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DELORME, Louis Stanislas (1757-1832)
État civil
NOM : DELORME     Prénom(s) : Louis Stanislas     Sexe : M
Date(s) : 1757 entre crochets  / 1832-7-10 
Notes biographiques

Si certains parcours sont clairs, celui de Louis Stanislas DELORME est perturbant, que ce soit par l'itinérance de son père Pierre DELORME, par ses date et lieu de naissance aléatoires, ou encore par ce fils François DELORME organiste qui émerge tardivement vers 1828. Le début du parcours de Louis Stanislas est tributaire des aléas de carrière de son père, puis se stabilise lors de son recrutement à Vatan [Indre]. La collégiale Saint-Laurian est certainement la plus importante du Bas-Berry, la seule à disposer d'un corps de musique étoffé et structuré. Quelques points étayent la biographie de DELORME : un père musicien, une carrière de musicien d'église passée en un lieu unique, une belle-famille vatanaise... 

• [1757], ? : La naissance de Louis Stanislas DELORME reste énigmatique. D'après son acte de décès, Louis-Stanislas, fils de Pierre DELORME et de Catherine-Françoise Remineral, serait né dans la petite ville berrichonne de Buzançais vers 1757, mais aucun acte correspondant n'a été relevé pour la période 1757-1760. Son acte de mariage à Vatan (cf ci-dessous en 1786), évoque son père Pierre DELORME, organiste un à deux ans chez les Cordeliers de Blois après être passé rapidement par Chinon [Indre-et-Loire] et Craon [Mayenne]. Mais là aussi les registres paroissiaux sont taiseux. La date et le lieu de naissance de Louis Stanislas resteraient en suspens si lui-même ne nous donnait une indication précieuse en 1795 : "né le 28 janvier 1759".
Un petit Jean Cécile est effectivement baptisé à cette date paroisse Saint-Etienne de Chinon, fils de Pierre DELORME organiste de Saint-Mexme et de Catherine-Françoise Remineral. Son parrain a été Jean-Baptiste Robert DELOCHE, maître de musique de la même collégiale. Jean-Cécile ne peut être Louis Stanislas. Gageons que cette situation embarrassante et contradictoire sera clarifiée au gré de l'enquête Muséfrem. Pour l'heure, seules subsistent les interrogations.

• 24 mars 1760, Craon [Mayenne] : On baptise paroisse Saint-Clément, Adrien-Gabriel, fils de Marie-Françoise-Catherine Remineral et de Pierre Delorme, organiste, "qui a confessé en être le père". Cet acte est perturbant car il semble indiquer que DELORME a menti à Chinon quant à sa situation matrimoniale. Le parrain est Adrien Guillemin, peintre, de la paroisse de St-Pierre de Romeni, évêché de Lisieux. Ce choix évoque la fréquentation d'un milieu artistique marqué par la mobilité et l'instabilité, voire une certaine marginalité par rapport aux normes sociales. On ignore ce que devient l'enfant.
• 22 mai 1760, Craon : Le chanoine procureur du chapitre Saint-Nicolas mène une enquête après la fuite de DELORME, "organiste du chapitre", qui n'a pas payé son loyer à Jean Thibault et Marie Bardin.

• 17 septembre 1761, Blois [Loir-et-Cher] : Louis Stanislas a un dernier frère, Antoine-Honoré, qui est baptisé paroisse Saint-Honoré. Sa mère meurt quelques semaines plus tard, sans doute des suites de ses couches, et elle est inhumée le 19 octobre 1761. L'acte de sépulture précise que Pierre DELORME est organiste chez les révérends pères cordeliers du couvent de Blois.

• 18 janvier 1762, Blois : Devenu veuf, toujours organiste, Pierre DELORME se remarie paroisse Saint-Sauveur avec Jeanne Badere, fille d'un marchand, en présence de Jean-Baptiste SAUVAGEAU, maître à danser, ami du marié. Qu'advient-il de Louis Stanislas ? Est-il placé en nourrice, à Buzançais [Indre] par exemple ? La confusion perdure.
• 12 août 1762, Châtellerault [Vienne] : Est inhumé le corps de Pierre DELORME, musicien organiste, âgé de 36 ans, demeurant sur la paroisse depuis six mois environ avec Anne-Jeanne Badere "qui se dit son épouse et qui a assisté à la sépulture" en présence de Louis DEGOURY, maître à danser et d'autres voisins. À quelle tribune le défunt s'était-il attaché depuis quelques mois? En 1790, un organiste touche les orgues de la collégiale Notre-Dame de la ville, seul lieu de musique alors documenté.

• [Vers mi-1765], Blois : En se remariant et en s'installant à Châtellerault, le père laisse ses enfants à Blois, où le petit Antoine Honoré meurt en 1763. Louis Stanislas DELORME est donc sans parent lorsqu'il est reçu enfant de chœur à la cathédrale de Blois. Le maître de musique est alors François BARBIER. Ses dispositions pour la musique lui permettent d'être haute-contre et d'apprendre à toucher l'orgue avec Jean Maurice DOBET puis André Pierre ELIE.

• 9 juin 1775, Blois : Les chanoines de la cathédrale reçoivent pour enfant de chœur Antoine BILLARD à la place de [Louis] Stanislas DELORME.

• À partir de 1775, Vatan [Indre] : Louis Stanislas DELORME cherche un poste de musicien. Il est reçu musicien d'Église à la collégiale Saint-Laurian où il exerce jusqu'en 1790, mais semble poursuivre ses contacts puisqu'il postule à la même période à Tours.

• 24 mai, Tours [Indre-et-Loire] : Le grand chantre de la collégiale Saint-Martin est chargé d'inviter ce musicien haute-contre de la ville de Vatan à venir se faire auditionner avec promesse de payer ses frais de voyage. DELORME a donc déjà été reçu à Vatan.
• 12 juin, Tours : Le fabricier martinien lui verse 60 livres pour ses dépenses de voyage; il n'est pas retenu.

• [1775-Mars 1783], Vatan : Le sieur DELORME est haute-contre gagiste au service de la collégiale Saint-Laurian de Vatan. Il est rémunéré 416 livres par an, à raison de 8 livres par semaine. Des gains supplémentaires sur les rentes du chapitre luis sont versés, comme aux autres gagistes du chapitre. Les siens sont de 41 livres tous les trois mois.

• 7 février 1786, Vatan : Louis-Stanislas DELORME, musicien, épouse en la paroisse Saint-Christophe Catherine Patault, fille mineure de Sylvain Patault, serrurier, et de Perpétue Lepot, tous deux de la paroisse. Plusieurs confrères de DELORME assistent à la cérémonie : Jean Charles BIZANNE, Jacques BISSON et Louis Paul GAUDRION.
Il est précisé dans l'acte que le père de l’époux est "absent depuis environ vingt ans de la ville de Blois ou il demeuroit en qualité d’organiste aux cordeliers de la dite ville sans qu’on ait pu avoir depuis cette epocque aucune connoissance de son existance, ainsi qu’il parrait par acte passé par devant monsieur le lieutenant general de Blois en son hotel le trente decembre de l’année derniere, d’apres la comparution des temoins requis en pareil cas". En réalité, son père est mort brusquement, âgé de 36 ans, le 12 août 1762 à Châtellerault [Vienne] où il était "musicien organiste" depuis six mois environ avec sa nouvelle épouse Anne-Jeanne Badere. On est là face à un cas très représentatif de mauvaise transmission des informations en cas de rupture du lien familial. Louis-Stanislas était trop jeune au moment de ce décès pour en garder souvenir, et sans doute élevé hors de la sphère familiale, à cause du remariage récent de son père...
D'autre part, il est spécifié que l'acte de baptême du marié est extrait "des registres de la paroisse de Chanbourdin Saint-Honoré", ce qui correspondrait à la paroisse Saint-Honoré de Blois où aucune trace de baptême n'a été retrouvée. Le parcours professionnel de Pierre DELORME semblant quelque peu erratique, la biographie de son fils reste incomplète.

• 1786-1789, Vatan : Des trois enfants baptisés, les deux premiers, en octobre 1786 et août 1787, meurent dans les langes. Seule Anne Catherine née le 28 juin 1789, survit. Lorsque la profession de DELORME est spécifiée, il est "musicien". Les parrain-marraine cités sont, ou issus du monde de l'artisanat qui correspond au milieu social de Catherine Patault, ou de membres de la famille proche.

1790, Vatan : Louis Stanislas DELORME chante toujours la haute-contre à la collégiale Saint-Laurian de Vatan. Sous la conduite de Jean Charles BIZANNE semi-prébendé et maître de psallette, il côtoie le basse-contre Amable BAS, le serpent Vincent LEPRAT, l'organiste Jean-Baptiste PIÉCOUR -qu'il remplace occasionnellement- ainsi que quatre enfants de chœur, Jean et Jean-Baptiste BASJean-Baptiste LEPOT et Éloi JOURDAIN. Jérôme PATAUD, gagiste mort en avril 1790.

• 11 avril 1790 : Jérôme PATAUD, gagiste qui n'apparaît semble-t-il qu'une fois, et beau-frère de Louis Stanislas DELORME, meurt à 27 ans. Il est inhumé cimetière Saint-Christophe, ainsi que rapporté par le registre des sépultures de Saint-Laurian. Sa fonction reste inconnue.

• 15 février 1791, Vatan: Le directoire de l'Indre adresse au Comité ecclésiastique le récapitulatif des ci-devant musiciens du chapitre Saint-Laurian où Louis Stanislas DELORME est répertorié comme tel entre 1775 et 1790, soit 15 ans.
• 19 juillet 1791 : Le directoire du département accorde aux sieurs LEPRAT et DELORME, musiciens au ci-devant chapitre Saint-Laurian, deux mandats de chacun 68 livres, c'est-à-dire un acompte sur ce qui leur sera accordé par l'Assemblée Nationale.

• 25 avril 1792 : Stanislas DELORME et Vincent LEPRAT s'adressent au directoire du département afin d'obtenir le paiement de leur traitement fixé à 200 livres par an. Le directoire leur accorde un premier mandat de 38 livres complétant leur trimestre de janvier 1792 déduction faite des 212 livres qu'ils ont reçues précédemment, et un second de 50 livres pour le trimestre courant.
• 1er juillet 1792 : Le traitement annuel de Louis Stanislas DELORME est fixé à 456 livres alors qu'il n'a touché depuis le 1er juillet 1791 que le montant de sa pension de 200 livres, ce qui provoque un nouveau recours.
• 21 août 1792 : Le directoire du district, après lecture de la pétition reçue de DELORME et LEPRAT concernant leurs rémunérations respectives, statue que les exposants étaient reçus à vie par le chapitre de Saint-Laurian, qu'ils doivent recevoir chacun 416 livres par an plus 40 livres au titre de leurs "rétributions", soit une pension de retraite de 456 livres à régler par quartier et par avance. Les ajustements tardant à se concrétiser, les exposants sont amenés à réclamer leur dû.

• 22 février 1793, Vatan : Consécutivement à la réclamation adressée par DELORME et PIÉCOUR, le département valide le paiement de deux mandats au profit de chacun d'eux. Stanislas DELORME, reçoit le solde dû pour 1791, soit 256 livres, ainsi que 128 livres pour compléter ses trimestres de janvier et avril de l’année précédente.

• 7 fructidor an III [24 août 1795], Issoudun [Indre] : Le district dresse un tableau des pensionnaires ecclésiastiques où figurent PIÉCOUR, LEPRAT et L.S. DELORME ainsi que le montant de leurs pensions respectives, soit 456 livres pour DELORME.

• 18 juin 1805, Vatan : Consécutivement au décès de PIÉCOUR le 12 mai, le conseil de fabrique désigne son successeur, à savoir, Stanislas DELORME, ainsi qu'il est désormais désigné. Il est instituteur et professeur de musique. Selon Les Orgues du Berry, DELORME serait issu d'une famille de musiciens venue du Chinonais, ce qui reste hypothétique. Son contrat prévoit l'entretien de l'orgue afin d'éviter "un état de dépérissement", rappelle que l'orgue est "le soulagement du chant et l'ornement des offices". L'orgue est touché les dimanches et fêtes chômées procurant à son titulaire une rémunération de 60 francs par an sous réserve que la fabrique dispose des fonds. Il s'agit d'un revenu subsidiaire.

• 26 juin 1806,Vatan : Stanislas DELORME reçoit de la fabrique 72 livres au titre de l'année échue. Des travaux d'entretien et d'accordage sont faits sur l'instrument par le facteur Charles MOMIGNY demeurant à Saumur [Maine-et-Loire].

• 5 avril 1810, Vatan : Malgré les réparations de MOMIGNY, l'orgue s'avère à bout de souffle. Stanislas DELORME, cité comme musicien et organiste, présente à la fabrique le facteur Pierre François Philippe LEFÈVRE qui propose un devis de 100 francs pour relever l'instrument devenu poussiéreux, avec des jeux qui ne se parlent plus. La réception a lieu le 30 avril suivant. DELORME est alors augmenté et reçoit désormais 102 francs.

• 29 avril 1811, Vatan : Lors du mariage de sa fille Anne Catherine avec Georges Léon Jourdin, marchand épicier, Stanislas DELORME est propriétaire et organiste.

• 20 juin 1814, Vatan : Dame Catherine Patault, vivante épouse du sieur Louis Stanislas DELORME, propriétaire et organiste, meurt en sa demeure, sise rue de la Chantrerie.

• 1825-1828, Vatan : DELORME interrompt son service pour une raison inconnue.
• 1er novembre 1828 : Le conseil de fabrique accepte de le reprendre. Il est rémunéré 160 francs par trimestre pour toucher l'orgue et l'accorder. Stanislas DELORME s'engage de plus à "élever son fils gratuitement dans cette partie pour le mettre dans le cas un jour de toucher ledit orgue". Il s'agit de François DELORME, dont on ignore tout jusqu'à ce jour.

• 1831-1850, Vatan : Les registres de fabrique précisent que François DELORME, fils de Stanislas, perçoit 40 puis 50 francs par trimestre en tant qu'organiste de Saint-Laurian jusqu'au 30 septembre 1850, date à laquelle il est remplacé par Mademoiselle Pauline BERTHAULT. 

• 10 juillet 1832, Vatan : Louis Stanislas DELORME, natif de Buzançais [?], organiste demeurant rue de Saint-Laurian, veuf de Catherine Patault, meurt à l'âge de 73 ans.

• 1841, Vatan : Lors de recensements, Anne Catherine Delorme, est institutrice et habite... rue de la Chantrerie.

Mise à jour : 20 novembre 2022

Sources
F-Ad36/ 3 E 230/002 ; F-Ad36/ 3 E 230/19 ; F-Ad36/ BMS Vatan St-Christophe ; F-Ad36/ G 285 ; F-Ad36/ G 309 ; F-Ad36/ L 11 ; F-Ad36/ L 1209 ; F-Ad36/ L 1212 ; F-Ad36/ L 216 ; F-Ad36/ L 45 ; F-Ad36/ NMD Vatan ; F-Ad41/G213 ; F-Adio.Tours/ registre capitulaire St-Martin n°30 ; F-An/ DXIX/045 ; Les orgues du Berry. Inventaire national des orgues [...], 2003

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