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ROUSSEAU, Jean Joseph, à l'Opéra de Paris (1761-1799)

ROUSSEAU, Jean Joseph, à l'Opéra de Paris (1761-1799)

État civil
NOM : ROUSSEAU     Prénom(s) : Jean Joseph     Sexe : M
Complément de nom : à l'Opéra de Paris
Date(s) : 1761-2-11  / 1799-12-1
Notes biographiques

Fils d'un musicien, formé à la cathédrale de Soissons [Aisne], Jean Joseph ROUSSEAU intègre l'Opéra de Paris en 1779. Sa voix de haute-contre d'un genre particulier, peu puissante mais d'une palette étendue, fait rapidement de lui une vedette de la scène. Dans Orphée et Eurydice de GLUCK, il connaît son succès le plus éclatant. Parallèlement, il se produit régulièrement au Concert spirituel, où là aussi, il charme l'auditoire. Affligé d'une maladie de poitrine, il s'éteint prématurément au début du Consulat. Il fut le beau-père de l'historien Jules Michelet.

• 11 février 1761, Vézilly [Aisne] : Jean Joseph ROUSSEAU naît du mariage de Jean Joseph ROUSSEAU, clerc paroissial et maître d'école, à partir de 1766 chantre à la cathédrale de Soissons [Aisne], et de Marie Madeleine Jean. Il est baptisé le 13.

• [vers 1770-vers 1778], Soissons : Jean Joseph ROUSSEAU est enfant de chœur à la cathédrale, où travaille son père. Selon l'Année théâtrale de 1800, "Rousseau était élève d'une de ces écoles qui, formées au sein même des établissemens religieux, cultivaient les talens naissans dont les arts devaient un jour s'honorer". Il a eu pour maître Jacques DELESTRE.

• 1778-1790, Paris : Jean Joseph ROUSSEAU se produit à 149 reprises au Concert spirituel. Il intervient pour la première fois le premier novembre 1778, comme interprète d'un De Profundis de l'abbé ROZE avec Joseph LEGROS, son "compatriote" (qui pourrait lui avoir ouvert des portes), et les demoiselles MALPIED et DUCHATEAU. Absent en 1779, il apparaît à trois reprises en 1780, huit en 1781, trois en 1782 puis, à partir de 1784, il se produit une vingtaine de fois par an en moyenne. Il interprète essentiellement des motets et hymnes religieux, avec une prédilection pour GOSSEC, qui est aussi son ami (en particulier le fameux motet O salutaris, maintes fois chanté), Joseph HAYDN (Stabat), Henri Joseph RIGEL, Henri Montan BERTON, François André DANICAN PHILIDOR (l'oratorio Carmen saeculare) et Giovanni Giuseppe CAMBINI. Il est souvent associé sur scène à ses collègues de l'Opéra LAYS et CHÉRON.

• 1779, Reims [Marne] : ROUSSEAU débute au théâtre. Son succès est si vif que la même année, on l'engage à l'Opéra de Paris, où il chante la haute-contre. Dans un premier temps, il est la doublure de Joseph LEGROS.

• 1779-1799, Paris : Après le départ de LEGROS, ROUSSEAU devient l'une des grandes figures de l'Opéra. Il sert d'abord comme double (1779-1783), puis comme remplaçant (1783-1785) et enfin comme acteur des rôles.
Le Vacher de Charnois écrit en 1786 que "le genre de sa voix, qui tient presqu'autant de la taille que de la haute-contre, a le double avantage de se faire remarquer par la netteté des sons & par l'étendue des tons qu'elle parcourt. Avec un timbre moins fort que celui de M. Legros, M. Rousseau ne produit pas moins d'effet dans la Musique dramatique, & il est fort au-dessus de ses devanciers dans le chant gracieux, quoiqu'il ne soit reçu que depuis M. Lainez, qui est chef de l'emploi des hautes-contres à l'Opéra". L'Année théâtrale de 1800 évoque sa carrière en ces termes : "Il avait une haute-contre délicieuse ; sa méthode était aussi pure que sa voix était flexible, et son organe flatteur. Il n'était point un grand comédien, et cependant il était rarement déplacé dans les rôles de jeunes premiers : il savait les choisir, et ne paraissait jamais dans ceux où les grands moyens de Lainez étaient nécessaires. Le triomphe de Rousseau [fut] dans Orphée [de GLUCK]". Il a aussi fait sensation dans Atys de LULLY et Armide de GLUCK (rôle de Renaud).

• 1782-1784, Paris : Jean Joseph ROUSSEAU, haute-contre à l'Opéra, est membre des loges maçonniques Saint-Jean d'Écosse du Contrat Social (1782) et Les Neuf Sœurs (1784). 

• 1783, Versailles : ROUSSEAU chante un motet de GOSSEC à la chapelle royale, avec LAYS et CHÉRON, ses collègues de l'Opéra (sans doute l'O salutaris à trois voix en ut majeur composé pour eux).

• 1786-1792, Versailles : ROUSSEAU est haute-contre de la "Musique du roi de Paris", c'est-à-dire qu'il chante aux spectacles de la Cour les rôles qu'il interprète sur la scène de l'Opéra, aux appointements de 1 500 livres par an.

• [vers 1792], Paris : Sa fille Pauline Rousseau naît de sa relation avec Claude Oudette Gilles Charles, veuve du baron Henri de Navailles, capitaine commandant du régiment d'Orléans-cavalerie. Jean Joseph ROUSSEAU n'a jamais eu l'occasion d'user de son influence pour mettre ce dernier à l'abri des persécutions politiques, comme le soutient Jules Michelet, car il est mort avant le 26 janvier 1790. 

• 5 juin 1794, Passy [auj. Paris] : Jean Joseph ROUSSEAU épouse Claude Oudette Gilles Charles.

• 2 décembre 1799, Paris : Le décès de Jean Joseph ROUSSEAU, artiste du Théâtre des Arts (l'Opéra), mort la veille à l'âge de 38 ans, est déclaré. "Dans un joli portrait au pastel que j'ai eu longtemps sous les yeux, écrit Jules Michelet, M. Rousseau est en habit de velours bleu pâle, avec le jabot de dentelle et la poudre, ce qui fait valoir son visage fin, délicat, distingué, déjà pâli. L'homme est en tout charmant, mais à demi-poitrinaire". Il résidait rue de Vaugirard, n° 1 350, division de Luxembourg. Il laisse une veuve, Claude Oudette Charles. La jeune Pauline, que sa mère n'aime guère, est envoyée dans un pensionnat à Passy.

• 20 mai 1824, Paris : Jules Michelet épouse Pauline Rousseau. Ils vivaient déjà ensemble au n° 51, rue de la Roquette. Fils de Jean François Furcy Michelet et d'Angélique Constance Millet, l'historien était le petit-fils de Claude François Félix MICHELET, en 1790 serpent de la cathédrale de Laon [Aisne]. Il avait fait la connaissance de sa future femme à Meaux [Seine-et-Marne], où elle avait grandi dans un couvent.

• 24 juillet 1839, Passy : Pauline Rousseau meurt en son domicile "momentané", Chaussée de la Muette, n° 7, à l'âge de 47 ans passés. Elle demeurait à Paris, rue des Postes, n° 12, et était l'épouse de Jules Michelet, 40 ans, membre de l'Institut et chevalier de la Légion d’honneur.

Mise à jour : 29 janvier 2023

Sources
A. Le Bihan, Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France, 1966 ; Année théâtrale, 1800 ; C. Pierre, Histoire du Concert spirituel ; F-Ad02/ 5MI 1185 ; F-Ad75/ 5Mi1 1145 ; F-Ad75/ 5Mi1 1273 ; F-Ad75/ 5Mi1 2040 ; F-Ad75/ DQ8 ; F-An/ O/1/3064/A, n°13 ; F-An/ O/1/3064/B, n°409 ; F-An/ O/1/622, n°23-25 ; F-An/ O/1/622, n°28 ; F-An/ O/1/623, n°24 à 34 ; F-Filae/ Fonds Andriveau ; F. J. Fétis, Biographie universelle des musiciens..., 1841 ; J. C. Le Vacher de Charnois, Costumes et annales des grands théâtres de Paris..., 1786 ; J. Michelet, Ma jeunesse, 1884 ; Nouveau dictionnaire des chanteurs de l'Opéra de Paris du 17e siècle à nos jours, 1989 ; R. Cotte, La musique maçonnique et ses musiciens, 1975 ; Y. Carbonnier, Les derniers musiciens du roi de l’Ancien Régime..., 2019

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