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KROUK, Jean Joseph (ca 1735-1785)
État civil
NOM : KROUK     Prénom(s) : Jean Joseph     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : KROUKZ
KROUG
KRUG
KROUCK
KROUCZ
KROUCKZ
KROUX
KROUC

SNOUCK ?
Date(s) : 1735 ca  / 1785-4-30
Notes biographiques

Musicien militaire puis musicien indépendant vivant de leçons, Jean-Joseph KROUK / KROUCK n'appartient pas à la grande famille des musiciens d'Église. Mais son histoire, malgré des zones d'ombre persistantes, est bien documentée et mérite d'être publiée.

• [Vers 1735], peut-être à Lille : Selon son acte de décès, Jean-Joseph KROUCK serait né vers 1735, à "Lille en Flandre". Selon son acte de mariage il est fils de Jean-Baptiste KRUK [sic] et Marie-Anne de Milly son épouse.

• [Courant 1762], La Flèche [alors en Anjou, aujourd'hui dans le sud du département de la Sarthe] : Jean-Joseph KROUK, musicien militaire, arrive avec son régiment de Carabiniers pour caserner dans les vastes bâtiments du collège laissés vacants par le départ des Jésuites le 1er avril 1762.
Il fait la connaissance de Françoise-Élisabeth Mousseron. Elle est issue d'une famille de notables fléchois. Son père, Jacques Mousseron du Brossay, décédé antérieurement, était contrôleur au Grenier à sel, et est régulièrement dit "Major de Bourgeoisie".

    • Au début de l'année 1754, sa mère, "Dame Louise Deniau" (ou Denion, Denyon), craignant "les suites fâcheuses d'une faute de jeunesse commise par ladite demoiselle Mousseron", avait fait enfermer sa fille chez "les dames pénitentes" d'Angers "en vertu d'ordre du Roy", puis l'avait fait transférer au bout de 14 à 15 mois chez les Cordelières du Buron d'Azé, près de Château-Gontier (couvent doté d'un orgue, que tiendra une dizaine d'années plus tard Jeanne-Marie BERTRAND). Le 2 juillet 1754, son frère, Joseph Mousseron du Brossay, receveur général des aides de la généralité de Tours, demeurant à Tours, était venu à La Flèche pour emprunter 1 000 livres à un maître chirurgien, en échange d'une rente de 50 livres / an. Cette somme de 1 000 livres lui était nécessaire "pour estre employée à payer les pensions et autres dépenses urgentes de la demoiselle Françoise Mousseron sa sœur, de présent retenue dans la maison des Dames pénitentes de la ville d'Angers".
    • Deux ans plus tard, le 28 mai 1757, sa mère et le conseil de famille avaient sollicité la révocation des ordres de sa Majesté car la conduite de la jeune femme dans les diverses maisons où elle avait été détenue s'était révélée "édifiante et conforme aux bonnes mœurs".
    • Il est difficile d'affirmer que tout cela était lié à Krouk qui, logiquement, n'a dû arriver à La Flèche avec son régiment qu'au cours de l'année 1762. Où casernait le régiment auparavant ?

• 23 novembre 1762, La Flèche : La mère de Françoise Mousseron meurt, à l'âge de 86 ans, et est inhumée le lendemain en l'église Saint-Thomas. Les seuls présents mentionnés dans l'acte sont Jean-Baptiste CHASLOT et Nicolas Renaut, les deux témoins habituels (le premier étant le fils de l'organiste sacristain René Nicolas CHASLOT).
• 3 janvier 1763 : L'inventaire de ses biens mobiliers est dressé dans la maison qu'elle occupait rue du Collège. Ses héritiers sont deux enfants et deux petits-enfants représentant un fils décédé, de son premier mariage avec feu René de La Barberye, et deux enfants de son second mariage, Joseph Mousseron du Brossay, Directeur des aides, et Françoise Mousseron du Brossay, "fille majeure demeurante à La Flèche". Lors de la vente qui suit l'inventaire, entre le 10 et le 14 janvier, cette dernière achète de quoi monter son ménage : un lit à l'ange, une tenture de tapisserie, une table et six chaises, des torchons et des ustensiles de cuisine ainsi qu'une "boëte à quadrille" et un moulin à café.

• 6 octobre 1763, Angers : Joseph KROUK, "de la paroisse de St-Thomas de La Flèche", et Françoise-Élisabeth Mousseron, de la même paroisse, se marient dans l'église paroissiale de Saint-Pierre, qui a été désignée par l'évêque d'Angers pour qu'y soit célébré ce mariage controversé. Jusqu'au bout, en effet, le mariage Krouk/Mousseron a été entravé par la famille Mousseron. L'acte de mariage fait allusion à trois oppositions levées par trois jugements successifs, qui restent à retrouver. Cela a retardé les noces, alors que la jeune femme est enceinte depuis le mois de juin. En même temps qu'il imposait au clergé de Saint-Pierre la célébration de ce mariage, l'évêque a accordé une dispense de deux bans, signée le matin même du 6 octobre.
Cette délocalisation et cette précipitation n'ont pas empêché le musicien de réunir autour de lui plusieurs amis : Jean-Antoine FINELLI (accompagné de son épouse, Victoire DEVERT) et Pierre JOSSON, tous deux dit "musiciens de cette ville", Pierre POITEVIN (ou POIDEVIN, père de trois futurs musiciens et très probablement musicien ou chantre lui aussi, quoique officiellement tailleur d'habits) ainsi qu'un autre artiste, Pierre-Nicolas Mercier, peintre. Pierre Josson est en réalité Pierre-Olivier JOSSON, dit Josson l'Aîné, maître à danser de l'Académie d'Angers et qui sera à partir de 1772 lieutenant du roi des violons pour l'Anjou et le Maine. Restent à identifier le mystérieux Cherdonnoux ou Chardenoux dont l'épouse est présente, ainsi que David Lanzerait / Lanzeray : tous deux pourraient être aussi musiciens...

• 22 décembre 1763, La Flèche : "Dame Françoise Mousseron du Brossay, épouse du sieur Jean Joseph KROU, musicien et chef de la musique au Corps des Carabiniers de Mgr le Comte de Provence" fait établir son testament devant le notaire Gallois. La testatrice est alors fortement enceinte et craint sans nul doute de mourir en couches. Le couple Krouk/Mousseron demeure paroisse Saint-Thomas, "sur la rue des cy devants soy-disants Jésuites", écrit le notaire.

• 22 février 1764, La Flèche : En l'église Saint-Thomas est baptisée Marie-Anne-Jeanne-Baptiste, née le même jour, fille du sieur "Jean Baptiste" KROUK musicien au corps des carabiniers, et de demoiselle Françoise-Élisabeth Mousseron, sa femme. Le parrain est le sieur Jean-Baptiste LIBOVIT musicien, qui est absent et représenté par un serger. Le père est présent et signe très lisiblement "Krouk" avec un petit paraphe, orthographe qui a donc été adoptée comme autorité pour la présente biographie (il faut toutefois signaler que son acte de mariage était signé "joseph Kroukz"). Dans cet acte de baptême, il semble que le curé ait fait une confusion concernant le prénom du père, auquel il donne le prénom du parrain.
• Durant le printemps 1764, La Flèche : KROUK donne non seulement des leçons de basson, mais donne même son instrument "qui  était parfait et fait par le fameux Rottemburg luthier" au jeune Pierre-Gaspard de Clermont-Gallerande qui brûle d'envie de savoir en jouer. Comme "l’on ne me payait pas de maitre", le jeune homme donne sa montre en or à Krouk. Il dit de ce dernier qu'il "était de la première force pour le basson et jouait très bien de la flute et du hautbois". Sans doute KROUK est-il également pédagogue, puisque son élève écrit dans ses souvenirs autobiographiques : "Je fis des progrès rapides en peu de temps et m’exerçais sans cesse ce qui me rendit dans la suite de la première force sur cet instrument, surtout par la qualité des sons que j’en tirais".
• 6 septembre 1764, La Flèche : Joseph KROUK le chef de musique du régiment, et Georges WINGLEMANN, musicien dans le même corps, assistent au contrat de mariage entre Johan-Peter VALTER, trompette des Carabiniers, et Louise Masson, une jeune fléchoise.
• 15 et 20 décembre 1764, La Flèche : Le contrôle des actes notariés enregistre le partage en deux lots de la succession des défunts Mousseron du Brossay et Louise Deniau. L'un de ces lots va à Jacques Mousseron du Brossay et l'autre au sieur Jean-Joseph KROUQ "chef de musique des carabiniers" et sa femme. Le montant (total ?) enregistré est de 15 676 livres.

• Mai-juin 1774, Nantes :  "Joseph KROUQ musicien", et dame Françoise Mousseron, son épouse, demeurent à Nantes, au bas de la Fosse, paroisse Saint-Nicolas. Le musicien vient à La Flèche pour assister à la vente d'une tante de sa femme, défunte Françoise Mousseron Veuve de La Barberye. Il n'achète rien. Il donne ensuite procuration à un notaire de La Flèche pour le représenter dans les formalités de clôture de la succession.

• 26 avril 1781, La Flèche : Le curé de Saint-Thomas procède à la sépulture "au cimetière de cette ville", de Marie-Anne Krouk, 17 ans et deux mois, décédée la veille. Les parents ne semblent pas présents à la sépulture. Les signataires de l'acte sont ceux qui assistent le curé pour toutes les sépultures environnantes. Recopiant sans doute l'acte de baptême de la jeune défunte, il la dit "fille du sieur Jean Baptiste KROUK musicien du corps des carabiniers, et de delle Françoise Élisabeth Mousseron, sa femme". Or, à cette date, les carabiniers ont depuis longtemps quitté La Flèche. Si Jean-Joseph KROUK est à cette date revenu demeurer à La Flèche, ce qui n'est pas certain, alors il n'exerce plus chez les Carabiniers.
On peut penser qu'il avait exercé comme maître de musique pour une clientèle privée, à domicile et au sein du collège.

• 29 avril 1782, La Flèche : Joseph KROUQ, ancien professeur de musique au Régiment de Dragons de Monsieur, et dame Françoise Mousseron, son épouse, vendent une closerie située à Bazouges, dont Françoise Mousseron a hérité de son père. Jusqu'alors affermée pour 150 livres / an, la closerie est vendue 6 000 livres, dont 2 000 payées comptant, le reste sous forme de pension viagère de 300 livres/an. Ainsi le couple s'assure-t-il un revenu régulier pour les années à venir. Si l'acte est passé à La Flèche, "maison des sieur et Dame KROUQ", il est clair qu'ils sont en train d'organiser leur départ puisqu'il est convenu que la rente sera payée aux vendeurs "en leur demeure, soit à Angers ou à La Flèche".

• 1er mai 1785, Angers : Sans doute mort la veille, Joseph KROUK, âgé de 50 ans, est inhumé paroisse Saint-Martin, où il demeurait. Il est dit musicien, sans précision, et son acte de sépulture indique qu'il est "de Lille en Flandre".
Il jouit d'une certaine notoriété dans la ville d'Angers puisque la semaine suivante l'hebdomadaire Les Affiches d'Angers mentionne son décès à la rubrique "nécrologie""Le dimanche 1er mai a été inhumé, en St-Martin, M. Joseph KROUG, musicien.”

• 23 nivôse an VIII [13 janvier 1800], Angers : Le décès de Françoise Mousseron, survenu la veille à huit heures du matin en son domicile, "rue Basse Martin" (ci-devant rue Basse Saint-Martin), est déclaré par sa "fille de confiance" et un voisin maçon. La défunte est dite fille des défunts Jacques Mousseron, ancien contrôleur au Grenier à sel, et de Louise Deniau, et aussi "veuve de Joseph KROUX, ancien militaire". L'acte indique que leur mariage avait eu lieu "commune de La Flèche", ce qui est une erreur manifeste puisqu'il a été retrouvé dans le registre de la paroisse Saint-Pierre d'Angers. Elle aurait été âgée d'environ 85 ans, ce qui la ferait naître vers 1715, soit vingt ans avant son futur époux. Cet âge paraît exagéré, et peu compatible avec la naissance d'une fille en 1764. Il indique simplement qu'aux yeux des déclarants, la défunte était très âgée.

Il faut signaler l'existence à Pontlevoy [Loir-et-Cher] d'un certain KRUG, qui, selon le fichier Brosset, remplace Antoine PONCHARD en 1792 comme maître de musique au Collège. Il est toujours attesté dans ces fonctions en 1820. Il serait spécialisé dans les instruments à vent.

Mise à jour : 1er décembre 2017

Sources
F-Ad49/ BMS Angers, St-Pierre ; F-Ad49/ BMS St-Martin d'Angers ; F-Ad49/ D Angers 2ème arr. ; F-Ad72/ 4E 7/520 ; F-Ad72/ 4E 7/533 ; F-Ad72/ 4E 8/558 ; F-Ad72/ BM St-Thomas, La Flèche ; F-Bm Le Mans/ Ms B 600, vol. 20 ; S.Granger, Les Métiers de la musique..., thèse, 1997 ; S.Granger, Les Métiers de la musique…, thèse, 1997.

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