DELHOMME, Jean (1756-1825)

Jean DELHOMME, chantre castelroussin, a exercé dans les trois paroisses les plus importantes de la ville tout en ayant une activité complémentaire. Il regroupe quelques unes des caractéristiques de ces chantres, probablement "à la voix haute et forte" (X. Bisaro), doté d'une famille nombreuse (14 naissances) qui rappelle le poids de la mortalité infantile tout comme le funeste destin des enfants placés en nourrice. La maîtrise de l'écriture lui permet de passer le cap de la Révolution et de se reconvertir dans l'administration.

• 9 août 1756, Châteauroux [Indre] : En la paroisse Saint-Christophe, il est procédé au baptême de Jean, fils de Jean Delhomme tixier en toile et de Marguerite Segot. Le parrain est marchand tanneur, la marraine la veuve d'un marchand, tous deux signent l'acte.

• [1763-1773] : Faute de documentation précise, la période de formation d'enfant de chœur de Jean DELHOMME est estimée selon l'usage de sept ans environ pour une dizaine d'années. Il est vraisemblable qu'il ait suivi sa formation à la collégiale Saint-Martin de Châteauroux. L'aisance avec laquelle il signe, le trait affirmé ainsi que son évolution après la Révolution laissent augurer qu'il a reçu une formation complète d'enfant de chœur.

• 30 novembre 1774, Châteauroux : Jean DELHOMME est parrain d'une petite cousine,  fille de François Delhomme tisserand et de Marie Lépine. La marraine, Marie Turmeau, est citée comme cousine, ce qui interroge sur un lien de parenté avec le chantre Jean TURMEAU.

• Vers 1777-1791, Châteauroux :  Jean DELHOMME est chantre de la paroisse Saint-Christophe.

• 4 février 1777, Châteauroux : En la paroisse Saint-Christophe, Jean DELHOMME, tissier en toile, épouse Anne Charles, fille d'un couvreur en présence de leurs familles et amis. Les jeunes époux signent le registre.
• 1777-1794 : Les naissances se suivent à un rythme soutenu chez les Delhomme, 14 en 17 ans dont 11 filles et 3 garçons. Après avoir exclu les nombreux décès dont des enfants placés en nourrice ne subsistent que quatre enfants atteignant l'âge adulte, François, Jean, Marie Rosalie et Anne. Les registres paroissiaux puis d'état-civil permettent ainsi de connaître le parcours professionnel de Jean DELHOMME, cité neuf fois comme tixier avant 1786, puis chantre de Saint-Christophe entre 1786 et 1789. À partir de 1805 il est "fermier des droits de la ville" donc au service des taxes et impôts.

• 29 septembre 1781, Châteauroux : Lors du baptême de François Delhomme, le père Jean est tixier en toile. Le parrain est un oncle paternel, François Delhomme, lui aussi est tixier en toile.

• 1781-1782, Châteauroux : Les registres de fabrique de la paroisse Saint-André répertorient  Jean DELHOMME, Jean DELAVAL et Francois MARCHAIS comme chantres. Ils perçoivent en décembre 1781 30 lt ,et en 1782, 15 lt, des gages annuels fort modestes. Resterait à pouvoir déterminer à quelle date DELHOMME a été rattaché à Saint-Christophe.

• 19 août 1784, Châteauroux : Jean Hugues GRIFFON, perruquier et chantre occasionnel de Saint-Christophe, perd son père Jean GRIFFON, vivant marchand épicier. L'inhumation s'effectue en présence de deux chantres qui sont alors Jean DELHOMME et Charles GRATIER, un signe de reconnaissance car la plupart des sépultures se font en présence de Jean-Baptiste Messager sacristain accompagné d'une "matrone" ou autre, sans signataire.
• 29 août 1784 : Jean DELHOMME et Charles GRATIER, chantres, assistent à l'inhumation de la petite Anne Blanchard fille du chantre Jean-Baptiste BLANCHARD paroisse Saint-Christophe.

• 2 août 1785, Châteauroux : Jean DELHOMME est parrain de Jean Baptiste, fils de Jean-Baptiste BLANCHARD journalier absent et de Jeanne Théret.

• 1787-1788, Châteauroux : Les registres paroissiaux de la paroisse Saint-Christophe citent à plusieurs reprises le nom de Jean DELHOMME associé à ceux de Charles GRATIER, Jean-Baptiste BLANCHARD ou Jean GRIFFON, chantres. GRATIER est chantre de la collégiale Saint-Martin.

• 10 mars 1789, Châteauroux : En la paroisse Saint-Christophe, Jean DELHOMME chantre de cette église est parrain d'un neveu Jean, fils de son frère Pierre, charcutier de son état, et de Marie Charpentier. Cet acte permet d'identifier formellement Jean DELHOMME par le biais de son frère et de sa belle-sœur, et par suite ses parents grâce au mariage dudit frère.

• 18 mars 1790, Châteauroux : Jean Delhomme, fils, est baptisé paroisse Saint-Christophe. Son parrain est huissier de la paroisse Saint-Denis. Il est cité comme témoin lors du mariage de sa sœur Anne en 1813.

• En 1790,  l'effectif cantoral de l'église paroissiale Saint-Christophe est limité à deux, voire trois chantres : Jean-Baptiste BLANCHARD, Jean DELHOMME et ponctuellement Jean [Hugues] GRIFFON. Selon l'inventaire dressé en 1790 il pourrait y avoir quatre enfants de chœur ("quatre mauvaises aubes pour les enfants de chœur").

• [1791], Châteauroux : Lors de la réunion des quatre paroisses castelroussines –Saint-Martin, Saint-André, Saint-Christophe et Saint-Denis– à la "cathédrale constitutionnelle", le conseil de l'évêque reprend le personnel musical des paroisses, proposition semble-t-il agréée par le Directoire. Il accorde "six chantres, cinq sacristains et six enfants de chœur". La situation n'est pas clairement entérinée ce qui provoque des litiges : les chantres Jean DELHOMME et Jean-Baptiste BLANCHARD ne sont pas rémunérés pour leurs services et réclament leur dû.
• 23 octobre 1791 : Lors de la naissance de Marie Rosalie Delhomme, son père Jean DELHOMME, est boulanger et chantre de la cathédrale constitutionnelle. On remarque la présence de Marie Rosalie Delhomme, religieuse de la Visitation en la ville d'Issoudun qui ne sait signer.

• 17 avril 1792, Châteauroux : Interpellé par la requête des chantres BLANCHARD et DELHOMME, le Directoire statue sur les gagistes de la cathédrale. Il délibère, puis restreint à quatre chantres le service habituel de la cathédrale (y compris le maître de psallette). Bien que l'objectif soit de limiter l'effectif des chantres à quatre, il sera ultérieurement convenu de réintégrer Jean-Baptiste BLANCHARD sachant que le premier mourant ne sera pas remplacé. Les chantres toucheront 100 livres, le maître de psallette 200 livres de traitement.
• 14 mai 1792 : Le Directoire, après avoir pris conseil auprès de l'évêché, nomme le personnel musical :
- Le Sieur Pierre GAUDRION est confirmé comme maître de psallette.
- Les places de chantres sont attribuées à René GAUDRION, 37 ans, tailleur d’habits ayant deux enfants et trente ans de service, Charles GRATIER, 27 ans, garçon tissier en draps, ayant dix ans de service, Jean TURMEAU, âgé de 40 ans, cardeur, ayant cinq enfants et dix ans de service, Jean DELHOMME, âgé de 36 ans, ayant trois enfants et quinze ans de service.
- Les sacristains sont deux à savoir François Marchais et Étienne Gallas, ce qui entérine implicitement le départ de Pierre dit Bernard Huet. André DENIS dit Quinkard est nommé sacristain de l'oratoire des Capucins, et Jean-Baptiste Messager à celui de St-Christophe. Etienne Gallas ayant moins de besoins aura la survivance du 1^er mourant.
- Les enfants de chœur sont quatre : QUINQUENET fils, BERNARD/BESNARD, BRISMORET et ROUET, soit un partage entre enfants de chœur de la collégiale et des paroisses.
• 7 juillet 1792 : Un membre du Directoire demande le paiement par avance des gages du personnel cantoral. Les cinq chantres reçoivent chacun 18 lt, le maître de psallette 50 lt et les six enfants de chœur 6 lt chacun.
• 24 décembre 1792 : Le District répond favorablement à la requête de Jean DELHOMME et régularise sa situation en prenant comme rémunération de base 232 lt par an convenus qui sont réglés par trimestre. Il n'est pas pensionné.

• 28 floréal an II [17 mai 1794], Châteauroux : La naissance d'Anne Delhomme est déclarée à la mairie de Châteauroux par François et Marie Delhomme,  cousins du chantre, ainsi que par Catherine Caillaud et François Baraud. DELHOMME est alors boulanger, une position provisoire.

• 11 floréal an XIII [1er mai 1805], Châteauroux : François, fils de Jean DELHOMME, fermier [des droits de la ville], convole avec Jeanne Morillonnet, tisseur de draps.

• 18 juillet 1811, Châteauroux : Lors de la naissance de Jean Edouard, fils de l'ex-enfant de chœur JEAN BAPTISTE dit BERNARD, Marie Delhomme "fille de Jean DELHOMME", ex-chantre est présente accompagnée de Jean Buisson, légionnaire et ami du père de l'enfant.

• 25 février 1813, Châteauroux : Marie Rosalie, fille de Jean DELHOMME, fermier des droits de la ville, épouse Pierre Coulon, boulanger. Son frère Jean, tixier est cité comme témoin.

• 2 janvier 1815, Châteauroux : Lors de la naissance d'Agatha, fille de JEAN BAPTISTE dit BERNARD, le père, légionnaire, est absent. La déclaration de naissance est effectuée par la sage-femme, un ami de confiance Jean DELHOMME, ex-chantre devenu vérificateur des poids et mesures ainsi que par l'agent de police Jean Violette.

• 19 juin 1816, Châteauroux : Anne, fille de Jean DELHOMME, propriétaire, se marie avec Jean-Baptiste Coulon, boulanger.

• 10 mai 1820, Châteauroux : Le décès d'Anne Charles, épouse de Jean DELHOMME, propriétaire, est déclaré par son neveu Jean, fermier du droit de plaçage et par Pierre Boisson journalier.

• 17 janvier 1825, Châteauroux : Jean DELHOMME, sans profession, 69 ans, veuf d'Anne Charles, décède au Faubourg Saint-Christophe. Jean DELHOMME et Anne Charles auront vécu de leur baptême à leur mort dans le même faubourg Saint-Christophe.

Mise à jour : 3 mai 2022