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CHAPUZOT, Anne (1700-1775)
État civil
NOM : CHAPUZOT     Prénom(s) : Anne     Sexe : F
Autre(s) forme(s) du nom : CHAPPUZOT
CHAPUSOT
Date(s) : 1700-2-20   / 1775-3-10
Notes biographiques

De Beaune à Dijon, Anne CHAPUZOT est un nouvel exemple d'invisibilité féminine – ou a minima de moindre visibilité : manifestement organiste compétente, titulaire des orgues de la paroisse Saint-Pierre de Beaune et possédant un clavecin en propre avant son mariage, elle doit être débusquée, dans la documentation disponible, derrière son mari, Edme LAUSSEROIS, lui aussi organiste.

• 20 février 1700, Seurre [Côte-d'Or] : Sans doute née le jour même (ou la veille, l'acte ne le précise pas), Anne CHAPUZOT est baptisée dans l'église paroissiale. L'enfant a pour parrain "Maistre Louis Butart, conseiller du roy, eslu des estats de la province et maire perpetuel de la ville de Seurre" et pour marraine "Dlle Anne Duval, fille de msr Duval avocat à la cour". Son père, "Maistre François Chapuzot, principal du collège de Seurre" et sa mère, Marguerite-Désirée Courtois, s'étaient mariés dans la même ville le 21 janvier 1698. Ils avaient eu un premier enfant, Antoine, le 10 novembre 1698, dont le parrain était "Maistre Anthoine Chapuzot, aussi principal du dit lieu" et la marraine veuve d'un "bourgeois" de Seurre. On se situe là parmi les élites de cette petite ville située à 40 km au sud de Dijon et à 25 km à l'est de Beaune.
Une petite sœur, prénommée  Jeanne, suit le 29 septembre 1701, le père étant toujours principal du collège de Seurre.

• On peut supposer que la fillette reçoit une éducation soignée dans laquelle la musique occupe une place importante. L'une de ses sœurs (au moins), Jeanne, sera également musicienne.

• [date inconnue] : La famille Chapuzot quitte Seurre pour une destination qui reste à déterminer.
• [date inconnue, avant 1730] : La famille Chapuzot s'installe à Beaune. Abandonnant la gestion de collège, le père intègre l'administration fiscale.

• 20 mai 1730, Beaune : Le baptême du septième enfant de Jean-Bernard GAULON, serpent de la collégiale, et de son épouse Marie Derepas, réunit autour des fonts baptismaux de Notre-Dame Edme LAUXERROIS, "musicien, maitre organiste de la dite église collégiale", choisi pour être le parrain de l'enfant, et demoiselle Anne CHAPUZOT, choisie pour être la marraine. Il est significatif de constater que le célébrant avait d'abord défini la marraine comme étant "fille du sieur François Chapuzot, contrôleur des traites forraines du dit Beaune et de Dlle Désirée Courtois". Puis il a ajouté (spontanément ou sur injonction de la jeune femme ?) : "la dite Dlle marraine aussi musicienne jouant de l'orgue en l'église paroissiale Saint Pierre du dit Beaune". Elle signe la première, avec énergie "Anne chappuzot" (ultérieurement elle abandonnera ce double "p" et signera "chapuzot"). Cet acte de baptême est précieux en ce qu'il éclaire Anne CHAPUZOT près de trois ans avant son mariage et indique le métier exercé par elle en toute indépendance.

• 7 janvier 1733, Beaune : Dans l'église Saint-Martin, paroisse de résidence de la mariée, est célébré le mariage de sieur Edme L'AUXERROIS [LAUSSEROIS] organiste de la collégiale, et de demoiselle Anne CHAPUZOT, fille de sieur François Chapuzot, contrôleur au bureau des traites de Beaune, et de demoiselle Marguerite-Désirée Courtois. Parmi les témoins, on remarque deux écuyers, messires Edme Gauvain et Jean-Claude Lardillon.
Trois jours auparavant, un contrat de mariage avait été signé entre les deux futurs époux. Si Edme LAUSSEROIS apporte dans la communauté 1 500 livres, Anne Chapuzot se voit dotée par ses parents de 600 livres, dot à laquelle s’ajoutent environ 1 000 livres en argent comptant et effets personnels provenant de ses propres gains et épargnes, dont un clavecin estimé à 300 livres. Cette importante somme présentée comme lui appartenant en propre confirme qu'elle avait exercé une activité professionnelle antérieurement à son mariage. On sait qu'elle était déjà organiste. Très probablement donnait-elle également des leçons de clavecin.

• Dans les années suivantes, à Beaune, plusieurs enfants naissent de cette union : Anne le 3 mai 1734, Marie-Françoise le 28 novembre 1735, Pierre-Philibert le 29 novembre 1737, Claude-Anne le 30 juillet 1740… Les deux premiers sont baptisés à Notre-Dame, puis la famille Lausserois déménage pour s'installer sur la paroisse Saint-Pierre. La petite Anne meurt à l'âge de six ans le 5 septembre 1739.
Si le père est régulièrement dit "organiste" ou "musicien touchant de l'orgue de la collégiale dudit Beaune", aucun métier n'est mentionné pour la mère. On ignore (actuellement) si elle avait continué à toucher l'orgue de Saint-Pierre de Beaune. Quant aux parrains et marraines choisis, ils juxtaposent des membres de la famille Chapuzot (grand-père, grande-tante, tante des enfants) et des représentants des élites locales (écuyer, femme d'écuyer, "Conseiller du roi en ses conseils", et, plus modestement, notaire procureur). L'une des marraines est "religieuse de l'abbaye royalle du lieu Dieu de Beaune".

• 9 janvier 1743, Dijon : Sans en informer les chanoines de Notre-Dame de Beaune, Edme LAUSSEROIS son mari passe une convention avec le chapitre de la Sainte-Chapelle de Dijon, par laquelle il s'engage comme organiste au service de cette église pour une durée de neuf années, moyennant des appointements annuels de 450 livres. Ce n'est que quelques mois plus tard, le 21 juillet 1743, que le chapitre beaunois le licencie. On peut supposer que durant ces six mois, Anne CHAPUZOT a pallié les absences de son mari à l'orgue de Notre-Dame de Beaune.
Durant l'été 1743, la famille Lausserois s'installe définitivement à Dijon.

• 16 février 1744, Dijon : Avec son aide, son mari Edme LAUSSEROIS, toujours organiste de la Sainte-Chapelle, commence à tenir en plus l’orgue de l’église Saint-Pierre. Il est également aidé par une sœur Chapuzot, dont le prénom n'est pas donné. Il pourrait s'agir de Claudine Chapuzot qui le 31 juillet 1740 avait été marraine de la petite Claude-Anne, elle était alors dite "fille majeure" et tante de l'enfant, mais ce n'est qu'une hypothèse. Il est plus vraisemblable qu'il s'agisse de Jeanne CHAPUZOT, qui, elle, est solidement attestée ensuite comme organiste à Beaune.
• 5 avril 1744 : Cet arrangement à trois est officialisé par une convention par laquelle Edme LAUSSEROIS s’engage à toucher personnellement l’orgue de Saint-Pierre lorsque son service à la Sainte-Chapelle le lui permettra, ou, en son absence, à le faire toucher par Anne CHAPUZOT ou la sœur de cette dernière. L’engagement est convenu pour six années consécutives à compter du 16 février précédent, et les appointements sont fixés à 100 livres par an.
Si cette convention est alors signée, c'est que des négociations se sont engagées avec une autre église dijonnaise, elle aussi désireuse de bénéficier des talents de la maison Lausserois-Chapuzot : Edme LAUSSEROIS a été approché par les fabriciens de la paroisse Notre-Dame, avec Anne CHAPUZOT, son épouse. Une convention est préparée, mais les négociations échouent pour une raison non explicitée, et la fabrique à contrecœur reconduit son organiste en place, Étienne LORIN

• Août 1745 : Étienne LORIN ayant offert "brusquement la clef", c'est-à-dire ayant présenté sa démission, et n'ayant d'ailleurs pas donné toute satisfaction, les fabriciens de Notre-Dame se tournent à nouveau vers les époux LAUSSEROIS/CHAPUZOT. Cette fois les négociations aboutissent. Les fabriciens reconnaissent "lavantage, et la decence plus grande pour le service de leglise d’avoir conjointement pour organistes lesdits Sieur et Damoiselle Lauxerois, qui lun et lautre ont touché alternativement ledit orgue pendant la grande messe, a la satisfaction de Messieurs, de Messieurs les prestres, et de tous les paroissiens".
Les deux époux sont donc engagés "conjointement" aux gages de 160 livres par an, payés en deux termes de 80 livres.
La répartition des tâches est très clairement exprimée : c'est Anne CHAPUZOT qui assure le service "tous les dimanches, festes et jours de service de ladite paroisse, conformement au directoire et ordo qui leur a été communiqué". Edme LAUSSEROIS, lui, n'interviendra que lorsqu'il se trouvera disponible : il devra "toucher en personne toutes les fois quil le poura sans incompatibilité ny empeschement avec les offices de la Sainte Chapelle de cette ville a laquelle il sest premierement engagé", ce qui reste vague.
Le 29 août ils signent en commun un "directoire" exceptionnellement détaillé qui précise très finement les "jours auxquels on touche l’orgue de l’eglise de Nôtre Dame". Cet extraordinaire document de treize pages est suivi de l'engagement des deux époux par ces mots : "Nous promettons d’observer et d’exécuter le présent Directoire à Dijon le 29e aoust 1744. Lausserois / Anne chapuzot".

• 15 août 1748, Dijon : Les fabriciens de l’église Saint-Pierre engagent un nouvel organiste, Thomas CHAIGNAY, et le 28 août 1748 le receveur de la fabrique verse à Edme LAUSSEROIS sa dernière demie-année de gages. Le poste de Saint-Pierre était peut-être trop peu lucratif.

• 13 janvier 1752, Dijon : Les fabriciens de la paroisse Notre-Dame renouvellent son contrat. Edme LAUSSEROIS déclare qu'il s'engage "de toucher, tant moy que mon épouse, l'orgue de l'église Notre-Dame tous les jours marqués dans le Directoire de ladite église".

• 18 avril 1754 : Une nouvelle prolongation du contrat est signée, toujours pour “tant moy que mon épouse” mais seulement “pour le terme de trois années à compter du 1er janvier prochain”.

• 18 décembre 1757, Dijon : En remplacement des Lausserois, la jeune Antoinette DUPLUS est reçue organiste à Notre-Dame. Le 18 février 1758, la fabrique solde ses comptes avec les deux organistes sortants et verse 63 livres et 3 sols à Edme LAUSSEROIS "pour le restant de son bail de l’orgue". Là se termine apparemment la carrière d'organiste d'Anne CHAPUZOT.

• 26 septembre 1758, Dijon : Edme LAUSSEROIS, "organiste à Dijon", meurt "subitement". Leur fils, Pierre-Philibert LAUSSEROIS, prend le relais à la tribune de la Sainte-Chapelle.

• 10 mars 1775, Dijon : Anne CHAPUZOT s'éteint paroisse Saint-Jean, âgée de 75 ans. Elle est inhumée le lendemain en présence de "Messieurs les Chanoines qui ont assisté processionnellement à son convoy", de son fils Pierre LAUSSEROIS et d'un autre témoin signataire, "Lardilion".
Son acte de sépulture rappelle qu'elle était "veuve de sieur Edme LAUXERROIS organiste de la Ste Chapelle du Roy", mais ne dit mot de ce métier d'organiste qu'elle avait elle-même exercé durant de longues années.

Mise à jour : 21 avril 2018

Sources
F-Ad21/ BMS Saint-Martin de Beaune ; F-Ad21/ BMS ND de Beaune en ligne ; F-Ad21/ BMS Seurre en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon ; F-Ad21/ BMS St-Pierre de Beaune ; F-Ad21/ G Sup. 24/69(6) ; F-Ad21/ G Sup. 24/99 ; F-Ad21/ G sup 24/99 ; É. Kocevar, "Les servitudes des organistes…", L'Orgue, 1999

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