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LEGROS, Joseph (1739-1793)
Portrait
Portrait

Joseph Le Gros, de l’Académie royale de musique, reçu en 1763, dessiné par Leclerc et gravé par Ch. François Macret, 1770 (BnF, Musique, Est. LegrosJ.001)

État civil
NOM : LEGROS     Prénom(s) : Joseph     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LE GROS
Date(s) : 1739-9-8  / 1793-12-20
Notes biographiques

Immense vedette de la scène lyrique parisienne entre 1764 et 1783, qualifié de virtuose par l'auteur des Tablettes de renommée des musiciens (1785), le ténor Joseph LEGROS (1739-1793) a été musicien d'Église dans la première partie de sa carrière, à l'instar d'autres chanteurs d'opéra célèbres. Formé non loin de son village natal à la cathédrale de Laon [Aisne], il est employé en qualité de haute-contre en celle de Beauvais [Oise] de 1757 à 1762, avec un intermède de plusieurs mois à la Chapelle royale. Après une courte expérience au Concert et à la cathédrale de Reims, il s'établit dans la capitale et se fait entendre au Concert spirituel (1763). Il débute en 1764 à l'Opéra de Paris, où il fait immédiatement sensation. Il joue dans toutes les grandes productions de l'époque, mais c'est comme interprète des opéras de Gluck qu'il se hisse au firmament. Marie-Antoinette en personne vient l'applaudir dans le rôle d'Achille dans Iphigénie en Aulide en janvier 1775.
En dehors du chant, il compose et à l'occasion bat la mesure. En 1777, sans abandonner la scène, il devient directeur du Concert spirituel, dont il renouvelle le répertoire, l'ouvrant davantage à la musique étrangère (Haydn, Mozart...). Accaparé par ses nouvelles tâches, il ne s'investit plus autant dans son métier de chanteur et fait l'objet de critiques dans la presse spécialisée, qui lui reproche de surjouer voire de crier à s'en altérer la voix. Conscient de son déclin, il quitte la scène en 1783, nanti d'une belle pension. Au début de la Révolution, pour une raison peu claire (craint-il pour sa sécurité, lui qui fut proche des puissants sous l'Ancien Régime ?), il se retire à La Rochelle, où il trépasse dans l'anonymat au moment où la Convention décrète l'interdiction du culte catholique.

• 8 septembre 1739, Monampteuil [Aisne] : Joseph LEGROS, fils de Jacques Legros, clerc laïc de la paroisse, et de Marie-Jeanne Livar, voit le jour dans ce petit village au sud de Laon. Il est baptisé le lendemain paroisse Saint-Rémi.

• [1745-1755], Laon : Il est formé à la musique en tant qu'enfant de chœur à la cathédrale Notre-Dame.

• 29 mai 1757 (Pentecôte), Paris : Au Concert spirituel, Joseph LEGROS chante dans Judica Domine, petit motet de FANTON.

• 6 août 1757, Beauvais : Joseph LEGROS est engagé comme musicien à la cathédrale Saint-Pierre avec 600 livres de gages. On peut affirmer qu'il était utilisé comme haute-contre.
• 14 septembre 1757 : Le chapitre accorde huit jours de congé au nommé LEGROS, musicien.
• 21 juillet 1758, Beauvais : Il obtient cinq jours de congé.
• 28 mars 1759, Beauvais : Le chapitre octroie 150 livres d'avance à LEGROS, musicien.

• 8 juin 1759, Chartres : M LEGROS, haute contre, se fait entendre à la cathédrale au cours d'une passade. Il est arrivé en Beauce dans les bagages du sieur GRENARD, haute taille, qui vient d'essayer, sans succès, de se faire engager à Beauvais. Le lendemain le chapitre de Chartres reçoit Joseph LEGROS avec 14 lt de gages par semaines — c'est-à-dire 20 sols de plus que ces confrères — et lui donne 12 lt pour son voyage. Il ne réapparait pourtant plus dans les registres chartrains : sans doute a-t-il déjà d'autres ambitions en tête.

• 13 août 1759, Beauvais : Un congé de quinze jours lui est consenti. La période qui s'ouvre est marquée par des séjours prolongés à la Cour où LEGROS, qui n'a pas officiellement démissionné de son poste à la cathédrale, est employé comme musicien à la Chapelle royale.

• Mars 1760, Versailles : Joseph LEGROS, musicien de la Chapelle royale, perçoit 1 300 livres pour une année de service.
• 21 juillet 1760, Beauvais : LE GROS, musicien, s'excuse de n'avoir pas assisté au dernier chapitre général.
• 30 juillet 1760 : Le chapitre octroie une augmentation de 60 livres au nommé LE GROS, musicien.
• 25 août 1760 : Il obtient du chapitre de Beauvais douze jours de congé.

• 21 juillet 1761, Beauvais : "LE GROS musicien réhabilité", indique une délibération. Ancien musicien de cette église, il est reçu à nouveau aux mêmes gages que précédemment.
• 25 août 1761 : Il obtient dix jours de congé. 

• 25 janvier 1762, Beauvais : "Permission de se marier à un musicien", indique le chapitre, qui avance à cet effet à LEGROS la somme de 200 livres qu'il remboursera au rythme de 20 livres par mois.
• 23 février 1762, Beauvais : Joseph LEGROS, ordinaire de la musique de l'église cathédrale, épouse en la paroisse Saint-Étienne Catherine Françoise Gogibus, fille d'un armurier, en présence du maître de musique de la cathédrale, Jean Marie ROUSSEAU et de trois autres musiciens, Nicolas DOISNELNicolas BRUYANT et Charles VILLEMAR. Le contrat a été signé deux jours plus tôt devant un notaire de la ville. LEGROS apporte tous les biens, raisons et actions en mobilier et immobilier lui appartenant "tant par la succession de Jacques Legros son père qu'autrement". La future a été dotée par son père Antoine Gogibus en meubles, effets, habits, linge et hardes jusqu'à concurrence de la somme de 700 livres. Le douaire s'élève à 500 livres.
• 14 juin 1762 : "M. le Doyen déclare qu'il a donné congé à un chantre". La suite de la délibération laisse entendre que c'est à la demande de LEGROS. Depuis le début de l'année, le doyen est en procès avec le chapitre ; cette décision a-t-elle un lien avec cet affrontement ? 
• 17 juillet 1762 : LEGROS figure toujours dans la liste des musiciens gagistes au chapitre général alors que son confrère BRIDAN est parti. 
• 24 juillet 1762 : Le chapitre de la cathédrale de Beauvais lui accorde deux jours de congé. 
• 16 août 1762 : Le chapitre lui accorde quinze jours de congé.
• 11 octobre 1762 : "Congé au Sr LEGROS avec condition". Le chapitre de Beauvais l'autorise à partir dix jours comme il le demande à condition qu'il renonce à certaines rétributions comme celle de la fête de saint Arnolphe. Il est très certainement en train de préparer la suite de sa carrière.
• 3 novembre 1762 : Le chapitre de Beauvais prend connaissance d'une lettre du sieur LEGROS, musicien, "qui remercie", c'est-à-dire qui démissionne.

• Fin 1762-1763, Reims : Joseph LEGROS est haute-contre du Concert de Reims, avec 500 livres d'appointements. L'homme de lettres rémois Carbon de Flins des Oliviers rapporte dans une lettre envoyée en 1778 au rédacteur du Journal des Théâtres que "nous avons eu quelques tems Legros à notre Concert ; les désagrémens qu'il essuya de la part d'un public injuste & d'un directeur tracassier l'obligèrent de se retirer".
• 8 février 1763, Reims : on relève dans le registre paroissial de l'église Saint-Michel située dans le cloître de la cathédrale Notre-Dame le baptême de Pierre Joseph Samson, fils de Joseph LE GROS, "musicien de l'eglise de Reims". Le parrain et la marraine sont les enfants d'un écuyer, receveur général des Fermes du roi.

• 26 mars 1764-8 décembre 1784, Paris : Joseph LEGROS chante à de multiples reprises (plus de 150 fois) au Concert spirituel. Il interprète des motets en solo ou en chœur et des oratorios avec les plus grands chanteurs de son temps (PLATEL, NIHOUL, CHÉRON, LAÏS, Marie FEL, mademoiselle Duchâteau, Anne Antoinette Clavel dite madame Saint-Huberti...). Les compositeurs qui ont sa faveur sont DAUVERGNE, GOSSEC, RIGEL, Sacchini, Cambini, Alessandri, LEFROID DE MÉREAUX, Piccini, FLOQUET et Jomelli, mais il a aussi chanté des airs de ROZE, LESUEUR ou encore Haydn.

• Mai 1764, Paris : "M. Legros a chanté dans l'opéra de Titon [Titon et l'Aurore de MONDONVILLE] & dans l'Acte de Pigmalion [Pygmalion, opéra-ballet de RAMEAU]", écrit le Mercure de France. "Le public continue pour ce nouveau sujet les mêmes applaudissemens qu'il avoit obtenus & mérités dans son début. Entr'autres éloges nous avions insisté sur celui de ne jamais forcer sa voix, de ne point maniérer ni son chant ni son action, de ne pas hazarder des effors dans l'exécution des airs travaillés, qu'une longue & sçavante expérience de goût peut seule rendre agréables, &c". C'est dans Titon et l'Aurore que LEGROS a débuté le premier mars précédent.
• Juin 1764, Paris : Un admirateur fait publier dans le Mercure de France un poème dédié "à M. LEGROS, nouvelle haute-contre de l'Opéra". Il y est assimilé à Apollon descendant de l'Olympe "pour mettre fin à nos regrets" (de la retraite de JÉLYOTE). L'ouvrage débute ainsi : "Qu'entens-je ! Est-ce un mortel qui rend de si beaux sons ?"

• 16 février 1765, Versailles : Dans le Prologue des Indes galantes de RAMEAU représenté devant le roi et la reine, il incarne Damon, officier français d'une colonie d'Amérique.
• 6 mars 1765 : En présence du roi et de la reine, il joue le rôle de Bacchus dans L'Amour enjoué, ballet d'Antoine DAUVERGNE, surintendant de la Musique.

• 10 mars 1767, Paris : Il interprète Hippolyte dans Hippolyte et Aricie de RAMEAU.

• 1er avril 1768, Saint-Quentin [Aisne] : Au baptême de Jean François Joseph, fils de Laurent Florent PINGUET, chantre de la collégiale royale, Joseph LEGROS signe comme parrain de l'enfant. L'acte mentionne qu'il est "musicien du Roy actuellement en cette ville".
• 8 juillet 1768, Laon [Aisne] : Les chanoines de la cathédrale se font lire une lettre de LEGROS, musicien pensionnaire du roi, qui prie le chapitre de recevoir pour enfant de chœur son neveu (Jean Charles HUET). Ils consentent à faire droit à sa demande "quand il sortira un enfant", et si son neveu a un mérite égal aux autres pour la voix, ce qui sera jugé au concours.

• 6 décembre 1768, Paris : LEGROS "a joué & supérieurement chanté le rôle d'Énée" dans Énée et Lavinie, tragédie lyrique d'Antoine DAUVERGNE, rapportent en 1769 Les Fastes du goût, ou les Nouveautés du jour, feuille hebdomadaire publiée à Francfort.

• Mars 1769, Paris : Au Concert spirituel, il chante dans un petit motet avec la demoiselle Morizet, sa future femme.
• 22 novembre 1769, Paris : À l'occasion de la Sainte-Cécile, Joseph LEGROS fait exécuter en l'église des mathurins une messe en musique composée par M. Botzon, musicien des chœurs l'Académie royale de musique, et lui-même. "On trouva dans ce qu'avait fait M. Legros des chœurs d'un grand effet & plusieurs de ses récits firent beaucoup de plaisir", selon le Journal de musique.

• 23 avril 1770, Paris : L'inventaire après décès de Catherine Françoise Gogibu est dressé (il n'indique pas la date de sa mort). Avec son mari Joseph LEGROS, "de l'Académie royale de Musique et pensionnaire du roi", elle résidait dans un appartement loué pour 750 livres par an à Simon Charles Levié, secrétaire du roi, au troisième étage d'une maison située rue de Richelieu, paroisse Saint-Roch (ils louaient aussi une maison à Chaillot). Elle laisse deux enfants, François Joseph et Pierre Louis Legros. La prisée des meubles et effets s'élève à 9 533 livres 2 sols 9 deniers, argent liquide inclus (600 livres en écus). Le "paraître" revêt pour le couple une grande importance : la garde-robe du mari est évaluée à 880 livres, celle de son épouse à 920 livres, les bijoux à 1 248 livres, l'argenterie à 1 853 livres 12 sols 9 deniers. Le lit conjugal est apprécié 400 livres. Dans le salon de compagnie, luxueusement meublé, se trouvent un clavecin verni blanc avec filets d'or conçu par Ruckers, un violoncelle, un violon, une mandoline et 20 volumes de livres de musique, le tout d'une valeur de 800 livres. LEGROS doit entre autres 2 000 livres au caissier de l'Académie de musique et, indice de l'importance des dépenses somptuaire dans ce ménage, 700 livres au tailleur Jumet. Il déclare qu'il lui est dû 2 500 livres d'appointements "chez le Roy", plus "le mois courant à raison de deux mille livres par an". Il indique toucher 4 000 livres par an de l'Opéra et 600 livres du Concert spirituel. La musique lui rapporte donc en tout la somme considérable de 7 100 livres à l'année.
• 2 mai 1770, Paris : Joseph LEGROS, musicien de la Chambre du roi et pensionnaire de Sa Majesté, demeurant à Paris, rue de Richelieu, paroisse Saint-Roch, veuf avec enfants de Catherine Françoise "Gogibû", s'unit par contrat de mariage à Madeleine Nicole Morizet, 22 ans, musicienne de la Chambre du roi, fille de Jean Morizet, bourgeois de Paris, et de Marie Marguerite Denis son épouse. La future demeure rue de Beaune, paroisse Saint-Sulpice. Parmi les proches venus signer le contrat, on relève Claude Levaché, gouverneur des pages de la Chambre, accompagné de sa femme Marie Élisabeth Morizet (beau-frère de la future), et Claude Pipelet, de l'Académie royale de chirurgie et chirurgien du roi au rapport de la prévôté de l'Hôtel, ami du chanteur (il a été nommé subrogé tuteur des enfants du premier lit). LEGROS dépose dans la corbeille nuptiale tout ce qui lui revient selon l'inventaire dressé après le décès de sa première femme ; de son côté, Madeleine Nicole Morizet apporte 3 600 livres tant en deniers comptants qu'en effets et créances, "y compris ce qui lui est dû par Sa Majesté en qualité de musicienne de sa chambre", provenant de ses gains et épargnes.
• 5 mai 1770, Paris : La cérémonie religieuse a lieu en l'église paroissiale Saint-Sulpice.
• 17 mai 1770 : LEGROS est Persée dans Persée de Lully.
• 3 juin 1770 : L'Avantcoureur du 11 juin indique qu'au Concert spirituel, "M. & Madame Legros ont chanté, avec art & intelligence, Exultate justi, motet d'une exécution agréable & brillante de M. Dauvergne, Surintendant de la Musique du Roi". 
• 9 juin 1770, Versailles : Il incarne Castor dans Castor et Pollux de RAMEAU, en présence du roi.
• 25 décembre 1770, Paris : Il est donné au Concert Spirituel "un motet nouveau à deux voix, de la composition de M. l'Abbé Feray, de la Musique de la Cathédrale, exécuté par M. Legros & Madame Julien. On connaît le timbre charmant de la voix de M. Legros & sa manière de chanter à demie voix peut-être plus charmante encore; elle a fait dire à une partie du Public, souvent injuste même par rapport aux sujets qu'il aime le plus, que la voix de cet aimable Chanteur était totalement perdue. M, Legros vient d'essuyer une maladie aussi longue que dangereuse , il n'est pas étonnant que sa voix s'en soit ressentie, mais ce qu'il en recouvre chaque jour nous donne lieu d'espérer qu'elle nous fera bientôt rendue toute entière. II a très-bien chanté ce Motet [...]" lit-on dans le Journal de Musique.

• 19 mai 1771, Paris : "M. & Mde Legros ont chanté avec applaudissement, Exultate justi in Domino, excellent motet à deux voix de M. d'Auvergne, surintendant de la musique du Roi", relate le Mercure de France

• 26 août 1772, Metz : Le sieur de Laroquette communique au chapitre de la cathédrale une lettre écrite au maître de musique par le sieur LEGROS, musicien à Paris, proposant pour Metz une basse-taille et une haute-contre. La compagnie autorise le maître à lui marquer que les sujets proposés peuvent venir s'ils veulent bien se contenter des appointemens ordinaires de 600 livres avec le logement et trois louis d'or chacun pour leur voyage, à condition toutefois que préalablement, ils se feront entendre par M. Du Chilleau "dans quelque église de Paris".

• 16 février 1775, Paris : On redonne à l'Opéra Hylas et Eglé, "ballet héroïque représenté [pour la première fois] en 1737, dont les paroles sont de M. le Franc & la musique de M. Grenet". Le Mercure de France de mars indique que "M. Legros & M. Desormery viennent d'en refaire la musique & d'y ajouter de nouveaux airs. Leur tentative a été couronnée par un succès flatteur. Ils ont répandu dans leur ouvrage beaucoup de gaîté & d'agrémens, dans le genre des compositions charmantes des musiciens modernes. Il ne leur manque peut-être que d'avoir choisi un sujet plus animé, plus intéressant & qui eût plus de contrastes ou plus de moyens de faire ressortir les effets de leur musique ; quoique d'ailleurs cet acte soit d'une poësie élégante & facile". Dans le rôle d'Hylas, LEGROS a paraît-il "réuni les applaudissements de compositeur ingénieux, d'acteur excellent & de chanteur admirable".

• Février ou mars 1777, Paris : Joseph LEGROS prend la direction du Concert spirituel des Tuileries, qu'il garde jusqu'à la fin, en 1790. La presse se fait régulièrement l'écho du haut niveau musical de cet organisme de concerts sous la direction du chanteur.

• avril-septembre 1778, Paris : Joseph LEGROS accueille Wolfgang Amadeus Mozart, afin que ce dernier, qui ne peut faire monter de piano chez lui, puisse composer les œuvres qu'il lui a commandées pour le Concert spirituel. Mozart arrange d'abord un Miserere de Holzbauer au goût parisien, c'est-à-dire avec des chœurs importants. Puis vient une symphonie concertante pour flûte, hautbois, cor et basson [K 297B, perdue], que LEGROS ne fait finalement pas donner, ce qui rafraîchit nettement les relations entre les deux hommes. Mozart accepte toutefois de composer à nouveau une symphonie [il s'agit de la symphonie en ré majeur, dite parisienne, K 297] qui rencontre un certain succès, surtout lorsque le compositeur remanie l'andante. Les relations entre les deux hommes semblent surtout marquées du sceau de l'intérêt : d'un côté celui d'un directeur de concert à la recherche de compositions nouvelles pour son public, de l'autre un compositeur en quête de notoriété.

• 25 août 1779, Paris : Le jour de la Saint-Louis, "l'Académie Françoise a assisté, dans la Chapelle du Louvre, à la Messe, pendant laquelle le sieur Legros a fait exécuter un Motet", rapporte la Gazette de France

• 25 août 1780, Paris : Il fait exécuter, à l'occasion de la Saint-Louis, un motet de la composition du sieur Bonezi (compositeur résidant dans la capitale) devant l'Académie française assemblée.

• 30 août 1781, Marseille : Il incarne Atys dans l'opéra du même nom de Piccinni, au théâtre de la ville, d'après le Journal de littérature, des sciences et des arts qui précise que le public lui a fait bon accueil.
• 24-25 décembre 1781, Paris : L'oratorio de Gossec sur la Nativité "a terminé d'une manière brillante" les deux concerts de fin d'année donnés au Concert spirituel selon les Mémoires secrets, qui ajoutent que "le public n'a pu y voir sans intérêt la fille de M. Legros, chargée, à l'âge de 7 à 8 ans au plus, d'un petit morceau de récitatif, qu'elle a rendu avec toutes les grâces de son enfance. Elle annonce les plus heureuses dispositions pour marcher sur les traces de son père". Il s'agit probablement d'Angélique-Marie Legros.
• 1781, Paris : LEGROS est signalé comme membre de la loge maçonnique Le Contrat social. On sait, grâce à l'inventaire après décès de sa seconde femme, qu'il conservait dans sa bibliothèque les œuvres de Jean-Jacques Rousseau.

• 12 mai 1782 : Mme LEGROS obtient une pension de 1 200 livres en qualité d'ancienne musicienne ordinaire du Concert de la Reine.

• 20 mars 1783, Paris : Papillon de La Ferté, intendant des Menus Plaisirs, informe le ministre de la Maison du roi que Joseph LEGROS demande à cesser ses fonctions de chanteur soliste à l'Opéra. Il invoque sa santé fragile (il est sujet à des rhumes et enrouements), son embonpoint qui le rend de moins en moins crédible dans les rôles de jeune premier et la "descente" dont il est affligé. Tout le monde se désole de cette perte prochaine. Ses camarades l'ont pressé de reconsidérer sa décision, mais il reste ferme ; tout juste consentirait-il à accepter une fonction de semainier annuel, point trop accaparante. L'intendant approuve l'idée : "Le sieur Le Gros est, plus que tout autre, en état de remplir cette place. Il a la fermeté nécessaire, il connoît les abus, il en a détruit autant qu'il a été possible. Uniquement occupé de cet objet, il y a lieu de croire qu'il s'en acquitteroit à la satisfaction du ministre, à celle des sujets copartageans, à celle des auteurs et du public. Il surveilleroit aussi les écoles, feroit travailler les jeunes sujets en sa présence, assisteroit aux répétitions et pourroit y donner des conseils utiles ; il éclaireroit [aussi] les dépenses".
• 26 avril 1783, Paris : Le Mercure de France déplore la décision de Joseph LEGROS : "On espère que les instances des Chefs de l'Opéra l'engageront à reprendre son service. On présume aussi que les sujets ne verront pas, sans plaisir, rester parmi eux un homme qui, par l'intelligence avec laquelle il régit le Concert Spirituel, donne des preuves éclatantes de son goût, & dont les idées ne sauroient manquer d'être utiles à un Spectacle où les connoissances musicales sont aussi rares que nécessaires".

• Premier avril 1786 : Joseph LEGROS obtient une pension de retraite sur le Trésor royal de 1 500 livres comme musicien ordinaire de la Chambre du roi.

• 18 mars 1788, Paris : Madeleine-Nicole Morizet, épouse de Joseph LEGROS, pensionnaire du roi et de l'Académie royale de musique, directeur du Concert spirituel, décède dans leur appartement du cul-de-sac de la Corderie, paroisse Saint-Roch. Trois enfants nés de leur union sont encore de ce monde : Pierre Louis, Nicolas Jérôme et Angélique Marie Legros. Le 22 mars suivant, un conseil de parents et d'amis accorde à Joseph la tutelle pour gérer les personnes et les biens des trois enfants. Joseph Desroux principal commis aux Fermes est désigné tuteur subrogé. On relève les noms d'un cousin, Jean Charles Huet, secrétaire du comte de [à déchiffrer], et d'amis de LEGROS. Il s'agit de Henry Joseph REGET/RIGET, professeur de musique, Jean Louis PARENT, maître de musique de l'académie royale de musique, Olivier Julien BERTHEAUME, professeur de musique, Charles Antoine Eschard, de l'académie royale de peinture, Étienne Marie Portarens [?], bourgeois de Paris et Louis Guillaume Bouely, Intéressé dans les Affaires du Roi, ces derniers amis.
• 26 mars 1788, Paris : Le notaire Rouen débute l'inventaire après décès de son épouse à la requête de LEGROS, en raison de la communauté de biens et comme tuteur de ses enfants.
• 12 juin 1788, Monampteuil : un inventaire après le décès de sa femme est également effectué par maître Pargny dans cette localité où le couple devait posséder des biens.

• 10 juillet 1789, Paris : Joseph LEGROS, "pensionnaire du Roi et de l'Académie royale de musique, directeur du Concert Spirituel", demeurant à Paris rue du Cul de sac de la Corderie, paroisse Saint-Roch, affirme véritable l'inventaire après décès de sa femme effectué le 26 mars 1788 en présence de Joseph Deroux, principal commis aux Fermes, subrogé tuteur.

• 20 décembre 1793, La Rochelle [Charente-Maritime] : Joseph LEGROS, musicien, meurt en sa demeure, rue du Coq [actuelle rue de la Forme, près du marché]. Le décès est déclaré le lendemain par son "ami" Philippe Huret, cultivateur. Pour l'heure, on ignore pourquoi LEGROS s'était installé dans cette ville.

• 31 août 1794, Paris : Sa fille Angélique Marie se marie avec Jean Charles Gabriel Peronet. Elle se remarie ensuite avec Jean Georget. La trace de ses frères n'a pas été retrouvée.

Mise à jour : 28 janvier 2024

Sources
A. Le Bihan, Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France, 1966 ; Annonces, affiches et avis divers [de Paris] ; Annonces, affiches et avis divers, 1769 ; Annonces, affiches et avis divers, 1776 ; Année théâtrale, 1800 ; Archives nationales, salle des inventaires virtuelle ; C. Pierre, Histoire du Concert spirituel, 2000 ; C. Pierre, Histoire du Concert spirituel, 2000, p. 49-66 ; C. Pierre, Histoire du Concert spirituel… rééd. 2000 ; Campardon, L’académie royale de musique au XVIIIe s. ; Courier du Bas-Rhin, janvier 1775 ; Dict. Musique France, 1992 ; Etat actuel de la Musique du roi, 1768 ; Examen des causes destructives du théâtre de l’Opéra, 1776 ; F-Ad02/ 5MI 1238 ; F-Ad02/ 5MI0133 ; F-Ad02/ G 1889 ; F-Ad17/ 2 E 312/ 456* ; F-Ad28/G324 ; F-Ad51/ 2E 534/ 117 ; F-Ad57/ 2G50 ; F-Ad60/ 5MI 128 ; F-Ad60/ G 2473 ; F-Ad60/ G 2474 ; F-Ad60/ G 2763 ; F-An/ ET/LIII/463 ; F-An/ ET/LIII/464 ; F-An/ O/1/680 ; F-An/ O/1/842, n°121 ; F-An/ O/1/842, n°169 ; F-An/ O/1/842, n°49 ; F-An/ O/1/842, n°65 ; F-An/ Y 5163B ; F-An/ Y 5322 ; F-Bm Versailles/ Ms P 153 ; F-BnF/ Fichier Bossu 192 ; Filae.com ; Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, Mémoires, tome XII, 1966, ; Fétis, Biographie universelle des musiciens, 1841 ; Gazette de France ; Gazette de France, 7 avril 1777 ; J. C. Le Vacher de Charnois, Costumes et annales des grands théâtres de Paris..., 1786 ; J. F. L. Devisme, Manuel historique du département de l’Aisne, 1826 ; Journal de littérature, des sciences et des arts, 1781 ; Journal de musique, janvier 1770 ; Journal des théâtres ou le Nouveau spectateur, 15 juin 1778 ; Journal des théâtres ou le Nouveau spectateur, 1778  ; Journal des théâtres, 15 juin 1777 ; L'Avant-Coureur, 17 fév 1766 ; LULLY, Persée, 1770, Le Concert Spirituel, Hervé Niquet, livret, Alpha, 2016 ; Le Journal de Musique, décembre 1770 ; Les Fastes du goût, ou les Nouveautés du jour, t. 1 ; Les Spectacles de Paris... pour l’année 1780 ; L’Avantcoureur…, 11 juin 1770 ; L’Esprit des journaux, nov. 1776 ; Mercure de France ; Mercure de France, 26 avril 1783 ; Mercure de France, avril 1779 ; Mercure de France, juin 1764 ; Mercure de France, mai 1779 ; Mercure de France, mars 1775 ; Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des lettres ; Mémoires secrets... ; Nouveau dictionnaire des chanteurs de l'Opéra de Paris du 17e siècle à nos jours, 1989 ; P. Taïeb, "Le concert de Reims (1749-1791)", Revue de Musicologie, 2007 ; P. Taïeb, Le Concert de Reims ; Tablettes de renommée des musiciens ; W.A. Mozart, Correspondance, 1987-1989

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