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COURIOU, Jean-Baptiste (1705-1790)
État civil
NOM : COURIOU     Prénom(s) : Jean-Baptiste     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : COURIOUX
Date(s) : 1705-2-8  / 1790-10-21
Notes biographiques

Jean-Baptiste COURIOU (1705-1790), organiste et vicaire de la collégiale Saint-Sylvain de Levroux (Indre), a laissé plusieurs livres de comptes qui permettent de connaître ses revenus et la façon dont il gérait ses biens. Ces écrits du "for privé", associés à d'autres papiers personnels, apportent également de précieux renseignements sur sa famille, ses préoccupations et ses relations conflictuelles avec les chanoines de Levroux. Il y évoque notamment ses goûts musicaux, la pratique musicale. Tonsuré à l'âge de 15 ans, il ne s'est jamais marié mais avait une gouvernante dont il était très proche, qui a recueilli une partie de son héritage.
L'orthographe adoptée quant au nom de l'organiste, respecte sa signature, à savoir COURIOU et non Courioux.

• 8 février 1705, Vierzon [Cher] : Jean[-Baptiste] COURIOU reçoit le baptême en l'église paroissiale Notre-Dame ; il est fils de Charles, marchand, et de Louise Pinault, sa première femme. Sa famille était implantée à Vierzon depuis le quinzième ou le seizième siècle, si l'on en croit une note intitulée "Antiquité de la famille Couriou de Vierzon" trouvée dans les papiers de Jean-Baptiste COURIOU, dont il est probablement l'auteur. Il se présente comme un descendant d'un juge prévôt qui fut député du Berry à l'occasion de la rédaction de la coutume de Blois. Dans une autre note sur sa famille, COURIOU écrit : "Mon père et ma mère se marièrent ensemble en l'année 1698. Ma mère eut en mariage la somme de 2 000 livres et mon père qui se maria à ses droits avait 9 000 livres en biens fonds. Ils furent communs déclarés par le contrat de mariage. Mon père vendit ses biens aussitôt qu'il eut épousé et il leva une boutique de marchand. Les épousés ont resté ensemble jusqu'en l'année 1721 qui est le temps que ma mère mourut. Elle laissa à notre père huit enfants, lesquels enfants ont été établis les uns pour le cloître et d'autres pour le mariage, à qui mon père a donné en mariage 1 800 livres [dans un autre document, on lit 1 500 livres] tant pour droits maternels que sur sa future succession". Jean-Baptiste faisait sans doute partie des enfants désignés "pour le cloître".

• 26 mai 1720, Bourges [Cher] : COURIOU reçoit la tonsure.

• 1724-1726, Vatan [Indre] : Il touche occasionnellement l'orgue de l'église collégiale Saint-Laurian, dont son oncle maternel Pierre PINAULT est alors titulaire. L'homme a sans doute joué un rôle-clé dans sa formation.

• 16 juillet 1726, Levroux [Indre] : Il est engagé comme organiste par le chapitre Saint-Sylvain : "S'est présenté Me Jean Couriou clerc tonsuré de ce dioceze organiste avec lequel Mesd. sieurs sont convenus que pendant la vie dudit Couriou a commencer au jour de St Michel prochain il touchera et soignera leur orgue comme il convient de le faire ; que pendant led. temps il assistera a l'office tant au chœur qu'à l'orgue et ne pourra s'en absenter sans la permission de Mesd. sieurs qui luy paieront par chacune année la somme de deux cent livres et huit septiers fromant, scavoir : lad. somme de deux cent livres de quartier en quartier et par avance a commencer aud. jour St Michel prochin et lesd. huit septiers fromant en un seul paiement chacune année a les prendre en la grange des dixmes lors de la livraison dudit bled ; outre que Mesd. sieurs fourniront son logement qui sera composé de deux chambres du logis de la Recette avec le jardin et portion de la cour dud. logis ou tel autre logement qu'il plaira a Mesd. sieurs, à commencer led. logement au jour de St Michel mil sept cent vingt huit ; ce qui a esté avisé, fait, consenty et accepté par Mesd. sieurs et led. Couriou en presence de Me Pierre Pinault chanoine semi prebandé et organiste de l'eglise Royalle et collegiale de St Laurian de Vatan, oncle dud. sieur Couriou". Lorsqu'il débute, l'orgue n'a pas servi depuis plus de vingt ans et est partiellement rongé par les vers. 

• 1741, Levroux : COURIOU est déjà titulaire de la vicairie d'Entraigues, d'où il tire de toute évidence le plus gros de ses revenus. Un registre d'"éventilation" de biens contenant 90 pages, conservé dans ses papiers, indique qu'il se compose de terres labourables, prés et bois taillis.

• Juin 1742, Vierzon : COURIOU raconte dans une note qu'il fut averti que son père "quittait son commerce et même sa maison et que les marchandises de la boutique et les effets de la maison se vendaient journellement par ma sœur. Le fait était vrai. Sur cet avis, je me transportais dans cet endroit où je fus témoin que cette fille vendait autant [sic] vite qu’elle pouvait et cela par un pouvoir sous signature privée qu’elle avait tiré de notre père, qui avait tout laissé en gouvernement à cette fille, et lui s’était retiré en la ville de Mehun voisine de quatre lieues de celle de Vierzon. Voyant toute cette manœuvre, j'allais requérir la justice. Grand Dieu, qu'il était temps ! Je fis apposer les scellés, l'inventaire fut fait et clos le tout à ma réquisition, sans qu'autre ait paru pour ce fait". Sur cette femme, il écrit sur un autre feuillet : "Une sœur qui est l'aînée de tous, qui a toujours resté à la maison, qui avait pris un empire tant dans cette maison que sur l'esprit de notre père, [qui] après avoir chassé les enfants était venue à bout de chasser le père à son tour".

• 1746-1747, Levroux : Selon COURIOU, il était prévu que son père, dorénavant installé chez lui, lui fasse démission de ses biens et reçoive une pension viagère, le frère et les sœurs demeurés dans le monde se contentant des sommes perçues en dot ou en avancement de droits successifs. C'est alors qu'un frère disparu longtemps auparavant (après avoir passé plusieurs mois au grand séminaire de Bourges en 1726, séjour qui coûta près de 4 000 livres à la famille, il "quitta cette maison et s'abandonna", écrit COURIOU) refit surface pour réclamer sa part d'héritage. Pour cette raison, la démission ne se fit pas et le père mourut le 7 novembre 1746. La succession s'avérant plus onéreuse que lucrative, l'organiste dut y renoncer par acte du 23 août 1747. Les enfants survivants du couple, outre l'organiste, étaient alors la sœur aînée, de prénom inconnu ; Charles Couriou, marchand mercier à Vincennes (sans doute le fils resté longtemps absent) ; Antoine Couriou, marchand à Vierzon (doté de 1 500 livres en mariage) ; Madeleine Couriou, épouse Moreau le jeune (mariée avec 1 500 livres) ; Catherine Couriou, religieuse hospitalière à Vierzon ; une autre fille religieuse. Deux autres fils étaient morts quelques années auparavant : Louis Couriou, sous-écrivain dans la marine royale, mort aux Antilles en 1731 ; François Couriou dit la Chapelle, soldat au régiment de Royal-infanterie, décédé en 1735. L'un des enfants était probablement issu d'un second lit, car COURIOU assure que sa mère eut huit enfants et non neuf.

• 1748-1762, Levroux : COURIOU aime son instrument, accueille volontiers des facteurs d'orgue de passage. D'après l'Inventaire des orgues en Berry,  plusieurs facteurs ont été sollicités pour un entretien ponctuel de l'orgue de Saint-Sylvain. En 1748, Claude DESCHAMPS fait une offre de services qui reste lettre morte. Puis Simon RÉMY s'en occupe entre 1750 et 1760. Enfin, CHAMBON reçoit 96 livres pour ses interventions de 1761 et 1762.

• 1749, Levroux : COURIOU et Jeanne Gaultier, veuve de Nicolas Lubin, se font une donation mutuelle ; cette femme, qui pourrait être la gouvernante de l'organiste, meurt en 1753.

• 18 décembre 1753, Levroux : Un acte capitulaire confirme son engagement à vie. 
• [vers 1753-1754, avec un prolongement dans les années suivantes], Levroux : COURIOU est en procès avec le chapitre. Tout commence par une amende de 12 livres qui lui a été infligée pour avoir refusé de toucher l'orgue lors de la fête de la Toussaint et le jour de la dédicace (en 1753 ? 1754 ?). En fait, COURIOU a bien joué ces jours-là, même si sa prestation, de son propre aveu, ne fut pas mémorable car il revenait de maladie ; il toucha l'orgue, affirme-t-il, à l'hymne de matines, aux troisième, sixième et neuvième répons, lors du Te Deum. Il accuse certains membres du chapitre d'avoir "par une affectation scandaleuse" continué à chanter pendant le jeu de l'orgue, "ce qui fit cacophonie". Il joua aussi au moment de "l'hymne et benedictus des laudes", aux grandes messes et lors de "l'hymne et magnificat des vêpres". Il reconnaît en revanche avoir refusé "de toucher […] les invitatoires, tous les répons et toutes les antiennes", comme il le faisait ordinairement. Son explication est la suivante : plusieurs années auparavant, le chapitre lui avait demandé d'intervenir plus souvent que l'usage du diocèse ne l'imposait pour soutenir un chœur défaillant. En effet, plusieurs chanoines prébendés et semi-prébendés ayant obtenu des dessertes de cures et de chapelles, le chœur était presque vide les dimanches et jours de fêtes solennelles. Il avait accepté "par complaisance" et parce que grâce à ces extras, il percevait une part du revenu de deux fondations, celles des sieurs Lhomme et Leblanc. Or, les chanoines l'avaient privé de ces émoluments peu de temps avant l'incident. Plus largement, il les accuse aussi de vouloir "asservir" tous les bénéficiers du chapitre. L'acte capitulaire de 1753 précisant ses conditions de travail lui laissait quelques libertés, relève-t-il, notamment le droit de s'absenter de temps à autre, ce qui aurait rendu envieux certains membres du chapitre. Il ajoute qu'on lui reprochait aussi sa façon de se coiffer, de se vêtir et de tenir son "petit ménage". Au final, il se défend d'être en tort, s'étant contenté de jouer conformément à l'usage du diocèse. On ne sait comment l'affaire, jugée à l'officialité de Bourges, a abouti. 

• 1754-1778, Levroux : Jean-Baptiste COURIOU touche 200 livres par an et 96 boisseaux de blé à prélever à la grange des dîmes. Il réside dans une maison appartenant au chapitre pour laquelle il paye 40 livres de ferme annuelle (un "prix d'ami", vraisemblablement). 

• [1755], Levroux : Anne Pinguet, veuve de l'aubergiste Charles Barenton, entre au service de COURIOU comme gouvernante, si l'on en croit les pièces d'un procès qui l'oppose en 1767 aux échevins de la ville qui voulaient l'imposer à la taille, quoique domestique d'un ecclésiastique.

• 1759, Levroux : COURIOU et sa gouvernante se font donation mutuelle de leurs biens meubles. 

• 15 octobre 1768, Levroux : COURIOU note dans son carnet que "les enfans de cœur en corps, entre dix et onze heures du matin, ont apporté une pinte cassée dans laquelle étoit une merde sur mon siège, après l'avoir deposée en cette endroit".

• av. 1769, Levroux : L'orgue laissait à désirer. L'organiste COURIOU a écrit dans un de ses cahiers un projet de restauration de l'instrument (non daté). Il souhaite notamment un registre séparé pour le jeu de trompette, modifier le cornet ainsi que l'écho. Le clavier est à améliorer pour être plus "uni et égal" ; des tuyaux de montre ne tiennent pas l'accord ; les soufflets fuient. Il serait nécessaire de changer les volets  lourds à manipuler : ils "dérangent l'accord" et risquent de ", "mettre la montre par terre", sans compter la menuiserie insuffisante pour soutenir les tuyaux. Autant d'éléments qui indiquent un instrument sur le déclin, tout comme l'intérêt de l'organiste pour ses connaissances en facture d'orgue.

• Juin 1769, Levroux : Le chapitre Saint-Sylvain confie aux frères GILLON la réparation de l'orgue en mauvais état, "menaçait d'un dépérissement total" pour une somme de 500 livres. Les deux frères François et Claude GILLON nettoient l'instrument, remettent les tuyaux en état, raccommodent les soufflets. Ils passent 9 jours à réparer le positif et 9 jours pour les soufflets, le clavier d'écho. Un contrat d'entretien annuel est signé pour un montant de 30 livres.

• 3 septembre 1776, Levroux : Le chapitre convoque le sieur Sylvain Lenoir, cordonnier et souffleur d'orgues, pour lui faire payer les 18 livres qu'il doit pour la ferme des Chevrières et qu'il s'engage à ne plus souffler les orgues, l'organiste COURIOU ne les touchant plus "depuis longtemps".

• 1777, Levroux : COURIOU est en procès avec un chanoine de la collégiale du nom de Gaudron, qui aurait tenté de l'étrangler.

• 26 janvier 1779, Levroux : Le facteur d'orgue Jean Blaise DOUIN ayant pu "raccommoder l'orgue", COURIOU retrouve sa tribune. Le chapitre lui accorde, en plus de ses 200 livres de gages, une gratification annuelle de 60 livres.

• 14 avril 1780, Levroux : Le chapitre prend à l'unanimité la décision de faire transférer l'orgue "de l'aile gauche de l'église" sur la tribune de la porte principale (G 138). Il s'agit d'un projet envisagé de longue date qui est confié au facteur vierzonnais Jean Blaise DOUIN. Par souci d'économie, le doyen du chapitre se charge de coordonner les travaux de maçonnerie et autres alors que DOUIN ne s'occupe que de l'instrument. La description de l'orgue nous est connue : trois claviers, un pédalier, quatre soufflets et probablement une vingtaine de jeux. De grands volets permettent de le fermer. Au final le coût global supporté par le chapitre est de 600 livres, certainement plus élevé que ce qu'il avait envisagé initialement.

• 1780-1789, Levroux : Le facteur DOUIN signe avec le chapitre un contrat d'entretien de l'orgue d'un montant de 30 livres par an.
• 9 novembre 1780, Levroux : Dès le transfert de l'orgue terminé, COURIOU demande une révision de sa gratification annuelle qui est augmentée de 20 livres.

• 16 septembre 1783, Levroux : COURIOU note sur une feuille, probablement dans la perspective d'un nouvel affrontement avec les chanoines : "Il sera observé que les 3 [chanoines] qui se sont présentés à la selle pour y faire et tenir l'office sont sans voix ni capacité de chant, aussi cet office se fait à faire trembler et compassion [sic], et Dieu fut plus offensé que loué".

• 18 janvier 1784, Levroux : Autre commentaire lapidaire de l'organiste : Le Te Deum "pour la paix" est chanté "sans aucune préparation d'autel, seulement 2 cierges au grand autel pour tout, l'annonce point faite aux peuples par aucune cloche, ni à seigneurs, ni justice, ni aux corps de ville, ni organiste pour l'orgue".
• 8 septembre 1784, Levroux : "Office au dernier point insultant Dieu en tout état pour vitesse, impiété, nonchalance et dérèglement", critique-t-il à nouveau.

• 1789-1790, Levroux : Le sieur COURIOU touche la somme de 230 livres "pour trois quartiers de ses gages d'organiste a luy payés de quartier en quartier et pour avance et gratification a luy faite suivant les quittances et mandement" des 2 octobre 1789, 2 et 5 janvier et 2 avril 1790. La somme hors gratifications était de 280 livres, auxquelles s'ajoutent les bénéfices de la vicairie d'Entraigues, estimés en 1790 à 475 livres environ.

En 1790, l'effectif musical de la collégiale Saint-Sylvain de Levroux est constitué d'un maître de musique et de psallette Jean-Baptiste THOMIN, un organiste Jean-Baptiste COURIOU, ainsi que de deux choristes (chantres) René MOREAU et HESSIN. Quatre enfants de chœur vivant au sein de la psallette complètent le corps musical, Louis BLANCHET, Charles GUILGAULT, Pierre et Jérôme MOLLO. Sylvain DARNAULT ex musicien serpent devenu bénéficier du chapitre de Palluau-Montbel [Indre] a été désigné sous-diacre de Levroux.

• 21 octobre 1790, Levroux : Jean-Baptiste COURIOU, bénéficier et ancien organiste du chapitre, titulaire de la vicairie d'Entraigues, décède à l'âge de 87 ans. Il est inhumé le jour même au cimetière en présence du chapitre en corps.

• 7 janvier 1791, Levroux : La veuve Barenton obtient des héritiers de son maître la cession de leurs droits successifs immobiliers moyennant la somme de 1 200 livres. C'est ainsi qu'elle est entrée en possession de ses papiers.
• [1791] : L'héritière de COURIOU, Mme Barenton, demande à toucher le reste de ses revenus de 1790.
• 5 août 1791, Châteauroux : Le directoire du Département décide de lui accorder un mandat de la somme de 96 livres.
• 9 août 1791 : Le compte de la vicairie d'Entraigues est arrêté à la somme de 475 livres 8 sols 9 deniers et le traitement d'organiste de COURIOU est fixé à 345 livres 15 sols 2 deniers (gages et gratifications), soit 821 livres 3 sols 11 deniers. La veuve ne touche que 221 livres 3 sols 11 deniers, ayant reçu le premier avril un mandat de 600 livres.

Mise à jour : 24 septembre 2022

Sources
Béchereau, "Antiquités ou Mémoires sur Vierzon et autres villes du Berry..." ; F-Ad36/ 2Q 440 ; F-Ad36/ 2Q 470 ; F-Ad36/ BMS Levroux, Saint-Sylvain ; F-Ad36/ G 138 ; F-Ad36/ G 160 ; F-Ad36/ L 11 ; F-Ad36/ séries 3E, G, 2J, L ; J.-M. Gorry, "L’orgue de Levroux : relecture et nouvelle recherche" ; Les orgues du Berry. Inventaire national des orgues [...], 2003 ; Les orgues du Berry. Inventaire national des orgues [...], 2003

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