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MESNARD, François (1728-1791)
État civil
NOM : MESNARD     Prénom(s) : François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : MÉNARD
MENARD
Date(s) : 1728-1-30  / 1791-8-5
Notes biographiques

François MESNARD, psalteur de la Collégiale Saint-Pierre, est à distinguer de son homonyme maire-chapelain de la Collégiale Saint-Laud dont le nom sera orthographié MENARD bien que les deux orthographes se rencontrent.
François MESNARD est natif des Mauges angevines au Sud-Ouest d’Angers, à neuf lieues ainsi qu’il l’indique. Il est de Gonnord (Valanjou depuis 2015)  à un peu plus de deux lieues de la bourgade de Chemillé où la collégiale Saint-Léonard bénéficie d’un effectif musical constitué d’un organiste, quatre psalteurs, quatre enfants de chœur. Il y a vraisemblablement été enfant de chœur. La vie professionnelle de MESNARD est connue à partir de 1760 lors de sa réception par le chapitre de la Collégiale Saint-Pierre d’Angers. Il exerce comme psalteur pendant douze ans, puis après son mariage en 1772, se retire pour se mettre au service de la paroisse Saint-Pierre. Les conditions de son service restent ambigües car en 1790, les trente années d’ancienneté qu’il revendique sont contestées par le comité ecclésiastique. Aucune pension ne lui étant attribuée, il rédige une supplique détaillée aussi savoureuse qu'émouvante qui finit par dévoiler un dilemme musical : MESNARD refuse les nouvelles pratiques au chœur restant ancré dans la tradition du chant sur le livre.

• 30 janvier 1728, Gonnord [M&L] : François MESNARD, né le 30 janvier est ondoyé le 2 février puis baptisé le 1er avril 1728. Il est issu d'une famille honorable, son père est marchand, son parrain François Mesnard est maître clerc dans une étude angevine. L'acte recense nombre de signatures des familles Mesnard et Cerisier.

• La formation de François MESNARD reste à déterminer. Gonnord [M&L] étant un bourg de Chemillé [M&L] où la Collégiale Saint-Léonard est active, organisée autour d'une psallette de quatre enfants de chœur, psalteurs et organiste, il est vraisemblable que MESNARD a bénéficié de son enseignement musical.

• 15 mai 1753, Joué-Etiau [M&L] : François MESNARD, 25 ans, orphelin de père et mère, épouse Marie Anne Cesbron, "vivant notaire royal". Le mariage réunit deux familles de milieu équivalents. Les Cesbron sont nombreux à Chemillé. Un CESBRON étant musicien à la Collégiale Saint-Laud d'Angers, il se peut qu'un réseau de musiciens existe.
Trois enfants naîtront de cette union : François Jean le 8 mars 1754 décédé le 14 mars, puis François Jean, inhumé le  24 avril 1760 et enfin Jean Joseph baptisé le 20 mars 1758. Les registres citent F. MESNARD comme greffier de la juridiction ou bourgeois. Au décès de François Jean en 1760 il demeure à Angers, paroisse Saint-Martin.
La date de décès de Marie Anne Cesbron reste à déterminer.

• 23 février 1760, Angers : MESNARD de Gonnord [M&L] est reçu psalteur de la Collégiale Saint-Pierre où il recevra 140 lt de gages. Il participera en outre aux gagnages du chœur et à ceux de la paroisse. Les quatre psalteurs de la collégiale Saint-Pierre reçoivent des gagnages semestriels à répercuter sur les enfants de chœurs. Cette pratique ancienne critiquée par certains psalteurs est modifiée en juillet 1764. Le chapitre opte alors pour une mensualisation des gagnages comme des gages.
François MESNARD fait partie des psalteurs stables. Il est assidu au chœur jusqu'à son départ en 1772 et reçoit régulièrement des gratifications, tant pour sa présence pendant les vacances que pour "avoir assisté à toutes les petites heures" ou encore pour avoir raccommodé le graduel.

• 24 avril 1770, Angers : En 1770 le chapitre accorde une avance sur gages de 3 lt 50 au Sieur MESNARD psalteur.

• 17 février 1772, Angers : François MESNARD épouse en secondes noces Marie Girard en la collégiale Saint-Pierre d'Angers où il exerce comme psalteur. Plusieurs musiciens du chapitre sont présents tel Pierre Aimé DALICHAMP et René VERGER, psalteurs. Cet évènement marque un tournant dans sa vie professionnelle car le 31 décembre il se retire officiellement de ses fonctions.
• 4 janvier 1773 : Le chapitre lui verse ses gages de décembre en entier "malgré qu'il se soit retiré". MESNARD a alors 44 ans et vient de se marier. Son nom disparaît des derniers registres capitulaires connus de la Collégiale Saint-Pierre (1750-1784).

À suivre les échanges entre le Sieur MESNARD et le district son service auprès du chapitre s'est poursuivi probablement de manière informelle jusqu'en 1790.

1790, Angers : Le nom de MESNARD est répertorié sur le tableau du Comité ecclésiastique de Maine-et-Loire avec un commentaire lapidaire "MESNARD officier majeur, 63 ans, infirme, 72 lt par le district, 0 dépt, «Expulsé du chapitre depuis quelques années ». L'effectif musical étant stable à la collégiale, trois psalteurs de sa génération sont toujours en poste. Il s'agit de Pierre GEINDREAU, Jean VERGER, René POISSON. GABORY étant décédé en 1790, aucun organiste n'a lieu d'être mentionné.
 
• 23 août 1790 : MESNARD, 61 ans, adresse une supplique au Comité ecclésiastique afin de faire reconnaître ses années de service. Le témoignage reflète explicitement un corps en souffrance, implicitement une âme dépassée par les temps nouveaux. 
Il revendique 30 ans au service de l'éternel, soit 12 ans au service du chapitre Saint-Pierre et 18 à celui de la paroisse comme officier majeur. MESNARD détaille ses tâches qui consistent à enseigner la lecture, raccommoder les livres de chant et l'enseigner par note. En estimant déloyale la concurrence des frères des écoles chrétiennes vis-à-vis des maîtres d'écriture ou de pension, il reconnaît être d'un autre temps. De la même façon assure-t-il à ses interlocuteurs être "résolu à tout souffrir pour l'amour de Dieu" alors que l'argument est révolu puis ajoute incertain "bon chrétien, bon citoyen".
Le service de MESNARD auprès de la paroisse s'est fait selon ses dires gracieusement pendant 18 ans, non rémunéré par la fabrique, c'est-à-dire limité au casuel appelé à disparaître quelques mois plus tard. Il anticipe une perte de revenus et sollicite au minimum une gratification de 100 lt.
Le point culminant de sa diatribe va être musical. MESNARD n'hésite pas à mettre en cause ses confrères musiciens de la cathédrale qui sont méprisants et qui "sont peu qui aient mérité la pension par le peu de temps qu'ils y sont". L'argumentation vise directement le maître de musique [VOILLEMONT] "dont la place vaut beaucoup [et qui] demand[e] une pension au prorata de ce qu'il gagnoit". MESNARD, psalteur, défenseur de la tradition et de du chant sur le livre refuse les nouvelles pratiques musicales portées par Pierre VOILLEMONT,  dont l'activité est reconnue tant à la cathédrale pour ses compositions qu'en ville au Concert. Son plaidoyer cible le point de discorde : "Est ce à cause qu'ils chantent sur cinq barres et que nous ne chantons que sur quatre ? Nous sommes tous au service du même maître, il ne doit point y avoir de distinction nous sommes tous citoyens et patriotes de la même ville servant le même Dieu". MESNARD ne caricaturerait-il point ses confères de la cathédrale qui continuent bien entendu à pratiquer le plain-chant ?
Un addendum prosaïque termine la supplique. MESNARD évoque son quotidien, "il y a longtemps que je travaille, notre cimetière est très éloigné, il faut faire quelque fois plus d'un quart de lieue pour aller chercher les morts pour les inhumer, toujours monter et descendre, cela est si fatiguant, qu'il n'y a point d'obsèques où je ne mouille ma chemise, et toute éssoufflé de sorte que Messieurs les vicaires en rient, et se moquent de moi".
A priori, la supplique n'est pas suivie d'effet.

• 8 juillet 1791, Angers : François MESNARD et Marie Girard font rédiger leurs testaments. Le notaire se déplace à leur domicile compte tenu de l'état de santé de l'ex-sous chantre de la paroisse Saint Pierre. Il est "détenu au lit, malade", "mais par la grâce de Dieu sain d'esprit, pensée et entendement".

• 5 août 1791, Angers : Moins d'un mois après avoir rédigé son testament, François MESNARD décédé la veille est inhumé le 6 août au cimetière de la cathédrale Saint-Maurice à plus de 63 ans. Il est dit psalteur-chantre du chapitre de Saint-Pierre, une qualité qu'il s'est évertué en vain à faire reconnaître par le Comité ecclésiastique.

La vie professionnelle de François MESNARD connaît un revirement après son mariage en 1772 qui le conduit à se retirer du bas-chœur de la collégiale Saint-Pierre. Compte tenu de la supplique rédigée en 1790, il est vraisemblable qu'il ait été motivé par des raisons pécuniaires liées à ses responsabilités familiales. Il n'envisage pas d'autre voie et poursuit ses activités au service de la paroisse en revendiquant son titre de sous-chantre.  Les propos de MESNARD dans sa supplique révèlent à mi-mot son amertume, voire le regret d'un mauvais choix alors qu'il est mal en point. 

Mise à jour : 24 septembre 2018

Sources
Ad49 / BMS Gonnord ; F-Ad49 / BMS Gonnord ; F-Ad49/ 5 E 9 154 ; F-Ad49/ BMS Gonnord ; F-Ad49/ BMS Joué-Etiau ; F-Ad49/ BMS Saint-Maurice ; F-Ad49/ BMS Saint-Pierre ; F-Ad49/ G 1170 ; F-Ad49/ G 940 ; F-Ad49/ G 942 ; F-An/ D XIX/ 80.612.33.5 ; F-An/ DXIX/025/396-2/04

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