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LONDEIX, Marie Valérie (1761-1791)
Autre(s) forme(s) du nom : LOUDEIX
Françoise
Date(s) : 1761-12-9 / 1791-12-17
Mademoiselle LONDEIX fut la dernière organiste de Saint-Martial de Limoges. Fille et sœur de Martial et Pierre LONDEIX, les maîtres de musique successifs de la collégiale Saint-Martial, cette organiste est alternativement prénommée dans les documents Françoise ou Valérie. Il semble pourtant bel et bien s'agir d'une seule et même personne, dont le prénom de baptême était Marie-Valérie. Âgée de 28 ans au moment de la suppression des chapitres, Marie-Valérie LONDEIX déclare avoir occupé le poste d'organiste pendant dix-huit ans, soit depuis l'âge de 10 ans. Elle "touchait de l'orgue" également à la chapelle du Collège lors des solennités. Lorsqu'elle s'affiche "menacée de pulmonie", ce n'est pas un effet rhétorique : elle meurt en effet peu après.
• 9 décembre 1761, Limoges : Sur les fonts baptismaux de la paroisse Saint-Michel-des-Lions est baptisée Marie-Valérie, née le même jour. Elle est fille de Martial LONDEIX maitre de psallette du chapitre de Saint-Martial, demeurant dans l'abbaye, et de Françoise Nouhaud son épouse. Sa marraine est sa grand-mère paternelle, veuve de Pierre LONDEIX, qui était lui aussi musicien ; son parrain est un oncle par alliance, Jacques Petit qui l'année précédente (le 9 septembre 1760) a épousé une sœur de Martial Londeix. Marie-Valérie est le 8ème enfant de ses parents qui s'étaient mariés le 12 janvier 1751. Neuf autres enfants suivront encore, tous nés "dans la maison ou l'on tient la maitrise des enfants de choeur du chapitre de St Martial scise rue de l'abbaye" comme le précise l'un des actes de baptême.
• 25 janvier 1771 : Le quinzième enfant Londeix est présenté au baptême par Bernard et Marie-Valérie, ses frère et sœur. La petite organiste en herbe a 9 ans et ne sait pas encore signer.
• [1772], Limoges : Selon ce que répètent les tableaux, états et pétitions de 1790-1791, c'est vers cette année 1772 que la demoiselle LONDEIX aurait commencé à tenir l'orgue de la collégiale Saint-Martial. Son père en était alors le maître de musique. Elle a dix ans.
• 21 avril 1776 : Marie-Valérie LONDEIX est à nouveau marraine d'une petite sœur, Valérie-Thérèse, qui se révèlera être le dernier enfant du couple Londeix/ Nouhaud. La jeune marraine a 14 ans et demi. Cette fois elle sait bien signer, et surtout... le célébrant lui donne sans hésiter son titre : "organiste". Le parrain est Antoine-Étienne Laurier Fraisse, prêtre, vicaire de la collégiale, sans aucun doute proche parent du musicien Étienne-Bonaventure LAURIER lui aussi dit Fraisse, ou Fresseix.
• [Autour de 1780] : Le rayonnement de la famille LONDEIX est à son comble. Selon la bibliographie ancienne, Martial LOUDEIX "passe pour avoir beaucoup contribué à développer, parmi la population de Limoges, le goût de la musique, en particulier de la musique concertante" (L. Guibert, "Catalogue des artistes limousins", 1909). La presse locale se fait en effet l'écho des talents du maître de Saint-Martial lorsqu'il fait exécuter des grandes messes en musique à l'occasion de la fête de l'Ostension.
• 21 mai 1785 : Son père meurt âgé de 60 ans seulement (ou 63 selon la presse). Il est inhumé le lendemain "dans les cloitres", c'est-à-dire au plus près du lieu où il avait exercé son métier de maître de musique pendant tant d'années. Dix jours plus tard, La Feuille hebdomadaire publie une élogieuse notice nécrologique, qui salue "Les talens & le mérite personnel de cet habile maître" regretté "de la société dont il faisoit les délices". Parmi les qualités mises en exergue figurent le fait que Martial LONDEIX ait eu "une nombreuse famille, qu’il avoit élevée avec soin, & pour l’éducation de laquelle il n’avoit rien épargné"...
• [fin 1789], Limoges : Le compte des recettes et dépenses du Collège courant de décembre 1788 à février 1791 mentionne fin 1789 une somme de 12 livres payée "à Mlle LONDEIX, pour avoir touché de l’orgue aux solennités de l’église pendant l’année".
• 1790, Limoges : Un tableau récapitulatif des musiciens d'Église officiant dans les cathédrales et collégiales de la Haute-Vienne, sans date [mi ou fin 1790], envoyé par le département au Comité ecclésiastique, mentionne à la collégiale Saint-Martial le maître de musique, le sieur [Pierre] LONDEIX, puis en seconde position "Françoise LONDEIX sa sœur, aux gages de 150 livres pour toucher de l'orgue dans ladite église". Suivent les deux frères NADAUD, l'aîné et le jeune, puis HARRAULT, LAPLAUD et enfin les six enfants de chœur. Le département propose pour l'organiste une pension (relativement élevée) de 120 livres, proposition qu'il justifie ainsi : "à cause de ses infirmité étant menacée de pulmonie".
• 10 mai 1791 : Son frère Pierre LONDEIX, "prêtre, maître de musique du ci-devant chapitre de la collégiale de Limoges", dépose une pétition auprès du directoire de district dans laquelle il plaide non seulement son propre cas, mais aussi celui de l'ensemble des membres du corps de musique, fournissant à nouveau la liste assortie des honoraires de chacun. Sa sœur est citée en premier : "État du revenu dont jouissait Françoise LONDEIX, âgée de 28 ans en qualité d'organiste, place qu'elle a occupée pendant 18 ans : 1° Appointement 100 livres, 2° Gratification et distributions 50 livres". Suivent les frères NADAUD, BOURGUIGNON et LAPLAUD.
• [Mai-juin 1791], Limoges : Les musiciens de la collégiale Saint-Martial de Limoges adressent une nouvelle supplique aux administrateurs du district. Après avoir expliqué que depuis cinq mois ils sont sans revenus et que de ce fait ils "se trouvent réduits à la plus grande détresse", ils expriment le souhait que le district jettera "un œuil [sic] attendri sur leur malheureuse position". Puis ils dressent la liste des musiciens concernés, avec les honoraires dont chacun jouissait. Sont successivement énumérés : NADAUD aîné, serpent, NADAUD jeune, musicien, HARRAULT dit BOURGUIGNON, musicien, et LAPLAUD, musicien, chacun de ces quatre hommes recevant au total 342 livres par an (250 livres de traitement, 20 pour les "anniversaires", et 72 de gratifications ou casuel). À la fin de cette courte liste figure "Valerie LONDEIX organiste" qui, quant à elle, touche 222 livres (150 d'honoraires et 72 de gratification et casuel). Elle signe "Londeix organiste".
Malgré la très nette augmentation des revenus déclarés pour l'organiste (222 au lieu de 150), il s'agit bien du même effectif que dans les documents précédemment évoqués, ce qui rend incompréhensible la divergence de prénom. Par ailleurs l'âge indiqué pour "Françoise" (28 ans à la fermeture de la collégiale) et la durée de son service ("pendant 18 ans"), tout coïncide avec Marie-Valérie. Dernier élément : la seule fille Londeix portant un prénom incluant Françoise (Marie-Françoise) est née le 9 août 1768. Elle n'a donc que 22 ans en 1790 et aurait difficilement pu devenir organiste en 1772 ! On peut ajouter que sur les 17 enfants Loudeix, cinq filles avaient été baptisées "Marie" tout court et trois autres ont un prénom composé comportant Marie (Marie-Valérie, Marie-Rose, Marie-Françoise), ce qui a peut-être entraîné des confusions.
• 27 décembre 1790 : Morte la veille, rue du clocher, à 25 ans et demi, sa sœur Marie est inhumée au cimetière des arènes. Elle était née le 26 août 1765 (11ème des enfants Londeix).
• 17 décembre 1791 : Marie-Valérie LONDEIX, à son tour, est inhumée au cimetière des arènes. Elle est décédée la veille rue du clocher "sans avoir aucune connaissance qu'elle aye reçu les sacrements". Ces deux décès successifs, à un an d'intervalle, touchant de jeunes adultes âgées l'une de 25 ans et demi, l'autre d'exactement 30 ans, ainsi que l'allusion à la "pulmonie" dont était atteinte la jeune organiste en 1790-1791, laisse imaginer une famille touchée par la tuberculose.
Les orgues de Saint-Martial, ainsi que l'essentiel du mobilier, disparurent dès le courant de l'année 1791, lorsque fut démoli l'édifice.
Mise à jour : 24 février 2018