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Musique et musiciens d’Église dans le département du PUY-DE-DÔME en 1790
Lancée par Bernard Dompnier en 2001 et pilotée par le Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » de l’université Clermont-Auvergne et le Centre de musique baroque de Versailles, l’enquête collective sur les musiciens d'Église en 1790, intégrée au plus vaste programme MUSÉFREM en 2008, a toujours entretenu un lien particulier avec l’Auvergne et à de multiples reprises utilisé ce territoire comme laboratoire d’un projet à vocation nationale. Ce fut particulièrement le cas avec le Puy-de-Dôme en raison notamment de la richesse de ce département en lieux de musique et en musiciens à la fin de l’Ancien Régime. Au terme d’un long travail de dépouillement et de saisie, il est désormais temps de révéler ce que nous ont appris les sources à propos de cette génération de musiciens auvergnats.
De la Basse Auvergne au Puy-de-Dôme
• • • Création, limites et profil géographique
Le Puy-de-Dôme est créé le 4 mars 1790 par décision de l’Assemblée nationale constituante en application de la loi du 22 décembre 1789. Après de longs débats entretenus par la ville de Riom en vertu de ses prérogatives en matière de justice depuis le XVIe siècle, c’est Clermont-Ferrand qui est choisie comme chef-lieu. Dans ce département majoritairement rural atteignant presque le demi-million d’habitants à la fin de l’Ancien Régime, il s’agit de la cité la plus peuplée avec à peu près 24 000 habitants, loin devant Riom (12 152), Thiers (11 900) Issoire (4 900) et Billom (4 700). Mais ce choix n’est pas seulement justifié par la population de la ville. Selon le député clermontois Gauthier de Biauzat :
« … Les convenances et les circonstances de localité désignent Clermont comme la ville la plus propre à recevoir l’établissement principal qui pourra être fait dans le département […] ayant actuellement, outre les sièges de Sénéchaussée, Présidial, Élection, Officialité et Chambre ecclésiastique, l’Intendance avec tous les bureaux d’administration, l’Assemblée provinciale et la seule cour souveraine de la province dont le ressort comprend l’étendue de cinq départements. » (Francisque Mége, Formation et organisation du département du Puy-de-Dôme, p. 162).
Tout ou presque désignait donc Clermont-Ferrand pour devenir le chef-lieu du nouveau département, et les Riomois se consolèrent avec l’attribution, en janvier 1791, du tribunal criminel.
Le département correspond à la partie centrale de l’ancienne Basse-Auvergne, province dont les marges sont rattachées pour partie à l’Allier (région des Combrailles, nord de la Limagne entre Aigueperse et Saint-Pourçain, Cusset et la montagne Bourbonnaise), à la Haute-Loire (le Brivadois) et au Cantal (le Cézallier). Pour ce qui est de la géographie ecclésiastique, ce nouveau territoire relève presque exclusivement de l’ancien diocèse de Clermont, à l’exception du canton de Montaigut-en-Combraille qui appartenait précédemment au diocèse de Bourges. Le choix du nom à donner au département fait l’objet de débats : il est d’abord question de le nommer Mont-d’Or, en référence au village du même nom (aujourd’hui Mont-Dore) situé au pied du puy de Sancy (point culminant du Massif Central), mais Gauthier de Biauzat, encore lui, fait adopter celui de Puy-de-Dôme, « afin que l’on ne conçoive l’idée de richesse en prononçant notre nom » (Mège, Formation […], p. 127). Le territoire ainsi nommé est divisé en huit districts (Clermont-Ferrand, Riom, Issoire, Thiers, Billom, Ambert, Besse et Montaigut) et dix-sept cantons.
Sur le plan géographique, ce territoire est marqué par une importante diversité de milieux. Il se compose de trois grandes entités topographiques avec deux zones au relief marqué à l’ouest et au sud d’une part (Monts Dôme et Monts Dore où l’on trouve les altitudes les plus élevées) et d’autre part à l’est (Forez et Livradois) séparées par la plaine de la Limagne au centre. Cette variété va de pair avec celle du climat, très différent d’un lieu à l’autre et caractérisée par une amplitude thermique importante en fonction des saisons. Il en résulte une grande diversité d’activités rurales et de structures sociales.
• • • De rudes conditions de vie
Dans un département à large dominante rurale, les habitants vivent majoritairement dans des bourgs et des villages. Ils subsistent, difficilement pour la plupart, du travail agricole, cultivant le froment, le seigle, le conseigle et la pamoule (mélange d’orge et de froment). Dans un compte rendu de l’ouvrage d’Abel Poitrineau consacré à La vie rurale en Basse-Auvergne au XVIIIe siècle paru en 1965, Jacques Dupâquier résume bien la réalité économique du territoire dépeinte par l’auteur qui
« montre à quel point était imméritée l’ancienne réputation de richesse de la province. La révolution agricole ne s’y manifeste aucunement, non plus que le passage à une économie d’échange ni l’essor de la manufacture. La Basse-Auvergne, aussi compartimentée par les institutions que par la nature, ne disposant que de ressources monétaires très faibles, peu ouverte malgré la construction de quelques routes, livrée sans partage, ni contrepoids aux caprices de la météorologie, n’en connaît pas moins les fluctuations économiques nationales et les contrecoups d’un mouvement qui lui demeure extérieur. La plaine est particulièrement éprouvée par la hausse du prix des denrées et la dépréciation catastrophique du cours du vin mais la paupérisation des journaliers et des petits propriétaires fonde ou consolide la fortune des gens de loi et des bourgeois des villes qui accroissent fortement leurs propriétés aux dépens des paysans. » (Jacques Dupâquier, Annales de démographie historique, 1967, p. 82).
Ce propos très général doit évidemment être nuancé en fonction des lieux ; les paysans travaillant dans les espaces de montagne les plus isolés ont sans doute des conditions de vie différentes de celles des journaliers de la Limagne ou des agriculteurs proches des pôles urbains. Cette forte présence paysanne ne s’arrête d’ailleurs pas aux portes des villes ; à Clermont-Ferrand par exemple, beaucoup vivent aussi de la terre et particulièrement du vignoble qui occupe une place considérable autour de la cité, étant la culture la plus adaptée à ces terres pentues et calcaires. À l’intérieur des pôles urbains, et particulièrement à Clermont, une noblesse peu fortunée et une bourgeoisie provinciale faite de marchands, rentiers, officiers, médecins et apothicaires côtoient la population, nombreuse et sensible à la conjoncture, des petits commerçants et artisans. Ces deux derniers groupes se révèlent comme les principaux pourvoyeurs d’enfants de chœur pour les maîtrises locales.
• • • Une vie culturelle atone, une société traditionnelle
Sur le plan culturel, la Basse-Auvergne de la fin du XVIIIe siècle ne brille pas particulièrement par ses lieux de sociabilité et les Lumières s’y diffusent peu. Les descriptions très négatives des voyageurs comme Arthur Young et Legrand d’Aussy, qui parlent beaucoup de l’ignorance et de la stupidité des Auvergnats, sont cependant à nuancer : elles sont basées sur de nombreux clichés. Comme l’écrit Daniel Martin, « une vie intellectuelle et culturelle embryonnaire s’exprimait dans quelques rares lieux ou associations, sociétés d’agriculture, académies, sociétés philanthropiques, théâtres, cabinets de lecture exclusivement urbains » (La Révolution en Auvergne, Bourbonnais et Velay, p. 59). Clermont-Ferrand abrite un collège important (décrit par l’abbé Claude Nicolas Ordinaire comme « l’un des plus beaux et plus vaste édifice de la France » au début du XIXe siècle), fondé par les jésuites et dont l’enseignement a été confié à des prêtres séculiers après l’expulsion de l’ordre en 1762. Dans la seconde partie du XVIIIe siècle, il accueillait entre 250 et 350 élèves. Une presse locale a brièvement existé sous la forme d’un hebdomadaire, La Feuille d’Auvergne, fondé en octobre 1779 par un jeune avocat de trente ans, Pierre Chabrit. Mais, peu soutenu, celui-ci se décourage dès mai 1780. Quant à la vie musicale, elle semble se dérouler en grande partie dans les églises. Une académie de musique a bien existé à Clermont entre 1729 et 1746 mais, comme dans nombre de villes, elle a elle dû s’arrêter par manque de souscripteurs, tout comme le Concert, rétabli en 1781 pour deux saisons seulement.
• • • Un territoire capitulairement dense
Le Puy-de-Dôme présente l’avantage pour qui s’intéresse aux musiques d’Église de disposer d’une forte densité de communautés religieuses actives musicalement, soit dix-neuf chapitres canoniaux, auxquels il faut ajouter deux abbayes, un couvent et quatre communautés de prêtres. La diversité des milieux évoquée précédemment confère à ces nombreux lieux de musique des profils très différents, aussi bien en termes d’effectifs que de possibilités financières. À côté de la puissante cathédrale de Clermont, il existe un tissu important de chapitres urbains (Notre-Dame du Port, Saint-Genès, Saint-Pierre et Notre-Dame de Prospérité de Montferrand à Clermont-Ferrand ; Notre-Dame à Chamalières ; Saint-Amable, le Marthuret et la Sainte Chapelle à Riom ; Saint-Genès à Thiers ; Saint-Cerneuf à Billom), mais aussi des structures capitulaires en milieu rural plus discrètes, néanmoins situées à l’intérieur ou à proximité des riches terres de la Limagne (Vertaizon, Lezoux, Notre-Dame d’Aigueperse, Ennezat, Artonne) ainsi qu’un groupe d’établissements canoniaux modestes où la musique n’existe à la fin de l’Ancien Régime qu’à travers la présence d’un sous-chantre chargé parfois du soin d’un ou deux enfants de chœur (Cébazat, Orcival, Le Crest, Herment, Sainte Chapelle Saint-Louis d’Aigueperse). La présence de musique est également certaine dans quatre communautés de prêtres situées à Ardes-sur-Couze, Maringues, Besse et Ambert (où « nul ne peut être reçu s’il n’a été jugé apte au plain-chant » et où l’orgue est entretenu tout au long du XVIIIe siècle) et dans trois établissements réguliers de Clermont, les puissantes abbayes de Saint-André et de Saint-Alyre ainsi que le couvent des Carmes déchaux. Il convient également de compléter ce riche tableau en citant un lieu de musique atypique, la Chapelle de l’école militaire d’Effiat où plusieurs maîtres de musique sont identifiés au XVIIIe siècle et notamment l'alsacien Bernard SCHEIBEL à la fin de l’Ancien Régime. Pour le reste des établissements du département, aucun musicien ne semble les fréquenter en 1790 mais des mentions de musique ont été relevées au cours de périodes antérieures, notamment à la Sainte Chapelle de Vic-le-Comte ou à la collégiale de Saint-Germain-Lembron.
Les lieux de musique, profils et effectifs
• • • Une cathédrale pesant de tout son poids
Il s’agit sans conteste du plus important chapitre du département sur le plan institutionnel comme sur le plan musical. Avec des revenus supérieurs à 30 000 livres dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, il est le plus riche du diocèse (bien au-dessus même du chapitre métropolitain de Bourges), mais aussi celui dont les effectifs sont les plus importants puisqu’il compte en 1790 quatre dignités, 24 chanoines, 12 semi-prébendés, un maître de musique, un organiste, 12 prêtres habitués et 10 chanteurs et musiciens. Le chapitre entretient également un effectif de dix enfants de chœur, un nombre équivalent à celui de certaines grandes maîtrises du royaume mais inférieur à celui de la psallette de Bourges qui culmine à 12 enfants. Plusieurs musiciens prestigieux y ont exercé leur art aux deux derniers siècles de l’Ancien Régime, parmi lesquels Guillaume Bouzignac (1643) et le célèbre musicien et théoricien Jean-Philippe Rameau qui y a effectué deux séjours en qualité d’organiste (1702-1706 et 1715-1721). Ce prestige de l’institution permet aux chanoines de la cathédrale de recruter régulièrement des musiciens réputés dans tout le royaume, et c’est encore le cas dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après les passages du Parisien Auguste VIGNOT (1743-1747), de l’Angevin Louis BACHELIER (1749-1760) et du Saintais Louis GRÉNON (1763-1765), c’est le natif de Noyon Louis Marcel BAYART qui est engagé en 1781 et demeure en poste jusqu’en 1791. Formé à la cathédrale Notre-Dame de sa ville natale puis « habitué » dans la même église, ce fils de bonnetier accède à un premier poste de maître à la cathédrale de Saint-Malo (1772-1773) alors qu’il a tout juste 20 ans, c’est-à-dire précocement, comme c’est souvent le cas pour les jeunes gens qui, issus des maîtrises, se destinent au métier de maître de musique. Son parcours se poursuit à Avranches (1773-1777), puis à Senlis (1777-1781), avant que les chanoines de Clermont ne le réclament, subissant depuis trop longtemps, disent-ils, « une musique mal montée ». Ses 1 300 à 1 500 livres de revenus annuels montrent la volonté du chapitre de proposer une musique de qualité.
Le sieur Bayart va par ailleurs assumer jusqu’au bout son rôle de chef de la musique du chapitre. C’est d’abord lui qui rédige et signe pour l’ensemble du bas chœur la supplique collective envoyée au Comité ecclésiastique de l’Assemblée nationale dès la fin de l’année 1790. Il fait de même pour les dix enfants de chœur, « ne pouvant passer sous silence les intérêts de ceux que l’on a confié à ses soins », en adressant au directoire du département, au début de 1791, un détail de la situation de chacun d’entre eux (lieu d’origine, âge, temps passé à la maîtrise, situation sociale des parents…). Il guide enfin les commissaires de la municipalité lors de l’inventaire de la maîtrise effectué en avril 1791 en vue de la vente des biens nationaux, avant que l’on ne perde définitivement sa trace. Car si BAYART a laissé une documentation précise sur sa carrière jusqu’en 1790, la suite de son parcours (et son éventuelle reconversion) reste à éclaircir, son statut de prêtre lui donnant une visibilité moindre dans les sources de l’état civil. Il ne fait guère de doute qu’il a quitté Clermont peu après cet inventaire puisque deux mois plus tard, lorsque les parents des enfants de chœur réclament au directoire du district les lits de la maîtrise, ils justifient leur demande par le fait que le « maître, en partant, a emmené le sien. »
En 1790, deux autres musiciens présents dans l’effectif de la cathédrale ne sont pas originaires de la région, à savoir Michel LIEBAULT, serpent et basson, né à Langres, et Pierre MALIDOR dont l’exceptionnelle carrière sera évoquée un peu plus loin. Les recrutements lointains sont donc minoritaires dans ce chapitre qui fonctionne, comme de nombreux autres, sur un complexe système de promotions internes. En effet, une part non négligeable des enfants formés à la maîtrise de la cathédrale y demeurent en tant qu’étudiants puis habitués dans l’espoir d’atteindre une semi-prébende assurant un revenu confortable et permanent. C’est le cas par exemple d’Antoine BOUCHERON, qui semble seconder BAYART dans la gestion de la maîtrise et de Léger BOUTAL sorti des aubes depuis seulement trois ans et que l’administration du district choisit de comptabiliser parmi les enfants de chœur afin qu’il puisse percevoir une gratification. Quant à Jean d’HOMME, titulaire de l’orgue en 1790, il offre un bel exemple de carrière qui, entièrement accomplie sur place, s’est conclue par l’obtention d’un bénéfice. Né à Chadrat [Puy-de-Dôme] vers 1742, ce fils de vigneron a sans doute été enfant de chœur à la cathédrale comme son frère cadet Claude d’HOMME. En 1772-1773 il est signalé comme clerc tonsuré et habitué de la cathédrale ; il assiste alors comme témoin aux mariages, paroisse Saint-Genès, de son frère Michel puis de sa sœur Anne. En 1781, il est devenu prêtre habitué et célèbre en cette qualité le mariage de sa sœur Marie-Catherine à la cathédrale. Il devient titulaire de l’orgue vers 1786 à la suite du départ (décès ?) de Jacques CHAMPOLÉON dont il a sans doute reçu l’enseignement. Les autres Clermontois d’origine actifs en 1790 ont été formés et ont exercé des fonctions dans d’autres églises avant d’arriver à la cathédrale. Le chantre Jean GAYET a été enfant de chœur à Saint-Pierre puis sous-chantre à Montferrand, et Jean-Baptiste MOREL, formé à Saint-Pierre également, est resté trente ans sous-chantre à la collégiale du Port avant d’entrer au service de la cathédrale en 1786.
L’exemple de Jean d’HOMME, cité précédemment, permet enfin d’évoquer une singularité du chapitre cathédral par rapport aux autres chapitres clermontois, celle de recruter certains de ses enfants de chœur dans les villages alentours, une pratique que l’on retrouve également à la collégiale Saint-Amable de Riom et dans une moindre mesure à Saint-Cerneuf de Billom. Au moment de la suppression du chapitre, c’est le cas pour deux d’entre eux, André NONY et Pierre VICHY, respectivement d’Artonne et de Combronde, deux villages situés à une trentaine de kilomètres au nord de Clermont. Ces enfants recrutés à l’extérieur sont souvent issus d’un milieu social plus élevé que la moyenne – André NONY est fils de notaire – ou bien ont bénéficié d’un parrainage noble, en l’occurrence pour Pierre VICHY celui de Pierre de Pons, chanoine de la cathédrale.
Effectif musical de la cathédrale de Clermont en 1790 (sans les semi-prébendés) | |
Nom | Fonction |
Louis-Marcel BAYART | Maître de musique |
Jean-Baptiste MOREL | Sous-chantre |
Pierre MALIDOR | Serpent et basson |
Jean d’HOMME | Organiste (et semi-prébendé) |
Jean GAYET | Musicien |
Michel LIÉBAULT | Musicien |
Gilbert LAUDET | Musicien |
Antoine BOUCHERON | Musicien |
Benoît GASCHON | Habitué et sous-diacre |
Pierre-Annet BOUTAREL | Prêtre habitué |
BORDAGES | Prêtre habitué |
AUBIER | Prêtre habitué |
FAURE | Prêtre habitué |
GERAUD | Prêtre habitué |
Claude d’HOMME | Prêtre habitué |
GIRARD | Prêtre habitué |
COLIN | Habitué |
Léger BOUTAL | Musicien habitué |
Jacques-Philippe BOUTAL | Musicien habitué |
Gaspard DESSAT | Enfant de chœur |
Jean-Baptiste DESSAT | Enfant de chœur |
Pierre VICHY | Enfant de chœur |
André NONY | Enfant de chœur |
François TOURETTE | Enfant de chœur |
Henry CHASSAGNAT | Enfant de chœur |
Guillaume DUBOIS | Enfant de chœur |
Jean MONNET | Enfant de chœur |
Augustin DERRIEGE | Enfant de chœur |
Antoine Jean-Baptiste HUOTE | Enfant de chœur |
• • • Les quatre collégiales de Clermont-Ferrand
En plus de l’église cathédrale, la ville de Clermont compte trois collégiales intra-muros ayant également le statut d’églises paroissiales : Saint-Genès et Notre-Dame du Port sont deux chapitres indépendants et parfois même en conflit avec le chapitre cathédral, tandis que celui de Saint-Pierre, qui est une fondation du chapitre cathédral, lui est soumis. Dans la partie nord de la ville se trouve le chapitre de Montferrand, au cœur de l’ancienne cité comtale rattachée à Clermont par les édits de 1630 et 1731.
Sur le plan de l’activité musicale, ces chapitres sont dans des dynamiques relativement semblables durant la seconde moitié du XVIIIe siècle avec chacun des effectifs de 4 à 6 enfants de chœur pris en charge par un ou deux sous-chantres (Jean GRAS à Saint-Genès, Jean MALASSAIGNE au Port, Antoine CHAUFFOUR aîné à Saint-Pierre, René MONESTIER et Antoine BOYER à Montferrand) et un nombre de musiciens adultes réduit au minimum soit un ou deux choristes, un organiste ou un serpent (rarement les deux ensemble), qui sont très souvent d’anciens enfants de chœur n’intervenant que les dimanches et fêtes. À Saint-Genès par exemple c’est Jean-Baptiste BOISSET qui officie comme serpent en 1790 tout en exerçant en parallèle le métier de cordonnier qu’il a appris à sa sortie de la maîtrise. Les gages de ces musiciens à temps partiel sont très faibles, de 4 à 12 livres par mois, et beaucoup n’obtiendront pas de pension mais une simple gratification de la part de l’administration révolutionnaire.
Dans cet ensemble en net déclin par rapport au siècle précédent, la collégiale du Port se distingue tout de même par l’importance qu’a conservé son culte marial. Il connaît son point culminant le 5 mai de chaque année avec la grande fête en musique de Notre-Dame souterraine, dont la solennité est renforcée par l’intervention des musiciens de la cathédrale et parfois ceux du concert et de l’armée.
• • • Les collégiales riomoises
Deuxième ville du nouveau département par sa population, Riom était précédemment le siège officiel de la généralité d’Auvergne et régnait sur l’une des circonscriptions judiciaires les plus vastes du royaume (950 paroisses). C’est une cité administrative et judiciaire importante depuis le Moyen Âge ce qui a permis l’émergence d’une bourgeoisie aisée de magistrats, avocats, procureurs et notaires dont témoigne encore aujourd’hui la présence de nombreux hôtels particuliers édifiés aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Église Saint-Amable à Riom. Élévation latérale sud, projet, par A. Mallay, 1851. (Ad63/www.pop.culture.gouv.fr)
En son centre se trouve la collégiale Saint-Amable qui, sans soutenir la comparaison avec la cathédrale, s’affirme comme la deuxième église du diocèse aussi bien par la taille de l’édifice que par les revenus du chapitre (10 000 livres en 1790). Son relatif éloignement de Clermont la met à l’abri de l’influence de la cathédrale qu’ont à subir les chapitres de la ville épiscopale et lui permet d’avoir son propre rayon d’influence notamment concernant le recrutement des musiciens. Les sources des XVIIe et XVIIIe siècles montrent que le chapitre délivre une formation musicale de qualité qu’attestent les multiples exemples d’enfants de chœur proposant leurs propres compositions au chapitre. La collégiale effectue quelques recrutements lointains de musiciens. À la fin de l’Ancien Régime, malgré des difficultés financières communes à la plupart des chapitres de la région (les chanoines avaient pris la décision de supprimer la musique en 1786 à la suite de l’augmentation des portions congrues), la collégiale Saint-Amable conserve un effectif musical relativement important composé d’un maître des enfants de chœur, d’un sous-chantre, d’un serpent, de cinq habitués (qui pour la plupart ont été formés sur place) et de cinq enfants de chœur (l’effectif normal étant de six), auxquels il faut ajouter six semi-prébendés qui prêtent sans doute leur voix au chœur. Quant aux organistes, ils ne sont plus connus après 1753 même si pour Françoise Talvard, qui a étudié de près cet établissement, « il est difficile d’imaginer qu’il n’y ait pas eu de musique d’orgues à Saint-Amable durant les cinquante dernières années du XVIIIe siècle » (Les bas-chœurs, p. 96).
Effectif musical du chapitre Saint-Amable en 1790 (sans les semi-prébendés) | |
Nom | Fonction |
Jean-François BRASSEUX | Chantre et maître des enfants de chœur |
Jean-Pierre OLIVIER | Sous-chantre |
Pierre-Antoine BOITIN | Chantre et serpent |
Jean DOUTRE | Prêtre habitué, diacre d’office |
Gaspard FAURE | Clerc tonsuré et habitué |
FOURNIER | Clerc tonsuré et habitué |
Jacques AMBLARD | Chantre |
Jacques COURRIER | Chantre |
Pierre DUCHEIX | Enfant de chœur |
Pierre GUYOT | Enfant de chœur |
Léger BOURZAY | Enfant de chœur |
Antoine VALEYRE | Enfant de chœur |
BINET | Enfant de chœur |
• Pour ce qui est de la plus modeste collégiale Notre-Dame du Marthuret, on ne sait presque rien de sa situation sur le plan musical avant 1790 si ce n'est la présence du serpent RICHIN. Des quittances de paiement pour l’année 1792 indiquent qu’un chantre, le sieur FORESTIER, et plusieurs enfants de chœur servent cette église devenue paroissiale. L’état civil permet d’apprendre que des musiciens d’autres églises riomoises y ont trouvé refuge pour continuer à exercer leurs fonctions, notamment le maître de Saint-Amable Jean-François BRASSEUX et le sous-chantre Louis OLIN qui officiait précédemment comme musicien de la Sainte Chapelle.
• Les sources sont également bien pauvres concernant l'effectif musical de ce troisième chapitre riomois à la veille de la Révolution et il semblerait que le sous-chantre OLIN était bien seul. Selon Bernard Dompnier, la Sainte Chapelle de Riom entretenait deux enfants de chœur au XVIIIe siècle (voir « Structures et pratiques musicales des Saintes Chapelles aux XVIIIe siècle »), mais aucun n’apparaît dans les différents tableaux administratifs du début de la Révolution. Peut-être sont-ils de ceux qui sont en activité au Marthuret en 1792 selon les quittances évoquées précédemment, rien ne permet de l’affirmer.
• • • Les autres collégiales : une activité musicale dans de petits centres urbains
• En dehors de ces deux pôles urbains, d’autres collégiales du département sont actives musicalement notamment celles situées dans la Limagne. Les chapitres d’Ennezat, Lezoux, Vertaizon, Artonne, et dans une moindre mesure ceux d’Aigueperse, sont de petites structures dans lesquelles la musique est toutefois bien présente ; un maître ou un sous-chantre y a la responsabilité de quatre enfants et l’effectif est complété par un serpent ou un organiste permanent (à la différence des collégiales clermontoises) ainsi que par un nombre variable d’habitués. La collégiale Notre-Dame d’Aigueperse surprend cependant par l’absence d’enseignant pour les quatre enfants de chœur. Seuls sont présents à leur côté Austremoine ROUSSET, le sonneur, et Jean BARGE, bedeau, sacristain et porte-masse. Peut-être François BELLION, unique musicien de la Sainte Chapelle toute proche, intervient-il auprès de ces enfants.
• Le chapitre Saint-Cerneuf de Billom, au cœur d’une petite ville de commerce peuplée de presque 5 000 habitants, se distingue quant à lui en entretenant en 1790 un maître de musique (également organiste), un sous-chantre et un joueur de serpent, trois habitués ainsi que cinq enfants de chœur et quatre semi-prébendés. Cet établissement parvient lui aussi à recruter au-delà des frontières de la province comme le montrent les cas du maître de musique berrichon Pierre JAMART et du sous-chantre auxerrois Georges Sébastien GARNIER dont les parcours seront abordés de nouveau par la suite. Le chapitre profite sans doute de la position géographique favorable de la ville, aux confins de la Limagne, alors qu’à la collégiale Saint-Genès de Thiers, située à une vingtaine de kilomètres au nord-est dans une ville d’importance semblable mais dans un contexte géographique plus âpre (les monts du Forez), un seul homme, le prêtre Nicolas MARIN, cumule les fonctions de sous-chantre, de maître des enfants de chœur et d’organiste.
• • • La difficile question des communautés régulières
Au contraire des collégiales pour lesquelles le volume de sources est important, la vie musicale des abbayes et couvents reste peu documentée dans les archives de l’époque révolutionnaire. La présence de musique est tout de même confirmée dans certaines institutions par l’existence d’un orgue dont il est toutefois rare de connaître le titulaire. Pour 1790, seuls trois musiciens sont pour l’heure connus, à commencer par l'organiste Antoine PRIMET, au service des mauristes de Saint-Alyre depuis 22 ans. La carrière de ce Mâconnais n’a été que partiellement reconstituée. Né en 1731, il est engagé au service de l’abbaye autour de 1768. Ses revenus sont de 300 livres, et il précise également qu’il en percevait « 300 de casuel en plus pendant tout le temps qu’il y a eu un noviciat dans la maison de Saint-Alyre », ce qui permet de supposer qu’il a enseigné l’orgue aux novices. Marié et père de famille (sa fille Marie-Claudine naît paroisse Saint-Pierre en juillet 1771), il quitte Clermont après 1790 pour se rendre dans la région lyonnaise et décède à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or [Rhône] le 2 décembre 1812, âgé de 81 ans et désigné comme artiste musicien.
À partir de 1788 il avait été rejoint chez les mauristes par le serpent Antoine CHAUFFOUR (jeune) qui venait de quitter la chapitre Saint-Pierre où il travaillait auprès de son frère aîné. Il s'agissait là de sa seconde expérience pour un établissement régulier puisqu'il avait été précédemment sacristain et serpent pour les prémontrés de Saint-André. Le troisième musicien est l'organiste Gabriel PERSIGNAT, au service du couvent des Carmes déchaux depuis trois ans en 1790 tout en occupant la tribune de la collégiale Notre-Dame du Port. C'est un pur produit de cette collégiale, où il a été enfant de chœur et a bénéficié lui aussi de l’enseignement de l’organiste de la cathédrale Jacques CHAMPOLÉON. Son riche parcours antérieur, (Saint-Pierre de Clermont, Saint-Pierre de Lezoux, église Sainte-Croix de Gannat), ne montre pas d’autres liens avec le clergé régulier. Son service chez les Carmes de Clermont lui offrait un complément de rémunération, type de cumul fréquemment observé ailleurs.
Au-delà des musiciens actifs en 1790, les résumés de carrière qui accompagnent les demandes de pension laissent envisager une activité musicale dans d’autres établissements réguliers. On sait par exemple que l’abbaye prémontrée de Saint-André à Clermont avait un organiste et peut-être un serpent de manière régulière dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Antoine SUCHEYRAS, maître de musique à Vertaizon en 1790, y est resté huit ans en qualité de sous-chantre et serpent (1766-1774) lors de son arrivée à Clermont en provenance de sa ville natale de Lezoux et c’est sans doute Antoine CHAUFFOUR (jeune) qui a pris sa suite en y demeurant dix ans avant de rejoindre la collégiale Saint-Pierre.
Mais c’est en remontant au début du XVIIIe siècle que l’on trouve la mention la plus originale au sujet de la musique dans les abbayes 'puydômoises', d’autant plus qu’elle concerne un établissement féminin. En effet, la biographie de Marin CAROUGE, facteur d’orgue franc-comtois ayant exercé en différents points du royaume au cours de sa carrière, nous renseigne sur son passage en l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Beaumont (ville voisine de Clermont-Ferrand, située aujourd’hui dans son agglomération), en février 1707, lorsqu’a été conclu un marché avec l’abbesse pour "faire un orgue en Positif". L’une des clauses de ce marché est particulièrement intéressante et montre un processus peu rencontré jusqu’alors dans la documentation : ledit Carouge s'engage à "enseigner journellement pendant le temps du dit ouvrage, qui durera trois mois entiers ou plus à compter du jour qu’il commencera le dit ouvrage, Mademoiselle de Soudeüil et deux Dames Religieuses au choix de Madame l’Abesse". Cette dernière avait donc prévu la formation de trois religieuses aptes à faire ensuite sonner l'orgue neuf, et le document nous livre le nom de l’une d’entre elles.
Le bilan reste mince mais ce dernier exemple, bien qu’éloigné de notre cadre chronologique, vient confirmer la nécessité d’envisager des recherches dans les fonds d’archives, parfois riches, des établissements réguliers en amont de la période révolutionnaire.
• • • Une fonction musicale « reine », celle de sous-chantre
La fonction de sous-chantre, évoquée à plusieurs reprises, constitue une singularité de l’espace géographique étudié et mérite à ce titre de retenir l’attention. Si elle existait bien avant, cette fonction musicale est de loin la plus représentée dans le département en 1790 avec 22 unités sur un total de 57 musiciens adultes. À l’exception de la cathédrale de Clermont et des chapitres de Billom et de Vertaizon, qui rétribuent toujours un maître de musique, chacun des chapitres entretenant des enfants de chœur en a confié le soin et l’enseignement à un sous-chantre. Sa présence n’est toutefois pas nécessairement liée à la gestion d’un groupe d’enfants puisqu’on retrouve aussi cette fonction dans les églises où il y a des maîtres de musique (Jean-Baptiste MOREL à la cathédrale, Antoine CHRÉTIEN à Vertaizon et Georges Sébastien GARNIER à Billom, Jean-Pierre OLIVIER à Riom), mais encore dans d’autres églises qui n’ont pas (ou plus) de maîtrise (Herment, Le Crest, Cébazat). Les missions du sous-chantre sont nombreuses mais il s’agit en premier lieu d’un musicien comme le montre bien l’exemple de René MONESTIER. Né paroisse du Port à Clermont-Ferrand, il effectue un cursus complet d’enfant de chœur et quelques années comme habitué dans le chapitre de la collégiale Notre-Dame-du-Port, sur sa paroisse d’origine avant de se rendre à la collégiale de Montferrand pour y prendre la place de 1er sous-chantre en 1778. Après quatre ans de service dans cette église, le chapitre cathédral le réclame pour ses qualités vocales, ce qui lui permet de négocier un contrat à vie avec les chanoines montferrandais. Lorsqu’il décède en 1831, il est encore désigné comme sous-chantre de l’église de Montferrand, fonction qu’il a donc continué à exercer après la Révolution, en parallèle au métier de vigneron. Les musiciens que certaines sources de l’administration qualifient de « maître des enfants de chœur », ou qui se dénomment ainsi eux-mêmes comme c’est le cas de Jean-François BRASSEUX à Riom et de Claude JAFFEUX à Ennezat sont en fait des sous-chantres qui mettent en valeur dans leur demande de pension leur mission d’enseignement et d’entretien des enfants. Les différences entre les fonctions de maître de musique et de sous-chantre semblent être marquées à la fois par la polyvalence importante du sous-chantre, dont les obligations extramusicales sont nombreuses, et dont en revanche on exige moins en matière d’enseignement et de direction musicale. Il convient enfin de préciser qu’à l’instar d’autres fonctions du chœur comme celle de sacristain, celle de sous-chantre se transmet assez fréquemment de père en fils dans les petits chapitres. Joseph ROCHON à Ennezat et François ROCHE à Chamalières ont tous deux succédé à leur père et avaient un fils à la maîtrise destiné vraisemblablement à prendre leur place.
Les carrières des musiciens : des parcours antérieurs différenciés, des destins variés
• • • Les carrières locales
Comme dans beaucoup de territoires majoritairement ruraux, le profil le plus communément rencontré est celui du musicien local, c’est-à-dire ayant reçu sa formation et accompli l’ensemble de sa carrière dans le même lieu. Un certain nombre d’entre eux ont d’ailleurs continué après l’épisode révolutionnaire à servir l’église qui les avait formés à la musique et leur avait assuré leurs revenus. C’est le cas de Jacques VACHER, serpent et basson né et décédé à Billom (1741-1820), d’Antoine CHRÉTIEN, sous-chantre du bourg voisin de Vertaizon (1760-1833), d’Antoine HÉDIEU qui, enfant de chœur puis sous-chantre à Artonne depuis 1751, y décède en 1820, de Claude BÉGULE, serpent à Lezoux, ou encore de Joseph ROCHON et François ROCHE, respectivement sous-chantres d’Ennezat et de Chamalières évoqués précédemment. Ce profil se rencontre aussi dans les pôles urbains ; il en va ainsi à Clermont pour Jean GRAS et Jean MALLASAIGNE, sous-chantres de Saint-Genès et de Notre-Dame du Port.
La stabilité domine donc, ce qui ne signifie pas pour autant que l’itinérance à grande échelle, phénomène courant dans la profession, ne se rencontre pas.
• • • Des itinérances à différentes échelles
Bien que rurale et relativement enclavée, l’ancienne Basse-Auvergne parvenait malgré tout à attirer des musiciens d’Église de la France entière. À Legrand d’Aussy, qui se demandait en 1788 comment cette province « sans chemin, ni commerce et n’offrant pendant six mois de l’année que des montagnes couvertes de neige » pouvait attirer des étrangers (Voyage, p. 10), on pourrait répondre que l’offre importante de travail fournit une explication concernant les musiciens. Si pour le sous-chantre de Lezoux Bernard Louis PIMPARÉ, sorti de la maîtrise de la cathédrale de Tours en 1789 et donc récemment engagé, la Révolution est venue interrompre une carrière qui n’en était qu’à son début, la plupart des musiciens concernés par l’itinérance à grande échelle sont arrivés en Auvergne à l’issue d’un parcours déjà riche de plusieurs étapes. C’est d’abord le cas du maître de la cathédrale Louis-Marcel BAYART (Noyon, Saint-Malo, Avranches, Senlis), déjà évoqué précédemment, mais aussi du maître des enfants de chœur de la collégiale Saint-Amable de Riom Jean-François BRASSEUX (diverses églises de Paris, Boissy-aux-Cailles, Moulins), du multi-instrumentiste et maître de musique de Billom Pierre JAMART (Nérondes, Bourges, Saint-Aignan, Pontlevoy, Montluçon, Lezoux), de son collègue sous-chantre Georges Sébastien GARNIER (Paris, Auxerre) et de Gabriel JUDEAU, sous-chantre au service de la communauté de prêtres d’Ardes-sur-Couze (La Charité-sur-Loire, Poitiers, Donzy, Nevers).
Mais l’on ne peut évoquer ce phénomène de l’itinérance des musiciens auvergnats sans s’attarder quelque peu sur l’exceptionnelle carrière de Pierre MALIDOR. Ce fils de tailleur baptisé à Pithiviers [Loiret] en juillet 1743 est arrivé à la cathédrale de Clermont en 1787 en provenance de la proche collégiale Saint-Amable de Riom où il était maître de musique. Face aux difficultés financières du chapitre de Riom et à la volonté des chanoines d’en supprimer la musique, il avait pris les devants en s’adressant directement à l’évêque afin de réclamer une pension de retraite. À défaut d’avoir obtenu gain de cause, il s’était retrouvé quelques mois plus tard joueur de serpent au service du chapitre de la cathédrale, « accueilli à bras ouverts y étant reconnu de réputation depuis plus de quinze ans » selon ses propres dires. Ce sera la dernière étape, avant la suppression des chapitres, d’une itinérance qui l’avait conduit à exercer diverses fonctions musicales à Orléans, Tours, Chinon, Poitiers, Châtellerault, Blois, Vatan, Bourges, Guéret et Riom, fréquentant parfois plusieurs églises d’une même ville et effectuant aussi des allers et retours. Il termine sa vie en 1824 comme "rentier" demeurant à Riom non sans avoir auparavant eu le projet d’ouvrir une école de musique à Montluçon [Allier] en 1805.
Parmi ces itinérances à grande échelle, il faut également citer l’exemple original du chantre Jacques AMBLARD car il est le seul à avoir quitté l’Auvergne temporairement pour y revenir. Né et formé à Clermont-Ferrand (collégiale Saint-Genès) il est passé par la Sainte Chapelle de Riom avant de tenter sa chance à Paris, en exerçant comme chantre de la paroisse Saint-Sauveur pendant deux ans, pour finalement revenir à Riom où il demeure en poste à Saint-Amable jusqu’en 1790.
Beaucoup de ces parcours de musiciens extérieurs demeurent évidemment incomplets comme celui de Louis OLIN, sous-chantre de la Sainte Chapelle de Riom : natif d’Oissery [Seine-et-Marne], il n’est arrivé à Riom qu’en 1783, alors âgé de 57 ans après un parcours dont on ne sait rien encore. Son collègue de Saint-Amable de Riom, Jean-Pierre OLIVIER, originaire de Mur-de-Barrez [Aveyron], est quant à lui arrivé à Riom en 1761 à plus de 30 ans, ce qui laisse la possibilité qu’il ait fréquenté d’autres églises auparavant.
Au-delà de ces parcours à l’échelle nationale, il ne faut pas oublier l’importance de la petite itinérance, se déroulant au sein d’un « pays », voire à l’intérieur même d’une ville lorsqu’il y a plusieurs églises. Le phénomène est particulièrement important dans une zone aussi riche en établissements susceptibles d’accueillir des musiciens. Le chantre de la cathédrale Jean GAYET en fournit un bon exemple. Né dans la paroisse Saint-Genès à Clermont, il effectue ses années d’enfant de chœur dans la collégiale toute proche puis passe huit ans au service de celle de Montferrand comme premier sous-chantre avant de pouvoir exercer à la cathédrale en 1773. La carrière d’Antoine SUCHEYRAS, riche en étapes, se cantonne également à un territoire restreint. Ce natif de Lezoux, formé au sein de la maîtrise locale, notamment au serpent, se rend à Clermont à l’âge très précoce de 12 ans (ce qui est plutôt surprenant) pour entrer à l’abbaye des prémontrés de Saint-André comme sous-chantre et serpent. Il y demeure l’espace de huit ans puis, devenu adulte, il se marie et poursuit son périple clermontois en passant par les chapitres de Saint-Genès (1774-1777) de Saint-Pierre (1777-1779) et enfin de la cathédrale (1779-1781). C’est riche de cette expérience dans diverses églises qu’il se voit proposer la maîtrise de la petite collégiale de Vertaizon, proche géographiquement de sa ville d’origine, où il perçoit les confortables revenus d’une prébende de chanoine dont il retire personnellement à peu près 800 livres annuellement.
• • • Quelles reconversions pour les musiciens du Puy-de-Dôme ?
La fermeture des chapitres a provoqué une rupture brutale pour beaucoup des musiciens d’église, plus encore pour les plus jeunes ne pouvant espérer une pension de retraite, et qui ont eu l’obligation de trouver des solutions de reconversion. Cependant, compte tenu de la grande hétérogénéité des statuts, la situation des musiciens du département est contrastée sur ce point, ce qu’ont permis de constater les recherches effectuées à partir de l’état civil. D’abord, un certain nombre d’entre eux exerçaient leur fonction musicale parallèlement à une autre activité professionnelle. Pour le cordonnier et serpent BOISSET de Saint-Genès, pour le sous-chantre « cultivant la terre après les offices » François ROCHE de Chamalières et pour le perruquier habitué Joseph ROCHON d’Ennezat, la question ne s’est pas posée car leurs autres revenus subsistaient. Les sources montrent également que la poursuite du service dans les églises devenues paroissiales a parfois été possible. Ainsi Jean GRAS, sous-chantre de Saint-Genès en 1790, conserve la même fonction dans l’ancienne église du couvent des Minimes de Clermont, devenue paroisse Saint-Pierre, jusqu’à son décès en 1828, tout comme René MONESTIER qui a continué jusqu’à la fin à faire résonner sa voix sous les voûtes de l’église de Montferrand. De la même manière, Jean MALASSAIGNE, sous-chantre de la collégiale du Port en 1790, est mentionné comme chantre de cette église aussi bien dans le recensement de population de 1815 que dans son acte de décès daté de 1824. D’autres ont pu continuer d’exercer leur métier de musicien en dehors de l’église, notamment ceux qui, liés à une loge maçonnique, ont pu faire fonctionner leur réseau de relations. C’est le cas pour les Clermontois Antoine BOUCHERON (ex-musicien de la cathédrale) et Jean CONCHE (ex-enfant de chœur de Saint-Genès) et pour le Riomois RICHIN (serpent de la Sainte Chapelle) tous musiciens permanents du théâtre clermontois autour de 1806 (théâtre fondé en 1759 et situé sur l’ancienne place de la Comédie, actuellement place Thomas). Tel est aussi le cas de Pierre-Antoine BOITIN (musicien à Saint-Amable) qui sait tirer au mieux parti de ses compétences. Non seulement il continue de chanter dans cette église en plus du théâtre, mais il exerce aussi le métier d’instituteur, solution de repli pour de nombreux musiciens, de 1796 à son décès en 1834. Il est vrai qu’il avait déjà été maître de grammaire à Saint-Amable de 1778 et 1790, ce qui fera dire au jury d’instruction publique de l’arrondissement de Riom que « malgré une élocution vicieuse qui peut faire craindre qu’il ne corrompe le langage de ses élèves, il exerce depuis 18 ans et on peut lui continuer la confiance dont il jouit pour les fonctions d’instituteur ». L’exemple de Gabriel JUDEAU, sous-chantre de la communauté de prêtres Saint-Dizain d’Ardes devenu instituteur à Issoire, est similaire puisqu’il est mentionné à diverses reprises comme maître d’école avant 1790. Quant à Léger BOUTAL, jeune musicien de la cathédrale âgé de 20 ans en 1790, son expérience récente comme grand enfant de chœur aidant le maître dans sa mission d’enseignement aura certainement constitué un atout pour l’exercice de la même profession à Cusset (Allier) jusqu’à son décès en 1857. Les choses allaient en revanche moins de soi pour le maître de musique Pierre JAMART qui enseignera à Billom puis dans la commune voisine de Saint-Julien de Coppel jusqu’à sa mort en 1820 non sans avoir dû renforcer ses principes en arithmétique qu’il avait quelque peu perdus de vue.
Un mot des enfants de chœur enfin, pour lesquels la maîtrise représentait une possibilité de s’extraire de leur condition d’origine dans une société marquée par une très forte reproduction sociale. Les sources de l’état civil confirment la rupture de ces mécanismes d’ascension puisque la très grande majorité d’entre eux exerceront le même métier que leur père, exception faite de ceux qui avaient atteint un niveau de formation suffisant pour parvenir à tirer parti des capacités acquises. On peut citer parmi ceux-ci l’enfant de chœur clermontois Jean CONCHE fils de cordonnier devenu musicien, ou le Thiernois Jean-Pierre DARROT, qui embrassera le métier de « praticien » et non celui de boulanger comme son père.
• • •
L’enquête prosopographique sur le personnel des églises du Puy-de-Dôme a permis de lever, dans une large mesure, le voile sur la carrière et la vie d’un ensemble de 128 musiciens actifs en 1790 dont 71 enfants de chœur. Dans ce tableau, la cathédrale de Clermont se détache nettement, proposant un service musical ayant peu de choses à envier aux cathédrales d’envergure similaire, sous la direction d’un musicien expérimenté en la personne de Louis Marcel BAYART. Dans les collégiales, si le service divin n’est sans doute plus assuré quotidiennement avec autant de faste qu’il le fut dans la seconde moitié du XVIIe siècle, il n’est pas abandonné pour autant par les chanoines qui y consacrent toujours, dans la majorité des cas, une part non négligeable des revenus de leur institution. La présence d’une maîtrise auprès de seize des dix-neuf chapitres canoniaux est une preuve supplémentaire de cette volonté.
À l’évidence, dans un département aussi riche en lieux de musique, le travail n’est pas achevé. Il reste bien des musiciens à identifier, dans les établissements réguliers d’abord, peu visibles dans les sources de l’administration révolutionnaire, mais aussi et surtout dans les paroisses. Dans ces deux cas, il sera nécessaire d’élargir le champ de recherche et tout renseignement que pourront apporter les lecteurs de ce texte sera grandement apprécié.
Bastien MAILHOT, chercheur associé au CHEC, Clermont-Ferrand
(juin 2020)
Mise à jour : 9 janvier 2022
Le travail sur les musiciens de ce département a bénéficié des apports de, notamment :
François Caillou, Youri Carbonnier, Nathalie Da Silva, Bernard Dompnier, Stéphane Gomis, Grégory Goudot, Sylvie Granger, Jean-François «Maxou » Heintzen, Isabelle Langlois, Christophe Maillard, Pierre Mesplé, Nicolas Paris, Françoise Talvard, Cyril Triolaire…
Un remerciement spécial est adressé à Isabelle Langlois pour ses longues heures consacrées aux lieux de musique et musiciens de ce département et pour avoir accepté de relire ce travail.
Mise en page et en ligne : Sylvie Lonchampt et Agnès Delalondre (CMBV)
>> Si vous disposez de documents ou d’informations permettant de compléter la connaissance des musiciens anciens de ce département, vous pouvez signaler tout élément intéressant ICI. Nous vous en remercions à l’avance. L’amélioration permanente de cette base de données bénéficiera à tous.
Les lieux de musique en 1790 dans le Puy-de-Dôme
Cathédrale
Collégiales
- AIGUEPERSE, collégiale Notre-Dame
- ARTONNE, collégiale Saint-Martin
- BILLOM, collégiale Saint-Cerneuf
- CÉBAZAT, collégiale Saint-Étienne
- CHAMALIÈRES, collégiale Notre-Dame
- CLERMONT-FERRAND, collégiale Notre-Dame du Port
- CLERMONT-FERRAND, collégiale Saint-Genès
- CLERMONT-FERRAND, collégiale Saint-Pierre
- CLERMONT-FERRAND, collégiale Notre-Dame de Prospérité (Montferrand)
- ENNEZAT, collégiale Saint-Victor et Sainte-Couronne
- HERMENT, collégiale Notre-Dame de l’Assomption
- LE CREST, collégiale Notre-Dame
- LEZOUX, collégiale Saint-Pierre
- ORCIVAL, collégiale Notre-Dame
- RIOM, collégiale Saint-Amable
- RIOM, collégiale Notre-Dame du Marthuret
- THIERS, collégiale Saint-Genès
- VERTAIZON, collégiale Notre-Dame
Saintes Chapelles
- RIOM
- VIC-LE-COMTE
- AIGUEPERSE (Saint-Louis)
Communautés de prêtres
- AMBERT, église Saint-Jean
- ARDES-SUR-COUZE, communauté Saint-Dizain
- BESSE ET SAINT-ANASTAISE, communauté Saint-Martin
- MARINGUES, église Notre-Dame
Abbayes et couvents
- CLERMONT-FERRAND, abbaye prémontrée Saint-André
- CLERMONT-FERRAND, abbaye mauriste Saint-Alyre
- CLERMONT-FERRAND, couvent des Carmes déchaux
Autres lieux
Pour en savoir plus : indications bibliographiques
François LESURE, Dictionnaire musical des villes de province, Paris, Klincksieck, 1999, 315 p. (Clermont-Ferrand, p. 136-138)
- Jean-Marc BAFFERT, « Orgues disparus du Puy-de-Dôme », dans Orgues d'Auvergne : inventaire des instruments de l'Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, Arepama/ Direction Régionale des Affaires Culturelles, 1989, p. 263-267.
- Philippe BOURDIN, Des lieux, des mots, les révolutionnaires. Le Puy-de-Dôme entre 1789 et 1799, Clermont-Ferrand, Institut d’études du Massif Central, 1995, 514 p.
- Nathalie DA SILVA, Le chapitre cathédral de Clermont et l’Opus Dei au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise d’histoire, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 1995, 115 p.
- Nathalie DA SILVA, « Être maître de musique à la cathédrale de Clermont aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans Bernard Dompnier (dir.), Les bas chœur d’Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d’église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, p. 135-153.
- Nathalie DA SILVA, « La maîtrise de la cathédrale de Clermont aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans Bernard Dompnier (dir.), Maîtrises et chapelles aux XVIIe et XVIIIe siècles : des institutions musicales au service de Dieu, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2003, p. 43-59.
- Bernard DOMPNIER (dir.), Louis Grénon, un musicien d’Église au XVIIIe siècle, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2005, 202 p.
- Bernard DOMPNIER (dir.), Les bas chœurs d’Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d’Église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, 404 p.
- Stéphane GOMIS, Les "enfants prêtres" des paroisses d’Auvergne, XVIe-XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2006, 546 p.
- Stéphane GOMIS, « Les collégiales et les chanoines du diocèse de Clermont à l’époque moderne », dans Anne Massoni (dir.), Collégiales et chanoines dans le centre de la France du Moyen Age à la Révolution (ancienne province ecclésiastique de Bourges), Limoges, PULIM, 2010, p. 111-143.
- Benoît GONOD, La France, description géographique, statistique et topographique. Le Puy-de-Dôme, Paris, Verdière, 1834, 176 p.
- Bastien MAILHOT, Les enfants de chœur des églises du centre de la France. Les institutions capitulaires d’éducation et leurs élèves aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2018, 324 p.
- Bastien MAILHOT, Musique et musiciens des collégiales du diocèse de Clermont aux XVIIe et XVIIIe siècles, mémoire de Master d’histoire, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2007, 230 p.
- Bastien MAILHOT, « L’itinérance chez les musiciens auvergnats en 1790 », dans Bernard Dompnier (dir.), Les bas chœurs d’Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d’Église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010 p. 177-190.
- Daniel MARTIN, La Révolution en Auvergne, Bourbonnais et Velay, Clermont-Ferrand, Bouhdiba, 1993, 412 p.
- Christiane MARANDET, « Notes pour servir à l’histoire des orgues et des organistes en Auvergne », Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1971, t. 85, p. 81-108.
- Francisque MÈGE, Formation et organisation du département du Puy-de-Dôme (1789-1801), Paris, A. Aubry, 1874, 342 p.
- Françoise TALVARD, « Les musiciens du chapitre Saint-Amable de Riom aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans Bernard Dompnier (dir.), Les bas chœurs d’Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d’Église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, p. 81-113.
- Françoise TALVARD, « Les cérémonies en musique à l’église Saint-Amable de Riom au XVIIIe siècle », dans Bernard Dompnier (dir.) Les bas chœurs d’Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d’Église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, p. 319-353.
- Cyril TRIOLAIRE, Le Théâtre en province pendant le Consulat et l’Empire, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2012, 561 p.
Bibliographie élaborée par Bastien MAILHOT
(juin 2020)