François BEROIN, aimerait engager Mre Estienne TOURNEUR, "organiste de l’église St-Pierre de cette ville". Toutefois, le 13 septembre, un concurrent se présente : un nommé LE MAURE, "cy devant organiste de l’abbaye de La Ferté". L'ayant entendu, le chapitre s'en déclare satisfait et envisage de l'embaucher, "attendu que Mre Estienne TOURNEUR est engagé par une convention qui doit durer encore bien des années pour toucher l’orgue de St-Pierre". Dans l'immédiat, LE MAURE est chargé de "toucher à la feste de la dédicace" les samedi et dimanche qui suivent.
• 15 octobre 1713 : TOURNEUR a fait diligence, et les fabriciens de Saint-Pierre ont été accommodants. L'organiste présente au chapitre de la collégiale un acte qui atteste la rupture de son engagement antérieur avec la paroisse Saint-Pierre. Le chapitre de la collégiale l'engage alors officiellement "pour organiste de cette église pendant six années".

• 1714-1715, Nuits [Côte-d'Or] : Étienne TOURNEUR, facteur d’orgues de Beaune, répare puis agrandit l'instrument de la paroisse Saint-Symphorien de Nuits. À noter : le 9 août 1714, il est présent à Saint-Pierre de Beaune pour le baptême de son fils François.

• 1er novembre 1717 et 5 mai 1718, Beaune : Le chapitre accorde à son organiste une fois quinze jours puis une autre fois douze jours de congé. Le registre capitulaire ne précise pas à quelles fins.
• 16 avril 1718 : Maitre Estienne TOURNEUR, organiste, est présent à l'inhumation de son fils Benoît, âgé de vingt mois.
• 27 juillet 1718 : "TOURNEUR, organiste de céans [la collégiale Notre-Dame], prioit Messieurs de luy accorder deux mois de congé pour aller à Lyon, d’où on l’avoit mandé pour racommoder une orgue". La demande de l'organiste est cette fois plus précise, et aussi de plus d'ampleur. Le chapitre accepte, mais "à condition qu’il commettra quelqu’un qui puisse toucher l’orgue en son absence"

L'organiste facteur est-il revenu à son poste beaunois après son chantier lyonnais ? Si oui, il ne reste guère de temps à Beaune et démissionne à une date qui reste à préciser, antérieure à mars 1719.

• 8 mars 1719, Beaune : Le chapitre emploie à son sujet la formulation "cy devant organiste de céans". Mais les rapports restent cordiaux puisqu'on lui demande "de faire venir ici son frère pour occuper sa place au cas que le chapitre soit content de luy après l’avoir entendu". De quel frère s'agit-il ? Probablement Joseph, de Seurre, alors le plus proche de Beaune. Mais l'affaire ne se conclut pas. Deux mois plus tard, le chapitre engage un certain DANGLEBERT "pour toucher l’orgue de céans les dimanches & à toutes les solennités ordinaires & extraordinaires".
• 30 juin 1719 : Les chanoines de Beaune décident de faire une nouvelle convention avec le sieur Étienne TOURNEUR "cy devant organiste de céans pour entretenir l’orgue de cette église".
• 5 septembre 1719, Lyon : Premier enfant repéré comme étant né à Lyon, la petite Marie-Élie, "fille de sieur Etienne TOURNEUR, organiste et facteur d'orgue, et de Dlle Nicole Petit son épouse", est baptisée à Saint-Nizier. Elle a pour parrain un "bourgeois" et pour marraine la femme d'un épicier.

• [1720], Lyon : Léon Vallas écrit que "dans le courant de cette année 1715, il [RAMEAU] fut remplacé à l'orgue du couvent des Dominicains. Il eut pour successeur, en 1715, Antoine FIOCCO et Étienne LE TOURNEUR". Malgré l'ambiguïté de la phrase de Vallas, dans la réalité, les deux hommes cités ne sont pas arrivés ensemble en 1715 à la tribune des Pères Dominicains dits Jacobins, dont le couvent est situé entre Bellecour et l'actuelle place des Jacobins : ils se sont évidemment succédé, FIOCCO en 1715 puis LETOURNEUR. Selon Pierre Marie Guéritey, c'est à partir de 1720 seulement qu'Étienne TOURNEUR est organiste des Jacobins, et ce jusqu'en 1722. Il perçoit à ce titre 150 puis 180 livres par an. Il est par ailleurs chargé de l'entretien de l'orgue des Jacobins jusqu'en 1722. Le facteur qui lui succède dans cette tâche est Christophe BALEY.

• 5 septembre 1721, Lyon : Jeanne, une seconde fille née à Lyon d'Étienne TOURNEUR, "organiste", est baptisée en l'église Saint-Nizier. Son parrain est le sieur Charles-François LETOURNEUR, "secrétaire de Mgr l'archevesque" – probablement un cousin germain de l'enfant –, tandis que la marraine est la femme d'un marchand fabriquant. Surprise : alors que lors des très nombreux actes antérieurs où nous l'avons rencontré (son mariage, les baptêmes de ses nombreux enfants, y compris la fille née en septembre 1719), l'organiste signait toujours "Tourneur", ici, il trace en toutes lettres "Estienne letourneur". Serait-ce sous l'influence de son neveu ? Celui-ci signe en effet "charles françois Letourneur sec".

• 1724-1725, Mende [Lozère] : LETOURNEUR de Lyon restaure l'orgue de la cathédrale de Mende, instrument installé en 1653 par André EUSTACHE. Il sera ensuite restauré en 1780-81 par Jean-Baptiste ISNARD.
En février 1724, Étienne TOURNEUR s'engage à "raccommoder parfaitement l'orgue de cette cathédrale moyennant la somme de 4 900 livres". Le 28 mars 1724, le chapitre lui accorde 120 livres supplémentaires "pour deux jeux qu'il doit mettre à l'orgue". 5 020 livres sont donc allouées pour cette intervention. 56 tuyaux sont de sa facture.
Ces travaux de 1724-1725 sont, selon Pierre Marie Guéritey un "gros chantier", ce que confirme la somme mise en jeu.

• 2 janvier 1727, Lyon : Le vicaire de la paroisse Saint-Nizier enregistre qu'il a "enterré dans l'église Sr Étienne LETOURNEUR, âgé de 50 ans, organiste", en présence de deux "affaneurs illitérés". On peut supposer qu'il était mort la veille, ce que l'acte ne précise pas.

• 2 octobre 1730, Lyon : Sa veuve, Dame Nicolle Petit, donne devant notaire son consentement au mariage de leur fils Joseph avec Dlle Jeanne Argoud. Dite "veuve de sieur Étienne LETOURNEUR, facteur et organiste à Lyon", elle signe "Nicolle petit Veuve Letourneur". Les deux jeunes gens ont établi un contrat de mariage plusieurs mois auparavant, le 28 mai 1730.
Le mariage est célébré paroisse Saint-Pierre-Saint-Saturnin le 9 octobre 1730. Ce fils, qui signe avec deux prénoms, Joseph-Bruno, est âgé de 22 ans [donc né vers 1708], il réside paroisse Saint-Nizier. La mariée, fille d'un maître tailleur d'habits, est quant à elle âgée de 26 ans.

• 20 janvier 1757, Paris : Pierrette-Françoise Letourneur, fille d'Étienne LETOURNEUR, "organiste", et de Nicole Petit, se marie avec un "officier de maison" nommé Pierre-Vincent Maugy, paroisse Saint-Paul.

Mise à jour : 2 décembre 2020

Sources
Baffert J.-M., "Orgues lyonnais avant 1800", 1992 ; Courriel PM Guéritey, nov 2020 ; F-Ad10/ BMS Troyes, St-Pierre ; F-Ad21/ BMS Beaune, Notre-Dame ; F-Ad21/ BMS Beaune, St-Pierre ; F-Ad21/ BMS Montmain ; F-Ad21/ BMS Seurre, St-Martin ; F-Ad21/ G 2545 ; F-Ad21/ G 2546 ; F-Ad69/ 3E2473 ; F-Am Lyon/ BMS St-Nizier ; F-Am Lyon/ BMS St-Pierre-St-Saturnin ; F-Filaé/ Fonds Andriveau ; F. André, Inventaire-Sommaire Lozère Série G ; Inventaire des orgues en Languedoc-Roussillon : Gard - Lozère, 2000 ; Inventaire-sommaire Série G de Lozère, tome 1 ; J.-M. Baffert, "Orgues lyonnais avant 1800", 1992  ; L. Vallas, Un siècle de musique et de théâtre à Lyon, 1932 ; R. Estoup, "Les orgues de la cathédrale de Mende…", 1942-1943 ; R. Martin, Orgues du Limousin…, 1993 ; www.amis-orgues-nuits-saint-georges.com/

<<<< retour <<<<