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DUCLOS, Marie Anne (1759-1808)
Date(s) : 1759-11-25 / 1808-8-27
Comme les innombrables musiciennes oubliées que l'on redécouvre peu à peu et qui étaient actives ici ou là, en particulier aux tribunes d'orgues, Marie-Anne DUCLOS était en 1790 l'organiste d'un puissant prieuré bénédictin du sud du Haut-Maine. Elle présente plusieurs caractéristiques intéressantes, notamment celle d'être issue d'une famille d'organistes, et celle d'apparaître assez longuement et précisément dans les mémoires du villageois Louis SIMON.
• Marie-Anne DUCLOS nait le 25 novembre 1759, et est baptisée le lendemain, paroisse Saint-Vénérand à Laval. Fille d'un tisserand, elle est aussi nièce d'un organiste, Jean-Marie DUCLOS, et sœur d'au moins quatre organistes, François, Pierre et Jean-Charles DUCLOS, ainsi que Jeanne DUCLOS qui est sa jeune sœur.
• [Vers 1770], Laval : C'est à cette période que Marie-Anne DUCLOS aurait débuté sa carrière d'organiste à la collégiale Saint-Michel de Laval. En octobre 1790, elle déclare exercer son état d'organiste "depuis vingt ans, tant en ladite maison [où elle exerce alors, en 1790] qu'au chapitre de St-Michel du Tertre de Laval". On peut penser qu'en effet c'est alors qu'elle apprend à toucher l'orgue à Saint-Michel de Laval, sous la direction de son oncle (mort en janvier 1771, elle a 11 ans) puis très probablement de ses frères aînés.
Peut-être a-t-elle vraiment tenu l'orgue de St-Michel à partir de novembre 1772, après la mort de son frère ainé, François, qui avait dix ans de plus qu'elle. Ce qui permettait à son autre frère, Jean Charles, d'être disponible pour toucher l'orgue de Saint-Vénérand, mieux payé, dont il était également titulaire. Elle a alors 13 ans. "Depuis vingt ans" serait donc une expression 'arrondie', ou bien qui englobe la durée de sa formation, durant laquelle elle a dû seconder ses frères et les relayer à l'occasion lorsqu'elle en a été capable.
Le registre capitulaire de la collégiale lavalloise, bien conservé, ne la mentionne pas comme titulaire de l'orgue de Saint-Michel.
• À une date inconnue, probablement d'assez peu antérieure à 1790, Marie-Anne DUCLOS quitte Laval et le Bas-Maine pour aller s'installer dans le Haut-Maine. Elle remplace Marie Ursule GAIGNOT à l'orgue du prieuré de Bénédictines de La Fontaine-Saint-Martin (village situé entre Le Mans et La Flèche, dans le futur département de la Sarthe).
• 1790 : Marie-Anne DUCLOS est dite "organiste actuelle" au prieuré des bénédictines de La Fontaine-Saint-Martin, elle gagne 200 livres/an et y est en outre logée, nourrie, blanchie… "elle n’a d’autres moyens de subsistance que cet état qu’elle exerce depuis vingt ans, tant en ladite maison qu’au chapitre de St-Michel du Tertre de Laval"...
• 1792, La Fontaine-Saint-Martin : Après la dispersion de la communauté, elle reste au village, vivant au hameau de La Bourne, en compagnie de l'ancien aumônier du couvent, René Letertre.
Celui-ci meurt le 2 août 1805, laissant un testament en faveur de Marie-Anne DUCLOS « fille », à laquelle il lègue la propriété de La Bourne.
• 1805-1806, La Fontaine-Saint-Martin : Marie-Anne DUCLOS est assez longuement évoquée dans les Mémoires de Louis SIMON, étaminier, aubergiste et chantre de l'église paroissiale du village, dernier syndic d'Ancien Régime et premier maire du village pendant la Révolution, car elle "devint amoureuse" de lui (il est veuf depuis 1803). Il écrit à propos d'elle : "elle avait fréquenté le grand monde étant organiste au couvent", phrase qui évoque le recrutement huppé du prieuré, où venaient prendre pension notamment des dames âgées de la noblesse de la région.
• 27 janvier 1807, La Fontaine-Saint-Martin : Marie-Anne DUCLOS épouse Vincent Chédieu, militaire à la retraite (aucune profession n'est indiquée pour elle, du reste le couvent ni son orgue n'existent plus depuis longtemps).
• 27 août 1808, La Fontaine-Saint-Martin : Le décès de Marie-Anne DUCLOS-Chédieu, à La Bourne, est déclaré le lendemain par Louis SIMON, qui signe l'acte.
• 16 décembre 1808, La Fontaine-Saint-Martin : Lors du règlement de sa succession, ses héritiers sont ses frères Pierre et Jean Charles DUCLOS, tous deux dits “artistes”, le premier demeure alors à Nantes, et le second à Laval.
• • • Bibliographie :
Anne Fillon, Louis Simon, villageois de l'ancienne France, Rennes, Ouest-France, 1996, 342 pages.
Sylvie Granger, « Femmes organistes en Sarthe au temps de la Révolution », La Vie Mancelle et Sarthoise, n°431, octobre 2013, p. 16 à 20.
Sylvie Granger et Benoît Hubert, Souvenirs d’un villageois du Maine, Louis Simon (1741-1820), édition augmentée et annotée, à partir du texte original établi et commenté par Anne Fillon (1984 et 1996), préface de Pierre Chaunu (1996), PUR, collection Mémoire Commune, 2016, 548 pages (dont 36 planches couleurs).
Mise à jour : 26 avril 2016