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LETANNEUR, Joseph (1741-1798 ap.)
État civil
NOM : LETANNEUR     Prénom(s) : Joseph     Sexe : M
Date(s) : 1741-12-2   / 1798-8-10 ap.
Notes biographiques

Joseph LETANNEUR voit sa carrière ecclésiastique brutalement interrompue en 1790. Il perd son poste lucratif de prêtre évangéliste de la cathédrale de Tours, qu'il détenait depuis 1783, aux fonctions cantorales de premier plan et refuse très vite de prêter le serment à la constitution civile du clergé. Par la suite, son attitude lui vaut l'emprisonnement, la réclusion sur l'île de Ré mais il continue, à son retour en Touraine, à mener clandestinement ses activités de prêtre réfractaire. Jugé à Tours en 1798, il est déporté en Guyane mais le navire sur lequel il se trouve, en compagnie de vingt-quatre autres ecclésiastiques, est pris par les Anglais. Il serait mort en Angleterre aux alentours de 1800.

• 2 décembre 1741, Tours : Joseph LETANNEUR vient au monde et il est baptisé le lendemain paroisse Saint-Hilaire. Il est le fils de Charles Alexandre, maître écrivain et de Marie Scolastique Gaultier. Son parrain est un marchand libraire, Joseph Metoyer.

• [1769-1783] : Il exerce la fonction de vicaire dans une ou plusieurs paroisses non précisées.

• 12 juin 1783, Tours : Le chapitre de la cathédrale Saint-Gatien le choisit sur proposition de cinq "anciens" de la compagnie afin d'assurer la fonction d'évangéliste, bénéfice fondé par le chanoine Bataille au XVIe siècle. Il semble avoir été nommé à la fonction de sous-diacre et le sieur GILLES le jeune à celle de diacre. Il est nécessaire de savoir chanter d'après l'acte de fondation. Les revenus s'élèvent à 600 livres par an.
• 10 décembre 1783, Tours : Le chapitre le nomme sacristain de la petite sacristie et il sera rétribué 24 livres par mois pour cette charge nouvelle.

• 16 avril 1788, Tours : "Sur la proposition de m. Barat, mrs vû le defaut de nomination de la part du chanoine qui etoit en semaine lors de la mort du sr Jean Beausoleil dernier titulaire de la chapelle de st etienne du préau ont donné et conféré ladite chapelle au sr joseph letanneur prêtre, ordonné qu'il sera mis en possession et que provisions lui seront délivrées". Le 23 avril suivant, le chapitre délibère qu'il "sera porté sur les tables des fondations comme chapelain et à raison de ses assistances aux dites fondations".

• 25 mai 1789, Tours : Il présente une requête au chapitre demandant à être placé sur le même pied de traitement que son confrère René Marie COMPAGNON, qui vient d'être reçu à la place de GILLES. On augmente ses gages de 50 livres par an, et compte tenu de ce qu'il gagne à la petite sacristie, cela le met à égalité avec les 800 livres de COMPAGNON.

• 3 mai 1790, Tours : Il est cité comme chapelain de Saint-Étienne du préau lors de l'évocation générale des bénéficiers.
• 9 décembre 1790, Tours : Au moment de la cessation de l'activité canoniale, il est toujours évangéliste et chapelain. Le maître de musique de la cathédrale est alors Sulpice Philippe LEJAY. Un mémoire rédigé en 1792 à destination du directoire du district fait l'inventaire des revenus à attachés à cette place: 800 livres en argent, 109 livres 9 sols pour un demi-annuel de messes lié à son bénéfice; 195 livres versées par le chapitre pour l'autre moitié de l'annuel de messes; 33 livres 10 sols comme chapelain de Saint-Étienne; plus une toute petite rente. Le total s'élève à 1139 livres 14 sols. Il faut ajouter les 50 livres pour l'entretien de la petite sacristie et le casuel soit un montant total de 1 200 livres.  Il explique qu'avant d'exercer cette fonction, il a été en place durant quatorze années comme vicaire de paroisse; il précise aussi que ces revenus étaient devenus un peu justes car il devait faire vivre également ses deux sœurs restées à sa charge. Enfin, il mentionne un état de santé "sujet deja a de petites infirmitez, à mesure que j'avancerai en age, je puis en avoir de plus grandes qui m'occasionneroient de la depense". Il réclame alors une pension "honneste".

• 10 août 1796, Tours : Il lui est délivré une feuille de route "pour se rendre de Saintes à Tours", sans doute sur le chemin du retour de l'île de Ré où il avait été déporté via Rochefort.

• 12 décembre 1797, Tours : Une commission militaire convoquée par le général Vimeux se réunit pour fixer son sort car il est prévenu d'émigration mais elle ne peut statuer; en effet, cité sur une une liste des émigrés du 15 thermidor an III, LETANNEUR n'est mentionné que comme "reclus et déporté" sur une autre. Une pièce jointe au dossier du même jour par cette commission signale aux administrateurs du département que "c'est a tort qu'il a été porté sur une liste d'émigration, que seulement [sic] il avoit été transferé à Rochefort pour être déporté, que rendu a l'isle de Rhé, un ordre du ministre de l'intérieur le fit rentrer avec plusieurs autres pretres dans le sein de la Republique". Depuis la veille, il est emprisonné "dans la maison de reclusion du gouvernement faute d'avoir preté le serment ordonné a tous les ecclesiastiques pour demeurer dans le territoire de la Republique par l'article 25 de la loy du 19 fructidor dernier an 5".

• 30 janvier 1798, Tours : Les membres de l'administration municipale de Tours écrivent à ceux du département : "Nous vous remettons cy joint le proces verbal de l'arrestation faite par le juge de paix du nommé Petitbeau prêtre refractaire ainsi que celui de LE TANNEUR aussi pretre refractaire avec le certificat des officiers de santé concernant chaque individu. Nous n'avons la connoissance de ces deux individus que par les plaintes qui nous ont été portées qu'ils ne cessoient de parcourir la nuit la commune pour y prêcher la Doctrine, pour quoi les comres de police apres une longue surveillance  sont parvenus à les découvrir, cette conduite vous convaincra facillement qu'ils ne sont pas si infirmes qu'ils l'ont avancé". Il manque les dates précises des faits et du procès-verbal.
• 25 avril 1798, Tours : Il rédige une requête aux administrateurs de l'administration centrale du département dans laquelle il écrit "qu'il est dans un Etat de misére qui augmente journellement par l'impossibilité ou il est de se procurer les secours dont il a le plus pressant besoin pour subsister et par les obstacles qui lui empêchent de communiquer avec les personnes qui veulent bien prendre soin de lui. Il espere de votre humanité que vous voudrez bien ordonner sa translation dans la maison de détention dite le gouvernement, ou il respirera un air plus salubre et ou il pourra plus aisement se procurer les choses nécessaires à la vie".
• 2 août 1798, île de Ré [Charente-Maritime] : L'abbé LETANNEUR embarque à destination de la Guyane sur la corvette La Vaillante en compagnie de 24 autres ecclésiastiques arrêtés en vertu de la loi du 19 fructidor; le 10, le navire est pris par la marine britannique et conduit dans le port de Plymouth.

• [1800], Angleterre : Joseph LETANNEUR serait mort en exil [source à retrouver].

Nous perdons ensuite sa trace.

• 21 février 1823, on annonce le décès la veille au couvent des dames de la Présentation, 82 rue du faubourg La Riche de l'une de ses sœurs, Marie Scolastique, âgée de 90 ans.

Dernière mise à jour : 3 septembre 2017.

Sources
F-Ad37/ L 616 ; F-Ad37/ L 642 ; F-Ad37/6NUM6/ 261/ 330 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1397 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1398 ; Recueil des victimes de la loi du 19 fructidor sous le Directoire déportés en 1798 et 1799, ...Paris, 1823

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