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VASSAL, Jean François (1743-1819)
État civil
NOM : VASSAL     Prénom(s) : Jean François     Sexe : M
Date(s) : 1743-3-25   / 1819-12-18 
Notes biographiques

Basse taille, "une voix très mordante", d'une grande étendue, un caractère effacé, originaire de l'ancien diocèse d'Alet en pays occitan, reçu sous-chantre en titre à la cathédrale Saint-Pierre de Nantes, ainsi peut-on présenter Jean François VASSAL. Il a été musicien de la cathédrale de Toulouse sans que son parcours précédent soit clairement déterminé. Il en va de même des dernières années de sa vie passées dans la région de Carcassonne.

*** Une jeunesse en pays toulousain

• 26 mars 1743, Caudiès-de-Fenouillèdes [Pyrénées-Orientales] : Jean François VASSAL "fils au sieur Joseph et demoiselle Baron" est porté sur les fonts le lendemain de sa naissance. Le parrain et la marraine demeurent dans cette petite paroisse du massif des Corbières, dépendant de l'ancien diocèse d'Alet [Aude actuellement]. Le père signe l'acte de sa graphie élégante, au trait affirmé, voire autoritaire, laissant entrevoir une fonction de régent-chantre.

• Les années de formation du jeune Jean François VASSAL restent à renseigner : est-ce auprès de son père ? ou bien de son oncle Joseph Vassal prêtre et parrain de son frère aîné François Joseph ? À moins qu'il ait été l'un des quatre enfants de chœur de la cathédrale d'Alet éloignée d'une quarantaine de kilomètres ?

• 1762-1764, Bugarach [Aude] : Les registres paroissiaux de Bugarach, qui était également du diocèse d'Alet, citent Jean-François VASSAL assistant à des baptêmes ou mariages pendant deux années. Il exerce comme régent de la paroisse et signe à l'identique de son père précisant qu'il est clerc tonsuré (c.t.).

• 1764-1768 : Ces quatre années restent à documenter.

• 5 mars 1768, Toulouse [Haute-Garonne] : VASSAL est musicien (voix de basse-taille) de la Chapelle de musique de la cathédrale Saint-Étienne. Il demande au chapitre une augmentation de ses gages et obtient 15 livres par mois ainsi que sa place de prêtre de chœur. Sans doute est-il encore en cours de formation car il justifie sa demande d'augmentation par le fait qu'il est obligé de payer un maître de musique.

• 7 janvier 1769, Toulouse : VASSAL obtient du chapitre 20 sols mensuelles supplémentaires de gages, soit 12 livres par an. Sa rémunération totale est donc portée à 192 livres.

• 14 avril 1769, Toulouse : VASSAL quitte sa place pour « desservir un bénéfice dont il a été pourvu ». Il demande « pour adoucir la rigueur de sa retraite un certificat de service », que le chapitre lui octroie.

• 1769-1775 : Si Jean François VASSAL quitte la cathédrale Saint-Étienne, sa destination reste inconnue probablement dans le diocèse puisqu'il revient à Toulouse.

• 4 novembre 1775, Toulouse : VASSAL est repris par le chapitre à la suite au départ du sieur LAURAS, qui chantait la basse taille. Le chapitre déclare "connaître la voix " et il est "remis sur la pointe pour chanter à la musique". Ses gages seront de 10 livres mensuelles.

*** Le parcours nantais

• 1760-1788, Nantes [Loire-Atlantique] : Étudier les musiciens bénéficiers de l'église de Nantes impose en premier lieu de retracer le long procès ayant opposé le bas chœur aux chanoines entre 1767 et 1788. L'objet du litige porte sur la réorganisation de la musique par le chapitre qui, comme nombre de ses  confrères,  a les yeux rivés sur Paris. Il a conscience que la musique contribue au prestige de son église. Deux démarches parallèles sont menées entre 1760-1770. D'une part, le chapitre marque sa volonté d'embellir la musique au chœur en multipliant les critères d'exigence ; d'autre part, il en organise le financement sans surcoût. Les chanoines prennent ainsi le parti de remanier ou supprimer des chapelles, dont les revenus sont mis en régie dans une "bourse commune" (1760).
Cette première réorganisation sème quelque trouble. Puis, en 1767, poursuivant sa stratégie, deux sociétés dédiées aux bénéficiers sont unies à la mense capitulaire au lieu d'être portées à la bourse commune. C’est le pas de trop qui met le feu aux poudres.
Le bas chœur des clercs, représenté par les maires chapelains, sous-chantres, diacre et sous-diacre, "s'estimant spolié" fait front, s'organise et porte l’affaire devant le Parlement de Bretagne à Rennes. L'affaire est initiée par un sous-chantre, le sieur Coeur de Roi qui dénonce "l'abus" du chapitre. MABILLE va en devenir le principal instigateur peu de temps après son arrivée. Concrètement :
-  le bas chœur des clercs, représenté principalement par trois maires-chapelains MABILLE (désigné syndic), CHAUVET (premier maire-chapelain), et POIGNAND, le second sous-chantre GODÉ ainsi que le sous-diacre RIVIÈRE, s'organise et saisit la justice. Le chapitre sera finalement débouté après des années de procédures.
 - Trois officiers restent en retrait : le maire-chapelain CHEVREUIL qui intervient ponctuellement à partir de 1786 tout comme le diacre BRIAND.
Jean François VASSAL, un tempérament effacé, est le seul bénéficier à ne pas se joindre à la procédure collective, ce qui lui vaudra à court terme une reconnaissance du chapitre et ultérieurement des  représailles de ses alter ego.

• [1778], Nantes : Selon l'abbé Grégoire, Jean François VASSAL aurait été recruté en 1783, ce qui semble tardif. Il est plus vraisemblable qu'il ait succédé au sous-chantre et basse-taille Joseph BODEREAU reçu à Rennes en décembre 1777. Sa belle voix de basse taille a certainement été un argument en sa faveur. Les conditions de son engagement restent à préciser. Est-ce un recrutement initié par le Maître de musique CAPPA-LESCOT originaire de Toulouse ?

• [1780] : Jean-Baptiste DARDEAU, basse taille de la cathédrale Saint-Pierre adresse un billet à un mystérieux correspondant du chapitre de Tournai [Belgique] à qui il propose les services d'un confrère dont il tait le nom par discrétion. Il s'adresse vraisemblablement à un musicien car il fournit des détails sur les capacités musicales du sieur VASSAL qui correspond point par point à la description. Il est basse taille, "une forte voix dont l'étendue est depuis sol en bas jusques au fa en haut" qui en fait une basse récitante parfaite. De plus, "la voix [est] très mordante et excellente pour la psalmodie, sachant supérieurement bien son chant". Il s'agit d'un musicien, en titre, présent depuis un an qui ne parvient pas à "s'accoutumer aux mœurs du pays" alors qu'il a l'estime et l'amitié tant de ses pairs que de sa hiérarchie. VASSAL est effectivement fort respectueux de la hiérarchie, évitant les troubles au contraire de certains autres choristes.

• 12 janvier 1786, Nantes : Les officiers du bas chœur adressent leur supplique au Parlement de Bretagne dans l'affaire ci-dessus citée. Cependant, leurs revendications vont au-delà du propos de la procédure car elles portent des récriminations salariales. Les maires-chapelains sont appointés 800 livres par an soit moins que le premier sous-chantre VASSAL (900 livres). Louis GODÉ omettant sa position de clerc tonsuré et second sous-chantre fait remarquer qu'il ne touche que 700 livres. La cause de leur tourment est donc le discret Jean François VASSAL, qui s'est abstenu de participer à l'action collective, et bénéficie de la confiance des chanoines. L'estocade ne sera pas la seule, dévoilant les tensions qui peuvent exister dans un groupe semblant par ailleurs homogène et solidaire.

• 11 juillet 1786-1er août 1788, Nantes : VASSAL s'abstient de participer à la nouvelle controverse juridique entre le chapitre et les officiers de chœur concernant une modification de préséance. Les plaignants, à savoir les mêmes que ci-dessus, s'opposent à ce que deux bedeaux soient interposés entre eux et les maire-chapelains lors des processions telles celles de la Fête-Dieu ou de l'Assomption. Les tensions sont telles qu'ils considèrent toute modification d'organisation comme une volonté de "spoliation" de leurs droits.

• Juillet-août 1788, Nantes : Jean François VASSAL informe le chapitre d'une altercation survenue au chœur avec le maire-chapelain POIGNAND le 22 juillet en présence des choristes LA MARRE et DONON. Alors qu'il était maire-chapelain de semaine, POIGNAND a rejoint le chœur en retard, à la fin du troisième psaume. De plus, au lieu de continuer l'office, il n'a chanté la capitule qu'à la suite de VASSAL... Les choristes confirment les faits, le chapitre convoque VASSAL qui refuse d'être entendu et veut porter l'affaire au Présidial. Il s'en remet finalement à des notaires qui entendent l'accompagner à l'assemblée capitulaire à laquelle il est convoqué. Les notaires sont éconduits par le chapitre qui se voit dénier son droit de police sur les affaires du chœur. Le sieur POIGNAND finalement seul en chapitre et se voit en sus accusé d'insubordination. 

• En 1790, le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre, placé sous l’autorité du maître de musique François CAPPA-LESCOT, est constitué de deux haute-contre Vincent Pierre GAUTIER et François Jude MÉRY, une haute-taille Joseph JOLY, deux basse-taille Henry François DOUVILLE, Vincent LAMARRE, deux basse-contre, Étienne François PICARD et Jean-Baptiste DONON, deux serpents/basse-taille Jean GILET et Pierre RAGUENEAU – ce dernier jouant également du basson. Deux musiciens symphonistes sont employés régulièrement par le chapitre, à savoir les sieurs JULIEN et Laurent MARIE. L’organiste Denis JOUBERT est quant à lui maître de sa tribune.
Quatre maires-chapelains étoffent le chant à savoir Urbain MABILLE, Charles CHAUVET, Pierre François CHEVREUIL et Jean Toussaint POIGNAND ainsi que deux sous-chantres Jean François VASSAL et Louis GODÉ. Le diacre Barthélémy BRIAND et le sous-diacre Jacques Joseph RIVIÈRE complètent la structure cantorale.
La psallette est composée de six enfants de chœur identifiés (8 selon certains documents) qui dépendent du maître de musique aidé d’un maître de grammaire, le sieur Praud.

• 1790-1791, Caudiès [Pyrénées orientales] : Jean François VASSAL a quitté Nantes pour s'en retourner dans sa contrée d'origine où son activité n'est pas précisée. Il monte à distance un dossier afin d'obtenir le traitement qui lui est dû en étant représenté à Nantes, notamment par Narp et Gaultier. Les différents documents demandés tels certificats de vie, quittance de contribution patriotique de 100 livres en juin 90, acte de prestation de serment en mai 1791 sont fournis. Le district statue une première fois en faveur du versement de 600 livres au sieur VASSAL sous réserve d'accord du département.

• 6 avril 1792, Nantes : Le Directoire du district de Nantes, après avoir considéré l'ensemble du dossier reconnaît le bien fondé de la demande de Jean François VASSAL, prêtre, ci-devant sous-chantre de la cathédrale, d'autant que le sieur GODÉ, second sous-chantre a perçu 700 livres. Cependant, après vérification, il ressort que les comptes du chapitre ne permettent pas de régler son dû à VASSAL. Il est donc débouté de ses droits. Concernant ses autres bénéfices il n'apparait aucun titre prouvant qu'il en était titulaire. Il devra, en outre, fournir un nouveau certificat de vie et un nouveau certificat de résidence. Le dossier est reporté.

• 11 Ventôse an II [1er mars 1794], Nantes : Les administrateurs du District de Nantes informent VASSAL qu'après vérification des tableaux ecclésiastiques, le nom de VASSAL n'y étant pas porté, son dossier est rejeté. Qu'il ne soit pas répertorié est fort étonnant après une vingtaine d'années passées au chœur. Plusieurs hypothèses sont envisageables, comme celle d'un dossier insuffisamment suivi. On ne peut cependant écarter, compte tenu des tensions existant entre les ci-devant officiers de chœur, un ultime coup de griffe à l'encontre du trop sage VASSAL mené par MABILLE, devenu vicaire épiscopal après 1790.

• [1791-1819], Carcassonne [Aude] : L'activité de Jean François VASSAL reste à renseigner jusqu'à son décès. Est-il en exercice à la cathédrale après le Concordat ? Quelles responsabilités a-t-il dans un département où le clergé constitutionnel est insuffisamment formé ? Son expérience et son sérieux ont certainement été valorisés, reste à savoir où et comment ?

• 18 décembre 1819, Carcassonne : Monsieur Jean François VASSAL, prêtre agrégé de la cathédrale s'éteint à son domicile, âgé de 74 ans [76]. Il vivait chez un ferblantier, maison Vidal, rue de la Mairie.

Mise à jour : 6 mai 2020

Sources
A. Lallié, Le Diocèse de Nantes..., 1893 ; Archives d'Etat de Tournai, E13 ; F-Ad11/ BMS Bugarach ; F-Ad11/ NMD Carcassonne ; F-Ad44/ G 189 ; F-Ad44/ L 1097 ; F-Ad44/ L 1099 ; F-Ad44/ L 660 ; F-Ad66/ BMS Caudiès-de-Fenouillèdes, N-D de La Val ; R. Machard, Musiciens de la cathédrale St-Étienne…

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