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TACET, Joseph [René] (1732-1801)
État civil
NOM : TACET     Prénom(s) : Joseph [René]     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : TASSET
TACÉ
Date(s) : 1732-12-8  / 1801-9-5
Notes biographiques

Chez les TACET, on est musicien de père en fils. Morice, le père, tourne des flûtes au Mans, Joseph-René, le fils, est flûtiste et compositeur. Quant à Jeanne-Marianne que certains disent "anglaise" elle sera aussi musicienne. Peu d'éléments concrets sont cependant disponibles, laissant place à des témoignages proches de la légende, parfois fort romantiques. La famille TACET n'en est que plus attachante depuis la carrière de Joseph-René à Londres, l'union de Jeanne aux Villenave, ou encore à la génération suivante Mélanie Villenave-Waldor, femme de lettres indépendante, muse d'Alexandre Dumas père, puis de Cavour...
Si le nom prend alternativement la forme TACET ou TASSET, la renommée de Joseph-René est liée à l'orthographe TACET. Après étude, ce parcours se révèle à la limite du champ d'étude Muséfrem. TACET est en lien avec l'organiste BARBANDT alors que son hypothétique passé d'enfant de chœur reste une question irrésolue.

• 8 décembre 1732, Le Mans [Sarthe] : Joseph-René TACET voit le jour dans le cœur de la ville du Mans, paroisse du Crucifix, tout près de la cathédrale. Il est porté sur les fonts par Messire Joseph-René de Vauguion, chanoine du chapitre Saint-Julien. Ses parents sont Maurice, tourneur, sa mère Jeanne Grannal. Père, parrain et marraine signent un acte aux informations succinctes. L'ouvrage Les artistes Nantais précise que TACET père "était fort habile pour la facture des flûtes et hautbois", une information qui peut modifier l'apprentissage musical de Joseph-René initialement attribué à une psallette.

• La formation musicale de J.R. TACET continue à interroger. Initialement, un parcours classique au sein de l'une des deux psallettes mancelles, durant les années 1740 à 1750 environ, a été envisagé. S. Granger a confirmé qu'il n'avait pas fait partie de l'effectif de la psallette de la collégiale Saint-Pierre-La-Cour. Quant à la cathédrale, les registres font défaut. Son nom n'a pas été relevé dans l'unique registre capitulaire survivant pour le XVIIIe siècle (décembre 1730-mai 1743), mais plusieurs mentions de réception d'enfants de chœur sont enregistrées de 1738 à 1741 sans que leurs noms soient donnés : le petit TACET pourrait être l'un d'eux, peut-être avec l'appui de son parrain chanoine. L'autre alternative tient à la profession de son père, luthier, qui permettrait d'envisager un apprentissage musical familial, par imprégnation.

• 2 mai 1746, Nantes [Loire-Atlantique] : L'inhumation d'un des enfants, Maurice-Louis-Anne, âgé de 20 ans, permet de dater approximativement l'installation de la famille Tacet à Nantes où le père est encore tourneur. C'est Jeanne Grandval qui signe l'acte de décès. Ils dépendent alors de la paroisse Saint-Léonard où ils sont entourés de trois prêtres ce qui indique des liens étroits avec le clergé.

• 9 février 1748, Nantes : Jeanne Grandval, 47 ans ou environ, épouse de Maurice Tacé, tourneur, meurt à son tour. Son fils Joseph TASSET (orthographe de la signature), est présent ainsi qu'un autre tourneur, François Louis.

• 27 avril 1749, Nantes : Morice Tacet, veuf, est inhumé en présence d'un ferblantier et d'un charpentier de navire. Joseph TACET serait-il déjà parti à Paris ? Une fille, Françoise-Marguerite, née au Mans vers 1731 paroisse du Crucifix, est actuellement la seule autre fille connue de la famille.

• [1749-1750], Paris : Joseph TACET a pour professeur de flûte Michel BLAVET (1700-1768), musicien autodidacte et compositeur renommé.

• 6 avril 1751, Paris : Les archives de l'université McGill relèvent que Joseph TACET a joué au Concert Spirituel, ce que confirme Constant Pierre (Histoire du Concert Spirituel réédité en 2000). Cependant, contrairement à ce que laissent entendre certains biographes, l'expérience de TACET dit à tort "l'Anglais" s'est limitée à une représentation. C. Pierre ose un jeu de mot musical ajoutant "que son nom semblait prédestiné au silence".

• [1752], Nantes : Selon son acte de mariage le sieur TACET était résident de la paroisse Saint-Nicolas à Nantes malgré son début de carrière parisien.

• 10 février 1753, Caen [Calvados] : Joseph-René TACET, "musicien", qui réside alors sur la paroisse Saint-Nicolas de Nantes, où trois bans ont été publiés, épouse  Élisabeth Delafosse, fille de Jacques Toussaint DELAFOSSE et Élisabeth Delacombe, de la paroisse Saint-Pierre– où est célébré le mariage. Si l'acte ne dit rien du métier exercé par son nouveau beau-père, de nombreux autres documents le disent musicien ou maître à danser. Il s'agit donc typiquement d'une union endogamique au sein des métiers de la musique. Compte tenu de la suite de la carrière de TACET, l'hypothèse d'Élisabeth Delafosse musicienne semblerait cohérente.

*** Intermède de concertiste en Angleterre [1755-1780]

TACET, flûte traversière, participe à de nombreux concerts comme soliste ou à des oratorios dans les théâtres londoniens. Il intervient également lors de concerts de charité en faveur de musiciens indigents (King's Theater) ou encore au Concerto Spirituale de Drury Lane, Covent Garden.

• 13 février 1755, Londres [Royaume-Uni] : TACET joue en soliste sur une flûte traversière au théâtre du Haymarket, un des instruments qu'il a améliorés.

• 1755-1756, Londres : Joseph-René TACET donne plusieurs concerts avec le compositeur et hautbois BARBANDT. Le programme s'articule en deux parties. La première autour d'un oratorio "The universal prayer" composé par BARBANDT sur un texte de Mr Pope où les deux musiciens sont accompagnés d'un violon. Puis en seconde partie est donné un concerto pour clarinettes, cors et percussions signé Charles BARBANDT.

• 1762, Londres : Jeanne-Marianne, unique fille de TASSET et d'Elizabeth Delafosse voit le jour à Londres, ce qui lui vaudra d'être appelée "l'anglaise" à son retour en France. Il semble qu'elle ait reçu une éducation complète. Elle est bilingue et musicienne.

• 1761-1770, Londres : TACET est répertorié dans les programmes de plusieurs concerts, en janvier 1761, février 1769, juin 1770.

• 20 décembre 1764, Londres : Georges Harris dans son journal rapporte un concert auquel il a assisté au Whitehall – ou à son domicile– et où il a entendu TACET flûte traversière et GRATIANI au violoncelle. Le duc de Gloucester a joué du violoncelle au début du concert. Il semble que TACET ait joui d'une certaine renommée outre-Manche.

• 1774, Londres: La grande encyclopédie Larousse (1973), à l’item flûte, rapporte un perfectionnement apporté en 1774 par Joseph TACET ou les Allemands Peter Nicolaus Petersen et Wolff. Cette innovation donnera lieu à la publication d'un manuel et a certainement contribué à la célébrité du musicien.

• Mars & avril 1775, Londres : Philip Highfill (A biographical dictionary of Actors, musicians... 1991) indique que les dernières apparitions de TACET sur scène datent de 1775 au King's Theater dans les oratorios de Samson et du Messie, accréditant ainsi une rencontre avec Haendel relatée par certains biographes.

• 1770-1780, Londres : Joseph René TACET est également réputé pour avoir apporté des améliorations à la flûte en perçant des trous supplémentaires permettant de jouer "juste" les demi-tons. Un manuel est publié à Londres vers 1780 - The compleat tutor for the German-flute : containing the easiest and most modern methods for learners to play, to which is added a favorite collection of song tunes, minuets, marches, duets, &c. Also the method of double tongueing and a concise scale and description of a new invented German-flute with additional keys such as play'd on by that celebrated master (cf. infra).
On attribue à TACET des élèves comme la duchesse d'Hamilton, Miss Gardner, Sterne, Ferguson.

• [1780-1785], Londres : À la suite du décès de sa femme, Elizabeth Delafosse, TACET revient à Nantes avec leur fille. Ses sœurs sont certainement un soutien dans l'éducation de Jeanne Marianne.

*** Retour nantais

TACET s'est-il installé chez ses sœurs ainsi que l'indiquent certaines biographies ? L'homme ayant fait de bonnes affaires en Angleterre a plus probablement trouvé demeure à son goût. Son assise financière, sa position de rentier, le situaient parmi les élites nantaises qui transparaît notamment dans la correspondance de sa fille avec Villenave avant leur mariage. Quels liens entretient-il avec les musiciens ou la musique ? Ceci reste à déterminer.

• 30 avril 1792, Nantes : Jeanne-Marianne dite l'"anglaise", fille majeure de Joseph René TACET, épouse Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave. Le jeune homme est d'origine parisienne, fils de médecin, avocat, poète et journaliste. Il adopte Nantes dont il devient l'une des figures de la Révolution. Il y créera des journaux. Villenave est connu pour avoir osé s'opposer aux exactions de Jean-Baptiste Carrier, sinistre commanditaire, entre autres, des noyades de Nantes ayant coûté la vie à des milliers de personnes (entre quatre et huit mille selon les témoignages).
Pour l'heure, le mariage réunit de nombreux invités qui signent le registre dont Joseph-René TACET père ainsi que le facteur de piano CLASSING.

• 29 juin 1796, Nantes : Mélanie, petite fille de Joseph TACET vient au monde. Elle épousera le 22 mars 1822  François Emile Waldor, officier souvent absent. Mélanie Waldor va connaître une carrière parisienne de femme de lettres indépendante, fréquentant les salons mondains. Elle sera la muse d'Alexandre Dumas père, puis de Cavour et écrit entre autres le drame "L'école des jeunes filles" en 1841.

• 19 pluviôse an IX [6 septembre 1801], Nantes : Jean-François Yvelin officier de santé et Pierre Dufo instituteur, déclarent le décès de leur ami Joseph-René TASSET survenu la veille. Il habitait rue Vignolle, était veuf, rentier et originaire de la Sarthe. Musique et musicien semblent loin.

Les éléments biographiques concernant Joseph TACET et sa descendance, ont ce qu'il faut de piment, voyages, rencontres pour se prêter aux interprétations, mythes chers au XIXe siècle. Il faudrait encore évoquer les échanges épistolaires entre Villenave et Miss Tasset ayant précédé leur union (Revue rétrospective, recueil de pièces intéressantes, 1890),... bien loin des musiciens d'église, quoique.... Villenave aurait quitté la vie ecclésiastique par amour pour Miss Tasset ; tout est possible chez les Tacet.

Mise à jour : 9 janvier 2021

Pour découvrir les compositions de Joseph TACET  :

- 3 sonates pour flûte (et basse), op.1, Amsterdam chez J. Schmitt marchand de musique (ca 1780). Il est à tort classé comme compositeur anglais. (Site internet IMLSP)

- 6 sonates pour flûte ou violon avec la basse chiffrée dédiées  sa majesté la Reine d’Angleterre, composées par Joseph TACET, à Paris chez le sieur le Marchand cloître St-Thomas du  Louvre, 1773 (Gallica)

-  Lady coventry’s Minuet with variations (ca 1770) (https://www.ebooksread.com/)

- The compleat tutor for the German-flute : containing the easiest and most modern methods for learners to play, to which is added a favorite collection of song tunes, minuets, marches, duets, &c. Also the method of double tongueing and a concise scale and description of a new invented German-flute with additional keys such as play'd on by that celebrated master Mr. Joseph Tacet, Londres, imprimé par SA & P. Thompson, St Pauls church, 1780 (internetarchive https://archive.org/details/compleattutorfor00char/page/n1/mode/2up)

Sources
Ad44/ BMS Nantes, St-Léonard, St-Nicolas ; Biographie de tous les musiciens..., 1847 ; C. Pierre, Histoire du Concert spirituel..., 2000 ; D. Burrows, Music and theatre in Handel's world..., 2002 ; Encyclopédie Larousse, 1973 ; F-Ad14/ BMS Caen, St-Pierre ; F-Ad44/ BMS Nantes, St-Clément ; F-Ad44/ NMD Nantes ; F-Ad72/ BMS Le Mans, Le Crucifix ; Nouvelles archives de l'art français, 1898  ; P.H. Highfill, A biographical dictionary..., 1991 ; Rice A., The baroque clarinet and chalumeau... 1992

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