Login
Menu et informations
LEFORESTIER, Jean (1726-1793)
État civil
NOM : LEFORESTIER     Prénom(s) : Jean     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : FORESTIER
Date(s) : 1726-4-20   / 1793-7-26 
Notes biographiques

En 1790, Jean LEFORESTIER est l'un des deux chantres de haute-contre de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, en poste depuis plus d'une vingtaine d'années. Auparavant, ce fils d'un marchand normand avait parcouru le royaume sans parvenir à se stabiliser, mais toujours dans des établissements de premier plan (collégiale de Beaune, cathédrale de Beauvais, paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris), sans doute en raison des qualités de sa voix, et en dépit d'un caractère bien trempé. Il chantera d'ailleurs quelque temps au Concert Spirituel.

• 20 avril 1726, Gisay-la-Coudre, au pays d'Ouche, au sud de Bernay [Eure] : Jean LEFORESTIER voit le jour. Il est le fils de François, marchand fermier (1773) et de Madeleine Binet. Aucune profession n'est mentionnée dans le registre paroissial, mais parrain et marraine ont "marqué" (et non signé) l'acte.

• [Avant août 1751], Beaune [Côte-d'Or] : FORESTIER devient musicien gagiste à la collégiale Notre-Dame. On ne sait rien des étapes de sa formation antérieure.

• 27 août 1751, Beaune : La première mention le concernant a été relevée à cette date dans le registre capitulaire de la collégiale Notre-Dame de Beaune. Ce jour-là, RENEVEY, prêtre habitué, ainsi que trois musiciens gagistes, FLUTTE, BOURSEY et FORESTIER, prient le chapitre de leur accorder quatre jours de congé, ce que le chapitre accepte. La raison de ce congé n'est pas donnée, mais au vu de la similitude de date, on peut penser que comme l'année suivante, c'est pour aller chanter à la grand fête de Saint-Lazare à la cathédrale du diocèse, à Autun, c'est-à-dire à 50 km à l'ouest de Beaune. Le même jour, Isaac CARILLON, obtient un congé de quinze jours. Le maître de musique de la collégiale est alors Joseph GARNIER.

• Début août 1752, Beaune : Le chapitre de la collégiale Notre-Dame licencie son maître de musique, Joseph GARNIER. Dans l'attente du recrutement d'un nouveau maître, c'est l'ancien maître, Isaac CARILLON, qui assure l'intérim.
• 25 août 1752 : "Étant mandés à Autun pour la fête prochaine de St-Lazare", FLUTTE et FORESTIER, musiciens, supplient le chapitre de leur accorder huit jours de congé. Les chanoines ne leur en accordent que six, "qui seront imputés sur les vacances qui pourroient leur être accordées".
• 26 septembre 1752 : FLUTTE et FORESTIER, musiciens, sont réprimandés par le chapitre car tous deux "affectèrent dimanche dernier de sortir du chœur sitôt les vêpres finies et ne rentrèrent pas au chœur pour faire leur partie au Te Deum" chanté pour la guérison du Dauphin. Le chapitre n'en veut pas durablement au jeune homme, toutefois, puisque deux semaines plus tard, le 7 octobre 1752, il lui accorde "trois ou quatre jours" de congé pour accompagner "son maître de pension [qui] alloit à la campagne avec toute sa famille".

• 15 mars 1753, Beaune : Dans l'église Saint-Martin est baptisée Anne-Nicole, née le même jour, fille de sieur Michel FLUTTE, "musicien en la collégiale de cette ville", et de Delle Elisabeth Gaulon son épouse. Le parrain est le sieur Jean LEFORESTIER "musicien en la dite église", ce qui confirme les liens d'amitié entre les deux hommes. Il signe "Jean leforestier".
• Début juillet 1753 : Un nouveau maître, Jean-Marie ROUSSEAU, arrive enfin à la tête de la musique de la collégiale, après presque un an d'intérim.

• 2 janvier 1754, Beaune : On remarque que "le nommé FORESTIER, haute contre, sembloit affecter de chanter mal la musique qu’il reconnoit être du maître actuel". C'est sans doute l'indice d'un conflit larvé entre les deux hommes. Le chapitre demande au haute-contre "de chanter comme il convient", sinon on prendra à son encontre "des mesures qui ne luy seroient pas agréables".
• 28 août 1754 : Le chapitre accorde huit jours de congé à FORESTIER, "gagiste", mais en profite pour l'avertir "de ne point passer le temps de l’office à dormir au chœur, mais à s’y occuper d’une manière convenable comme aussy de ne point chanter à la musique étant assis, mais debout ainsy qu’il est de la décence". Manifestement le musicien ne met pas une grande bonne volonté à son service au chœur.

• 27 août 1755, Beaune : Le chapitre accorde cette fois cinq jours de congé à FORESTIER "haute contre", sans commentaire particulier. La date est toujours celle qui est propice à aller chanter à la Saint-Lazare d'Autun.

• 21 janvier 1756, Beaune : Le chapitre Notre-Dame donne son congé définitif au maître de musique Jean-Marie ROUSSEAU.
• 5 février 1756, Beauvais [Oise] : Maître ROUSSEAU, clerc du diocèse de Dijon, ancien maître de musique de la collégiale Notre-Dame de Beaune, se présente au chapitre de Beauvais et obtient permission de faire chanter à la cathédrale.
 • 20 février 1756, Beauvais : Le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre procède à la réception de deux chantres, un ténor basse et un haute-contre. Ce dernier s'appelle Jean FORESTIER. Ils auront 600 livres de gages chacun.
• 24 mars 1756, Beaune : FORESTIER "fait représenter" – par courrier ? – "qu’il n’étoit pas entièrement rétably de sa maladie", sans doute évoquée antérieurement en chapitre sans que cela ait été relevé. Les chanoines acceptent de le tenir "présent aux offices encor pendant quelque temps", tout en lui demandant de se trouver "autant qu’il le pourra aux offices où il y aura musique". Le chapitre s'est-il vraiment abusé sur la maladie de son chanteur haute-contre ? C'est la dernière trace de FORESTIER décelable dans le registre capitulaire beaunois. Il est parti pour Beauvais, à 375 km de là, suivant le maître dont il avait d'abord boudé la musique mais que, manifestement, il avait fini par apprécier.
• 10 septembre 1756, Beauvais : FORESTIER, musicien à la cathédrale Saint-Pierre, obtient quinze jours de congé.
• 22 octobre 1756, Beauvais : Une avance de 50 livres est consentie à FORESTIER, musicien.

• 30 mars 1757, Beauvais : Le chapitre octroie quatre jours de congé au musicien FORESTIER. Il a dû quitter son emploi vers cette époque, car il n'est plus mentionné parmi les gagistes lors du chapitre général du 18 juillet.

• 6 juin 1759, Beauvais : Le chanoine Leclerc est chargé d'écrire au curé de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, pour récupérer la somme de 114 livres due au chapitre par le nommé FORESTIER, musicien anciennement attaché à la cathédrale, aujourd'hui employé à la paroisse en question. Il chante sûrement sous la direction de Claude CORDELET.

• 1761, Paris : Jean FORESTIER, haute-contre à la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, figure parmi les musiciens du Concert spirituel.

• 23 septembre 1768, Tours : "Messieurs [les chanoines de la cathédrale Saint-Gatien] duement assemblés en leur chapitre ont reçu le Sr Leforestier musicien haute contre, qui avoit été arreté jusqu'a la Saint Maurice, ordonné qu'il sera emploié sur le tantiminot pour la somme de six cent livres de gages chacun an et lui ont remis par gratification celle de trente livres qui lui avoit été accordée par avance". 

• 18 septembre 1771, Tours : Le chapitre de Saint-Gatien lui accorde la moitié de ses gages en titre, "lequel titre par un mois d'absence sans permission du chapitre demeurera nul et supprimé".

• 3 novembre 1773, Tours : Ayant obtenu l’autorisation du chapitre le 30 octobre précédent, Jean LEFORESTIER se marie avec Madeleine Thiellay, veuve de Nicolas-François Robin, receveur des aides à la barrière de la Clarté, en présence de Louis PLEUVRY, également musicien à la cathédrale. Le 30 octobre précédent, les futurs époux ont signé leur contrat de mariage dans l'étude de maître Archambault de Beaune. Jean LEFORESTIER précise qu"il est musicien "en titre", il apporte 300 livres de ses "gains et épargnes". On apprend par cet acte que le père du marié était "marchand fermier". Il n'est rien mentionné concernant les biens de la future mais entrent dans la communauté 200 livres provenant de futur et 100 livres de la future épouse. Les deux signent. Le même jour, le chapitre accorde à son musicien l'autorisation de se marier. Le couple n'aura pas d'enfant.

• 19 janvier 1784, Tours : Le chapitre menace de le réduire à son titre s’il n’est pas plus exact à venir au chœur.

• 9 décembre 1790, Tours : Au moment de la cessation du culte canonial, Jean LEFORESTIER est toujours haute-contre à la cathédrale Saint-Gatien et perçoit 700 livres par an en titre. Il chante alors sous la direction de Sulpice Philippe LEJAY, le maître de musique mais il a connu également les maîtres suivants : Charles Joseph TORLEZ, Jean Christophe CONTAT, Antoine MERLE

• 16 juillet 1791, Tours : : Jean LEFORESTIER signe la pétition collective des musiciens de Tours pour le Comité ecclésiastique. Il est âgé de 64 ans.

• 27 janvier 1792, Tours : Il semble avoir été en place depuis au moins juin 1791 à la nouvelle paroisse cathédrale Saint-Gatien, et sans doute dès la fin du chapitre, car on lui verse 125 livres pour six mois de gages depuis la Saint Jean. Il n'est pas retenu parmi les chantres nommés le même jour par les fabriciers lors de la réorganisation de la musique.
• 16 août 1792, Tours : Le directoire du département fixe sa pension annuelle à 350 livres.

• 26 juillet 1793, Tours : Toujours en exercice comme musicien à l'église cathédrale et paroissiale Saint-Gatien, Jean FORESTIER meurt à son domicile de la Grande-Rue.
• 3 août 1793, Tours : On procède à l'inventaire de ses effets au domicile où il est décédé, dans la maison du citoyen Lecompte, marchand, toujours occupée par sa veuve et sa belle-fille, Madeleine-Marguerite-Françoise Robin, âgée de 20 ans; leurs effets ne sont pas inventoriés. On a écrit au curé de la paroisse natale de Jean LEFORESTIER mais il n'y a eu aucune réponse, aucun héritier potentiel ne s'est présenté. Le montant de l'inventaire s'élève à 737 livres. Le couple occupait trois chambres autour d'une petite cour avec écurie, une autre chambre étant sous-louée à la fille Frémont-Lemoine. L'impression qui domine celle d'une assez grande pauvreté, le lit seul est estimé 200 livres. Rien n'attire le regard ou ne sort de l’ordinaire. Rien n'est mentionné au sujet de sa garde-robe en dehors de deux chemises. Dans la petite maison de l'Anguille, que Marguerite Thiellay possédait de son premier mariage, on ne trouve rien non plus de remarquable mais les fruits de la prochaine vendange seront vendus.
En revanche, le couple avait des dettes. La veuve de notre musicien déclare qu’elle ne possède aucun argent comptant. Il faut pourtant payer deux années de loyer, soit 120 livres, trois ans d'arriérés d'une rente viagère de 30 livres au profit du sieur Cartaut, 80 livres pour deux années d'arrières d'une rente de 40 livres au profit du sieur Robin Tresevent, 100 livres au chirurgien, 24 livres au médecin, 30 livres aux gardes-malades, 50 livres au couvreur, 50 livres au charpentier, 60 livres au marchand de bois, 200 livres au boucher, 72 livres au boulanger, 30 livres à l'épicière, 90 livres au marchand Lesours, 24 livres à un marchand de toile,  6 livres à la buandière, 10 livres au cordonnier, 24 livres à la coiffeuse, 140 livres au closier de l'Anguille, plus le montant des impositions de l'année précédente.

Enfin, Marguerite Thiellay déclare que depuis son mariage, le défunt n'a reçu aucune succession, qu'il n'avait aucun bien propre et qu'ils n'ont fait aucun conquêt.

Mise à jour : 18 mars 2018

Sources
F-Ad21/ BMS St-Martin de Beaune en ligne ; F-Ad21/ G 2549 ; F-Ad21/ G 2550 ; F-Ad27/ 8MI 1957 ; F-Ad37/ 2L 803 ; F-Ad37/ 3E6/ 220 ; F-Ad37/ 3E6/ 240 ; F-Ad37/ 6NUM6/ 239/ 036 ; F-Ad37/ 6NUM8/ 261/ 010 ; F-Ad37/ L 624 ; F-Ad60/ G 2473 ; F-Ad60/ G 2763 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1380 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1381 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1382 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1383 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1384 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1385 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1386 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1387 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1388 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1389 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1390 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1391 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1392 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1393 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1394 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1395 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1396 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1397 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1398 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1400 ; F-An/ DXIX/038/597-2/49 ; F-An/ DXIX/090/756/03 ; F-An/ DXIX/090/756/09 ; F-An/ F19/1128 ; Les Spectacles de Paris

<<<< retour <<<<