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DESCHAMPS, Claude, facteur d'orgue (1747 av.-1795 ap.)

DESCHAMPS, Claude, facteur d'orgue (1747 av.-1795 ap.)

État civil
NOM : DESCHAMPS     Prénom(s) : Claude     Sexe : M
Complément de nom : facteur d'orgue
Date(s) : 1747-5 av.  / 1795-6-18 ap.
Notes biographiques

Le parcours du facteur d'orgues Claude DESCHAMPS, sans doute natif de Paris et actif dans un très vaste Bassin parisien dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, commence à être mieux documenté. Si on ignore encore tout de ses origines, on sait qu'il a été formé par le facteur parisien Nicolas COLLARD et qu'il s'est établi pour de longues périodes dans la ville picarde de Saint-Quentin, là où il veille sur les orgues de la collégiale royale. Néanmoins, il revient résider dans la capitale à plusieurs reprises au gré des vicissitudes de sa vie privée (trois mariages, deux veuvages, un divorce). Il est intervenu sur plusieurs instruments à Bourges, Saint-Denis, Villiers-le-Bel, Péronne, Noyon (restauration) et Aubenton (construction). Sa trace se perd sous le Directoire.

• Claude DESCHAMPS a été formé par le facteur d’orgues parisien installé rue Mouffetard, Nicolas COLLARD (mort en 1761), connu pour ses travaux de restauration, relevage et réparations sur les orgues de plusieurs églises parisiennes, de Normandie et du Maine en particulier. Depuis quand est-il entré à l'atelier du maître ? En 1733, Jean DANGEVILLE y a été placé pour six années.

• Mai 1747, Vatan [Indre] : L'orgue de la collégiale Saint-Laurian "fut réparé, cette année, par M. COLARD, habile facteur de Paris, lequel, cinq ans auparavant, avoit parfaitement rétabli celui de Saint-Étienne de Bourges. Un traité fut, en conséquence, passé avec lui, moyennant 600 livres et pourvu que Messieurs in turno, voulussent bien lui donner le pastum à lui et à Claude DESCHAMPS, son garçon, habile ouvrier, ce qui fut conclu de part et d'autre".

• 1748, Bourges [Cher] : Claude DESCHAMPS, demeurant rue Mouffetard à Paris, prend la suite, sur le chantier de l'orgue de la cathédrale Saint-Étienne, de Nicolas COLLAR. Celui-ci lui délivre un certificat attestant ses capacités. Il signe plusieurs traités par la suite avec le chapitre de la cathédrale de Bourges (septembre 1759, 3 août 1762, 16 septembre 1765.
• Avril 1748, Levroux [Indre] : Il écrit au chapitre de la collégiale Saint-Sylvain pour obtenir l'entretien annuel de l'orgue. Ce dernier lui demande ses propositions, mais la démarche semble être restée sans suite.

• 18 décembre 1752, Saint-Quentin [Aisne] : Il signe avec le chapitre de la collégiale royale un traité qui vise à entretenir les deux orgues de cette église [le grand-orgue de 47 jeux répartis sur 4 claviers manuels, construit par Robert CLIQUOT et livré au chapitre en 1703, et le positif]. Il a sans doute déjà effectué des réparations sous l'instrument en 1751. Il succède au facteur parisien François THIERRY qui a procédé, après d'autres, à des réparations, augmentations et changements d'après un marché passé en avril 1737 pour la somme de 5 000 livres.

• 16 janvier 1753, Saint-Quentin [Aisne] : Claude DESCHAMPS, semble-t-il veuf de Louis Janu [orthographe incertaine], se remarie paroisse Saint-Rémi avec Marie Anne Mauroy, veuve de Quentin Dey, tous deux demeurant sur la paroisse. Sont présents et témoins du côté de l'époux Louis GRÉGOIRE, organiste de la collégiale royale de Saint-Quentin et André VIGNON, chantre de la paroisse. L'absence de mention des parents des deux époux pourrait confirmer que DESCHAMPS est veuf. Il existe un contrat de mariage signé entre Deschamps et Marie Anne Mauroy.

• 18 septembre 1755, Saint-Quentin : Marie Anne Mauroy, épouse du sieur Claude DESCHAMPS, receveur de la halle aux poids, décédée la veille à 62 ans, est inhumée dans la nef de l'église Saint-Rémi en présence de son époux et de Balthazar PERONARD, un ami.

• 1758 [ou 1750 ?], Noyon [Oise] : Il restaure l'orgue de la chapelle Saint-Jean-Baptiste de l'Hôtel-Dieu construit par Pierre THIERRY en 1643.

• Il intervient à plusieurs reprises sur l'orgue de la cathédrale de Bourges : septembre 1759, 3 août 1762, 16 sept 1765...

• Mars 1762, Bourges : Claude DESCHAMPS, "aussi facteur travaillant dans le Berry et ailleurs", vient pour examiner l'instrument de Saint-Pierre-le-Guillard. L'examen des comptes montre que l'instrument sera ensuite régulièrement entretenu par DESCHAMPS et que, de temps en temps, des peaux blanches pour les soufflets et de la colle lui seront fournies.

• 30 août 1763, Bourges : Il intervient à la collégiale Saint-Ursin et perçoit 400 livres "pour avoir raccomodé l'orgue". On lui donne 100 livres de plus "pour avoir posé un jeu nommé clairon".

• Vers 1762-1765 [c'est une hypothèse], Péronne [Somme] : À l'époque où il est le premier compagnon de COLLARD [fin des années 1740], Claude DESCHAMPS est missionné par son maître pour voir s'il est urgent de reconstruire l'orgue de la collégiale Saint-Furcy, suivant la recommandation de [Charles] DALLERY. Sur place, DESCHAMPS propose de réparer l'instrument pour un coût de 200 livres et de l'entretenir pour 30 livres par an. Quinze ans plus tard, DESCHAMPS entretient toujours cet orgue et se plaint des négligences de l'organiste. Cela mécontente le chapitre qui l'écarte. Plusieurs chanoines contactent DALLERY pour qu'il trouve un remplaçant. Cela provoque une crise dans le chapitre car l'autre partie des prébendés reste fidèle à DESCHAMPS. Ce dernier propose de réaliser quelques travaux gratuitement sur l'instrument, en vain. On ne connaît pas la suite de l'histoire [voir Marie José Leclercq, Les Dallery, une famille de facteurs d'orgues dans les remous de l'Histoire, 1702-1875, succès et tourments d'artisans d'art au carrefour du classicisme et du pré-romantisme, mai 2022, page 383].

• 5 février 1771, Paris : Le prieur et les religieux de l'abbaye cistercienne Chaalis, autorisés par des lettres patentes du Roi à emprunter la somme de 300 000 constituent devant maître Prignot de Beauregard une rente de 179 livres 9 sols "au profit de Claude Deschamps, facteur d'orgues à Paris, demeurant rue de Seine, faubourg Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice". Ce dernier a prêté en tout la somme de 3 589 livres. C'est Mathieu Léger, concierge de l'Hôtel des Fermes du Roi, demeurant à l'Hôtel des Fermes à Paris qui est chargé de la procuration des religieux. L'opération s'effectue au collège des Bernardins en présence du procureur général de l'ordre de Cîteaux. Les versements de la rente s'y effectueront deux fois l'an, le 1er janvier et 1er juillet. La somme a été entièrement versée en espèces.
• 4 août 1771, Saint-Denis [Seine-Saint-Denis] : "Le dimanche quatre août 1771, fête de la dédicace de l'église Saint-Michel de Saint-Denis, M. COUPERIN père, organiste du roi, de N. D. de Paris, de la sainte chapelle du Palais, de Saint-Gervais et de Saint-Barthélemy, toucha l'orgue à la susdite église Saint-Michel, ayant été invité par le sieur DESCHAMPS qui avoit réparé l'orgue", lit-on dans les mémoires de Ferdinand Albert GAUTIER, organiste de l'abbaye de Saint-Denis.

• 10 février 1772, Saint-Quentin : Claude DESCHAMPS, facteur d'orgues, veuf, ci-devant domicilié en la paroisse Saint-Sulpice de Paris, épouse paroisse Saint-Rémi, où il est dorénavant installé, Marie Joseph Bisson, fille mineure d'un aubergiste, en présence de Nicolas CARDON, musicien et de Louis GRÉGOIRE, organiste de la paroisse Saint-Jacques.

• 27 septembre 1773, Saint-Quentin : Leur fille Anne Louise Joseph, née la veille, est baptisée paroisse Saint-Rémi. Le parrain est Louis GRÉGOIRE, organiste de l'église royale de Saint-Quentin, sa marraine la grand-mère maternelle de l'enfant. Le grand-père Bisson est présenté comme marchand de vins. Selon la tables des baptêmes et sépultures des paroisses de la ville, c'est le seul enfant de DESCHAMPS issu des deux unions prononcées à Saint-Quentin. Cet acte permet de comprendre que le facteur a quitté la Picardie après son veuvage et qu'il est revenu dans la capitale. De là, il est intervenu dans le Berry à plusieurs reprises. Selon Jean-Yves Ribault et Daniel Kern (Le grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, 1989), "dans le cours du XVIIIe siècle et malgré l'intervention de N. COLAS, les grandes orgues, mal entretenues par le facteur Claude DESCHAMPS, originaire de Saint-Quentin et adjoint de COLAS, se dégradèrent peu à peu". C'est Jean-Baptiste BALLAND qui lui succède en 1780.
• 3 décembre 1773, Bourges : "Payé 30 lt au Sr Deschamps, facteur d'orgues, pour l'extraordinaire qu'il a fait à l'orgue [de la cathédrale], occasionné par les rats", indique le registre capitulaire.
• Une piste s'ouvre peut-être aussi dans l'Orléanais. On relève parmi diverses inscriptions relevées sur la balustrade de pierre soutenant l'orgue de l'abbaye de Saint-Michel-sur-Loire, celle de son nom avec l'année 1773. On relève aussi le nom de l'organiste GAUDRY (1754 à 1766). Il faut bien vérifier cette piste car la source tronquée ne révèle pas le nom de l'établissement.

• 20 novembre 1776, Saint-Quentin : Il demande aux chapitre de la collégiale royale une augmentation de ses honoraires "pour l'entretien du petit et du grand orgue et pour celui du clavecin de la maitrise qui est une nouvelle charge". On lui accorde la somme de 120 livres par année au lieu de 80 livres précédemment.

• 21 novembre 1778, Bourges : Le chapitre de la collégiale Saint-Ursin paye 30 livres à DESCHAMPS. Le même jour, il accorde 60 livres à GILLON, pour avoir travaillé à l'orgue.

• 16 février 1780, Ribemont [Aisne] : DESCHAMPS, facteur saint-quentinois, construit l'orgue de l'église paroissiale Saint-Pierre. C'est Marie Louise Lecamus, veuve de Claude Rousseau des Fontaines, officier des gardes du roi, qui paie les frais de construction de l'instrument (2650 livres).  Il s'engage à "fournir et livrer un bufet d'orgues en bois de chêne, sur lequel sera mis une couleur et un vernis de bonne qualité, avec tous les tuyaux de montre convenables au bufet, le bufet consistant environ à quatorze pieds de hauteur et dix pieds de largeur et trois pieds et demy de profondeur y compris les consolles, comme aussi de fournir un sommier, portant douze, ainsi que tous ses accessoires; il y aura sur ledit sommier, un jeu de bourdons de cinquante tuyaux, les basses en bois de chêne, un jeu de prestant de cinquante tuyaux, les basses en montre, un jeu de nazard de cinquante tuyaux en étofes, un jeu de tierce de cinquante tuyaux en étofes, un jeu de doublettes d'étain de cinquante tuyaux, un jeu de fournitures à deux tuyaux sur marche, faisant ensemble avec la fourniture deux cents tuyaux, un jeu de cromone de cinquante tuyaux d'étain; tous les jeux cy dessus dénommés parleront sur le clavier du positif; il y aura au clavier du grand orgue un jeu de bourdon de cinquante tuyaux, des basses en bois, un jeu de prestant de cinquante tuyaux, les basses en montre ou en bois, un jeu de trompettes d'étain de cinquante tuyaux, un jeu de  clairons de cinquante tuyaux d'étain, un tremblant fort et tremblant doux, fournir les deux claviers à la main ainsi que le clavier de pédale, trois soufflets de bois de chêne d'environ cinq pieds de long chaque sur eux pieds et demy environ de largeur garni de leurs basculles et tirans ainsi que de leurs traverses....". DESCHAMPS passe ensuite un contrat avec les fabriciers au sujet de l'entretien de cet orgue en échange de 24 livres par an de revenus.

• [Novembre 1790], Saint-Quentin : Claude DESCHAMPS [facteur d'orgues] adresse une requête au directoire du District. Il déclare avoir été chargé il y a 35 ans environ (donc vers 1755) par le chapitre de l'église royale de l'entretien de ses deux orgues et être muni des clefs des portes de ces orgues. Un des membres du chapitre nommé M. de Montfort vient d'exiger qu'il les rende, ce qu'il a refusé, étant chargé de faire des réparations urgentes à ces orgues et de faire constater leur état. C'est pourquoi il requiert qu'on ordonne sur la présente requête qu'il sera autorisé à donner ses soins à l'entretien et réparation des deux orgues, sous l'abonnement annuel de 120 livres de gages, ou qu'on nomme des experts pour les examiner.

• 21 novembre 1792, Saint-Quentin : Le divorce entre Claude DESCHAMPS et Marie Joseph Bisson est prononcé selon la table des mariages et divorces de la commune de Saint-Quentin, section du Levant. Cet acte n'a pu être retrouvé [seuls les actes de la section du Couchant semblent avoir été conservés pour cette période].

• 6 mai 1794, Saint-Quentin : Claude DESCHAMPS, facteur d'orgues en ville, rédige une supplique à destination du District afin d'être payé des gages d'entretien de l'orgue de l'église paroissiale de Ribemont qui ne lui ont pas été versés entre juin 1792 et décembre 1793 ; il réclame en outre les deux échelles qu'il a fait faire pour monter dans l'orgue. Le 7 novembre suivant, le District ordonne qu'on lui verse les sommes dues mais ne mentionne pas les échelles...
• 12 décembre 1794, Laon [Aisne] : Le Département arrête qu'il lui sera délivré "une reconnaissance de liquidation définitive de la somme due de 34 livres pour une année et cinq mois de ses gages pour l'entretien de l'orgue de Ribemont, à compter de juin 1792 et jusqu'en décembre 1793 ; et qu'il y a lieu de le comprendre dans l'état de quinzaine à adresser à la Trésorerie nationale pour être fait l'envoi des fonds nécessaires à l'acquit de sa créance".

• 18 juin 1795, Saint-Quentin : Claude DESCHAMPS, facteur d'orgues demeurant à Saint-Quentin, donne tout pouvoir et prie le citoyen Margerin, administrateur du Département de l'Aisne, de solliciter de l'administration et même de recevoir le montant de sa créance "en l'occasion de l'orgue de Ribemont", promettant d'avoir pour agréable tout ce qu'il fera à ce sujet, même de le rembourser des avances et frais qu'il pourrait faire en son nom.

Nous perdons ensuite sa trace.

Mise à jour : 2 décembre 2023

Sources
Base Palissy ; Compte rendu des travaux de la Société du Berry à Paris…,1864-1865 ; F-Ad02/ 5MI 1236 ; F-Ad02/ 5MI 1245 ; F-Ad02/ G820 ; F-Ad02/ Q 668 ; F-Ad02/ Q 671 ; F-Ad02/ Q 679 ; F-Ad02/Q679 ; F-Ad18/ 14 G 43 ; F-Ad18/ 14 G 45 ; F-Ad18/ 8 G 207 ; F-Ad18/ 8 G 403 ; F-AmSaint-Quentin/ 1 P 3 ; F-An/ MC/ET/XXX/424 ; G. Bailly, "Les instruments de musique…", Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry, 1985 ; H. Herluison et P. Leroy, Le manuscrit de F.-A. Gautier..., 1905. ; Inventaire sommaire des Archives départementales de l'Aisne [série A-B], 1874 ; J.-Y. Ribault et D. Kern, Le grand orgue de la cathédrale St-Étienne de Bourges…, 1989 ; Les orgues du Berry. Inventaire national des orgues [...], 2003  ; M.J Leclercq, Les Dallery ; Mémoires de la Société Académique [...] de Saint-Quentin, 1892 ; Site de l'atelier de facture d'orgues Pascal QUOIRIN ; Site de l'inventaire du patrimoine des Hauts-de-France

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