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BOULLAY, Pierre François (1714-1785)
Autre(s) forme(s) du nom : BOULLAI
BOULLAIS
BOULAY
Date(s) : 1714-3-9 / 1785-6-24
Né au Mans, où il reçoit sa formation musicale et occupe une première place de haute-contre, Pierre François BOULLAY est un jeune musicien ambitieux. En effet, fermement décidé à devenir maître de musique, il n'hésite pas, en 1734, à partir vers la Bretagne alors qu'il n'a que vingt ans lorsqu'il comprend qu'il a bien peu de chances d'y parvenir dans sa collégiale mancelle. A Tréguier [Côtes d'Armor], il lui faudra cependant patienter jusqu'en 1752 pour atteindre son objectif. Et 33 ans plus tard, c'est un professionnel complet qui décède après avoir servi la cathédrale Saint-Tugdual en qualité de haute-contre, de sous-maître de psallette, d'organiste puis de maître de musique... et laissé sa place à son fils.
• 9 mars 1714, Le Mans [Sarthe] : Pierre François BOULLAY naît au Mans, paroisse Saint-Vincent. Il ne sera baptisé que deux jours plus tard. Ses mère et père sont Marie Salmon et Nicolas Boullay. Ce dernier est "maître carleur" et alphabétisé, tout comme les parrain et marraine puisqu'ils signent tous les trois l'acte de baptême. Il est à remarquer que le père se distingue par une signature maîtrisée et accompagnée d'une ruche.
• 23 mai 1722, Le Mans : Présenté par ses parents, Pierre BOULAY est reçu enfant de chœur à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, en remplacement de Nicolas MALLARD, sorti le 14 avril précédent. Le maître de musique est alors Claude VATRICE, originaire de Noyon, qui en août 1720 avait remplacé Jacques BENOIST, parti pour Saint-Malo. À la psallette de la collégiale, le jeune garçon côtoie d'abord brièvement le grand enfant de chœur, René JOUIN, qui sort deux mois plus tard. Il vit plus longuement aux côtés du nouvel "aîné", Julien BROUSSIN, et de l'enfant qui a été recruté peu après lui, Jean Gervais BONTEMPS. En août 1727, la psallette reçoit un 4ème enfant de chœur : Guillaume [Jérôme ?] GOUAULT. À partir de l'été 1729 et la sortie de Julien BROUSSIN, Pierre BOULLAY devient l'aîné des enfants de chœur de la collégiale. Le 4ème enfant est désormais Charles MARIGNÉ. Le maître est toujours Claude VATRICE, qui, finalement, aura assuré la totalité de la formation musicale de Pierre BOULAY.
• 19 avril 1732 : "Attendu que le temps de ses services est expiré", le chapitre de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour autorise son grand enfant de chœur, Pierre BOULLAY, à sortir de la psallette. Le même jour, il est reçu en qualité de haute-contre aux gages de 3 livres par mois. Il remplace Julien BROUSSIN, qui chantait antérieurement la haute-contre mais est devenu organiste de l'abbaye de Beaulieu, sur la rive droite de la Sarthe. Une telle indemnité de 3 livres par mois est dérisoire : le jeune homme, clerc tonsuré, doit être au collège ou au séminaire et il ne vient chanter que les dimanches et fêtes.
• 28 mars 1733 : Pierre BOULLAY est augmenté de 3 à 5 livres, toujours en tant que haute-contre de la collégiale Saint-Pierre. Il ne s'agit toujours que d'une activité à temps partiel, d'une situation d'attente.
• 19 septembre 1733 : Son maître, Claude VATRICE, décède. Depuis quelques mois, c'est le grand enfant de chœur, Jean Gervais BONTEMPS, qui secondait le maître malade, puis a pris son relais. C'est donc lui qui obtient le poste libéré par le décès de Claude VATRICE. Les perspectives de carrière dans son église de formation sont donc fermées pour Pierre BOULLAY : son cycle d'étude terminé, il lui faudra partir.
• 15 octobre 1734 : Le chapitre de la collégiale Saint-Pierre accède à la demande de "Maître" Pierre BOULLAY "de trouver bon qu'il se retirast de notre service pour occuper une place de Maître de Musique en Bretagne". Un certificat lui est délivré, dont on ne connaît pas la teneur. L'appellation de "maître" avant son nom indique qu'il est considéré comme un ecclésiastique, a minima clerc tonsuré, peut-être sous-diacre ou diacre. Trois mois plus tôt, le 10 juillet 1734, Jacques BENOIST, qui avait été antérieurement maître de Saint-Pierre-la-Cour (de 1702 à 1720) puis était devenu maître à Saint-Malo en 1720, a reçu 12 livres du chapitre manceau "pour avoir fait chanter deux fois en notre église" : sa visite au Mans a très probablement un lien avec le départ de Pierre BOULLAY pour la Bretagne peu après.
• 17 juin 1735, Tréguier [Côtes d'Armor] : Pierre BOULAY est reçu à la musique de la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier aux gages de 15 livres par mois en tant que chantre chantant la haute-contre. On le dit originaire de la ville du Mans, paroisse Saint-Vincent, mais on ne précise pas s'il est d'Eglise.
• 21 novembre 1735 : Le chapitre demande au procureur de la fabrique "de donner au sieur BOULAY et autres musiciens de cette église la somme de vingt livres pour sa peine d’avoir composé une messe qui sera chantée mercredy prochain".
• 20 février 1736 : A compter de ce jour, en qualité de sous-maître de musique, il remplace le maître en titre, Jacques OUIN, que ses infirmités mettent "hors d’état de remplir tous ses devoirs à l’égard des enfants de ladite psallette". Pour cela, BOULLAY est rémunéré sur le pied de 120 livres par an. Il doit "faire deux fois par jour la leçon aux enfants, et les accompagner quand ils sortiront pour venir à l’office, ou pour la promenade ou autres sorties convenables".
• 9 juillet 1736 : Le chapitre lui accorde une gratification de 12 livres "pour sa peine d’avoir composé une messe qui fut chantée hier".
• 15 août 1736 : La messe de l'Assomption est due à BOULLAY.
• 25 avril 1738 : Pierre François BOULLAY devient père d'une fille naturelle. Il l'a reconnaît et s'engage à épouser la mère, Marie Magdelaine Yvonne Malet.
• 28 avril 1738: Le mariage est célébré paroisse Saint-Sébastien. Au total, neuf enfants naîtront de cette union de 1738 à 1753. L'un d'eux, Pierre Charles BOULLAY, est promis à un bel avenir : après avoir fréquenté la psallette locale, il deviendra musicien de la cathédrale puis organiste, maître de musique et économe de la psallette au décès de son père. Quelques indices glanés dans les actes de naissance permettent d'imaginer l'existence d'une réelle sociabilité au sein de la micro-société musicale de Tréguier. Le 5 mai 1739, Jean LE MARIE, l'organiste de la cathédrale, signe l’acte de baptême de l'un des enfants du couple BOULLAY-Malet. Le 23 avril 1750, Louis Etienne KERAUDREN, le maître de musique de la cathédrale, est choisi comme parrain de leur fille Pauline.
• 26 septembre 1738 : Louis Etienne KERAUDREN, alors musicien, devient sous-maître de la psallette. Il remplace probablement BOULLAY qui, vraisemblablement déçu de ne pas obtenir le poste de maître de musique (fonction à laquelle il aspire depuis son départ du Mans) sur lequel il lorgnait, a quitté la cathédrale (dès le recrutement du nouveau maître fin 1737 ?), peut-être pour desservir l'orgue de la chapelle de Notre-Dame de Coëtcolvezou à Tréguier... où il se rend à nouveau quelques années tard. C'est en effet Jean DESHAYES qui hérite du poste de maître en octobre 1737. Son arrivée ouvre une période assez confuse dans la mesure où il semble hésiter entre Tréguier et Saint-Malo : il quitte Tréguier le 15 septembre 1738, revient de Saint-Malo le 24 août 1739, quitte définitivement Tréguier le 16 mai 1740.
• 16 octobre 1739 : BOULLAY, haute-contre, est de retour à Saint-Tugdual : il "a été rétabli et reçu à quinze livres de gage par mois".
• 8 août 1748 : Pierre François BOULLAY est autorisé par les chanoines à aider, "pendant que led. ouvrage durera", le père George, facteur d’orgues augustin, à réparer les orgues de Notre-Dame de Coëtcolvezou.
• 19 juin 1750, Tréguier [Côtes d'Armor] : BOULLAY, qui touche l'orgue depuis la Pentecôte et a "par ses soins, son application et son travail fait parler quelques jeux de l’orgue de laquelle on n’avoit pû rien tirer depuis 8 ans", est nommé organiste de Saint-Tugdual. Les chanoines fixent ses gages à hauteur de 19 livres et 10 sols par mois auxquelles s'ajoutent ses distributions de chantre, sans omettre de préciser que si par malheur l’orgue se trouve "hors d’état de servir et qu’il ne pût en rien tirer, il aura dans ce cas ses gages de haute contre, comme par le passé".
• 8 octobre 1751 : Il incite ses employeurs à"profiter de l’occasion d’un facteur d’orgue qui se trouve ici pour raccommoder le grand corps de l’orgue". Les chanoines acceptent le projet et décident d'y consacrer 200 livres.
• 21 avril 1752 : Le chapitre lui accorde 90 livres pour se rendre à Paris afin de se perfectionner dans la pratique de l’orgue.
• 14 juin 1752 : Il écrit de Paris, où il séjourne d’avril à juillet, pour solliciter "la maîtrise vacante par la mort de Mr KERAUDREN" ainsi que l'économat de la psallette s'il vient à vaquer. Il se propose de former un enfant de chœur pour toucher l’orgue quand "mes occupations à la musique ne me permettront pas de le faire". Il est fort probable qu'il pense alors à son fils, Pierre Charles BOULLAY, alors âgé de six ans. Il précise : "je désirerai d’être nommé incessamment. Le titre me ferait honneur auprès des maîtres de musique". Il lui tarde d'obtenir le titre pour être reconnu dans le monde musical, les compositions ne suffisant vraisemblablement pas.
• 19 juin 1752 Tréguier [Côtes d'Armor] : BOULLAY parvient à ses fins ! Le chapitre, "satisfaits des bons services que le sieur BOULLAY a rendu et rend depuis environs seize ans dans cette église tant en qualité de haute contre récitante que d’organiste actuel, et connoissant toute sa capacité pour remplir ladite place", décide en effet de le pourvoir du poste de maître de musique, vacant depuis le décès de KERAUDREN. On ne saurait mieux reconnaître les éminentes compétences de ce fidèle mais ambitieux serviteur de Saint-Tugdual. Dans les faits, dès sa nomination, il assure conjointement sa partie dans l'orgue et ses responsabilités de maître de musique.
• 24 juillet 1752 : On lui accorde à sa demande une aide pour rentrer à Tréguier. Le chanoine Borie est donc chargé de lui remettre 90 livres à Paris.
• 24 janvier 1766 : Il demande une aide financière en raison de « la cherté excessive des vivres et surtout du bled [qui] le mettent hors d’état de nourrir ses six enfants ». Le chapitre compatissant lui accorde une gratification de 100 livres, qui s'ajoutent à ses 234 livres de gages annuelles.
• Septembre 1768 : A compter de cette date, alors qu'il a 54 ans, son fils Pierre Charles BOULLAY l'aide à servir l'orgue. Pierre François souhaite sûrement se décharger de cette fonction et permettre ainsi la reconnaissance des compétences organistiques de son héritier qui touche 15 livres par mois prélevées sur les 234 livres annuelles de son père.
• Juillet 1775 : Pierre François BOULLAY n'est plus que maître de musique de la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier puisqu'il cède officiellement sa tâche d'organiste à son fils Pierre Charles BOULLAY. Il est gagé 180 livres par an alors que son fils obtient 312 livres, y compris les 24 livres de son souffleur.
• 24 juin 1785, Tréguier [Côtes d'Armor] : Pierre François BOULLAY "maître de musique de la cathédrale de Tréguier, économe de la psalette ", "âgé d'environ 71 ans" décède paroisse Saint-Vincent à Tréguier et est inhumé le lendemain en présence de Marguerite et Pierre Charles BOULLAY ses enfants. Son fils signe "Pierre Charles BOULLAY maitre de musique et organiste". Ainsi, le fils prend directement la succession du père sans vacance du poste.
Mise à jour : 10 avril 2021