PINAULT, Jean (1715-1759)

Si l'on ignore encore quels furent sa formation et ses débuts de musicien, Jean PINAULT est relativement bien documenté pour ce qui concerne la seconde moitié de son existence : on le suit en Berry, organiste de tribunes secondaires de Vierzon à Saint-Outrille, voire Vatan. Les liens familiaux sont étroits entre les organistes Pierre PINAULT (l'oncle), Jean et Jean François PINAULT, Jean-Baptiste COURIOU (neveux) et Jean-Baptiste PIÉCOUR qui exercent dans un triangle d'une vingtaine de kilomètres. Indépendamment des liens de personnes, les biographies des organistes interrogent sur les connexions entre le chapitre de Vatan et celui de Saint-Outrille à la fin de l'Ancien Régime.

• 13 octobre 1715, Vierzon [Cher] : Jean PINAULT est baptisé, fils d'Isaac Pinault, marchand, et de Magdelaine Hyvernault / Yvernault, indications confirmées par son contrat de mariage en 1739, son père étant alors décédé. De ce fait, on découvre que Jean est un frère aîné de Jean-François PINAULT, qui sera lui aussi – brièvement – organiste à Vierzon. Ils sont les neveux de Pierre PINAULT, qui meurt semi-prébendé de Saint-Laurian de Vatan en 1747 (Isaac est le frère de Pierre, ayant pour parents Pierre Pinault cirier et Anne Garoche).

• 3 novembre 1739, Nevers : Jean PINAULT, domicilié à Notre-Dame de Vierzon, où trois bans ont été publiés, épouse Marie Caffary à Saint-Pierre de Nevers. Est-il organiste à Vierzon ? C'est probable (voir ci-après). De Vierzon à Nevers il faut compter près de 100 km par la voie pédestre la plus directe, soit deux grandes journées de marche. Il ne faut donc pas s'étonner que le marié ne se trouve accompagné par aucun témoin personnel de son côté, famille ou collègues. Au milieu de la parentèle Caffary, un témoin se détache : "Messire François Mazois, écuyer, conseiller du roy, trésorier de France, amy des deux".
Au vu de la distance, on peut se demander comment les deux futurs avaient fait connaissance. Jean PINAULT aurait-il été antérieurement en poste à Nevers ?
Le Cercle Généalogique et Historique Nivernais Morvan (CGHNM) a relevé l'existence d'un contrat de mariage le 9 [sic, ce qui est curieux, normalement le contrat est établi avant le mariage) novembre 1739, devant le notaire Étienne Gounot, à Nevers. Ce contrat livre la filiation des mariés, dont l'acte de mariage ne soufflait mot [voir ci-dessus, à l'entrée 1715].

• 12 juin 1740, 31 mars 1741, 21 février 1744, 27 juillet 1745 et 26 septembre 1747, Vierzon : Cinq enfants Pinault / Caffary sont baptisés à Notre-Dame. Seul le dernier acte mentionne le métier du père : "maistre" Jean PINAULT est organiste. La marraine du premier enfant est sa grand-mère paternelle. Elle signe "madelaine yvernault". Celle du 26 septembre 1747 est la toute nouvelle belle-sœur de l'organiste, épouse de son frère Jean-François (voir ci-dessous au 29 août 1747).

• 21 janvier 1747, Vatan : À Saint-Laurian est inhumé M^e Pierre PINAULT, "chanoine semi-prébendé et organiste de ladite église", décédé la veille âgé de 79 ans. Le jeune frère de Jean, Jean-François, est attesté peu après à Vatan : il a sans doute succédé au défunt ou l'a remplacé dans les dernières années de sa vie.
• 29 août 1747, Vierzon : Jean PINAULT ainsi que son frère Isaac et leur mère Madeleine Yvernault, assistent aux noces de Jean-François PINAULT, "organiste", et de Madeleine Delaporte, orpheline d'un fermier. Le marié est dit "de droit de cette paroisse et de fait de la paroisse Saint-Christophe de Vatan", où un ban a d'ailleurs été publié.
Ce mariage ramène son frère Jean-François à Vierzon où il est dit "organiste de cette ville" lors du baptême de sa première fille, le 7 juillet 1748. Il est difficile de percevoir comment se répartissaient les postes entre les deux frères. Peut-être est-ce à ce moment-là que Jean décide de quitter Vierzon pour Saint-Outrille.

• [Entre fin 1747 et 1751], Saint-Outrille [Cher] : Après avoir passé une partie de sa carrière à Vierzon, Jean PINAULT devient organiste de la collégiale Saint-Austrégésile. Cette église, qui est aussi paroissiale, est située sur la paroisse de Saint-Outrille, limitrophe de la petite ville de Graçay, dont elle est séparée par le Pozon, un affluent du Cher. Son modeste chapitre entretient quatre semi-prébendés chargés du chant, dont l'un est aussi chargé de toucher l'orgue. Ces semi-prébendés peuvent être des laïcs. Quant à l'orgue, les seules indications que  l'on en ait datent d'un inventaire de 1802 qui répertoriait "un demi jeu d'orgue placé sur une tribune au-dessus de la principale porte d'entrée"..., orientant vers un démantèlement de l'instrument pendant les années révolutionnaires. L'exigüité des lieux imposait toutefois un instrument modeste.

• 6 juin 1749, Vierzon : Son frère Jean-François, organiste de l'église paroissiale Notre-Dame, décède à l'âge de 29 ans.

• 10 janvier 1752, Saint-Outrille : Jean PINAULT, organiste du chapitre Saint-Austrégésile, veuf de Marie Cafary, épouse Catherine Delamartinière en secondes noces.
• 9 juin 1752 : Cinq mois après les noces, un petit Jean vient au monde, puis meurt deux mois plus tard, le 4 août. Dans les deux actes, Jean PINAULT est dit "organiste de cette église". Le parrain choisi est Jean JOUANNIN, "clerc tonsuré et semy prébendé de cette église", c'est-à-dire l'un des quatre hommes chargés du chant au chœur de Saint-Austrégésile.

• 19 juillet 1753 et 16 mars 1755, Genouilly [Cher] : Les trois enfants suivants naissent et sont baptisés dans cette bourgade située à 7 km au nord de Graçay. On peut supposer que les Pinault y ont une maison. La distance suffit à ce que, vu de Genouilly, on ne sache pas au juste quelle est la tribune occupée par l'organiste : en juillet 1753 comme en mars 1755, lors des baptêmes de Marie et de Jean, leur père est dit "organiste à Graçay". Pour le baptême de Lazard, dans la même paroisse de Genouilly, le 17 décembre 1756, le rédacteur est plus précis : "organiste de St-Oustril en Graçay". Lorsque, le 11 août 1757, le petit  Lazard est inhumé, son père est seulement dit "organiste".

• 20 septembre 1759, Saint-Outrille : Mort la veille, à l'âge de 44 ans, Jean PINAULT, "de son vivant organiste de cette église", est inhumé au cimetière de la paroisse. Jean JOUANNIN, chanoine semi-prébendé, est présent. Des scellés sont apposés à son domicile. Jean-Baptiste PIÉCOUR, puis à partir de 1767, Julien CHARON ex-enfant de chœur vatanais sont en poste.

• 1764, Saint-Outrille : La veuve de Jean PINAULT se remarie avec l'organiste Jean-Baptiste PIÉCOUR, "organiste de cette Eglise", qui est dit "âgé de 32 ans" [il a en réalité à peine plus de 30 ans]. Les parents Piécour, ainsi que son frère André, sont présents. Les époux signent tous deux l'acte ("Piécour" et "delamartiniere").
Par ce biais, Jean PINAULT touche au chantier de recherche "1790" ! Les liens familiaux entre organistes se multiplient dans un triangle d'une vingtaine de kilomètres entre les PINAULT, Jean-Baptiste COURIOU et Jean-Baptiste PIECOUR.

Mise à jour : 15 novembre 2022