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JÆGLÉ, Charles Joseph Antoine (1752-1825)

JÆGLÉ, Charles Joseph Antoine (1752-1825)

État civil
NOM : JÆGLÉ     Prénom(s) : Charles Joseph Antoine     Sexe : M
Date(s) : 1752-9-8  / 1825-2-19
Notes biographiques

Né en Alsace dans une famille de notables, Charles Joseph Antoine JÆGLÉ (1752-1825) devient prêtre, vicaire de plusieurs paroisses puis chapelain à la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg de 1782 à 1790, ce qui l'oblige à chanter le plain-chant avec l'ensemble du bas chœur. Dans les années qui précèdent la Révolution, il est aussi curé de la paroisse Saint-Laurent en la cathédrale. Opposant déterminé à la Constitution civile du clergé, il émigre en 1791 après un esclandre avec l'évêque constitutionnel et intègre le Grand Chœur reconstitué à Offenbourg [Bade-Wurtemberg]. En 1800, il regagne Strasbourg. Il y joue un rôle de premier plan dans la rétablissement du culte catholique à la cathédrale. Il retrouve ses fonctions curiales sous le régime concordataire, mais en est privé en 1811 à la suite de manigances de certains membres du chapitre avec lesquels il était en conflit. Il dirige ensuite l'École normale de Strasbourg, qu'il réforme. La nomination du prince de Croy au siège épiscopal lui permet d'obtenir un canonicat à la cathédrale en 1820.

• 8 septembre 1752 : Charles Joseph Antoine JÆGLÉ naît à Kaysersberg [Haut-Rhin]. Il est le fils de Charles Antoine Jæglé, magistrat, et de Marie Marguerite Guérin.

• 10 décembre 1773 : JÆGLÉ sollicite et obtient du prince-évêque de Bâle l'incorporation dans le diocèse de Strasbourg.

• 21 décembre 1776 : Il est ordonné prêtre par Mgr Toussaint Duvernin, évêque d'Arath.

• [vers décembre 1776-printemps 1779] : JÆGLÉ est vicaire de la paroisse de Wiedensahl, en Basse-Saxe, pendant deux ans et quatre mois selon ses propres dires.

• [printemps 1779-fin 1779 ou début 1780] : Il est vicaire de la paroisse de Berstheim [Bas-Rhin] pendant huit mois.

• [vers début 1780-juin 1782], Nordhouse [Bas-Rhin] : Il est vicaire de la paroisse pendant dix-huit mois.

• 12 juin 1782, Strasbourg [Bas-Rhin] : Il est nommé à l'une des quatre chapellenies de la cathédrale Notre-Dame, vacante par le départ de M. COLLIGNON, qui devient curé d'Ulm. Il était alors vicaire à Nordhouse. Comme chapelain, il fait partie du bas chœur au sein duquel il chante régulièrement. Ayant émigré l'année suivante, il n'a jamais touché de pension, juste un acompte de 400 livres.

• 19 avril 1784, Strasbourg : Le prince Joseph de Hohenlohe-Waldenbourg-Bartenstein, qui lui a conféré sa chapellenie, le fait agréer par le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, comme curé de Saint-Laurent à la cathédrale.

• 1790Strasbourg [Bas-Rhin] : Charles Joseph Antoine JÆGLÉ est curé de la paroisse Saint-Laurent et chapelain de la cathédrale lors de la suppression du chapitre. Les autres chapelains sont les sieurs WOLBERTKACZOROWSKY et SCHODER

• 21 janvier 1791, Strasbourg : Charles Joseph Antoine JÆGLÉ refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé. 
• 23 janvier 1791 : Le Grand Chapitre et le Grand Chœur sont installés à Offenbourg [Bade-Wurtemberg].
• 26 mars 1791, Strasbourg : Lorsque l'évêque constitutionnel Brendel se rend à la cathédrale pour y assister au Salve, le curé JÆGLÉ s'oppose à ce qu'il dise l'oraison. JÆGLÉ lui reproche son apostasie et le somme de déposer son titre usurpé. Des femmes se mêlent à la dispute et Brendel ne s'échappe que grâce à l'intervention de la force armée.
• 27 mars 1791, Strasbourg : Le conseil général de la commune ordonne la mise en état d'arrestation de Charles Joseph Antoine JÆGLÉ, accusé d'avoir provoqué le soulèvement de ses ci-devant paroissiens. Mais JÆGLÉ a passé le Rhin et s'est réfugié à Ettenheim [Bade-Wurtemberg], où réside le cardinal de Rohan, l'évêque de Strasbourg exilé.
• 4 avril 1791, Paris : L'Assemblée nationale décrète que JÆGLÉ sera cité devant la cour de justice provisoirement établie à Orléans.
• 4 juin 1791 : Le Grand Chapitre octroie des lettres de provision à JÆGLÉ pour la prébende du Grand Chœur appelée prébende de Saint-Florent, vacante par la mort du titulaire, François Thomas de Rousseau, en mai 1791.
• 19 juin 1791, Offenbourg : Il est installé par le prince de Hohenlohe comme quatrième prébendier du Grand Chœur transféré à Offenbourg.

• Septembre 1794-octobre 1796 : JÆGLÉ réside en Bavière.

• 1797 : Il réside à Mühlberg, en Saxe.

• 21 mars 1798 : Il obtient des lettres de naturalisation du prince de Hohenlohe-Bartenstein.

• 7 avril 1799 : L'administration impériale lui accorde l'autorisation de s'établir dans le diocèse de Csanád en Hongrie pour y exercer le ministère pastoral, mais il ne s'y rend pas.

• 1799 : Il revient à Ettenheim, dans l'attente de regagner l'Alsace.

• Janvier 1800 : Il est de retour à Strasbourg.
• 24 août 1800, Strasbourg : Le préfet du Bas-Rhin rend la cathédrale au culte catholique. Les clés sont remises à JÆGLÉ par le maire.
• 1er octobre 1800, Strasbourg : Le citoyen Finck écrit à JÆGLÉ au sujet des clés de la cathédrale. Il lui reproche de s’être saisi "mal-à-propos" de ces clés, notamment celles des sacristies. Il doit les rendre au porteur du billet car il entrave son travail. JÆGLÉ, qui réside chez son ami le sacristain WOLFF, s'estime en droit de décider qui peut entrer, en sa qualité de curé véritable de Saint-Laurent et de prébendier du Grand Chœur (sous-custos et directeur, dit-il, c’est-à-dire chargé de la police du culte canonial). Il s'oppose aussi, sur ce point, aux autres curés de la ville, qui célèbrent le culte dans la cathédrale.

• 1801, Strasbourg : Lors de la réouverture de la cathédrale, JÆGLÉ se prétend seul en droit d'entonner le Te Deum de réconciliation. Il refuse ce droit au commissaire épiscopal Hirn, qui dans la cathédrale "n'est rien". Le Te Deum est exécuté "en musique", ce qui déplaît à certains ecclésiastiques car cela a attiré un public nombreux (environ 1000 personnes) se croyant au théâtre. Cependant, le grand doyen soutient JÆGLÉ dans la lettre qu'il lui adresse le 11 avril 1801 : en pareille circonstance, le manque de décence était inévitable, qu'on eût chanté en plain-chant ou en musique.

• 1802, Strasbourg : Les cures de Saint-Laurent dans la cathédrale, Saint-Pierre-le-Jeune, Saint-Marc et Sainte-Madeleine sont rétablies. Les succursales sont Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Louis, La Robertsau et Le Neuhof. JÆGLÉ a rang à l'office parmi les chanoines. Il fait partie du conseil provisoire de l'évêque Jean-Pierre Saurine en attendant la constitution du chapitre. Il y côtoie Hirn, ancien supérieur du séminaire et commissaire épiscopal, Colmar, futur évêque de Mayence, Metz, futur vicaire général, et les sieurs Thomas et Klein.

• 1803, Strasbourg : JÆGLÉ est à nouveau nommé officiellement curé de la paroisse Saint-Laurent.

• Mars 1804 : JÆGLÉ est arrêté et transféré à Paris en raison de ses liens avec des émigrés proches du duc d'Enghien (la baronne de Reich). Saurine et l'évêque de Mayence interviennent pour le faire libérer. Le 13 août, le premier écrit au conseiller d'État Miot que les pauvres et les malades le réclament. "Je n'ai point trouvé dans ce pays-ci de prêtre plus respectueusement soumis et plus attaché au gouvernement que lui", ajoute-t-il. Le 26 août, Saurine indique au ministre de la Police générale que les rapports de JÆGLÉ avec les personnes suspectes "n'étaient que des actes de complaisance dictés par la reconnaissance pour d'anciens services très importants".
• 20 décembre 1804 : JÆGLÉ est libéré mais doit se rendre à Mayence pour y être placé sous surveillance jusqu'à décision ultérieure du gouvernement.

• 1805 : Il revient à Strasbourg.

• 1807, Strasbourg : JÆGLÉ est en conflit avec le chanoine Labeyrie, ex-prêtre constitutionnel et confident de l'évêque. Il l'accuse dans une lettre au ministre des Cultes d’avoir mis moins de temps à trouver une maîtresse à Strasbourg qu'à "rejoindre sa stalle". Labeyrie lui voue en retour une haine farouche. Il le bouscule publiquement lors de la messe de l'Assomption.

• 7 octobre 1810, Strasbourg : JÆGLÉ écrit au ministre, le comte Bigot de Préameneu, pour dénoncer les chanoines Labeyrie et Bouat, qui "ronflent jusqu'à l'autel" et tiennent des propos qu'on entend "qu'en très mauvaise compagnie" à la sacristie, lors de la préparation de la messe.
• 5 novembre 1810, Strasbourg : Après le décès du sacristain WOLFF, survenu la veille, JÆGLÉ s'attend à célébrer l'office mais l'évêque désigne un chanoine, ce qui le met en fureur. Son attitude lui vaut d'être suspendu de ses fonctions pour une durée illimitée, mais il les reprend après l'enterrement du sacristain.

• 6 février 1811, Strasbourg : Un décret impérial unit la cure de Saint-Laurent au chapitre. La paroisse Saint-Laurent dans la cathédrale devient paroisse de la cathédrale. La cure relevant virtuellement du chapitre, le titulaire doit être pris parmi les membres du chapitre, dont JÆGLÉ n'est pas membre. Il doit donc céder sa place, ce qu'il ne fait pas sans protester contre une mesure qu'il juge illégale et qui le prive de ressources. Labeyrie et Bouat, qui ont planifié cette vengeance, jubilent.
• Octobre 1811, Strasbourg : JÆGLÉ devient directeur de l'École normale sur proposition de M. Levrault, recteur de l'Académie.

• 27 février 1812, Strasbourg : Il propose au recteur des améliorations dans l'enseignement du français, l'engagement d'un maître de musique pour apprendre aux élèves à toucher le clavecin et d'un maître de plain-chant, indispensable pour les maîtres d'école protestants et nécessaire à la plupart des maîtres catholiques "qui sont destinés à des communes où la modicité des revenus réunit les places de maître d'école et d'organiste sur le même individu". Il suggère aussi d'accorder une place centrale à l'enseignement religieux "comme base de la moralité", se proposant pour exercer ce rôle. Le confesseur de l'établissement est le jeune vicaire de la cathédrale F. Mühe. La formation s'effectue dans l'ancien séminaire et non plus au lycée.

• 1814, Strasbourg : M. de Lezay-Marnésia, fondateur de l'École normale et ami proche de JÆGLÉ, décède.

• 18 octobre 1814, Strasbourg : JÆGLÉ demande aux vicaires capitulaires sa réintégration dans son ancien poste de curé dont il affirme que le titre est inamovible, en vain.

• Automne 1815, Strasbourg : L'École normale rouvre après une longue interruption due au siège de la ville et aux Cent Jours.

• [fin 1815 ou début 1816] : Dans un mémoire, JÆGLÉ donne des précisions sur son engagement politique au service de "Sa Majesté" (Louis XVIII) au temps de Napoléon. Il prétend avoir été en relation permanente avec le général Pichegru par l'entremise de la baronne de Reich et avoir porté des dépêches sensibles à différentes reprises.
• 17 février 1816, Strasbourg : Un arrêté du conseiller d'État administrateur général des cultes accorde à JÆGLÉ un traitement de curé de première classe à compter du premier janvier 1816, jusqu'à ce qu'il soit pourvu d'un bénéfice équivalent (1 600 francs par an).

• 26 novembre 1817, Strasbourg : JÆGLÉ obtient du prince Gustave de Croy, le nouvel évêque, le droit de célébrer la messe dans un oratoire privé. Ancien chanoine du Grand Chapitre, le prélat avait beaucoup d'estime pour lui. 

• 20 mai 1820, Strasbourg : Le nouvel évêque de Strasbourg Gustave de Croy prend ses fonctions. Un compromis se dessine : l'archiprêtre Vion reste curé mais JÆGLÉ deviendra chanoine à la place de Thibaud Lienhart, nommé vicaire général.
• 17 juin 1820, Strasbourg : JÆGLÉ est nommé chanoine titulaire à la place de Lienhart. L'évêque préside la cérémonie d'installation le 12 août. Il reste directeur de l'École normale.

• 16 juillet 1823, Strasbourg : L'École normale est transférée par ordonnance royale place Saint-Pierre-le-Jeune dans la maison Carl.

• 19 février 1825, Strasbourg : Charles Joseph Antoine JÆGLÉ, chanoine de la cathédrale et directeur de l'École normale, meurt de "marasme sénile" à l'âge de 72 ans 5 mois 11 jours, dans une maison place Saint-Pierre-le-Jeune, à l'École normale.
• 22 février 1825, Strasbourg : Le Journal politique et littéraire du Bas-Rhin publie son éloge nécrologique. "La mort vient d'enlever M. l’abbé Jaeglé à sa famille et à ses nombreux amis. S'il était permis de s'occuper des vanités de la Terre sur la tombe d'un ministre de la religion qui nous précède dans l'éternité, je me plairais à soulager ma douleur en énumérant ses titres à l'estime publique. Je dirais surtout sa fermeté et le noble caractère qu'il a déployés, les sacrifices qu'il a faits et les persécutions qu'il a bravées, pour défendre dans des temps difficiles la cause de la religion et de la légitimité, car n'ayant jamais su transiger avec sa conscience, il n'a jamais cessé d'être fidèle à son Dieu et à son Roi. […] M. Jaeglé laissera de longs regrets à ceux qui, l'ayant connu de près, ont su l'apprécier [...]". Son corps repose au cimetière Saint-Urbain dans une chapelle élevée par l'abbé Mühe, qui y est lui-même inhumé. L'épitaphe de JÆGLÉ n'était plus lisible en 1909.

Mise à jour : 30 juin 2021

Sources
B. Xibaut, La cathédrale de Strasbourg au lendemain de la grande Révolution..., 1991. ; C.-A. Frayhier, Histoire du clergé catholique d’Alsace avant, pendant et après la grande Révolution, 1876 ; C.-A. Frayhier, Histoire du clergé catholique d’Alsace…, 1876 ; F-Ad67/ D Strasbourg ; M. Schickelé, "A. Jaeglé, curé de Saint-Laurent (cathédrale de Strasbourg)...", juin 1909 ; M. Schickelé, "A. Jaeglé, curé de Saint-Laurent (cathédrale de Strasbourg)...", mai 1909

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