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RAMEAU, Claude (1689-1761)
État civil
NOM : RAMEAU     Prénom(s) : Claude     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : Claude Bernard
Date(s) : 1689-1-1  / 1761-5-19
Notes biographiques

Quoique décédé près de trente ans avant la Révolution, Claude-Bernard RAMEAU (le plus souvent prénommé Claude tout court) se devait de figurer dans la base Muséfrem : cet organiste, jeune frère du célèbre Jean-Philippe RAMEAU, a mené une carrière en dents de scie dans plusieurs églises dijonnaises puis à la cathédrale d'Autun. De ses deux mariages successifs, il a deux fils, Jean-François et Lazare, tous deux également musiciens. Le premier fournit la matière de l'ouvrage de Diderot Le Neveu de Rameau.

• Né le 1er janvier 1689 paroisse Saint-Médard à Dijon, baptisé le lendemain dans l’église collégiale Saint-Étienne, Claude-Bernard RAMEAU est l'un des jeunes frères de Jean-Philippe Rameau. Leurs parents sont Jean RAMEAU et Claude (ou Claudine) de Demartinecourt. Cette dernière, fille d'un notaire, issue d'une famille de la petite noblesse, donne le jour à de très nombreux enfants, dont Claude-Bernard est l'avant-dernier. Le père, Jean RAMEAU, est organiste de plusieurs églises de Dijon, soit en même temps, soit successivement. C'est lui qui donne à ses enfants leur formation musicale et fait d'eux des musiciens accomplis. Outre Claude et Jean-Philippe, un autre des enfants, Catherine [ou Marie-Claude], fait de la musique son métier ; excellente claveciniste, elle enseigne la musique à Dijon.

• Dès 1701, son grand frère Jean-Philippe a quitté Dijon et commencé une vie assez itinérante (Milan, Montpellier, Avignon, Clermont…) avant de se stabiliser plus tard à Paris, à partir de fin 1722 ou début 1723.

• 12 décembre 1714 : Son père, Jean RAMEAU, meurt chez lui, rue de la Vannerie, sur la paroisse Notre-Dame. Claude lui succède alors à l'orgue de Saint-Michel dont son père était le titulaire depuis une dizaine d'années. Il a presque 26 ans.

• Janvier 1715, Dijon : Claude RAMEAU se marie avec Marguerite Rondelet en l’église Saint-Michel après avoir signé un contrat de mariage devant notaire le 10 janvier 1715 (les apports du futur se montent à 8 000 livres, ceux de la future à 6 000).
 De ce mariage naîtront deux enfants, Jean-François (le 30 janvier 1716), et Marguerite-Marceline (en 1719). Lors du baptême de Jean-François, à Saint-Michel, Claude est dit "organiste", sans précision du poste occupé.

• 16 août 1735, Dijon : Claude RAMEAU est nommé organiste de l'église paroissiale Notre-Dame, où il succède à Joseph-André LORIN. Quatre jours plus tard il signe une convention pour trois ans avec des appointements annuels de 150 livres.

• 14 mars 1736 : Son épouse Marguerite Rondelet décède subitement.

• 30 janvier 1737, Dijon : Bénigne BALBASTRE, organiste de la cathédrale Saint-Étienne, est inhumé par le clergé de la paroisse Notre-Dame, en présence de deux musiciens de la cathédrale, Jean-Baptiste BARRE et Jean-Baptiste DAMBRUN.
Peu après, les comptes du chapitre de Saint-Étienne font apparaître le versement de 50 livres "à la veuve du sieur BALBASTRE organiste", puis de 93 livres "au sieur RAMEAU organiste depuis le 15 may 1737". Quinze jours plus tard, le 30 mai 1737, les fabriciens de Notre-Dame acceptent la résiliation de la convention qui liait Claude RAMEAU à la fabrique de Notre-Dame. Cela lui permet d’être nommé à l’orgue de la cathédrale Saint-Étienne.

• 18 avril 1741, Dole [Jura] : Claude RAMEAU a fait le déplacement de Dijon à Dole (50 km, soit près de dix heures de marche)  pour assister au mariage du facteur d'orgues Charles Joseph RIEPP, âgé de 31 ans, avec une jeune Doloise de 23 ans, Anne-Françoise Ève. Le frère du marié, Ruppert ou Robert RIEPP assiste également à la cérémonie et signe ("Ropert Riepp"). Parmi les témoins et signataires on identifie aussi le peintre Pierre Morlot (qui fera ultérieurement le portrait de la famille Riepp, publié en ligne par P.M. Guéritey : https://karljosefriepp.blogspot.com/2012/01/charles-joseph-riepp-franc-macon.html).

• 11 mai 1743, Dijon : Le jeune Claude BALBASTRE, encore mineur, ayant obtenu le poste de Saint-Étienne, une convention est signée avec sa mère, Marie Millot.
• Un mois plus tard, le 16 juin 1743, Claude RAMEAU est engagé par les Bénédictins de l’abbaye Saint-Bénigne pour toucher le bel orgue tout neuf construit par les frères RIEPP. Son contrat est prévu pour neuf années consécutives, moyennant des appointements annuels de 300 livres. Il semble toutefois qu'il ait hésité sur le parti à prendre et qu'il ait envisagé de tenter sa chance ailleurs. Le 11 août 1743, il est à Beaune et jusqu'au lendemain de l'Assomption, il touche l'orgue de la collégiale, vacant par le départ d'Edme LAUSSEROIS et de son épouse Anne CHAPUZOT pour Dijon. Puis Claude RAMEAU retourne à Dijon.

• En janvier 1748 ses émoluments annuels à Saint-Bénigne sont augmentés à 363 livres.

• Septembre 1748, Autun : À la demande du chapitre de Saint-Lazare d'Autun, Claude RAMEAU vient expertiser l'orgue que viennent de terminer les frères RIEPP. Il rend un rapport assez critique et reçoit la somme de huit louis d’or pour son voyage, son séjour à Autun et le temps qu’il a passé à la visite de l’orgue.

• 24 janvier 1755, Autun : L'organiste de la cathédrale Saint-Lazare, LEBŒUF, annonce son intention de démissionner de son poste. Après quelques tergiversations, il confirme cette démission le 7 février, démission qui normalement prendra effet fin avril, après ses trois mois de préavis. Le chapitre écrit à Dijon et à Paris pour recruter un nouvel organiste. Les registres capitulaires d'Autun, conservés à la Société Éduenne, permettent de suivre avec précision tout le déroulé de l'épisode.
• 2 mars 1755 : Claude RAMEAU semble très motivé par le poste de la cathédrale d'Autun. Moins d'un mois après l'officialisation de la démission de LEBŒUF, et alors qu'il reste donc deux mois de son préavis à courir, le Dijonnais, âgé de 66 ans, n'a pas hésité à se jeter sur les routes de cette fin d'hiver pour aller de Dijon à Autun négocier lui-même les conditions de son engagement. On remarque que les chanoines qui avaient voulu faire baisser les honoraires de LEBŒUF de 550 à 400 livres ne rechignent pas à lui promettre 600 livres, soit près du double de ce qu’il percevait à l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon.
• 7 mars 1755 : Claude RAMEAU est nommé organiste de la cathédrale d'Autun, pour neuf ans, moyennant des gages annuels de 600 livres. Le candidat avait demandé le remboursement de ses frais de voyage de Dijon à Autun ainsi qu'une indemnité pour le temps passé à expertiser l'orgue en compagnie de son prédécesseur. Le chapitre refuse ces deux points.
• Le lendemain, 8 mars, il signe son contrat, puis s'en retourne à Dijon. En effet, son engagement à Autun ne prend effet qu'au 1er mai, après le départ de LEBŒUF. Et c'est un mois plus tard, le 1er juin, qu'il devra commencer à donner des leçons d'orgue à un "sujet" choisi par lui dans le vivier local (enfants de chœur ou ex-enfants de chœur), afin de préparer son suppléant et successeur. Il devra lui donner gratuitement douze leçons par mois. À ses 600 livres de fixe annuel (payés par trimestres de 150 livres), s'ajouteront trois boisseaux de froment par mois. Il aura droit à un mois de vacances "qu’il pourra prendre chaque année entre la Notre-Dame de septembre et le 18 octobre, sans diminution de ses appointements", à condition de se faire remplacer pendant son absence, comme durant ses éventuelles maladies. On remarque que ces vacances se placent pendant la période des vendanges...
• 1er mai 1755, Autun : À cette date, Claude RAMEAU commence officiellement à exercer comme organiste de la cathédrale Saint-Lazare. Son prédécesseur, François-Henri LEBŒUF, reçoit ses derniers honoraires le 25 avril 1755 pour la période "depuis le 18 mars dernier jusqu’au 1er may prochain".
• 6 juin 1755 : Le chapitre charge RAMEAU – sans doute à sa demande – "d’acheter au meilleur prix que faire se pourra un clavecin ou épinette". L'instrument acheté sera installé dans la chambre du maître de musique, de façon à ce qu'il soit en sécurité. L'organiste et son élève s'installeront donc dans cette chambre pour les leçons. Un mois plus tard, le chapitre rembourse l'achat à son organiste : 144 livres pour l'épinette en elle-même, 12 sols "à ceux qui ont porté à Dijon lad. épinette chez le messager d’Autun", et 12 sols "pour port de lettres qu’il a reçues à ce sujet". Sans surprise, c'est à Dijon que l'organiste a fait affaire.
• 11 juillet 1755 : À la suite d'un examen des enfants de chœur, et sur l'avis du nouveau maître de musique, Simon MICHEL, le chapitre désigne le premier enfant de chœur pour apprendre à "toucher de l'orgue" avec l'organiste. Il s'agit de Simon GARIÉPOULE.
• 22 août 1755 : RAMEAU se fait rembourser 6 livres par le chapitre d'Autun, somme qu'il avait versée à son prédécesseur en échange d'un "livre qu’il a notté pour servir à l’orgue".
• 12 décembre 1755 : En cette fin d'année qui approche, le chapitre d'Autun verse le même jour 300 livres au "sieur" RAMEAU "pour six mois de ses honoraires" et 15 livres au "nommé" Clois, le souffleur d’orgue, "pour six mois de ses gages". Le premier fournira une quittance au trésorier, mais pas le second, "attendu que led. Clois ne sçait signer". Dans le choix du vocabulaire, comme bien entendu dans les niveaux des sommes versées, éclatent les contrastes entre les deux hommes.

• 9 octobre 1756, Dijon : En l’église Saint-Nicolas est célébré le (re)mariage de l'organiste avec une jeune fille originaire des environs d’Autun, Jeanne Guyot. On peut penser que si le mariage à lieu à Dijon et non à Autun, c'est que la jeune femme est déjà très visiblement enceinte et qu'ainsi se trouve évité tout scandale. Les deux villes sont séparées par 80 km environ par l'itinéraire pédestre le plus direct.
Le couple retourne alors à Autun, où naissent très rapidement quatre enfants : Lazare, Edmée et Lazare (n°2), sur la paroisse Saint-Jean-de-la-Grotte-Saint-Pancrace puis Simone, sur la paroisse Saint-Quentin. Le premier né, Lazare (qui fera aussi une carrière d’organiste), voit le jour trois mois et demi après le mariage de ses parents. Edmée (ou Émée) baptisée le 12 décembre 1758 a pour parrain son frère Lazare qui déclare ne pas savoir signer – ce qui pour un enfant de pas encore trois ans semble on ne peut plus normal... Il est d'ailleurs étrange qu'il ait été autorisé à être parrain, étant donné qu'il est loin de l'âge de raison préconisé par les canons de l'Église. Le second Lazare, né et baptisé le 9 décembre 1759, a pour parrain le musicien Lazare BARBOTTE et pour marraine la jeune Marie Roy, fille  d'Antoine Roy, cordonnier, qui se trouve être la future épouse du musicien François CHAPUSOT. Quant à la dernière née, Simone, le 16 novembre 1760, elle a pour parrain un avocat au parlement, et pour marraine une tante Guyot.

• 23 juin 1758, Autun : Le chapitre rembourse 12 livres à son organiste "pour quelques petites réparations qu'il a fait faire à l'orgue de leur église". Il lui enjoint en même temps de ne plus faire faire aucune réparation à l'orgue sans y avoir été autorisé.

• 2 janvier 1761, Autun : Le chapitre recommande à son organiste "de veiller à faire fermer les portes de l'orgue qui peuvent endommager ledit orgue lorsqu'il les laisse ouvertes". Comme l'écrit Léonce Lex qui a publié en 1905 ces deux délibérations de 1758 et 1761, "c'étaient peccadilles" et le chapitre d'Autun semble avoir été globalement satisfait de Claude RAMEAU.
• 20 mai 1761 : Trois ans avant d’avoir terminé son bail de neuf années, et six mois après la naissance de sa dernière fille, "maître Claude RAMEAU organiste de l'église cathédrale" décède et est inhumé en l’église Saint-Quentin. Le curé Chardon, rédacteur de l'acte de sépulture, le dit "âgé d’environ 76 ans" (il en avait en réalité 72). Parmi les signataires de l'acte, on relève "cabriet chantre", "Roy musisien" et Barbotte.

• 10 août 1770, Autun : Le baptême d'Émée (ou Edmée), fille du musicien de la cathédrale François CHAPUSOT et de sa seconde épouse, Marie Roy, montre la persistance des amitiés anciennes puisque sa marraine est Émée Rameau, "fille de Claude RAMEAU défunt organiste à la cathédrale d'Autun"...

Mise à jour : 12 mars 2022

Sources
D.Dinet, Religion et Société..., 1999 ; F-Ad21/ BMS Dijon, St-Michel ; F-Ad39/ BMS Dole ; F-Ad59/ 5MI039R033 ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Jean-St-Pancrace ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Quentin ; F-Bm Dijon/ Ms 1818 ; F-Bm Dijon/ Ms 1997 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1752-1755 ; J. Gardien, L'Orgue et les Organistes en Bourgogne..., 1943 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; L. Lex, "Claude et Lazare Rameau…", 1905 ; M. Cuvelier, notes sur la cathédrale de Dijon ; P. M. Guéritey, http://karljosefriepp.blogspot.fr/, 2013 ; P. M. Guéritey, http://karljosefriepp.blogspot.fr/, 2016 ; É. Kocevar, "Les servitudes des organistes…", L'Orgue, 1999

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