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BOUCHIN, Nicolas Joseph (1730-1804)
État civil
NOM : BOUCHIN     Prénom(s) : Nicolas Joseph     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : BOUCHAIN
Date(s) : 1730-2-3   / 1804-3-25 
Notes biographiques

De deux annonces publiées dans la presse dijonnaise naissante en 1770, on pouvait déduire que BOUCHIN était musicien. Et qu'il gagnait sa vie en éduquant des jeunes gens. Cela lui donnait un profil bien adapté pour être identifié au sieur BOUCHIN, maître des enfants de chœur de l'église collégiale et paroissiale Saint-Jean de Dijon à la veille de la Révolution.
Alors qu'au départ de l'enquête on ignorait tout de lui, y compris son prénom, et qu'on en était réduit à des supputations, la découverte de l'acte de décès de son épouse, en 1792, a permis de tirer les fils qui ont abouti à une reconstitution convenable de son itinéraire biographique – même s'il y manque encore des étapes (notamment celle de sa formation).

• 4 février 1730, Givry [Saône-et-Loire] : Né la veille, le 3, Nicolas-Joseph BOUCHIN, fils de Jean Bouchin, maître menuisier, et de Denize Dardelin, est baptisé en l'église paroissiale Saint-Pierre. Son parrain (curé du village voisin de Saint-Denis-de-Vaux) et sa marraine ("femme de monsieur le chevaillier Julien") sont tous deux absents pour cause de maladie, et représentés par un sergent de Givry et une "demoiselle" qui ne sait pas signer. Givry est situé à moins de 10 km à l'ouest de Chalon-sur-Saône. Le village est 'célèbre' pour posséder le plus ancien registre paroissial de France (1303-1357) qui renseigne notamment sur les ravages de la Peste Noire de 1348.

• 12 juin 1743, Givry : Lorsque sa mère meurt, à 36 ans, le jeune garçon a 13 ans. On peut imaginer qu'il soit enfant de chœur dans une maîtrise, peut-être à Chalon, capitale de son diocèse natal, mais cette hypothèse reste (actuellement) sans appui documentaire.

• [Entre 1743 et 1754], son père quitte Givry pour s'installer dans un village voisin, situé 4 km à l'ouest, Jambles – d'où Nicolas-Joseph sera réputé natif bien des années plus tard (voir son acte de décès).

• 5 septembre 1754, Dijon : Dans l'église paroissiale Notre-Dame est célébré le mariage de Nicolas-Joseph BOUCHIN "résidant sur cette paroisse, fils mineur de Jean Bouchin, maître menuisier à Jambles diocèse de Chaslon sur Saône et de défunte Denize Dardelin", et de Marguerite Favier, dont le père était "mercier en cette ville". Depuis le 6 juin 1753, elle est veuve de Lazare Tircuier. Si l'on se fie à l'âge (peut-être arrondi) indiqué ultérieurement à son décès en 1792, elle aurait environ huit ans de plus que Nicolas-Joseph. Le père du jeune homme a donné son consentement chez un notaire de Givry. Leurs témoins sont marchand fripier, maître bourrelier, maître carleur et domestique. Rien n'évoque particulièrement des activités musicales. Le métier du jeune marié n'est pas donné. Au vu du baptême qui suit, on peut le supposer déjà musicien. Il signe "N.j. Bouchin" (mais il faut signaler qu'au fil des années suivantes il hésitera entre la graphie "Bouchin" et la graphie "Bouchain").
Les deux époux ont signé la veille un contrat de mariage en l'étude de Mtre Molle.

• 21 mai 1755 : Leur première enfant, Marie-Julie, naît un peu moins de neuf mois plus tard et est baptisée le lendemain, toujours à Notre-Dame. Le parrain est le fils, et la marraine l'épouse, de l'architecte Jean Caristie, appartenant à cette vaste famille venue du Piémont et installée en Bourgogne (Dijon, Saulieu…). On remarque surtout dans cet acte que le métier exercé par Nicolas-Joseph BOUCHIN est alors "musicien", sans précision de son statut ni de son lieu d'exercice.

• [1756] : La famille déménage ensuite sur la paroisse Saint-Nicolas où deux enfants sont successivement baptisés les 24 septembre 1756 et 9 août 1757. Ces baptêmes permettent de suivre les hésitations professionnelles de Nicolas-Joseph BOUCHIN qui semble renoncer à vivre et faire vivre sa famille directement de la musique et devient d'abord "releveur de l'octroi" avant de se stabiliser sur l'activité de "maître de pension", qu'il exerce sans doute en complémentarité avec son épouse, Marguerite Favier, chargée des aspects matériels.

•  24 août 1758 : La famille Bouchin est revenue vivre sur la paroisse Notre-Dame. Lorsque Jeanne y est baptisée, son père est dit "Mtre grammairien en cette ville". Comme pour les baptêmes précédents, les Bouchin font appel à des enfants issus des milieux sociaux supérieurs, ici un fils et une fille de François-Jean-Bernard Clopin, écuyer, seigneur de Bessey (Bessey-lès-Citeaux, à une vingtaine de km au sud de Dijon, où se situe leur château).

• 10 février 1770, Dijon : Dans les Affiches de Dijon, tout récemment créées par le sieur BORGET, BOUCHIN donne avis qu'il tient à Dijon "une Pension économique, dans laquelle les Maîtres ne sont point trop multipliés, ledit sieur Bouchin possédant les talents de la Musique vocale & instrumentale, l’Histoire & la Géographie. Il y a des heures réservées pour les autres Maitres que les parens voudront donner à leurs enfans ; ses Pensionnaires ne vont point au Collège le Maître étant en état de les enseigner jusqu’à la Logique exclusivement. Le prix de cette pension est de 400 livres".
• 13 octobre 1770 : Le sieur BOUCHIN, maître de pension, publie une nouvelle annonce, plus longue (2/3 de page), dans laquelle il développe ses propositions. Il redit qu’il rendra les élèves habiles dans diverses matières "& la Musique, soit vocale, soit instrumentale". Une caractéristique un peu étonnante est qu'il "ne fixe point le prix de sa pension, il le laisse à la volonté du public dont il respecte infiniment le jugement"... Cette méthode de communication innovante eut-elle du succès ?

• 9 mai 1788, Dijon : Ses neuf années de contrat terminées à Pâques 1788, le maître des enfants de chœur de l'église collégiale et paroissiale Saint-Jean, Louis HACQUARD, n'a probablement pas souhaité poursuivre sa tâche. C'est le sieur BOUCHIN qui lui succède. Les documents capitulaires conservés aux archives départementales de la Côte-d'or, comme ceux de la fabrique, s'arrêtent plus tôt et ne permettent pas de connaître le détail du passage de l'un à l'autre. La nomination de BOUCHIN est cependant connue à travers le papier qu'il rédige et signe le 9 mai 1788 en tant que "Maître des enfants de chœur de l’église collégiale et paroissiale de St-Jean-Baptiste de cette ville" pour reconnaître les travaux que le chapitre a fait faire à la maison de la maîtrise dont il vient de prendre possession. On remarque notamment que le plancher et les murs de la chambre à coucher des enfants ont été blanchis. Il signe "Bouchin" avec un paraphe ovale englobant son nom.

1790, Dijon : Le sieur BOUCHIN est toujours maître des enfants de chœur de l'église collégiale et paroissiale Saint-Jean. Il a la charge d'éduquer, nourrir et surveiller quatre jeunes garçons, qui en 1790 sont Jean-Baptiste VAILLIARD, Pierre BOURGENOT, Jacques GRAVIGNARD et un 4ème garçon qui reste à identifier. Le chapitre et la fabrique rémunèrent par ailleurs un organiste, Joseph PARIN, un serpent, Jacques CHAMP dit DUMONT et deux chantres.

• 20 janvier 1791, Dijon : Le Directoire départemental examine la question du paiement des gages dus à M. BOUCHAIN comme maître des enfants de chœur de St-Jean de Dijon, "dont les conventions avec le ci-devant chapitre demeurent éteintes à partir du 1er janvier", ce qui dit clairement qu’il était resté en poste jusqu'à la fin de l'année 1790.

• 21 mars 1792, Dijon : Décédée la veille, Marguerite Favier, âgée de 70 ans, "épouse de Nicolas Joseph BOUCHAIN, maitre des enfants de chœur de cette église", est inhumée au cimetière commun. La formule "de cette église" interroge puisque l'acte est passé à la paroisse nouvellement créée de Saint-Bénigne (qui n'existait pas avant 1790).

• 4 germinal an XII (25 mars 1804) : À l'hôpital de Dijon, Nicolas-Joseph BOUCHIN, 74 ans, meurt d'une fièvre maligne à sept heures du matin. L'acte de décès le dit né à Jambles (Saône-et-Loire), le 2 [sic] février 1730, fils de feu Jean Bouchin, menuisier et de deffunte Denize Dardelin son épouse. Il est également dit "ex-instituteur", ce qui est assez représentatif de ce qui fut son activité professionnelle durant une large part de sa vie.

• 7 février 1821, Dijon : Sa fille Jeanne, institutrice célibataire, est trouvée morte le matin vers huit heures dans son domicile, 35 rue du Bourg. L'acte de décès, recopiant sans doute l'indication trouvée sur son acte de baptême de 1758, indique que le père de la défunte était "grammairien".

Mise à jour : 25 décembre 2018

Sources
F-Ad21/ 1Q 746 ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Bénigne de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Nicolas de Dijon en ligne ; F-Ad21/ G 2131 ; F-Ad21/ L32 ; F-Ad21/ NMD Dijon en ligne ; F-Ad71/ BMS Givry en ligne ; F-BmDijon/ Res 1102, Affiches de Dijon

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