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VIGNON, Florent (ca 1725-1792)
État civil
NOM : VIGNON     Prénom(s) : Florent     Sexe : M
Date(s) : 1725 ca  / 1792-4-29 
Notes biographiques

Si les vingt premières années de son existence demeurent dans l'ombre, la suite de l'existence de Florent VIGNON est en revanche bien documentée. Vers l'âge de 23 ans il obtient un premier poste de musicien basse-contre à Orléans, à plus de 230 km au sud de sa ville natale, Nesle en Picardie. Il ne quittera plus Orléans, passant de la cathédrale Sainte-Croix à la collégiale Saint-Aignan, église où il chante toujours lorsque la Révolution commence.

• [1725], Nesle [Somme] : Florent VIGNON déclarant avoir 66 ans en 1791, son année probable de naissance est donc 1725 (ce qui est confirmé par l'âge indiqué à son décès). Il est né à Nesle, petite ville picarde située dans le Santerre, au sud de Péronne. Son acte de mariage le dit fils d'Honoré Vignon, "mulquinier de la ville de Nesle, diocèse de Noyon", et d'Anne-Marie Bonet, qui sont tous deux décédés avant 1757.

• Où, quand et avec qui a-t-il reçu sa formation musicale ? Il a vraisemblablement été éduqué dans une maîtrise d'enfants de chœur, peut-être celle de sa ville natale qui possédait une collégiale importante, ou éventuellement celle de la cathédrale de Noyon, située à 23 km au sud de Nesle. Ce point reste à documenter.
 
• [Vers 1747], Orléans : Florent VIGNON devient musicien basse-contre à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. Les registres capitulaires ayant brûlé à la suite du bombardement de 1940, il est difficile de préciser davantage sa date de réception. La date est approchée par déduction, en fonction de la durée indiquée lors de sa reconstitution de carrière des années 1790-1791 : on sait qu'il est resté à Sainte-Croix pendant huit ans, soit approximativement de  1747 à 1755.

• Mars 1751, Orléans : Lorsque commence l'unique registre capitulaire conservé pour cette période, on voit Florent VIGNON chantant la basse contre à la cathédrale Sainte-Croix sous la direction du maître de musique André HATTON, en compagnie d'un nommé BIGOT, basse contre, de Paterne GOURGOULIN, Claude LEBÈGUE, Louis-Michel LHUILLIER, Toussaint ROTROU, Louis-Vincent SIONEST, et sans doute quelques autres.
• 1er septembre 1751 :  Le chapitre accepte d'avancer 40 livres à VIGNON "Musicien de cette Église" qui remboursera ensuite 10 sols par semaine. L'objet de cet emprunt est d'"achepter un serpent". Or, le 11 août précédent, le chapitre avait ordonné que le maître de Musique "écriroit incessamment pour faire venir un bon serpent". On peut penser qu'en attendant VIGNON s'est porté volontaire pour assurer la partie de serpent ? Cette polyvalence entre le chant et l'instrument confirme une formation maîtrisienne antérieure.

• [Vers 1755], Orléans : Florent VIGNON passe de la cathédrale Sainte-Croix à la collégiale Saint-Aignan d'Orléans.

• 19 septembre 1757, Orléans : Florent VIGNON, musicien de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans, se marie avec Catherine Rose Plé [parfois Pelé, Pellé], fille d'un cabaretier. Le mariage est célébré dans l'église paroissiale Saint-Pierre-Empont, en présence de trois "amis" du marié, André HERMANT, Antoine FAGUER et Jacques BUDON, qui sont tous trois musiciens. Sont également présents et signataires au moins un autre musicien, Gabriel LEVÊQUE, ainsi qu'Étienne Philippe DESIR, cousin du marié, que l'on retrouve plus tard attesté comme chantre de la paroisse Saint-Pierre-Ensentelée (en 1767).

• Le baptême du premier né, portant les prénoms de son grand-père maternel et de son père, Sylvain-Florent, reste à localiser (probablement en 1758, mais sur quelle paroisse ?).
Deux fils naissent ensuite de cette union sur la paroisse Saint-Pierre-Empont. Le 24 juin 1759, André, a pour parrain le musicien André HERMANT. Il meurt le 15 septembre 1760 en présence de sa mère. Celle-ci, quinze jours plus tard, le 1er octobre 1760, met au monde Philbert-Florent, qui deviendra musicien. Le père est dit "musicien de l'église Royalle de St-Aignan".
Après quoi, la famille déménage pour la paroisse Saint-Liphard. Les églises de Saint-Liphard et de Saint-Pierre-Empont étaient toutes deux situées rue de Bourgogne, une des principales rues de la ville, orientée ouest-est et située un peu au sud de la cathédrale Sainte-Croix.

• De fin 1761 au printemps 1764, installés paroisse Saint-Liphard d'Orléans, les Vignon voient naître trois autres fils (Joseph-Antoine le 29 novembre 1761, Gabriel-Toussaint le  31 octobre 1762  et Édouard Ignace-de-Loyola, le 17 avril 1764). Le petit Joseph-Antoine meurt dès le 13 octobre 1763, il est inhumé en présence des "choristes de la paroisse". Dans ces quatre actes, le père est dit une fois "musicien de l’église de St-Aignan" et une fois "musicien de cette ville". L'état social des parrains et marraines est rarement indiqué, mais presque tous sont alphabétisés.

• Janvier 1762, Orléans : Dans le projet de budget de l'Académie pour 1762 (seul conservé), VIGNON apparaît comme basse taille avec des appointements de 60 livres. Il chantait donc lors des concerts de l'Académie de musique dirigée par François GIROUST, en compagnie d'autres musiciens des églises orléanaises comme Christophe MOYREAU, Louis LEVASSEUR, Jean-François FOUCART, Jacques BUDON, Paterne GOURGOULIN, Gabriel LÉVÊQUE, Nicolas-Adrien FRANÇOIS... mais aussi en compagnie de maîtres indépendants tels le violoniste Charles BRANCHE ou les maîtres à danser DARNAULT et MAUBAN – dont la fille chantait également à l'Académie.

• Au plus tard durant l'été 1765, la famille Vignon est revenue vivre sur la paroisse Saint-Pierre-Empont. Là, le 31 août 1765 meurt le petit Édouard-Ignace, 17 mois. Puis naissent Jacques-Julien-Marcoul (le 13 janvier 1766) et Pierre-Cosme (le 29 septembre 1767). Comme pour les enfants précédents, les parrains et marraines choisis savent signer.

• 24 août 1767, Orléans : Florent VIGNON "musicien de l'église collégiale de St-Aignan" est le parrain d'une fille d'Étienne-Philippe DÉSIR, chantre de la paroisse Saint-Pierre-Ensentelée.

• 18 mars 1768, Orléans : "Pelé famme vignon", signe très maladroitement l'épouse de Florent Vignon, après avoir assisté à l'inhumation de son fils de deux ans, Julien-Marcoul.
• 22 avril 1768, Saint-Jean-le-Blanc : Pierre-Cosme Vignon, âgé de six mois et demi, est inhumé dans le cimetière de cette paroisse, en présence de sa mère, qui a donc enterré deux fils en un mois. L'enfant avait probablement été mis en nourrice dans ce village, proche à vol d'oiseau de la collégiale Saint-Aignan, mais situé de l'autre côté de la Loire. En empruntant le nouveau pont (dans le prolongement duquel a été percée la rue royale qui relie la Loire au Martroi), on peut estimer qu'il fallait environ une demi-heure à pied pour s'y rendre depuis Saint-Aignan.

• Après ces huit fils, dont deux ou trois seuls survivent, naissent trois filles, Roze-Gabriel [sic] le 17 février 1769, Julie-Sophie  le 25 avril 1773 dont les prénoms suggèrent une influence rousseauiste, et enfin une "anonyme" décédée aussitôt après avoir été ondoyée le 17 septembre 1778. Julie-Sophie n'avait, quant à elle, vécu que durant 22 mois et était morte le 24 février 1775 à Saint-Pierre-Empont.
Sur les onze enfants mis au monde, les époux Vignon n'en voient grandir que trois ou quatre au mieux (sous réserve d'autres décès qui ont pu survenir dans une autre paroisse).

• [1770], Orléans : Après le départ de François GIROUST pour Paris (en juin 1769), l'Académie de musique périclite rapidement. Les musiciens qui s'y impliquaient perdent ce rendez-vous hebdomadaire qui durant plus de douze ans les a soudés et vraisemblablement stimulés.

• 1775, 1776, 1778 et 1779, Orléans : Les almanachs mentionnent un M. Vignon “Maître de musique pour la flutte et le basson", enseignant rue de l'écrivinerie (ou écrivainerie).

• 1782, Orléans : Florent VIGNON, "musicien", demeurant rue de Semoy, est capité à 1 livre et 15 sols pour 1782. Il est ainsi placé dans le bas du classement des capitations de musiciens (la plupart sont autour de 3 à 4 livres).

• 16 août 1786, Orléans : Décédée la veille, à l'âge de 49 ans, l'épouse de Florent Vignon, Catherine-Roze Pelé [Plé], est inhumée à Saint-Pierre-Empont, "en présence de ses enfants qui ont signé". "Ses enfants" sont ses deux fils, Sylvain-Florent et "Filbert".

• Fin 1787, fin 1788 et fin 1789, Orléans : Les almanachs conservés mentionnent toujours un VIGNON sans prénom dans la liste des maîtres de musique pour l'année suivante, pour la musique instrumentale (flûte et basson), demeurant rue de l'Écrivinerie.

1790, Orléans : Florent VIGNON est toujours basse-contre à la collégiale Saint-Aignan où il dit exercer depuis 35 ans, après avoir d'abord servi durant huit ans à la cathédrale Sainte-Croix. Ce qui lui permet de déclarer un total de 43 années de service. Ses revenus sont de 550 livres. Il a éprouvé une paralysie totale qui a duré six ans et il ne se rétablit pas complètement.
À Saint-Aignan, il chante sous la conduite du jeune maître de musique Jacques Marie Léonard CABARET, en compagnie de la basse taille Honoré-Léopold DELAFESTE et du chantre choriste Pierre BRUGÈRE, auxquels s'ajoutent le jeune VAILLANT ex enfant de chœur et un "Sacristain Tunicaire" nommé LAROUSSE qui prend peut-être part au chant. Les voix sont soutenues par le serpent Paterne-Denis BLAUT, et relayées par l'organiste Martin NIOCHE.
• [1790-1791] : Florent VIGNON fait une demande de pension au Comité ecclésiastique. Le district d'Orléans propose de lui accorder une pension de 550 livres, ramenée à 450 par le département.

• 29 avril 1792, Orléans : Florent VIGNON s'éteint à l'Hôtel-Dieu. Il est inhumé le surlendemain au cimetière de Saint-Vincent, en présence de l'un de ses fils, Sylvain-Florent, de son cousin germain le chantre Étienne-Philippe DÉSIR et de Charles-Michel Farcinade, gendre de DÉSIR et vraisemblablement chantre lui aussi. L'acte le qualifie toujours de musicien, et indique qu'il était veuf de Catherine-Rose Pelé, "natif de Néele" [Nesle], et âgé de 67 ans (ce qui confirme 1725 comme année de naissance).

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• Son fils Sylvain s'engage comme volontaire au Deuxième Bataillon du Loiret dès le 9 août 1792 où il obtient les grades de Caporal puis de Sergent. Il fait toutes les campagnes de la République, il embarque le 5 brumaire an X (27 octobre 1801) sur la frégate La Thémise [sic] de l'escadre de Toulon, puis il est fait prisonnier de guerre.... On le retrouve ensuite dans l’infanterie de ligne napoléonienne, ou il est attesté en 1803-1805. Il est "rayé des contrôles" le 1er octobre 1806.
• 17 février 1798, Orléans : Sa fille Rose-Gabrielle se marie avec Jean-Pierre Marcadet, graveur sur bois et métaux. Elle en aura sept enfants, tous nés à Orléans, puis la famille Marcadet part s'installer à Rouen, où Rose-Gabrielle décède le 29 janvier 1832.

Mise à jour : 19 avril 2019

Sources
Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1776 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1778. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1780 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1783 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1785 ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1788. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1789. ; Calendrier historique de l'Orléanois… pour 1790. ; F-Ad45/ 2Mi149 ; F-Ad45/ 3NUM 234/ 1668 ; F-Ad45/ 51 J 4 ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre-Ensentelée ; F-Ad45/ BMS St-Jean-le-Blanc ; F-Ad45/ BMS St-Liphard ; F-Ad45/ BMS St-Pierre-Empont ; F-Ad45/ BMS St-Pierre-Empont, Orléans ; F-Ad45/ S Hôtel-Dieu, Orléans ; F-An/ DXIX/090/739/02 ; F-An/ DXIX/090/739/03 ; F-An/ DXIX/090/755/15 ; Herluison et Leroy, "Notes artistiques…", 1897  ; Étrennes Orléanoises, curieuses et utiles… pour 1775

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