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POLLIO, Pierre Louis Marie (1724-1796)
État civil
NOM : POLLIO     Prénom(s) : Pierre Louis Marie     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : POLIO
POLLIOT
Date(s) : 1724-6-15   / 1796-12-7 
Notes biographiques

Pierre Louis Marie POLLIO (1724-1796), maître de musique originaire de Dijon, débute à la collégiale Saint-Furcy de Péronne. Il travaille ensuite pour la Sainte Chapelle de Dijon, la cathédrale de Beauvais et la collégiale Saint-Vincent de Soignies dans les Pays-Bas autrichiens. Il abandonne ses responsabilités musicales en 1784, lorsqu'il devient chanoine de ce dernier établissement. Il a beaucoup composé tout au long de sa carrière (messes, hymnes, motets...) et a légué au chapitre de Soignies l'ensemble de ses manuscrits musicaux, aujourd'hui conservés au Musée du chapitre à Soignies, à la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles et aux Archives de l'État à Mons.

• 15 juin 1724 : Pierre Louis POLLIO naît à Dijon du mariage de Pierre Pollio, tailleur d'habits, et d'Anne Pain. Il est baptisé le lendemain paroisse Notre-Dame. Son parrain, maître tonnelier, comme sa marraine, épouse d'un "bourgeois", savent tous les deux signer. Le milieu d'origine de l'enfant semble donc se situer dans la petite bourgeoisie artisanale relativement aisée et en tout cas alphabétisée.

• [1731-1741 approximativement] : Pierre Louis POLLIO est probablement formé à la musique en tant qu'enfant de chœur dans l'une des deux principales maîtrises de sa ville natale, celle de la Sainte Chapelle ou celle de Saint-Étienne (collégiale érigée en cathédrale précisément en 1731). Mais cela reste à documenter.

• Février 1751 (au plus tard) : POLLIO quitte la charge de maître de chapelle à la collégiale Saint-Fursy de Péronne [Somme] qu'il occupait probablement depuis la fin des années 1740.
• 1er mars 1751, Dijon : "Maître Pierre POLLIOT, clerc du diocèze de Dijon" signe un contrat de neuf ans avec le chapitre de la Sainte Chapelle pour y exercer en qualité de maître de musique. Alors que la somme versée à son prédécesseur, Henry BREUVART, pour le fonctionnement de la maîtrise était de 700 livres, elle est portée à 850 livres (à quoi s'ajoutent 12 feuillettes de vin, 24 pintes de sel et "six émines de froment à la vieille mesure de Dijon"). À titre personnel, il recevra aussi "180 livres pour ses distributions chaque année".
Il doit s'occuper des six enfants de chœur, les nourrir et les éduquer (mais il est explicitement prévu que des maîtres extérieurs seront commis par le Chapitre "pour leur enseigner le catéchisme, la grammaire, l’écriture et les instruments de musique"). À travers les pièces comptables conservées, on aperçoit quelques-uns des enfants de chœur qui ont été formés par lui : ALOTTE, MAILLETPAILLOT, PETITPAIN, ROSEROT, VERDIN (ou VERDUN) ... dont certains deviendront musiciens.
Le maître doit naturellement composer de la musique nouvelle : huit pièces sont obligatoires chaque année et prévues au contrat "sçavoir une Messe pour les fêtes décanales, une autre Messe pour les jours ordinaires, les six autres seront Hymnes, Psaumes, Cantiques ou Motets, dont trois desdites pièces seront plus travaillées pour les fêtes solennelles, suivant que ledit sieur Polliot le jugera nécessaire et convenable, toutes lesquelles pièces de musique seront signées de lui". Il est autorisé "une fois la semaine seulement [à] faire concert de musique en lad. maîtrise ; d’y inviter telles Personnes que bon lui semblera, soit pour entendre led. concert soit pour l’exécuter", ce qui offre potentiellement aux enfants de chœur de larges ouvertures sur la ville, ses musiciens et ses mélomanes.

• [entre mars 1751 et juin 1759], Dijon : POLLIO termine son cursus ecclésiastiques et est ordonné prêtre.

• 1755, Dijon : Parmi les musiciens dont POLLIO dispose pour exécuter sa musique à la Sainte Chapelle, on connaît Robert NOËL, qui chante la haute-contre et signe un contrat viager à la fin de l'année 1755.

• 24 mars 1757 : POLLIO présente un Te Deum au roi Louis XV.
• 9 septembre 1757, Autun : Le chapitre de la cathédrale Saint-Lazare reçoit pour maître de musique un sieur MAILLET, âgé de dix-neuf ans, qui lui a été recommandé par POLLIO, maître de musique de la Sainte Chapelle de Dijon. Il succède au sieur MICHEL, parti pour Beaune. Au bout de deux mois, le 18 novembre 1757, le jeune homme quitte le service de la cathédrale d'Autun. Il sera remplacé plusieurs mois plus tard par Jacques Alexandre ROUVRAY. POLLIO a tenté de placer l'un de ses élèves dans une cathédrale proche de son lieu d'exercice, mais ce recrutement ne s'est pas avéré durable.

• 22 juillet 1759, Beauvais : Le chapitre de la cathédrale s'apprête à recevoir un nouveau maître de musique, maître POLLIO, prêtre du diocèse de Dijon, qui recevrait 2 700 livres par an pour gérer la maîtrise, plus 13 livres 4 sols 6 deniers (de la fabrique), 3 livres 12 sols (messes du Saint-Sacrement), 4 livres (confrérie de Saint-Sébastien), 24 livres (fête de saint Pierre) et 16 muids de blé. Le promoteur est prié de l'informer de la proposition, en lui précisant les conditions. 
• 3 août 1759, Beauvais : Il est fait lecture d'une lettre du maître de musique POLLIO, qui demande si les frais de voyage sont pris en charge. Il ne fera pas cette fois le voyage à Beauvais, mais ce n'est que partie remise.
• 28 novembre 1759, Dijon : "Maître Pierre POLLIO, prêtre du diocèze de Dijon" signe un nouveau contrat de neuf ans (qui commenceront au 1er mars 1760) avec le chapitre de la Sainte Chapelle en qualité de maître de musique. Ce contrat est en tous points semblable au précédent, si ce n'est que ses distributions sont cette fois estimées à 120 livres seulement, mais que viennent s'y ajouter des gages personnels de 180 livres par an qui n'étaient pas prévus antérieurement. En clair, il a obtenu une augmentation de 120 livres par an.

• Avril 1761 : POLLIO, maître de musique de la Sainte Chapelle de Dijon, concourt sans succès pour la maîtrise de Chartres, vacante par le départ de Denis DEMONGEOT. C'est celui-ci qui remet au chapitre chartrain la première lettre de POLLIO le 15 avril 1761, c'est-à-dire le jour même où il vient annoncer à la compagnie qu'il a été reçu maître à Notre-Dame de Paris, ce qui indique qu'il avait prévenu son compatriote dijonnais en amont de son départ. Une autre lettre de POLLIO arrive à Chartres le 26 avril 1761. Le chapitre prend des informations sur lui à Paris. Le 2 mai, DEMONGEOT recommande Louis BACHELIER, maître de musique à Angers. D'autres candidats se manifestent : ROUSSEAU de Beauvais, HÉRISSÉ de Meaux, le maître d'Évreux… C'est finalement DELALANDE, de Soissons, qui fin août obtient le poste.

• 20 septembre 1762, Beauvais : "M. POLLIO reçu Me de Musique", indique une délibération du chapitre de la cathédrale. Il est prêtre et maître de musique de la Sainte Chapelle de Dijon. Le promoteur est chargé de lui écrire.
• 13 octobre 1762, Beauvais : "Permis a Mr le m[aîtr]e de musique d'avoir avec luy Mlle sa sœur".
• 18 novembre 1762, Beauvais : Il comparaît en personne au chapitre et est officiellement "élu" maître de musique de la cathédrale Saint-Pierre. Il doit déposer ses lettres de bonne vie et mœurs, les lettres de prêtrise obtenues de l'évêque de Dijon. Il est ensuite installé dans le chœur par le secrétaire, où on lui assigne la stalle destinée au maître de musique. Enfin, il est mené à l'école de chant par les intendants de cette dernière. 
• 10 décembre 1762  : Le chapitre lui verse 72 livres pour ses frais de voyage. 

• 24 janvier 1763, Beauvais : POLLIO est nommé à la chapelle Saint-Léonard desservie en la cathédrale, vacante par la démission de Louis CARDOT. Il en prend possession le 28.

• 29 avril 1765, Beauvais : "Certificat accordé au Mtre de Musique", lit-on dans la marge du registre. Il s'agit de prouver qu'il est en poste à Beauvais et ne peut remplir les obligations liées à la célébration des messes faisant partie de ses obligations de chapelain "in sua civitate fundata".

• 29 juillet 1767, Soignies [Belgique] : Pierre-Louis POLLIO participe au concours organisé par le chapitre de la collégiale Saint-Vincent pour la place de maître de chapelle, et il l'emporte sur ses concurrents.
• 10 août 1767, Beauvais : "Le maître de musique remercie" et demande de rester en place jusqu'au 17 septembre.
• 21 août 1767, Beauvais : "Faire un état des appointemens du maître de musique", ordonne le chapitre.
• 11 septembre 1767, Beauvais  : Le jour de la réception de son successeur Louis Joseph DEBEY, des certificats de services et des lettres de bonne vie et mœurs signées du secrétaire capitulaire lui sont expédiés. 

• 11 août 1769, Beauvais : Un certificat est octroyé à M. POLLIO, ancien maître de musique de la cathédrale, qui atteste qu'il avait la charge de dire des messes à la cathédrale en tant que chapelain du château de "Villaine" ("quibus testatur ipsum in hacce ecclesia persolvisse missas ad quas tenetur ratione capelleniae castelli de villaine").

• 1770-1771, Soignies : POLLIO copie et organise l'opus II (Hymnes) et V (Leçons de Jérémie et Passions) de ses œuvres.

• 1772-1773, Soignies : Il copie et organise l'opus III (Magnificat) et IV (Saluts) de ses œuvres.

• 1774-1778, Soignies : Il copie et organise l'opus VI (Messes) et VII (quotidien) de ses œuvres.

• 24 février 1778, Dijon : Les Affiches de Bourgogne publient une longue annonce émanant du sieur POLLIO, qui prend soin de se dire "de Dijon" avant de rappeler les grandes étapes de sa carrière. Cette annonce s'adresse "aux Chapitres des Églises Cathédrales, Collégiales & Abbatiales, ainsi qu’aux Fabriques de Paroisses & Chapelles où il y a Musique" pour leur proposer de souscrire à sept "Messes en Musique, à quatre parties, dont une pour les morts, d’un style bref, d’un chant agréable, aisé & pathétique". Pollio précise qu'elles seront dédiées "à Messieurs de la Sainte Chapelle du Roi à Dijon". Le prix est de 12 livres par messe, plus 1 liv. 4 sols si l'on veut la basse continue "tirée séparément".
• 24 mars 1778, Beauvais : Les chanoines de la cathédrale annoncent qu'ils vont "Écrire a mr POLLIO que le chapitre agrée les messes qu'il a proposées", lit-on dans la marge du registre capitulaire. Il s'agit de six messes.
• 6 avril 1778 : Marie-Thérèse d'Autriche lui confère la collation d'une prébende au chapitre de Soignies

• 1778-1780, Soignies : POLLIO copie et organise VIII (Te Deum) de ses œuvres.

• 1780-1781, Soignies : Il révise, copie et organise ses opus III et VI.

• 1781-1782, Soignies : Il copie et organise l'opus IX (Motets) de ses œuvres.

• 5 novembre 1784, Soignies : Pierre-Louis POLLIO accède à un canonicat.
• 8 novembre 1784 : Il renonce à son poste de maître de musique et s'engage à assurer la vacance jusqu'à la Saint-Jean de 1785. 

• 1785-1786, Soignies : Il copie et organise une partie de l'opus X (Motets) de ses œuvres.

• 18 mai 1787, Soignies : Il se présente pour effectuer sa stricte résidence qu'il achève le 13 juillet 1787.

• 7 juillet 1788, Soignies : POLLIO adresse une lettre à l'abbé DORIOT, à Paris, afin d'organiser le recrutement d'un maître de chapelle. C'est Jean-Claude-Augustin GUIGNET qui obtiendra le poste en janvier 1789.
• 24 octobre 1788, Soignies : Il offre au chapitre ses manuscrits musicaux, se réservant "la faculté de retirer les pièces dont on fera peu ou point d'usage, ainsi que de demander celles auxquelles des circonstances l'obligeroient d'avoir recours, sous promesse de les refournir, après le besoin momentané passé". 

• 1789-1790, Soignies : Il copie, réorganise et achève l'opus X (Motets) de ses œuvres.

• 2 juin 1791 : POLLIO, chanoine de l’église collégiale de Soignies, invite Claude François PETITPAIN, ex-chapelain de la cathédrale de Noyon [Oise], son ancien élève, à venir séjourner quelque temps chez lui. La lettre qu'il lui envoie n'évoque que leurs liens d'amitié, sans aborder les questions politiques, à l'exception peut-être d'une allusion ambiguë aux "malheurs des tems". Le chanoine souhaite que son ami assiste aux fêtes de la Pentecôte. Il se réjouit d'avance de partager son "petit ordinaire" avec PETITPAIN.
• Début juillet-10 novembre 1791 : PETITPAIN séjourne à Soignies chez son vieil ami. 

• 10 février 1792, Soignies : POLLIO se charge de rectifier les faux-bourdons "de chaque fête de l'année en particulier, commançant par celui de Saint Joseph pour servir d'essai, et faire ces faux bourdons sous un, ou sous deux chœurs, pour réveiller l'attention et éviter la monotonie, à condition que le papier et cartons seront aux frais du Chapitre".
• 21 mars 1792, Soignies : Le chapitre, par l'entremise de POLLIO, fait l'acquisition de seize livres de plain-chant pour le chœur. "Le plein-chant pouvant être différent en certains points de celui qui se chantoit auparavant dans les vieux livres, Monsieur le Chanoine Pollio s'est bien voulu charger de former un nouveau contrepoint y relatif".

• 7 décembre 1796, Soignies : Pierre-Louis POLLIO, prêtre, chanoine de la collégiale Saint-Vincent, décède. Il est inhumé le 9.

• • • Recherches

- Programme de recherche Pierre-Louis Pollio, IReMus (Institut de recherche en Musicologie).
- Thèse en cours par Francesca Mignogna, "Les musiques pour la liturgie des morts dans les provinces du Nord sous l'Ancien Régime : les œuvres funèbres de Pierre-Louis Pollio (1724-1796). Étude et édition critique", sous la direction d'Achille Davy-Rigaux, IReMus (2018).

Mise à jour : 7 avril 2021

Sources
Courriel Fl. Martin-Breton, avril 2020 ; F-AE Belgique/ BMS Soignies ; F-Ad21/ FRAD021EC/ 239/ 137 ; F-Ad21/ G 1141 ; F-Ad21/ G 2549 ; F-Ad28/ G 329 ; F-Ad60/ 1Q2/404 ; F-Ad60/ G 2473 ; F-Ad60/ G 2474 ; F-Ad60/ G 2475 ; F-Ad60/ G 2476 ; F-Ad60/ G 2480 ; F-Ad60/ G 2764 ; F-Ad60/ G 2765 ; F-BmDijon/ Res 1103, Affiches de Bourgogne ; F. Guilloux, Inventaire des archives musicales de la collégiale St-Vincent de Soignies, sd  ; F. Guilloux, www.hainautterremusicale ; J.-A. Clerval, L'ancienne Maîtrise de ND de Chartres..., 1899 ; J.-E. Doussot, Musique et Société à Dijon..., 1999 ; N.Berton-Blivet, "Que nous enseignent les motets de Joseph Michel…", Musiques en liberté…, 2018

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