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HOCQUARD, Jacques (1744-1816)
État civil
NOM : HOCQUARD     Prénom(s) : Jacques     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : HOCQUART
HOQUARD
Date(s) : 1744-12-15   / 1816-2-10 
Notes biographiques

Si on ignore encore où et dans quelles conditions Jacques HOCQUARD a été formé au chant d'Église, en revanche on parvient à bien le suivre de son premier poste, à la cathédrale de Langres, jusqu'à celui de 1790, à celle d'Autun, en passant par la collégiale de Beaune. Son patronyme est alternativement terminé par un "t" ou un "d" et sa signature oscille entre les deux versions.

• 15 décembre 1744, Chatenois [Vosges] : Fils légitime d'Augustin Hocquard et de Marguerite Rochelle / Rochelet, le futur Jacques HOCQUARD, né le même jour, est baptisé sous le prénom de Jacob. Son acte de baptême livre peu d'informations et en particulier n'indique pas les métiers exercés par les protagonistes. Son parrain et sa marraine savent signer. Plus tard, son acte de mariage, en 1771, indique que son père était marchand tanneur à "Chatenois en Lorraine, paroisse St-Pierre".

• [Vers 1752] : Devient-il enfant de chœur dans une maîtrise et si oui, laquelle ? Les grandes villes les plus proches de Chatenois sont Colmar (25 km au sud), Saint-Dié (40 km à l'ouest) ou encore Strasbourg (47 km au nord). Les dossiers de la période révolutionnaire n'en font aucune mention.

• [Vers début 1767], Langres : Jacques HOCQUARD commence à chanter la basse-contre à la cathédrale de Langres (soit à près de 190 km de son village natal par l'itinéraire pédestre le plus direct). On déduit cette information de plusieurs indications imprécises livrées par la documentation 1790-1791 : il "a servi depuis l'âge de vingt deux ans en qualité de basse-contre" [donc depuis l'extrême fin de 1766 ou le début de 1767] "dans les églises collégiale et cathédrale de Beaune et de Langres". Malgré l'ordre suggéré par la tournure de la phrase, Langres se place forcément avant Beaune, puisque, ensuite, les postes de Beaune et d'Autun s'enchaînent sans rupture. La date de 1767 comme début de sa carrière est confirmée par l'arrêté du département de Saône-et-Loire du 20 novembre 1791 qui considère alors que le musicien "avoit à cette époque 24 ans de service" (et non les 25 années réclamées par la loi…).
Un autre document administratif précise qu'il a été "près de douze ans en cette qualité" [de musicien laïc] au chapitre de Beaune "et un an à la catédralle de Langres". Cette année à Langres se place donc vraisemblablement entre le début de 1767 et le début de 1768.

• [Courant 1768], Beaune : Jacques HOCQUARD est reçu comme musicien à la collégiale Notre-Dame de Beaune.

• 5 janvier 1769, Beaune : Le chapitre accorde quatre jours de congé à LEVÊQUE et HOCQUARD, "gagiste". C'est la première mention de Jacques HOCQUARD relevée dans le registre beaunois. Soit sa réception n'a pas été enregistrée par le secrétaire capitulaire, soit elle a échappé au dépouillement.

• Du 16 août au 7 septembre 1770, Beaune : Entre le lendemain de l'Assomption et la veille de la fête de la nativité de la Vierge, HOCQUART, gagiste de la collégiale Notre-Dame, obtient un congé car "des affaires l’appelloient dans son pays pour quelque temps". Sa mère est alors décédée et son père a disparu "depuis plusieurs années", sans que l'on sache s'il est vivant ou mort. On peut penser que le musicien est alors allé en Lorraine voir ses oncles et commencer ses démarches administratives en vue de son mariage, démarches rendues complexes par l'absence de son père. De Beaune à Châtenois, il faut compter près de 180 km d'itinéraire pédestre. 

• 15 mai 1771, [Neufchâteau] : Un conseil de famille s'assemble pour officialiser son accord au projet de mariage du jeune homme. L'un de ses oncles est "curé de Pompierre, diocèse de Toul", un autre est "marchand de métal de cloche". L'acte est légalisé le lendemain par le lieutenant civil et criminel au bailliage royal de Neufchâteau en Lorraine.
• 29 juillet 1771, Beaune : En la collégiale Notre-Dame est célébré le mariage de Jacques HOCQUARD, "musicien en l'église collégiale Notre-Dame de Beaune", et de Magdelaine Poussard, fille d'un maître tonnelier de la paroisse Saint-Pierre. De nombreux musiciens sont présents : Lazare GOOSSENS, Jean-Baptiste GRATPANCHE et Jean-Louis LEVESQUE, tous trois "musiciens à la collégialle de Beaune et amis de l'époux", ainsi que Nicolas SAUVEZ "organiste de Maizieres aussi ami de l'époux".

• 9 mars 1773, Beaune : Le sieur HOCQUARD, gagiste de la collégiale Notre-Dame, "que des affaires appelloient dans son pays" obtient à nouveau du chapitre un congé de quinze jours.
• 27 décembre 1773 : Une fille Hocquard, prénommée Jeanne-Françoise-Étiennette, naît sur la paroisse Notre-Dame. Son baptême, le lendemain, réunit le milieu socio-professionnel de la branche maternelle : les musiciens en sont absents, alors que le parrain est marchand tonnelier et la marraine veuve d'un maître tonnelier. Qualifié de "sieur", Jacques HOCQUARD est dit "musicien à la collégiale de Beaune". Il signe "J.hocquard".

• 16 janvier 1775 : Le baptême de leur fils Antoine révèle que les époux HOCQUARD tiennent une pension. Jacques HOCQUARD est dit "Me de pension sur cette paroisse" [Notre-Dame].

• 7 juin 1776, Beaune : Un autre fils de Jacques HOCQUARD, "musicien et maître de latin" à Beaune, et de son épouse Magdelaine Poussard est baptisé paroisse Notre-Dame. Le parrain est Nicolas SAUVEZ  musicien organiste de l’abbaye de Maizières (diocèse de Châlon-sur-Saône, à une dizaine de km au sud de Beaune). La marraine est Marguerite GUILLERMIER fille de Pierre Antoine Guillaume GUILLERMIER, organiste à la collégiale de Beaune. Elle a 16 ans.

• 18 avril 1778 : Le chapitre de la collégiale Notre-Dame décide que désormais, lorsqu’il y aura musique à la tribune, comme pour Pâques le lendemain, "les nommés HOQUARD et FOURCHOTTE basses contre resteront dans leur stalles pour aider à la psalmodie". Est-ce l'indice d'un niveau jugé moindre que ceux qui sont dignes de monter à la tribune ?
• 14 septembre 1778, Beaune : Le chapitre de la collégiale accorde six jours de congé à FAVIER, LÉVESQUE et HOCQUARD. Ce dernier en profite-t-il pour aller se faire entendre à Autun ? Il y a moins de 50 km entre les deux villes, soit une dizaine d'heures de marche.

• 15 janvier 1779, Autun [Saône-et-Loire] : Jacques HOCQUARD est reçu basse contre à la cathédrale Saint-Lazare ("reçu en la ditte eglise le 15 janvier 1779"). Les registres capitulaires – aujourd'hui conservés par la Société Éduenne – enregistrent en réalité sa réception au 17 janvier. Il aura des gages de 6 livres par semaine (soit 312 livres / an), "indépendamment de trois boisseaux de froment, de la pinte quotidienne de vin actuellement payée en argent" et autres émoluments… Il prend la place précédemment occupée par Pierre-François DELILE.
• 16 janvier 1779, Levernois [Côte-d'Or] : Lorsque, dans ce village situé tout près de Beaune, à 5 km en droite ligne au sud-est du centre de la ville, est célébré le mariage de Jean-Baptiste FOURCHOTTE, basse contre à la Collégiale de Beaune, Jacques HOCQUARD, "maître grammairien" est présent, en compagnie de Bernard MALLARD, "maître écrivain audit Beaune" [aussi connu comme chantre], et de "Sauvez clerc tonsuré" qui est peut-être une nouvelle fois l'organiste Nicolas SAUVEZ.
• 19 janvier 1779, Beaune : HOCQUARD, "gagiste", remercie le chapitre Notre-Dame de ses bontés et lui annonce qu'il s'est engagé au service de la cathédrale d'Autun. Il a manifestement attendu que les noces de son ami FOURCHOTTE soient passées pour informer le chapitre, alors que sa réception officielle à la cathédrale d'Autun a été actée dès le 15 – ou le 17 – janvier.
• 12 mars 1779, Autun : Les chanoines autorisent le Sieur HOCQUART, "l’un de leurs basses contres", à "se transporter à Beaune pour vacquer à ses affaires et notamment pour faire venir les meubles et effets qu’il y a laissés".

• 10 janvier 1781, 7 mai 1782, 3 décembre 1786, 22 novembre 1787, Autun : Quatre nouveaux enfants Hocquart/Poussard sont baptisés, tous paroisse Saint-Jean-de-la-Grotte-Saint-Pancrace. Leurs parrains et marraines révèlent une part des relations nouées par le couple à Autun : fille d'un huissier à la connétablie, fille d'un cordonnier, marchand tonnelier, femme d'un architecte... Les deux premiers parrains sont "étudiants", ce qui suggère que, comme ils le faisaient à Beaune, les Hocquart tiennent pension. Ils commencent aussi à faire appel à leurs aînés nés à Beaune : la marraine de 1782 est "Marguerite Hocquard, sœur de l'enfant, représentée par Françoise Baroin, sage-femme à Autun". Le parrain de 1786 est Antoine Hocquart, "frère de l'enfant". Aucun musicien n'est sollicité. Pourtant Jacques HOCQUART est systématiquement dit "musicien à la cathédrale d'Autun".

• 30 novembre 1784, Autun : Jacques HOCQUART prend la suite de Claude PUTHEAUX pour assister et chanter aux sépultures de la paroisse Saint-Jean-Saint-Pancrace. À partir de cette date, sa signature "J.hocquart" commence à apparaître régulièrement dans le registre paroissial.
• 24 décembre 1784, Tours : Le chapitre de la collégiale Saint-Martin écrit à ce musicien basse-contre d'Autun afin qu'il vienne se faire auditionner à Tours avec promesse de lui verser 72 livres de frais de voyage. Dans le registre, son nom est orthographié "AUCARD". Avait-il en amont candidaté spontanément auprès du chapitre Saint-Martin ? Il ne semble pas qu'il y ait eu de suite à cette tentative.

• 24 mai 1785, Autun : À cette date figure la dernière signature  "J.hocquart" au bas d'un acte de sépulture de Saint-Jean-Saint-Pancrace. À partir du 27 mai, c'est Jean-Baptiste DÉMANGEOT qui remplit cette fonction.

1790 : Chantre de la cathédrale d'Autun "depuis un grand nombre d'années" aux gages de 600 livres par an, Jacques HOCQUARD chante sous la conduite du maître de musique Jean-Christophe CONTAT et côtoie au chœur Lazare BARBOTTE, Lazare CHAPUIS, François CHAPUZOT, Lazare DELANGRE, Pierre-François GUIGNET. À cet effectif de six musiciens et chanteurs laïcs s'ajoutent un organiste, Laurent-Martial VITCOQ, lui aussi laïc, et quatre "habitués" ecclésiastiques, les sieurs REUILLOT, COTTON, DEVOUCOUX et CHATILLON et huit enfants de chœur. Par ailleurs quatre sous-chantres placés au sommet de la hiérarchie du bas-chœur semblent jouer un rôle important dans le chant ou le plain-chant : Sébastien BOULIER, Pierre CABRIET, Pierre CHASSEY et Étienne TARTRA.
• Mars 1790 : La Liste générale des domiciliés de la ville d’Autun et dépendances, établie à partir de fin décembre 1789 et publiée en mars 1790, mentionne sous le n°154 "HOCQUARD musicien" logé rue Sainte-Barbe, 1ère section. Le musicien Lazare CHAPUIS (n°135) habite la même rue, très proche de la cathédrale.
• 4 avril 1790, Autun : Jacques HOCQUARD, "musicien de la cathédrale", est parrain d'une enfant illégitime, née de Catherine Pivot, de la paroisse de Cussy.
• 9 juillet 1790, Beaune : Le chapitre de la collégiale Notre-Dame reçoit une lettre du sieur HOCQUARD, "chantre de l’église d’Autun" par laquelle il "prioit la Cie de lui donner certificat du temps qu’il avoit servi cette église pour le réunir à celui qu’il avoit passé au service de l’église d’Autun, ce qui lui a été accordé". Ce courrier envoyé à son ancien employeur indique que Hocquard a commencé ses démarches pour constituer son dossier de carrière.

• 22 juillet 1791 : Le directoire du département de la Saône-et-Loire envoie au Comité ecclésiastique un tableau récapitulatif de l'état des ecclésiastiques et laïcs attachés à la cathédrale et collégiales d'Autun et de Tournus. Il indique que Jacques HOCQUARD est père d'une famille nombreuse.
• 5 août 1791, Autun : HOCQUARD est signataire de la supplique collective envoyée par les musiciens d'Autun au Comité ecclésiastique. Ils y font observer "que depuis l'installation de monsieur Goulle leur évêque ils se sont rendus très exactement aux offices de l'église épiscopale sans aucun traitement et sont encore disposés à continuer leurs services tant que leurs forces le leur permettront". Jacques HOCQUARD poursuit donc son travail au service de l'Église constitutionnelle.

• Durant les années 1791 à 1793, le musicien effectue plusieurs démarches dans l'espoir de bénéficier d'une pension de 200 livres par an. Celle-ci lui est refusée car il a moins de 25 années de service. Un arrêté du 20 novembre 1791 lui reconnaît 24 années de service. Seule une pension annuelle de 133 livres 6 sols 8 deniers lui est accordée.

• 14 et 23 octobre 1793 : Le couple Hocquard-Poussard perd coup sur coup deux enfants, Antoine, "6 ans et demi", et Michelle, âgée de 6 ans. Le père est dit "chantre à la paroisse de St-Lazare, résidant en la [rue] Sainte-Barbe de la dite ville". Il signe chacun des deux actes ("J. hocquart"). Il a donc continué à exercer à la cathédrale constitutionnelle, rémunéré désormais par la fabrique paroissiale. Sans doute a-t-il continué à y chanter jusqu'à la suspension du culte, quelques semaines plus tard.

• 24 ventôse an II (14 mars 1794), Mâcon : Le département de Saône-et-Loire examine une nouvelle pétition du citoyen HOCQUARD "tendante à faire rectifier une erreur dans la fixation de son traitement en qualité de ci-devant musicien en la ci-devant cathédrale d'Autun", dans laquelle il prétend être attaché au service de l'Église depuis le 1er janvier 1765. Le pétitionnaire a produit deux certificats. Le premier, daté du 12 pluviôse an II (31 janvier 1794), provient de la maison commune d'Autun et atteste qu'Hocquart réside depuis le mois de janvier 1778 dans cette ville et "que depuis cette époque il avait été attaché à la ci-devant cathédrale en qualité de musicien". Le deuxième certificat, envoyé par la commune de Beaune le 8 pluviôse an II (27 janvier 1794), affirme qu'Hocquart a "demeuré dans la dite commune en qualité de chantre et musicien à la ci-devant collégiale Notre-Dame depuis le 1er janvier 1765". Ces deux certificats produits par le musicien sont manifestement fallacieux : son séjour à Autun est exagéré d'un an, son séjour à Beaune de plus de trois ans sans doute !
Le Département – qui ne dispose pas des moyens d'investigation muséfrémiens… – décide de revenir sur ses décisions antérieures prises "par erreur" et estime qu'"il est notoire d'après les certificats produits qu'à l'époque du 1er janvier 1791 il avait 27 ans de service"… Il lui accorde  dorénavant une pension annuelle de 200 livres "conformément à l'article 4 de la loi du 1er juillet 1792".

• 30 avril 1806, Autun : Sa fille Jeanne-Françoise-Étiennette, 33 ans, épouse Philibert DEMANGEOT, 38 ans, qui n'est autre que l'un des anciens musiciens chantres de la ville. Jacques HOCQUARD est alors devenu instituteur, mais aucun métier n'est indiqué dans l'acte de mariage concernant le marié.

• 6 mai 1815, Autun : Lorsque sa fille Jeanne, "épouse de Philibert DEMANGEOT, chantre", décède à l'âge de 41 ans "au domicile de son mari à Autun, place du boulevard", l'officier d'état-civil rappelle qu'elle était "fille de Jacques HOCQUART, chantre à Autun", sans que rien ne soit précisé sur le lieu d'exercice de ces deux "chantres"... On peut supposer avec vraisemblance qu'ils avaient l'un et l'autre repris du service à la cathédrale après le Concordat, voire plus tôt.

• 10 février 1816, Autun : À dix heures du soir, à son domicile, rue Porte Breuil, meurt Jacques HOCQUARD, âgé de 72 ans, "propriétaire". Il était toujours époux de Magdeleine Poussard. Son gendre, Dominique Moncharmont, huissier royal à Autun, âgé de 36 ans, effectue le lendemain les formalités.

Mise à jour : 22 décembre 2020

Sources
Abbé Bauzon, Recherches [...] sur la persécution religieuse [en] Saône-et-Loire, 1897 ; Ad21/ G 2554/2 ; F-Ad21/ BMS Beaune, Notre-Dame ; F-Ad21/ BMS Levernois ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Beaune en ligne ; F-Ad21/ G 2552 ; F-Ad21/ G 2553 ; F-Ad21/ état civil en ligne ; F-Ad71/ 1 L 4/58 ; F-Ad71/ 1 L 8/108 ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Jean-St-Pancrace ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Lazare ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Quentin ; F-Ad71/ D Autun ; F-Ad71/ NMD Autun ; F-Ad71/ NMD Autun en ligne ; F-Ad88/ BMS Chatenois en ligne ; F-Adio Tours/ registre capitulaire St-Martin n°31 ; F-An/ DXIX/054/153/08 ; F-An/ DXIX/090/747/01 ; F-An/ DXIX/090/747/05 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1778-1784 ; M. Dorigny, Autun dans la Révolution française…, 1988

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