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LAUSSEROIS, Edme (1703-1758)
État civil
NOM : LAUSSEROIS     Prénom(s) : Edme     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LAUXEROIS
LAUXERROIS
LAUSSERROIS
L'AUXERROIS
Date(s) : 1703-7-23  / 1758-9-26
Notes biographiques

Natif de Paris, Edme LAUXEROIS, LAUXERROIS ou LAUSSEROIS est d'abord organiste à Beaune jusqu’en 1743, puis à la Sainte Chapelle de Dijon. Grâce à l'aide de son épouse, Anne CHAPUZOT, et de l'une de ses belles-sœurs, sans doute Jeanne CHAPUZOT, il peut cumuler jusqu'à trois tribunes dijonnaises durant quelque temps. Leur fils Pierre-Philibert devient lui aussi organiste et appartient à la "génération 1790".

• 23 juillet 1703, Paris : Bien que Joseph Dietsch affirme qu' "il appartenait à une famille d’origine champenoise", Edme LAUSSEROIS est baptisé paroisse Saint-Germain l'Auxerrois à Paris, les deux éléments n'étant d'ailleurs pas formellement contradictoires (voir ci-après au 10 novembre 1705). Son père, Claude "Lauxerrois", est marchand chapelier rue Saint-Honoré, susdite paroisse Saint-Germain. La spécialisation professionnelle du père ainsi que la localisation de sa boutique laissent supposer un milieu d'origine assez aisé.
Mais sa mère, Marie Lasne, est inhumée dès le 29 juin 1704, et son père le 5 juillet de la même année. À moins d'un an, Edme est donc doublement orphelin. Les recherches d'Érik Kocevar ont permis de savoir que le 16 juillet 1704 le lieutenant civil du Châtelet de Paris confie la tutelle des enfants mineurs (Antoine, âgé de sept ans, Guillaume-Prudent, âgé de cinq ans et Edme, âgé d’un an) à Marguerite Beausencourt / Baussancourt, leur grand-mère paternelle, alors que Guillaume Lasne, bourgeois de Paris, oncle maternel, est nommé subrogé tuteur.
• 10 novembre 1705, à Saron-sur-Aube [Marne] : L'une des tantes paternelles des enfants Lausserois, Marie, se marie avec Jean LETOURNEUR – qui sera quelque temps plus tard attesté comme organiste à la cathédrale de Chalon-sur-Saône.

• [1717], Beaune : L'acte de mariage d'Edme LAUSSEROIS, en 1733, indique qu'il était "sorti de cette ville [de Paris] avant l'âge de puberté". Selon Érik Kocevar, c'est en 1717 que le jeune garçon (il a alors 14 ans) quitte Paris pour Beaune et s’installe quelque temps plus tard chez Claude Gauvain, écuyer, secrétaire du Roi, lieutenant au Bailliage de Beaune. On peut penser, écrit Érik Kocevar, que c'est chez ce noble personnage que le futur musicien se verra offrir une bonne éducation : les archives prouvent qu'il maniait fort bien la plume et l’orthographe.
On peut aussi faire l'hypothèse que par le biais de la tante Marie, le jeune garçon a été reçu, éduqué et formé à l'orgue dans la famille TOURNEUR / LETOURNEUR, soit chez Jean son oncle par alliance, soit chez les frères de celui-ci, Joseph, organiste à Seurre, et Étienne qui de 1700 à début 1719 a été organiste à Beaune même, à l'église paroissiale Saint-Pierre d'abord puis à partir d'octobre 1713 à la collégiale Notre-Dame.

• 27 avril 1729, Beaune : LAUXEROIS, organiste, offre ses services à la collégiale Notre-Dame, qui depuis plusieurs années avait du mal à stabiliser un organiste. Il semble succéder à un certain DANGLEBERT, qui avait lui-même succédé en mai 1719 à Étienne TOURNEUR. Les chanoines "bien informés des bonne vie, mœurs & capacités dudit sieur LAUXEROIS l’ont reçu pour organiste de céans". Auraient-ils été "bien informés" par Étienne TOURNEUR, désireux de placer son neveu par alliance dans un poste intéressant ?
Ils font préparer une convention "où il sera stipulé que ledit organiste s’obligera de venir tous les jours à la maîtrise enseigner un enfant de chœur à toucher l’orgue". Cette première convention est établie pour une durée de six ans à compter du 1er mai suivant, avec des gages annuels de 250 livres. Edme LAUSSEROIS s’engage non seulement à toucher l’orgue tous les dimanches, fêtes chômées, jours de fondations et cérémonies extraordinaires, mais aussi à "enseigner un enfant du chœur a toucher lorgue" ; en outre, il devra "se procurer de temps en temps de nouvelles pièces dorgue". Le maître de musique de la collégiale est alors Isaac CARILLON.
• Dès le 27 juillet 1730 : Les gages de l'organiste sont portés à 280 livres.

• 20 mai 1730, Beaune : Le baptême du septième enfant de Jean-Bernard GAULON, serpent de la collégiale, et de son épouse Marie Derepas, réunit autour des fonts baptismaux de Notre-Dame Edme LAUXERROIS, "musicien, maitre organiste de la dite église collégiale", choisi pour être le parrain de l'enfant, et Anne CHAPUZOT, choisie pour être la marraine, "la dite Dlle marraine aussi musicienne jouant de l'orgue en l'église paroissiale Saint Pierre du dit Beaune". Il signe "Lauxerois".

• 24 juillet 1731, Beaune : Les chanoines de Notre-Dame accordent à Edme LAUSSEROIS un congé de trois mois pour aller se perfectionner à Paris ; afin de s'assurer de son retour, les chanoines exigent que l’organiste verse une caution de 50 écus.

• 8 août 1732, Beaune : Edme LAUSSEROIS se déclare "dans le dessein de s’etablir en cette ville pour s’attacher entierment au service du chapitre" et réclame une augmentation "pour faciliter cet etablissement". Le chapitre porte ses appointements à 300 livres.

• 7 janvier 1733, Beaune : Dans l'église Saint-Martin, paroisse de résidence de la mariée, est célébré le mariage de sieur Edme L'AUXERROIS, organiste, et de demoiselle Anne CHAPUZOT, fille de sieur François Chapuzot, contrôleur au bureau des traites de Beaune, et de demoiselle Marguerite-Désirée Courtois. Parmi les témoins, on remarque deux écuyers, messires Edme Gauvain et Jean-Claude Lardillon. À noter : le marié signe ici "Lauxerois".
Trois jours auparavant, un contrat de mariage avait été signé entre les deux futurs époux. Edme LAUXEROIS apporte dans la communauté 1 500 livres, en argent comptant, partie de rente et effets personnels, dont une épinette et divers livres de musique estimés à 125 livres. Anne CHAPUZOT, quant à elle, se voit dotée par ses parents de 600 livres, dot à laquelle s’ajoutent environ 1 000 livres en argent comptant et effets personnels provenant de ses propres gains et épargnes, dont un clavecin estimé à 300 livres. En plus d'être organiste de la paroisse Saint-Pierre, la jeune femme donnait sans doute des leçons de clavecin.

• Dans les années suivantes, à Beaune, plusieurs enfants naissent de cette union : Anne le 3 mai 1734, Marie-Françoise le 28 novembre 1735, Pierre-Philibert le 29 novembre 1737, Claude-Anne le 30 juillet 1740… Les deux premiers sont baptisés à Notre-Dame, puis la famille Lausserois déménage pour s'installer sur la paroisse Saint-Pierre. La petite Anne meurt à l'âge de six ans le 5 septembre 1739.
Si le père est régulièrement dit "organiste" ou "musicien touchant de l'orgue de la collégiale dudit Beaune", aucun métier n'est mentionné pour la mère. Quant aux parrains et marraines choisis, ils juxtaposent des membres de la famille Chapuzot (grand-père, grande-tante, tante des enfants) et des représentants des élites locales (écuyer, femme d'écuyer, "Conseiller du roi en ses conseils", et, plus modestement, notaire et procureur). L'une des marraines est "religieuse de l'abbaye royalle du lieu Dieu de Beaune". Le père, présent aux cérémonies de baptême, signe régulièrement "Lauxerois".

• 9 janvier 1743, Dijon : Sans en informer les chanoines de Notre-Dame de Beaune, Edme LAUSSEROIS passe une convention avec le chapitre de la Sainte-Chapelle de Dijon, par laquelle il s'engage comme organiste au service de cette église pour une durée de neuf années, moyennant des appointements annuels de 450 livres. Par ce traité, l'organiste s’engage à toucher l’orgue tous les dimanches et jours de fêtes, y compris les fêtes du saint Nom de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, des saints Apôtres et les fêtes de deuxième classe, même si elles ne sont pas chômées ; il devra en outre accorder les jeux d’anches de l’orgue.
Ce n'est que quelques mois plus tard, le 21 juillet 1743, que le chapitre beaunois licencie son organiste. On peut supposer que durant ces six mois, Anne CHAPUZOT avait pallié les absences de son mari à l'orgue de Notre-Dame de Beaune.
Durant l'été 1743 ou au tout début de l'automne au plus tard, la famille Lausserois s'installe définitivement à Dijon. Edme LAUSSEROIS – qui entre temps est allé passer quelque temps à Paris "pour se perfectionner" (c'est ce qui est convenu dans son contrat du 9 janvier) devient le premier organiste du bel orgue RIEPP tout nouvellement construit à la Sainte-Chapelle.

•  16 février 1744, Dijon : Toujours organiste de la Sainte-Chapelle, Edme LAUSSEROIS est engagé pour tenir aussi l’orgue de l’église Saint-Pierre, avec l'aide d'Anne CHAPUZOT, son épouse, et d'une sœur de celle-ci.
Cet arrangement est officialisé le 5 avril 1744, jour où est signée une convention par laquelle il s’engage à toucher personnellement l’orgue de Saint-Pierre lorsque son service à la Sainte-Chapelle le lui permettra, ou, en son absence, à le faire toucher par Anne CHAPUZOT ou la sœur de cette dernière. L’engagement est convenu pour six années consécutives à compter du 16 février précédent, et les appointements sont fixés à 100 livres par an.
Si cette convention est alors signée, c'est que d'autres négociations se sont engagées avec une autre église dijonnaise, elle aussi désireuse de bénéficier des talents de la maison Lausserois-Chapuzot : Edme LAUSSEROIS a été approché par les fabriciens de la paroisse Notre-Dame.
• Avril 1744, Dijon : Une convention est préparée entre la fabrique de Notre-Dame et les Lausserois-Chapuzot, mais les négociations échouent pour une raison non explicitée, et la fabrique à contrecœur continue son organiste en place, Étienne LORIN

• Août 1745 : Étienne LORIN ayant offert "brusquement la clef", c'est-à-dire ayant présenté sa démission, et n'ayant d'ailleurs pas donné toute satisfaction, les fabriciens se tournent à nouveau vers les époux LAUSSEROIS/CHAPUZOT. Cette fois les négociations aboutissent. Les fabriciens reconnaissent "lavantage, et la decence plus grande pour le service de leglise d’avoir conjointement pour organistes lesdits Sieur et Damoiselle Lauxerois, qui lun et lautre ont touché alternativement ledit orgue pendant la grande messe, a la satisfaction de Messieurs, de Messieurs les prestres, et de tous les paroissiens". Les deux époux sont donc engagés "conjointement" aux gages de 160 livres par an, payés en deux termes de 80 livres.
La répartition des tâches est très clairement exprimée : c'est Anne CHAPUZOT qui assure le service "tous les dimanches, festes et jours de service de ladite paroisse, conformement au directoire et ordo qui leurs a été communiqué". Edme LAUSSEROIS, lui, n'interviendra que lorsqu'il se trouvera disponible : il devra "toucher en personne toutes les fois quil le poura sans incompatibilité ny empeschement avec les offices de la Sainte Chapelle de cette ville a laquelle il sest premierement engagé", ce qui reste vague.
Le 29 août ils signent en commun un "directoire" exceptionnellement détaillé qui précise très finement les "jours auxquels on touche l’orgue de l’eglise de Nôtre Dame". Ce document de 13 pages est suivi de l'engagement des mots "Nous promettons d’observer et d’exécuter le présent Directoire à Dijon le 29e aoust 1744. Lausserois / Anne chapuzot".

• 17 mars 1748 : "Monsieur Edme LAUXEROIS organiste de la Ste Chapelle du Roy de Dijon" est le parrain du 7ème enfant du musicien Claude-Anatoile CHAUVEREICHE. La marraine est l'épouse du facteur d'orgue RIEPP. Les familles Lausserois et Chauvereiche demeurent liées puisque quelques années plus tard, en 1753, Pierre-Philibert LAUSSEROIS (fils) sera à son tour parrain d'un enfant Chauvereiche, le 11ème.

• 15 août 1748, Dijon : Les fabriciens de l’église Saint-Pierre engagent un nouvel organiste, Thomas CHAIGNAY, et le 28 août 1748 le receveur de la fabrique verse à Edme LAUSSEROIS sa dernière demie année de gages. Le cumul de trois postes était probablement difficile, ou bien le poste de Saint-Pierre était trop peu lucratif.

• Octobre 1750, DijonClaude BALBASTRE quitte Dijon pour Paris.
• Fin 1750, Dijon : Les comptes de la fabrique Saint-Médard montrent que madame Balbastre mère a reçu pour l'année 1750 "11 mois de gages de l’organiste". Le 4 décembre 1750, l'organiste MATHIEU reçoit 24 livres "pour avoir touché de l'orgue pendant deux mois". L'année suivante, c'est Edme LAUSSEROIS qui reçoit 75 livres "pour avoir touché six mois de l’orgue".

• 13 janvier 1752, Dijon : Les fabriciens de la paroisse Notre-Dame renouvellent son contrat. Edme LAUSSEROIS déclare qu'il s'engage "de toucher, tant moy que mon épouse, l'orgue de l'église Notre-Dame tous les jours marqués dans le Directoire de ladite église". L'organiste signe alors "Lausserroys".

• 18 avril 1754 : Une nouvelle prolongation du contrat est signée, toujours pour “tant moy que mon épouse” mais “pour le terme de trois années à compter du 1er janvier prochain”. L'organiste signe "Lausserroys".

• 8 mai 1757, Dijon : Les fabriciens de l’église Saint-Jean nomment Edme LAUSSEROIS pour toucher l’orgue de leur église : moyennant 200 livres par an, l’organiste s’engage à toucher ou faire toucher l’orgue pendant neuf années à compter du 1er février 1758, à conditions toutefois qu’il le touchera lui-même le plus souvent possible, surtout lors des fêtes solennelles et le jour de la grande fête de saint Jean ; il est aussi convenu que l’office sera retardé d’un quart d’heure les jours de grandes fêtes pour donner à l’organiste le temps de se trouver à la tribune d’orgue.
• 18 décembre 1757 : Antoinette DUPLUS est reçue organiste à Notre-Dame, en remplacement des Lausserois. Le 18 février 1758, la fabrique solde ses comptes avec les organistes sortants et verse 63 livres et 3 sols à Edme LAUSSEROIS "pour le restant de son bail de l’orgue". On apprend à cette occasion que, comme son prédécesseur immédiat, Étienne Lorin, Lausserois, malgré l’engagement qu’il avait pris lors de la signature de sa convention d’entretenir l’orgue, avait négligé cette clause et qu'il laisse l’orgue en mauvais état à son départ. Sa réclamation de 120 livres "pour les mémoires qu’il dit avoir fait il y a dix a douze ans de l’etat de l’orgue", écrit le secrétaire de la fabrique, "a été regardée comme indecente".

• 26 septembre 1758, Dijon : Edme LAUSSEROIS, "organiste à Dijon", meurt "subitement". Il est inhumé le lendemain "au charnier" de la paroisse St-Jean, "en présence de Messieurs les Chanoines qui ont assisté processionnellement à son convoy". Son fils Pierre-Philibert prend (immédiatement ?) son relais à la tribune de la Sainte-Chapelle, dont il touchera l'orgue jusqu'à la Révolution.

• 13 août 1759, Dijon : “Chapuzot veuve Lausserois” reçoit 18 livres pour solde de la pension dûe à son défunt mari par la ville.

• 10 mars 1775, Dijon : Lorsque sa veuve, Anne CHAPUZOT s'éteint paroisse Saint-Jean, âgée de 75 ans, son acte de sépulture rappelle qu'elle était "veuve de sieur Edme LAUXERROIS organiste de la Ste Chapelle du Roy".

Mise à jour : 13 août 2018

Sources
F-Ad21/ 1J 3664-2 ; F-Ad21/ BMS Saint-Martin de Beaune ; F-Ad21/ BMS Dijon, St-Médard ; F-Ad21/ BMS ND de Beaune en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Jean ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon ; F-Ad21/ BMS St-Michel de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Pierre de Beaune ; F-Ad21/ G 2547 ; F-Ad21/ G 2548 ; F-Ad21/ G 3601 ; F-Ad21/ G Sup 24/99 ; F-Ad21/ G Sup. 24/69(6) ; F-Ad21/ G Sup. 24/69(7) ; F-Ad21/ G Sup. 24/99 ; F-Ad21/ G sup 24/43 ; F-Ad21/ G sup 24/99 ; F-BmDijon/ Ms 1818 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; P. M. Guéritey, Orgues en Bourgogne, 2003. ; É. Kocevar, "Les servitudes des organistes…", L'Orgue, 1999

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