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TARAIL, Jean François (1735-1812)
État civil
NOM : TARAIL     Prénom(s) : Jean François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : TARAIS
TAREIL
Date(s) : 1735-10-2   / 1812-3-4 
Notes biographiques

Le sieur TARAIL, nantais, est organiste au service de la collégiale Notre-Dame de Nantes après avoir fait partie de la "bande des musiciens" du duc d'Aiguillon selon l'expression de M.C. Mussat. Il est aveugle, "privé de la vue depuis sa tendre jeunesse, et n'ayant aucune fortune"... C'est un musicien solide dont le parcours linéaire est émaillé de quelques surprises. La solidarité des musiciens entre eux se manifeste lorsque TARAIL dépose sa requête auprès du Directoire.

• 4 octobre 1735, Nantes [Loire-Atlantique] : Jean François TARAIL, né le 2 du courant est baptisé paroisse de Sainte-Croix. Il est le fils de Jean Tarail, premier huissier au consulat de Nantes et de Louise Recommancé. Son parrain, Jean Lancelot est capitaine de navire et sa sœur Jeanne sa marraine. Il s'agit d'une famille honorable et le recteur de Sainte-Croix a présidé à la cérémonie qui regroupe famille et amis.
Lorsque Mellinet rapporte que TARAIL participait à la vie musicale de Nantes sous la magistrature de Gérard Mellier, cousin par alliance, il commet un anachronisme. En effet, Mellier a été maire de 1720 à 1728, année de son décès. Il n'a donc pas pu connaître J.F. TARAIL.

• La période de formation de Jean François TARAIL reste inconnue : où ? quand ? La suite de son parcours laisse entendre qu'elle fut solide et qu'il était lui-même pourvu de quelques talents. Il maîtrisait, cordes, orgue et composition. Aurait-il fait partie de la psallette de la cathédrale Saint-Pierre sous la maîtrise de GIBAULT et de l'organiste DESFORATZ ?

• [1756-1768] : Jean François TARAIL fait partie de la bande de musiciens du duc d'Aiguillon. Gouverneur de Bretagne, amoureux des arts, mécène, le duc entretenait une troupe de musiciens qui jouaient alternativement à l'église ou au concert. Certains ont composé des œuvres qu'Aiguillon a conservées dans sa bibliothèque après son retrait de la vie politique. Elles sont aujourd'hui consultables aux Archives départementales d'Agen. TARAIL fait partie des musiciens compositeurs ; il a dédicacé à son bienfaiteur une cantate "Le Retour de la Paix" (Ré Majeur, pour 2 voix, chœur et orchestre).

• [1770-1780], Nantes : L'érudit Mellinet (De la musique à Nantes) rapporte que TARAIL donnait des leçons de clavecin à travers toute la ville, dans une mise extrêmement soigné quasi excentrique, accompagné de son domestique et souffleur d'orgues, Julien THOMAS. La description est éloquente :
"Il donnait des leçons de clavecin et ne courrait jamais le cachet sans la toilette la plus soignée, toujours frisé à la pommade de jasmin, poudré au plus fin blanc, portant une fleur à la boutonnière de l'habit français en drap noir luisant qui recouvrait la veste et la culotte de satin ou s'appendaient deux chaines de montre. Ajoutez, pour compléter le costume, des boucles de jarretières et de souliers en argent façonné, qui faisaient ressortir l'élégance des bas de soie, et encore, un large éventail vert en été, ou en hiver un moelleux manchon, et enfin, en toute saison, le chapeau à cornes à la main, pour ne pas détruire l'harmonie de sa coiffure. Son domestique, Julien THOMAS, qui était aussi en même temps son souffleur d'orgues, le suivait en portant ses cahiers de musique et son parasol à ramages ..."

• Septembre-octobre 1774, Nantes : TARAIL met en vente dans les Affiches un clavecin à grand ravalement.
• 5 décembre 1774 : TARAIL est reçu organiste à la collégiale Notre-Dame. Il succède à Fortunato LAMBERTI qui n'était resté que deux années. Les deux hommes ont-ils pu se rencontrer dans la bande des musiciens du duc d'Aiguillon ? L'hypothèse non étayée à ce jour est possible. Ses honoraires sont de 300 lt par an versés en deux termes ainsi que 24 lt destinés à son souffleur, le sieur Julien THOMAS.

• 1775-1776, Nantes : D'après l'Almanach du commerce, des arts et métiers de la ville de Nantes pour ces deux années, TARAIL demeure "rue des Jacobins" et enseigne le "clavessin". Il est donc parallèlement à ses fonctions liturgiques professeur de musique.

• Septembre 1776 : Selon Mellinet Jean François TARAIL aurait souhaité se présenter au concours ouvert pour pourvoir l'orgue de la Cathédrale à la suite du départ de Pierre VALTER, mais les chanoines de la Collégiale l'en auraient dissuadé. Le concours fut remporté par Denis JOUBERT.

• Juin 1779, Nantes : TARAIL publie un avis dans les Affiches car il cherche un clavecin à petit ravalement.

• 12 septembre 1785, Nantes : Mr TARAIL organiste est autorisé par le chapitre à prendre des vacances selon l'usage, c'est-à-dire pour le "jour et la veille de Sainte-Thérèse".

• 22 janvier 1787, Nantes : Les registres capitulaires mentionnent en marge que "l'organiste a offert au chapitre un chant musical", plus exactement "une messe en chant musical" destinée aux fêtes solennelles. Le chapitre, dédicataire de cette composition, la reçoit avec satisfaction et propose de la faire relier à ses frais. Il est décidé de faire exécuter cette messe aux fêtes de Pâques Pentecôte, Fête-Dieu, Assomption, Toussaint et Noël.

• 4 juin 1787 : Les chanoines ayant convenu de confier à Mr TARAIL l'apprentissage de l'orgue par le second enfant de chœur Jean MÉNARD, ils en informent le maître de psallette qui autorisera l'enfant à sortir pour suivre ses cours.
• 14 juin 1787 : TARAIL fait demander au chapitre une augmentation de ses gages, arguant "de la chèreté des denrées et de son incommodité" (sa cécité) qui lui impose un domestique à demeure. Il obtient satisfaction et voit porter ses gages à 400 lt par an.
• 28 juin-18 août 1787 : Sur proposition du chanoine Urien, le chapitre commande au facteur TEXXIER/TEXIER quelques travaux sur l'orgue. Il est procédé au nettoyage de l'instrument ainsi qu'à la modification du jeu de Cromhorn jugé trop aigu. Le chapitre préfère lui substituer une Voix humaine "à l'harmonie plus agréable". La dépense de 200 lt indique la modicité des travaux.

• 1789, Nantes : Le Sieur TARAIL, organiste, demeurant paroisse Notre-Dame, rue de Verdun, est capité dans les rôles de 3 lt pour lui et ses sœurs dont il semble avoir la charge.

En 1790, l’effectif musical de la collégiale Notre-Dame est constitué de l’organiste Jean François TARAIL, du maître de psallette (et chantre) Bernard BÉDOIT, des psalteurs François GAUDINEAU, Charles François POTIRON, René POTIRON -également serpentiste et du sous-diacre Jean GANCEL ex-enfant de chœur.
Trois enfants de chœur sont en formation : Pierre LAINÉ reçu en juillet 1786, Arnould Bernard BÉDOIT en avril 1789 et Pierre Joseph DUBREUIL, en décembre 1789.

• 29 octobre 1790 : Le Directoire statue sur la pétition adressée par TARAIL, qui "mérite les plus grands égards tant à cause de son âge que de son infirmité". Après avoir reconnu son talent, la nécessité de supprimer la collégiale, l'impossibilité d'une reconversion, l'assemblée décide d'envoyer la requête à l'Assemblée nationale en demandant que TARAIL continue à percevoir son traitement de 400 lt par an.
• 27 décembre 1790 : Jean François TARAIL adresse une requête aux administrateurs du district de Nantes concernant le paiement de son traitement pour la seconde partie de l'année 1790.
 
• 12 janvier 1791, Nantes : Les administrateurs du Directoire du district de Nantes après délibération, décident de lui accorder 224 lt pour la demie année de son traitement (soit l'équivalent de ce qu'il percevait auparavant).

• 29 janvier 1793, Nantes : Jeanne Tarail une sœur aînée de TARAIL, 82 ans, s'éteint Cloître Notre-Dame, c'est-à-dire chez son frère. Le décès est déclaré par deux voisins, un serrurier et Pierre Buret cordonnier qui n'est autre que l'ancien sacristain de Notre-Dame.

• 20 frimaire an IX [11 décembre 1800], Nantes : Jean François TARAIL, âgé de 65 ans, devenu harmoniste, demeurant toujours cloître Notre-Dame, se marie avec Marie Elizabeth Renaudin, rentière de 30 ans sa cadette. On remarque parmi les témoins un cousin maternel de TARAIL, ainsi qu'un Thomas qui n'est pas le souffleur d'orgue mais un ancien notaire du roi en l'Ile de Saint-Domingue.

• [1802-1812], Nantes : Il semblerait que Jean François TARAIL ait été organiste du grand orgue de la cathédrale Saint-Pierre après la décès de Denis JOUBERT (12 octobre 1802) jusqu'à son décès. Il aurait pu en être co-titulaire à partir de 1808 avec Aimée GOUTEL jeune fille de 19 ans au parcours inconnu ou encore son professeur. L'hypothèse est plausible bien que non documentée. Il est vrai que les registres concordataires font partie de ceux qui ont brûlé lors de l'incendie de 1944.

• 18 décembre 1806, Nantes : Le sieur TARAIL perd sa sœur aînée Elizabeth Angélique Tarail, rentière, célibataire, âgée de 90 ans qui demeurait chez lui.

• 27 messidor-24 fructidor an IX [16 juillet-11 septembre 1801], Nantes : Jean-Baptiste DONON ex-chantre de la cathédrale et Bernard BÉDOIT, écrivain, aident Jean François TARAIL, ex-organiste de la collégiale Notre-Dame, à constituer un dossier de pension alors qu'il est âgé et aveugle. Ils rédigent un acte de notoriété concernant son temps de service ainsi qu'un certificat de résidence brossant un portrait aussi sommaire que savoureux du musicien :
"âgé de 65 ans passés, taille de 1.59 m cheveux : perruque, sourcils blonds, yeux aveugle, nez aquilin, bouche moyenne, menton rond, visage oval plein, front haut".

• 4 mars 1812, Nantes : Deux fabricants de cordes de violons, les frères Zappone, déclarent en mairie le décès de Jean François TARAIL, harmoniste de 76 ans passés, pensionnaire de l'état, époux de Dame Marie Elizabeth Renaudin.

• 7 juillet 1826, Nantes : Marie Elizabeth Renaudin, institutrice, veuve de Jean François TARAIL meurt à son tour à 63 ans.

Compositions recensées de Jean François TARAIL

 -https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/ark:/06871/0013564617 (consulté le 26 mars 2021)
 Ad-47, Agen (Lot-et-Garonne) cote : 78 (1-11), Bibliothèque musicale des ducs d’Aiguillon
TARAIL Jean François, cantate Le Retour de la Paix
Partition manuscrite – Dédicataire : le duc d’Aiguillon ;Parties : 1er  dessus, 2nd dessus, Haute contre, Basse taille, 1er violon, 2nd violon, Alto viola, basse continue, hautbois ou flûte, basson en Ré M, 10 parties, dédicace et signature. Pour 2 voix chœur et orchestre.

- 1787, Nantes, "Messe en chant musical pour les fêtes solennelles" dédiée au chapitre Notre-Dame.

Mise à jour : 8 avril 2021

Sources
Ad-47/ Agen 78 (1-11) ; Almanach du commerce, des arts et métiers de la ville de Nantes ; C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; Courriel M.-Cl. Mussat, 3 novembre 2009 ; F-Ad44/ 1 Q 297 ; F-Ad44/ BMS Nantes, Ste-Croix ; F-Ad44/ G 340 ; F-Ad44/ G 739 ; F-Ad44/ L 1046 ; F-Ad44/ L 43 ; F-Ad44/ NMD Nantes ; F-Ad44/ Q 555 ; F-Ad44/ Rôles de capitation de Nantes ; F-An/ DXIX/101/539 bis/04 ; Geneanet ; Granges de Surgères, Les Artistes nantais... 1898. ; La Laurencie, La vie musicale...,1906 ; Les Affiches de Nantes

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