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DANTIN, Jacques (1759-1809)
État civil
NOM : DANTIN     Prénom(s) : Jacques     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : DANTIN Jammet

Date(s) : 1759-9-30  / 1809-8-5
Notes biographiques

La vie de Jacques DANTIN, né et marié à Toulouse dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, recèle une énigme. D'abord maçon dans sa ville natale, il rompt avec elle et avec sa parenté. Nous le retrouvons tout naturellement installé avec sa petite famille dans une autre ville. Là s'ajoute une surprise : Dantin qui exerce ensuite le métier de charpentier sait également remplir un service d'organiste.

• 30 septembre 1759, Toulouse : Jacques DANTIN est baptisé à l'église paroissiale de Saint-Martin-du-Touch, sous le prénom de Jammet qu'il portera sur les registres paroissiaux aussi longtemps qu'il habitera à Toulouse ou à proximité de cette cité épiscopale. Son père, Antoine, était dit "travailleur" quand il s'est marié avec Guillaumette Amiel dans cette même église de la paroisse Saint-Martin-du-Touch, en 1751. Les Dantin descendent d'une très ancienne famille de Saint-Martin : Jean, leur ancêtre lointain, y était déjà propriétaire en 1620. Et d'après le docteur Delaux qui écrivit l'"Histoire de Saint-Martin-du-Touch" en 1902, cette famille "a joué un grand rôle dans les affaires de la paroisse", ce qui se prolongera jusqu'au XIXe siècle. Comme son père et ses frères, Jacques, devenu adulte, apposera une signature adroite, preuve d'une certaine expérience. Mais nous ne savons rien des enseignements que cet enfant a bien pu recevoir.

• 2 août 1784, Mondonville [Haute-Garonne] : Jacques DANTIN, devenu maçon, épouse Jeanne Coucut, la fille d'un charpentier déjà décédé, comme d'ailleurs le père du marié. Le rédacteur de leur acte de mariage n'ayant épargné aucun élément, nous sommes tout d'abord surpris par le nombre de lieux concernés. Jacques a quitté Saint-Martin-du-Touch, mais sa mère y réside toujours. Il habite Mondonville, une paroisse située à une quinzaine de kilomètres de la ville, ainsi que la mère de la mariée. Jeanne, peut-être parce qu'elle y était employée, vécut sur la paroisse toulousaine de Notre-Dame-de-la-Daurade jusqu'à ce que ce mariage la ramenât à Mondonville auprès de sa mère. Quant au témoin du marié, son beau-frère, il est venu de Blagnac. Mais en fait, excepté Mondonville qui est plus excentré vers l'intérieur des terres, il s'agit d'un espace très réduit de la rive gauche de la Garonne et qui porte des villages encore très peu urbanisés.

• 9 octobre 1785, Mondonville : Le maçon et son épouse accueillent leur premier enfant, un garçon nommé Bertrand qui est né le six octobre. Mais c'est en l'absence du père qu'il est présenté au baptême trois jours plus tard par ses parrain et marraine, son oncle maternel, Bertrand Hérité et sa grand-mère maternelle, Guillaumette Amiel. Deux jours plus tôt, alors que le petit garçon était venu au monde la veille, on enterrait Gabrielle Chanaud, la mère de la jeune accouchée, dans le cimetière de Mondonville. D'après l'acte de décès de la défunte, c'étaient Dantin et Hérité, ses deux gendres, qui étaient témoins. Sans doute que Guillaumette, la grand-mère Dantin, était alors accourue depuis sa maison de Toulouse pour apporter son aide.

• 5 février 1787, Mondonville : le foyer du maçon Jacques DANTIN s'élargit avec l'arrivée d'une petite Marie, la nouvelle-née que Jeanne Coucut vient de mettre au monde. Mais comme pour l'ainé seize mois plus tôt, le père n'assiste pas au baptême. Il confie l'enfant à ses parrain et marraine : Blaise Dantin, son oncle paternel qui est voiturier et qui signe correctement sur le registre paroissial, et Marie Coucut, sa tante maternelle, qui ne sait pas écrire.

• 27 octobre 1788, Toulouse : DANTIN perd deux enfants en deux semaines qui sont enterrés dans la cimetière de Saint-Martin-du-Touch. Bertrand qui venait juste d'atteindre ses trois ans meurt le premier à l'automne 1788. Marie le rejoint dès le 8 novembre, tout juste âgée de vingt mois. Mais Jeanne était enceinte de Jean-Marie qui voit le jour le 19 janvier1789. Et l'année suivante, le 28 mars 1790, une petite sœur prénommée Antoinette le rattrape. Les parrains et marraines sont choisis dans le large cercle familial des Dantin. Entre 1787 et 1788, Jacques est donc revenu vers Toulouse. Il s'est réinstallé dans sa paroisse natale, accompagné de femme et enfants. Et celui que tout le monde appelle encore Jammet semble s'être formé au métier de charpentier. C'est ce qu'indiquent les actes de baptême.

• 22 juillet 1792, Toulouse : Sa mère, Guilhaumette Amiel, décède. Les trois fils de la défunte, Jacques, le maçon, Blaise, le voiturier, et Jean, le commis de la forêt de Bouconne, sont présents. Est-ce la disparition de sa mère qui encourage Jacques à rompre avec sa paroisse maintenant érigée en commune, dans "la banlieue de Toulouse", lit-on sur une page du registre paroissial de 1'année 1792 ? Le trafic actif de la Grande route qui traverse le village depuis 1775 a sans doute joué en faveur de son projet. Toujours est-il qu'à partir de cette date, il faut le chercher ailleurs.

• 6 août 1793, Castelsarrasin [Tarn-et-Garonne] : DANTIN a travaillé à l'église Saint-Sauveur. D'après les comptes de la fabrique du Saint-Sacrement, on lui attribue 7L 15s "pour avoir nettoyé le buffet d'orgues et fait faire une clé". Ainsi le charpentier toulousain s'est arrêté à une soixantaine de km au nord de Toulouse. Là, à Castelsarrasin, dans cette petite ville qui est chef-lieu de district, il n'a quitté ni le fleuve Garonne, ni le département de la Haute-Garonne. Mais nous n'avons pas la certitude qu'il est déjà engagé comme organiste. Néanmoins, cette hypothèse demeure vraisemblable puisque les comptes de cette fabrique donnent la date du 21 septembre 1792 pour le dernier versement d'honoraires à CARPENTIER, le précédent organiste.

• 25 février 1794 : Jacques DANTIN, organiste, reçoit la somme de 100L pour un trimestre d'honoraires. C'est un "mandat" du curé approuvé par Duvilla, le maire de la ville, qui autorise ce versement. Comme l'église Saint-Sauveur est "Temple de la Raison" depuis le 24 décembre de l'année précédente, une question se pose : était-ce pour servir le culte catholique que Dantin avait été engagé comme organiste ?

• 9 octobre 1794 : Il annonce, en jouant sur l'orgue des "airs civiques" et des "chants patriotiques", l'assemblée populaire exceptionnelle qui va se tenir incessamment au Temple de la Raison dont les portes sont déjà grandes ouvertes. Jean Boutonnet, qui rapporte l'anecdote en 1989 dans son livre intitulé "Castelsarrasin... Révolutions", précise que ces morceaux "résonnaient plus allègrement que la musique religieuse qu'il interprétait naguère". Sans doute que Jacques DANTIN était déjà l'organiste de Saint-Sauveur avant la fermeture au culte catholique. 

•10 novembre 1794 : Il déclare la naissance de sa fille Jeanne. Mais l'officier de l'état civil le qualifie de charpentier. Marie Lagarde, la sage-femme, l'accompagne. Et comme toujours, son paraphe bien affirmé clôt l'acte de naissance.

• 15 octobre 1796 : DANTIN déclare la naissance d'une seconde fille qu'il prénomme Jeanne. Et, malgré la réouverture de Saint-Sauveur au culte catholique depuis le 10 janvier de cette même année, l'acte d'état le dit organiste. Deux femmes sont témoins, parmi lesquelles la sage-femme habituelle. Cette enfant ne vivra que dix mois. Son père, toujours organiste, ira déclarer son décès le 25 août 1797. D'après ces deux actes, DANTIN a changé d'adresse : il n'habite plus Rue du Soleil, mais Place de la Vérité.

• 22 février 1798 et 3 févier 1801 : Au foyer de Jacques DANTIN et de Jeanne Coucut, naissent deux petits garçons, François, puis Blaise. Mais ils n'auront pas plus de chance que la seconde Jeanne. le premier ne vivra que cinq mois. Le second sera enterré en février 1804, quelques jours seulement après son troisième anniversaire. Les registres d'état civil indiquent que le père est retourné habiter Rue du Soleil et qu'il exerce l'activité de charpentier.

• 5 août 1809 : Jacques DANTIN approche de ses cinquante ans quand il meurt à Castelsarrasin. Ses voisins, venus remplir les formalités officielles, ne déclarent que son métier de charpentier. Des huit naissances retrouvées, le défunt ne laisse à sa veuve que trois grands enfants âgés de quinze à vingt ans.

Tout confirme que ce maçon devenu charpentier a bien touché l'orgue de la plus notable église de Castelsarrasin pendant les années difficiles de la Révolution. Il semble bien qu'il fut engagé pour servir les cérémonies catholiques, qu'il s'adapta au culte révolutionnaire et qu'il céda la place après le retour du culte catholique. Mais de quelle formation le jeune Jammet DANTIN avait-il donc bénéficié quand il était Toulousain ?

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Mise à jour 21 mai 2022.

Sources
F-Ad 31/ BMS Toulouse, Saint-Martin-du-Touch ; F-Ad31/ BMS Mondonville ; F-Ad31/ BMS Toulouse, Saint-Martin-de-Touch ; F-Ad31/ BMS Toulouse, Saint-Martin-du-Touch ; F-Ad82/ Castelsarrasin, 1797 ; F-Ad82/ NMD Castelsarrasin ; J. Boutonnet, Castelsarrasin 1789-1799...1989 ; J. Boutonnet, comptes de la confrérie de St-Sacrement ... 1980-2000

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