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LELIÈVRE, Marie Laurence (1761-1833)
État civil
NOM : LELIÈVRE     Prénom(s) : Marie Laurence     Sexe : F
Autre(s) forme(s) du nom : LE LIÈVRE
Date(s) : 1761-2-28   / 1833-8-17 
Notes biographiques

Voici une organiste qui montra très tôt des dispositions exceptionnelles pour son instrument puisqu’à 11 ans elle est choisie pour tenir les orgues de sa paroisse rennaise, Saint-Aubin, après l’éviction du précédent organiste. Au début de 1792, elle devient organiste de la cathédrale constitutionnelle avant de prêter serment comme institutrice de musique et d'enseigner le piano.

• 1er mars 1761, Rennes : Dans l'église paroissiale Saint-Aubin est baptisée Marie-Laurence LELIÈVRE, née la veille, fille du sieur Pierre Lelièvre et de dlle Françoise Leplat, qui s'étaient mariés dans la même église le 22 janvier 1760 (sans que l'acte de mariage ne livre aucune précision sur la filiation de la mariée). L'enfant reçoit pour parrain le sieur Louis Buzay et pour marraine dlle Laurence Leplat, qui savent tous deux bien signer, de même que son père, présent au baptême
Sa mère et sa marraine, Françoise et Laurence Leplat / Le Plat, sont filles et petites-filles des anciens organistes de Saint-Aubin, des Cordeliers et de Saint-Georges, Étienne LEPLAT décédé en 1743, et son fils Étienne LEPLAT actif à Rennes comme organiste jusqu'au début des années 1750.

• 29 juillet 1763 : La mère de la petite fille meurt "près le pont St-Michel", à l'âge de 34 ans environ. Cet âge correspond parfaitement à Françoise Leplat née le 11 décembre 1728 à Saint-Aubin, "fille de Me Etienne LE PLAT, organiste de cette paroisse, et de Dlle Laurence Le Loup". Cela confirme indirectement que la petite Marie-Laurence – qui a alors deux ans et demi – était petite-fille et arrière-petite-fille d'organistes.

• 24 avril 1767, Rennes : Le curé de Saint-Aubin procède à l'inhumation dans le cimetière paroissial de "Dlle Laurente LEPLAT, organiste de cette paroisse, âgée d'environ 34 ans, décédée hier près les portes St-Michel". Sa marraine, dont on remarque qu’elle décède au même âge que sa mère, n’a donc pas eu le temps de lui transmettre un bagage musical complet. Nous ignorons si une autre de ses tantes Leplat était apte à le faire, ou si la fillette a été formée ensuite par des maîtres extérieurs à la famille.

• 2 février 1772, Rennes : La jeune Marie [Laurence] LELIÈVRE, jeune fille encore mineure – elle a onze ans à peine – et placée sous la responsabilité de son oncle [et parrain] Louis Buzay, "marchand", est choisie par la paroisse Saint-Aubin de Rennes pour remplacer l'organiste Jean-François DUPARC qui ne donne pas satisfaction (il s'agit du frère aîné de François DUPARC, organiste de Saint-Germain).
• De février à avril 1772, le sieur DUPARC se débat judiciairement pour conserver son poste.
• 10 avril 1772 : La nomination de la demoiselle Lelièvre est confirmée.
• 17 mai 1772, Rennes : Les fabriciens de la paroisse Saint-Aubin établissent avec la jeune organiste et son oncle, Louis Buzay, marchand, qui lui sert de caution, un long contrat précisant ses obligations et établissant sa rémunération annuelle à 200 livres, payées en deux termes.

• 1777, Rennes : La demoiselle Lelièvre est mentionnée comme organiste sur le rôle de capitation, pour la somme de 2 livres. Elle demeure Pont Saint-Michel, au 4e étage. Cette apparition dans le rôle des contribuables indique qu'à seize ans, la jeune fille est considérée comme un foyer fiscal autonome.

• 1781, Rennes :  “La demoiselle Lelièvre, organiste” paye 3 livres 13 sols de capitation, elle demeure "pont Saint-Michel".

• 1782 : Ses gages comme organiste de Saint-Aubin sont augmentés et passent de 200 à 225 livres pour l'année.

• 1783 : Ses gages passent à 250 livres / an.

1790, Rennes : Marie LELIÈVRE est toujours organiste de la paroisse Saint-Aubin, où elle touche toujours 250 livres par an, en deux versements de 125 livres chacun. L'orgue est régulièrement entretenu par le facteur Pierre TESSIER. La fabrique paroissiale rémunère également "quatre coristes" dont seul Pierre CAILLARD a été identifié. On trouve par ailleurs mention de deux prêtres, CHAUSSEBLANCHE, premier chantre, et ALLAIN, second chantre.

• 22 juillet 1791, Rennes : La demoiselle LELIÈVRE, "organiste de la ci-devant paroisse St-Aubin", donne quittance de la somme de 125 livres que le trésorier de la ci-devant fabrique paroissiale lui a versée.
La paroisse ayant été supprimée en avril et intégrée avec d’autres dans la grande paroisse Saint-Pierre, on peut donc supposer que Marie Lelièvre a été sans emploi d’avril (ou de juillet ?) 1791 à janvier 1792.

• 22 janvier 1792 : Mademoiselle DESVARENNES postule à l’orgue de la nouvelle cathédrale Saint-Melaine, dont le culte se tient provisoirement en l’église des Cordeliers (transfert autorisé le 12 janvier 1792, le temps des réparations de Saint-Melaine). Mais le "général de la fabrique" préfère choisir Mlle LELIÈVRE à compter du 15 janvier immédiatement précédent. Son salaire annuel sera de 550 livres.
Des paiements à ce titre sont attestés régulièrement jusqu'au 30 septembre 1793.
La fin de l’année 1793 lui reste ensuite due jusqu'au 11 floréal an II (30 avril 1794), date à laquelle le district ordonne de délivrer "à la Citoyenne Lelièvre le traitement qu’elle réclame", c'est-à-dire son salaire pour le dernier trimestre 1793, "à raison de 45 livres 16 sols 8 deniers par mois".

• 19 germinal an II (8 avril 1794), Rennes : Marie LELIÈVRE, jusqu'alors organiste de la cathédrale constitutionnelle, demeurant place des jeunes Malouins (c'est-à-dire place Sainte-Anne), prête serment comme "institutrice de musique". Le même jour, Suzanne Félicité DESVARENNES, épouse du citoyen Chefdehoux, demeurant rue Beaurepaire, prête également serment au même titre.
• 3 floréal an II ([22 avril 1794) : Un certificat de civisme est délivré le même jour à Marie LELIÈVRE et à Noël PLIHON, musicien.

• Fin 1796, Rennes : La demoiselle LELIÈVRE "pour le piano" figure dans la liste des professeurs de musique publiée dans Le Calendrier du département d’Ille-et-Vilaine pour 1797. Y voisinent d'autres anciens musiciens d'Église comme LEMAY, PLION et OUDET, tous trois enseignant musique vocale et basse, ou BOËTE pour la musique vocale et l'alto.

• 20 vendémiaire an VII (11 octobre 1798) : Par le biais d'une annonce dans le Journal du Nord Ouest de la République Française, la musicienne met en vente "une petite orgue, renfermée dans une table, ayant un soufflet, qu’on souffle facilement soi-même en touchant". Les acheteurs intéressés doivent s'adresser "à la citoyenne Lelièvre, Artiste, demeurant près de l’église ci-devant Visitation, au-dessus du citoyen Lamotte, serrurier". On notera avec le plus vif intérêt qu’elle est qualifiée d’artiste, marque d’une nouvelle reconnaissance sociale et professionnelle.

• Elle figure comme maîtresse de piano dans les divers Almanachs rennais jusqu’en 1805

À une date inconnue, postérieure à l'année 1805, elle quitte Rennes pour Nantes.

• 17 août 1833, Nantes : À deux heures du matin, en sa demeure située quai de la Fosse, n° 64, s'éteint Mademoiselle Marie Laurence LELIÈVRE, rentière, célibataire, âgée de 73 ans, née à Rennes, fille de feux Monsieur Pierre Lelièvre et madame Marie Leplat, son épouse. Un neveu, lui aussi dit "rentier", quoiqu'âgé de 42 ans seulement, Thomas-François-Pierre-Marie Du Couëdic, déclare le décès quelques heures plus tard.

Mise à jour : 20 août 2020

Sources
Calendrier d’Ille-et-Vilaine pour 1797 ; F-Ad35/ 1Q 827 ; F-Ad35/ 1Q 829 ; F-Ad35/ 2G 245/201 ; F-Ad35/ 2G 245/204 ; F-Ad35/ 2G 245/3 ; F-Ad35/ 2G 245/6 ; F-Ad35/ 2G245/3 ; F-Ad35/ C 4043 et C 4063 ; F-Ad35/ C 4063  ; F-Am Nantes/ NMD Nantes ; F-AmRennes/ 1D 1/8 ; F-AmRennes/ BMS St-Aubin ; Journal du Nord Ouest de la République Française, an VII ; M.-Cl. Mussat, "Les musiciens d'Église en Bretagne…", 2008

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