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DEVADRE, Claude Denis (1715-1794)
État civil
NOM : DEVADRE     Prénom(s) : Claude Denis     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : VABRE
DE VADRE
Date(s) : 1715-12-5  / 1794-11-4 
Notes biographiques

Si en 1790 il exerce à la cathédrale de Saint-Malo depuis plus de trente ans, donnant ainsi une image de grande stabilité, Claude-Denis DEVADRE avait beaucoup bourlingué avant de s'implanter au nord de la Bretagne. Originaire de Franche-Comté – où il a probablement été formé à la musique –, il avait ensuite exercé à Nantes, à Poitiers, à Levroux, et sans doute dans quelques autres lieux.

• 5 décembre 1715, Besançon : Claude-Denis DEVADRE, fils de Jean-Pierre Devadre et de Jeanne-Baptiste Brenot, naît sur la paroisse Sainte-Madeleine, où il est baptisé le jour même. Son père est manœuvre, manouvrier, homme de peine.

• [1723-1733 environ], Besançon ? : Claude-Denis DEVADRE a été enfant de chœur. La requête collective qu'il signe en 1790 évoque le fait que les pétitionnaires ont été "attachés dès leur plus tendre enfance au service du culte public"… Plus net encore : lorsque, en octobre 1793, les administrateurs du district de Saint-Malo examinent sa carrière, ils précisent que la durée de "plus de 40 ans de service" prise en compte a été calculée "sans y comprendre dix années d’enfant de chœur". Cette formation maîtrisienne a de grandes chances de s'être déroulée dans sa ville natale, mais cela reste à documenter.

• 8 octobre 1743, Nantes : Dans l'église paroissiale Saint-Nicolas, est célébré le mariage de Claude-Denis DEVADRE, musicien, et de Marie-Ulvic de Veloy. Le musicien – dont le cadre d'exercice n'est pas précisé – a été autorisé par un acte notarié envoyé par sa mère (son père est mort). Il est accompagné par deux amis, Firmin JULLIART, musicien, et Pierre Arsan, maitre batteur d'or, tous deux demeurant rue du Bignon Létard. La mariée est quant à elle assistée d'une cousine germaine Élisabeth-Louise-Michèle de Veloy, et du mari de celle-ci, Antoine Rolland, marchand fourbisseur. L'assemblée semble marquée par la mobilité : le marié est né à Besançon, la mariée à Copenhague "au Danmarc" [sic] – mais on apprend peu après qu'elle est "d'extraction françoise" –, les deux amis et la cousine sont originaires de Paris et il a fallu une autorisation spéciale du vicaire général pour procéder au mariage, les deux futurs ne demeurant en cette paroisse de Saint-Nicolas de Nantes que "depuis plus de deux mois", durée insuffisante (car inférieure à un an) pour y être réputés domiciliés.

• 26 janvier 1745, Nantes : Dlle Marie-Ulvic de Veloy, "native de Copenhague en Danemarc, et d'extraction françoise", est inhumée dans le cimetière de la paroisse Saint-Nicolas. Elle était âgée d'environ 38 ans et épouse du sieur Claude-Denis DEVADRE, "maistre de musique".
• 10 août 1745 : Toujours dans l'église Saint-Nicolas, Claude-Denis DEVADRE se remarie. Il épouse la Dlle Anne-Thérèse Frinus, fille majeure dont les deux parents sont décédés. Elle vient de moins loin que sa première épouse puisqu'elle est originaire de la paroisse des Touches, située à une petite trentaine de km au nord de Nantes, où son père était notaire et procureur fiscal. Aucun métier n'est indiqué pour le marié. Il est accompagné d'Antoine Rolland, le marchand fourbisseur marié à la cousine de sa première épouse, et d'un aubergiste de la place Saint-Nicolas. Aucun musicien ne semble présent, mais on remarque un neveu de la marié, Pierre Jean-Baptiste Frinus, qui est clerc tonsuré.

• 1er avril 1757, Nantes: Au cimetière de Saint-Nicolas est inhumée la deuxième épouse "du sieur Claude Denis DEVADRE, musicien", Dlle Anne Thérèse Frinus, décédée l'avant-veille, rue Saint-Nicolas, âgée d'environ 46 ans. Le fidèle Antoine Rolland, le marchand fourbisseur, est à nouveau présent.

• On peut penser que c'est après ce deuil que Claude-Denis DEVADRE a quitté Nantes pour Poitiers.

• [Jusqu'à fin 1757 ou tout début 1758], Poitiers : Claude-Denis DEVADRE réside un temps sur la paroisse Sainte-Triaize. On peut supposer qu'il exerce dans l'une des églises de la ville.

• [début 1758], Levroux [Indre] : Claude-Denis DEVADRE réside brièvement paroisse Saint-Sylvain, probablement exerce-t-il à la collégiale Saint-Sylvain de Levroux. Cela reste une hypothèse, rendue vraisemblable toutefois par la petite taille de la ville qui rend beaucoup plus difficile d'y vivre de leçons de musique que, précédemment, à Poitiers et à Nantes. La collégiale est le principal, voire l'unique employeur de musiciens à Levroux.
• [courant 1758] : Claude-Denis DEVADRE arrive à Saint-Malo. Depuis Levroux, en passant par Tours, Laval et Fougères, il faut compter 350 km, soit une semaine de marche.
• 18 novembre 1758, Saint-Malo [Ille-et-Vilaine] : En l'église paroissiale et cathédrale est célébré le troisième mariage de Claude-Denis DEVADRE, musicien. Il épouse une Malouine, Catherine-Claude Drolas, veuve d'Antoine Cartier, menuisier, âgée de 41 ans. L'acte détaille l'âge, le lieu de naissance, la filiation du musicien, et le dit "veuf en dernières noces de Dlle Anne-Thérèse Frinus". Son instabilité embarrasse le rédacteur de l'acte qui écrit qu'il est domicilié "en partie" des paroisses de Sainte-Triaise de Poitiers et de Saint-Sylvain de Levroux, diocèse de Bourges en Berry, et "en partie de cette ville". De fait, trois bans ont été publiés dans chacune de ces trois paroisses. Cela signifie qu'au cours de l'année écoulée Claude-Denis DEVADRE a résidé dans chacune de ces trois villes.

• 11 juillet 1760, Saint-Malo : Une brutale promotion est offerte au musicien par la démission, quinze jours plus tôt, du maître de musique M. de LA GREZILLONNAIS, pour raisons de santé. D'emblée "le sieur VADRE musicien du chœur" avait été désigné, dès le 30 juin, "pour donner la mesure à la musique hors du chœur". Puis, le 11 juillet, les chanoines nomment "le sieur DEVADRE, musicien et bachelier du chœur, pour Maître de musique".
• Novembre et décembre 1760 : Ce changement de statut n'est peut-être pas si facile que les chanoines l'avaient espéré. Le 21 novembre, ils sont obligés de rappeler à DEVADRE ses devoirs envers les enfants de chœur, auxquels il ne doit pas seulement donner "leurs leçons ordinaires de musique" mais qu'il doit aussi former au cérémonial. Le jour de noël, ils doivent intimer à l'un des musiciens, le sieur CHAPELAIN, d'obéir "à celui qui donnera la mesure".

• 14 février 1761, Saint-Malo : Le chapitre dispense le sieur DEVADRE, maître de psallette, "des petites heures du matin jusqu’à Pâques pour préparer la musique".
• 20 mai 1761 : Le sieur Claude-Denis DEVADRE porte sur les fonts baptismaux la petite Constance-Marie-Catherine fille de l'un de ses musiciens, Louis TRANCART et d'Anne Petit son épouse.

• 2 février 1764, Saint-Malo :  Le sieur Claude-Denis DEVADRE est le parrain du petit Marie-Claude-Séraphin MARCADÉ, né le jour même, fils d'Étienne-Séraphin Marcadé et de Marie Butel son épouse. L'enfant deviendra ultérieurement enfant de chœur à la cathédrale.

• [Avant début 1769], Saint-Malo : Les registres capitulaires malouins étant perdus pour 1763-1769, on manque d'informations sur la succession des maîtres durant cette période. C'est au plus tard au printemps 1769, avec l’arrivée de Nicolas SAVART au poste de maître de la cathédrale de Saint-Malo, que Claude-Denis DEVADRE a été rétrogradé du rang de maître de musique à celui de simple musicien, "bachelier du chœur" (mais il n'est pas impossible qu'un autre maître ait exercé entre temps). Se succèderont ensuite les maîtres suivants : Louis-Marcel BAYART, Jean-Claude-Augustin GUIGNET, Pierre ALOTTE puis Louis AUBIN.

• 17 mars 1784, Saint-Malo : Le chapitre demande aux sieurs LE MOAL, DEVADRE et François BEAUCHEMIN "de chanter posément et de faire exactement la médiante dans la psalmodie tant aux obits que petites heures et autres offices".

• 2 octobre 1786, Saint-Malo : Les chanoines font le triste constat "que les infirmités des sieurs BEAUCHEMIN l’aisné et DEVADRE musiciens de cette église, les mettent hors d’état de rendre les mêmes services au chœur que par le passé" et que LE MOAL n'est pas capable de "faire sa partie dans la musique". Pour renforcer le chœur, deux nouveaux musiciens sont recrutés quelques jours plus tard, Julien-François COLLIAUX, de Rennes, et François-Marie GASCHER, de Meaux.

1790Saint-Malo : Malgré ses "infirmités", Claude-Denis DEVADRE est toujours musicien de la cathédrale Saint-Vincent, où sous la conduite du maître de musique Louis AUBIN, il côtoie les autres bacheliers du chœur, les frères Pierre et François BEAUCHEMIN, Jean CARFANTAN, Julien-François COLLIAUX, Pierre DANAIS, sans oublier l'organiste Jean LEMOINE-PRÉNEUF.
Les effectifs musicaux de la cathédrale, selon La France ecclésiastique comme selon Les Étrennes malouines de 1790, comportent théoriquement huit bacheliers ou musiciens : on sait que le maître occupe une place de bachelier et peut-être en va-t-il de même pour l'organiste, ce qui en effet permet d'arriver au chiffre huit.
• 3 mai 1790 : DEVADRE et ses confrères musiciens adressent une pétition collective au Comité ecclésiastique. Ils y expriment leur inquiétude face à l'avenir. Ils font observer qu'ils sont "attachés dès leur plus tendre enfance au service du culte public" et affirment qu'il y a parmi eux des "octogénaires, d’autres surchargés d’enfants". Dans une lettre accompagnant la pétition, ils font état de "la situation critique où se trouvent les musiciens du chapitre de St Malo par la suppression prochaine des cathédrales".

• 2 mai 1792  : Le sieur DEVADRE, "ex musicien de la cathédrale de Saint-Malo", reçoit 50 livres pour "fin de payement pour 1790". Il est fait mention de quatre autres versements ultérieurs, par quartiers de 50 livres, attestant que DEVADRE a continué à exercer au service de l'église constitutionnelle.

• Entre juin 1793 et décembre 1793, Saint-Malo : Claude DEVADRE a été employé comme chantre de l'église devenue paroissiale de "Port-Malo", de même que François-Paul BEAUCHEMIN, chantre et joueur de serpent, et Pierre BEAUCHEMIN, chantre, avec les enfants de chœur LEGRAND, LEFEUVRE, PATUREL et Henry FITZGERALD.

• 25 juillet 1794 : Après la suspension du culte catholique, François-Paul BEAUCHEMIN, la veuve de Pierre BEAUCHEMIN et Claude DEVADRE envoient des pétitions au district de Port-Malo pour obtenir le paiement de leurs six derniers mois de gages et de ce qui leur est dû pour les obits et fondations. Leur demande est appuyée par l'ancien curé et les anciens trésoriers de la paroisse.
• 13 thermidor II [31 juillet 1794] : Le district de Port-Malo établit un bref "état" regroupant Michel-Jean LEMOINE organiste, François Paul BEAUCHEMIN et Claude-Denis DEVADRE, tous deux musiciens de la ci-devant cathédrale de Port-Malo. Du dernier il est dit qu'il a 82 ans et qu'il est marié.
• 14 brumaire an III (4 novembre 1794) : Trois mois après ses démarches pour obtenir son dû, Claude Denis DEVADRE meurt "en son domicile, rue Peltier ce jour 14 brumaire à quatre heures après midi". Les deux femmes qui déclarent le décès savent qu'il était "natif de Besançon, âgé de 80 ans quatre mois, ci-devant musicien à la ci-devant cathédrale de cette commune, veuf en première noce de Marie Ulric de Veloy, en seconde de feue Anne-Thérèse Frinus et remarié en troisième à Catherine Claude Drolard". La clarté et la précision de ces informations supposent qu'elles avaient des papiers à leur disposition.

• 21 pluviôse an III (10 février 1795) : Le directoire du Département d'Ille-et-Vilaine établit trois arrêtés en faveur des trois pétitionnaires de juillet 1794. Claude DEVADRE, ex-musicien, est reconnu créancier de la République pour une somme de 477 livres, dont 402 livres pour sa portion dans les fondations et obits et 75 livres pour les six derniers mois de ses gages échus à la cessation du culte. Il en va de même pour François-Paul BEAUCHEMIN, ex-musicien, et pour la veuve Beauchemin, représentant Pierre BEAUCHEMIN, son défunt mari.

Mise à jour : 5 septembre 2020

Sources
F-Ad35/ 1 G 268 ; F-Ad35/ 1G 265 ; F-Ad35/ 1G 266  ; F-Ad35/ BMS Saint-Malo ; F-Ad35/ L 1059 ; F-Ad35/ L 1060 ; F-Ad35/ NMD Saint-Malo ; F-Ad44/ BMS St-Nicolas, Nantes ; F-AmBesançon/ BMS Ste-Madeleine ; F-An/ DXIX/053/113/15-16 ; F-An/ DXIX/053/113/17 ; F-An/ F19/1115

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