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LE SUEUR, Charles-Joseph (1696-1748)
État civil
NOM : LE SUEUR     Prénom(s) : Charles-Joseph     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LESUEUR
SUEUR
Date(s) : 1696-6-12   / 1748-7-31
Notes biographiques

Le Normand Charles Joseph LE SUEUR devient maître de musique de la cathédrale de Vannes [Morbihan] en 1724 après avoir occupé le même poste à Carentan [Manche] puis avoir chanté la basse-taille à Notre-Dame de Paris. Simultanément titulaire de l'une des archiprêtrises du bas chœur, il y officie pendant 24 ans et se fait remarquer par la qualité de ses compositions et de la formation dispensée aux enfants de chœur.

• 12 juin 1696, Caen [Calvados] : Charles-Joseph LE SUEUR naît dans le foyer de Jacques Le Sueur, contrôleur des octrois, et de Catherine-Elizabeth Le Lubois de Marsilly. C'est leur deuxième garçon mais son acte de baptême n'est pas conservé.

• [Entre les années 1703 et 1713 ou 1715 environ] : On peut penser qu'il a été formé à la musique en étant enfant de chœur quelque part, peut-être à la cathédrale de Bayeux puisqu'il sera plus tard dit (lors de sa réception à une archiprêtrise à Vannes) "clerc tonsuré du diocèse de Bayeux", mais ce point reste à documenter.

• [Dates inconnues] Carentan [Manche] : Il exerce comme maître de chapelle. Guy Bourligueux écrivait en 1965 qu'il a été "nommé, tout jeune encore, maître de chapelle à Carentan". Puis il enchaînait "Le voilà bientôt à Paris", sans précision chronologique supplémentaire. Une délibération du chapitre cathédral de Vannes en date du 11 août 1724 confirme son passage à Carentan comme maître de musique.

• [À partir de ?] et jusqu'en octobre 1724, Paris : LE SUEUR est basse-taille de la cathédrale Notre-Dame.

• 13 octobre 1724, Vannes [Morbihan] : Après un intérim assuré par François JULIEN à la suite du départ de Charles LEVENS pour Toulouse, Charles-Joseph LE SUEUR est reçu maître de musique et de psallette pour neuf ans par le chapitre cathédral, moyennant 1 400 livres de revenu par an, dont 800 pour l'entretien des enfants de chœur, 300 de gages annuels, 200 de "mérite personnel" et 100 de gain de chœur. Il est chargé de "composer, psalmodier, chanter et faire chanter la musique" à la cathédrale et partout où les chanoines l’ordonneront. Chaque année, il devra fournir au chapitre la musique d’une messe, des vêpres, un Te Deum et un motet au Saint Sacrement. Il sera dispensé d’assister à l’office au chœur quand il composera. Il est en outre chargé de l’instruction musicale des six enfants de la psallette, qu’il promènera deux ou trois fois par mois. Il s'était en fait manifesté auprès du chapitre quelques mois auparavant. En effet, le 11 août 1724, le chanoine Antoine Verdoye avait lu à ses confrères la lettre par laquelle LE SUEUR proposait ses services, faisant état de ses grands talents et de sa capacité à diriger la maîtrise. Le chanoine Jean-François Dondel, alors en route pour la capitale, avait été chargé de rencontrer Jean-François LALOUETTE, maître de musique à Paris, pour se renseigner sur l'impétrant. C'est Dondel qui, convaincu des qualités de LE SUEUR, et autorisé par ses confrères, le recrute sans concours. Avant de rentrer à Vannes, ils avaient recherché "des sujets pour les archiprêtrises ayant la voix bonne pour la psalmodie et qui sachent la musique".
• 27 avril 1725 : Charles-Joseph LE SUEUR est pourvu de l'une des quatre archiprêtrises de la cathédrale, vacante depuis la démission de BUREAU début 1723. Il lui est demandé à cette occasion de se faire promouvoir "dans l'an" à tous les ordres sacrés et de se pourvoir sous un mois d'un sous-maître entretenu à ses frais "auquel néanmoins le chapitre donnera le gain du chœur". Les chanoines reconnaissent ainsi implicitement qu'il est difficile de remplir correctement les devoirs d'une archiprêtrise et ceux de maître de musique. Cela dit, pour eux, c'est un moyen efficace de s'attacher ce personnage compétent dans la mesure où il occupe dorénavant une place sûre qui correspond à un poste de choriste au sein du bas chœur.
• 8 juin 1725 : Les chanoines lui accordent exceptionnellement la somme de 50 livres pour remplacer les robes des enfants de chœur. Parmi les enfants dont il a successivement la charge a été repéré François Olivier LALLY dont le Mercure de France en 1738 écrit que dans une messe du Saint-Esprit par lui composée "on y reconnut le digne élève du fameux M. Le Sueur, me de musique à Vannes".
• 7 août 1726 : Le chapitre décide de renouveler le bail de LE SUEUR pour neuf ans à compter de l'expiration de celui qui a été signé le 13 octobre 1724.
• 26 avril 1727 : Le chapitre le dispense d'engager un sous-maître car il ne parvient pas à en trouver. En contrepartie, ses gages sont diminués de 200 livres, somme prévue pour rémunérer son assistant.

• 14 septembre 1729 : LE SUEUR compose la musique de la messe chantée par les musiciens de la cathédrale de Vannes à Sainte-Anne d'Auray à l'occasion de la remise de "l'enfant d'argent du poids de douze marcs" par le présidial et le corps de ville de Vannes. Le Mercure de France désignera alors le maître de musique comme "l'un des plus habiles du royaume".
• 7 octobre 1729 : Le chapitre le dispense à titre exceptionnel "de fournir les enfants d’habits de chœur consistant dans l’aube la ceinture le bonnet quaré pour l’eté, et pour l’hyver, le camail".
• 26 mai 1730 : Victime des calomnies de l'archiprêtre Léonard CHESNE insinuant que nombre des compositions qui lui sont attribuées sont en fait du maître de musique parisien François PETOUILLE, il se plaint à ses employeurs qui, après avoir consulté un chanoine parisien, lui rendent justice.
• 30 décembre 1730 : Les chanoines consentent une gratification de 50 écus à leur maître de musique "pour toutes les symphonies qu'il a données, tous les jours de grandes [fêtes], durant l'espace de six ans".
• 6 juillet 1731 : Le chapitre lui accorde un congé de trois semaines pour se rendre en Normandie "pour ses affaires".
• 10 septembre 1731 : En compagnie de Léonard CHESNE, il est réprimandé par le chapitre - ce sera la seule fois - à cause de négligences dans son service et parce que les enfants de chœur ne savent pas leurs versets. Ses employeurs le renvoient fermement aux clauses de son contrat en ce qui concerne la bonne formation des enfants.
• 10 septembre 1731 : Le même jour, on apprend que ses employeurs lui ont demandé quelques semaines auparavant d'écrire à plusieurs chapitres pour tenter de recruter des musiciens. Après avoir lu l'ensemble des réponses, les chanoines demandent à LE SUEUR de contacter une haute-contre et une basse-taille d'Agde [Hérault] et une basse-taille de Châlons-sur-Saône [Saône-et-Loire] pour les inviter à participer à un concours qui sera organisé à Vannes le 18 octobre.

• 8 mai 1735 : Charles-Joseph LE SUEUR signe l’acte de mariage de Charles Paul DEMARS, l'organiste de la cathédrale.
• 7 septembre 1736 : Il est autorisé à séjourner chez M. de Coëtlogon du 13 septembre au 3 octobre.

• Janvier 1738 : Il reçoit la chapellenie de Notre-Dame de Kerdroguen dans la paroisse de Colpo [Morbihan].

• 5 août 1740 : Le chapitre lui accorde une rente de 50 livres sur les archiprêtrises vacantes. Lorsqu'elles seront pourvues, la somme sera prélevée sur les fonds de la compagnie.
• Septembre 1740 : Les chanoines le dotent de la chapellenie de Sainte-Catherine desservie dans la cathédrale.

• 4 mai 1742 : Il reçoit 150 livres de gratification "à cause de la cherté du grain et des autres vivres" prélevées sur les revenus des archiprêtrises vacantes.

• 26 juin 1744 : LE SUEUR doit faire face à une plainte des parents des enfants de chœur qui déplorent "qu’on les laissoit manquer de maistre de grammaire et de touttes les instructions dont ils auroient besoin au moyen de quoy ils ne pourroient sortir de la psalette que pleins d’ignorance et de vices". Le chapitre conclut à la nullité de ces allégations et décide de renvoyer les deux enfants "qui ont donné occasion aux plaintes" ainsi que de donner le fouet au grand enfant de chœur.

• 30 septembre 1746-13 juin 1747 : Un lot de quittances fait état de ses appointements en qualité de maître de musique - indépendamment, donc, de sa rémunération d'archiprêtre - par le chapitre cathédral : il touche toujours 300 livres de gages annuels et 800 livres pour l'entretien des enfants.

• 10 mai 1748 : Les chanoines accordent à LE SUEUR 60 livres de dédommagement à cause des difficultés qu'il éprouve à nourrir correctement les enfants de chœur du fait de la hausse du prix du pain.
• 30 juillet 1748 : Charles-Joseph LE SUEUR meurt sans, semble-t-il, avoir accédé à la prêtrise, et est inhumé dans la cathédrale. Il a eu pour élève François-Olivier LALLY, maître de chapelle et organiste de la cathédrale de Dol [Ille-et-Vilaine], et pour grand ami l'organiste de Vannes Charles DEMARS. Le 6 décembre, Liévin DENIS lui succède.

Mise à jour : 9 août 2023

Sources
F-Ad56/ 47 G 5 ; F-Ad56/ 47 G 6 ; F-Ad56/ 59 G 7 ; F-Ad56/ 81 G 9 ; F-Ad56/ état-civil en ligne ; F. Lesure, Dictionnaire musical des villes de province, 1999, Vannes, p. 310-311. ; G. Bourligueux, "La maîtrise de la cathédrale de Vannes au XVIIIe siècle », SHAB, 1969-1970 ; G. Bourligueux, Société polymathique du Morbihan, 1968-69, p. 21-29 ; Mercure de France, août 1738

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