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BORNE, Nicolas (1743-1808)
État civil
NOM : BORNE     Prénom(s) : Nicolas     Sexe : M
Date(s) : 1743-6-14   / 1808-4-22 
Notes biographiques

La reconstitution de la carrière de Nicolas BORNE pose un certain nombre de problèmes. À lire les documents des années 1790-1791, il paraît avoir toute sa vie chanté la haute contre à la Sainte-Chapelle de Dijon, comme il le fait à la veille de la Révolution. Mais lorsqu'on cherche à retrouver sa trace plus précisément, il semble que ce ne soit pas si simple...

• 14 juin 1743, Gray [Haute-Saône] : Nicolas BORNE naît dans cette petite ville située à 50 km à l'est de Dijon, dans le diocèse de Besançon. Il est fils et filleul de "droguetiers", fabricants et/ou marchands de droguet (étoffe généralement de médiocre qualité, à chaîne de lin et à trame de laine). Ultérieurement, lors de son mariage en 1769, son père, Jean Borne, alors décédé, sera dit "de son vivant marchand drapier". Sa mère se nomme Denise Legret.

• 8 juillet 1753, Gray : La fabrique paroissiale de Notre-Dame et trois pères d'enfants de chœur passent convention. Jean Borne présente son fils Nicolas BORNE, pour six ans. Jacques Josselin et Charles Frinquesse ou Trinquesse présentent leur fils Pierre-François JOSSELIN et Claude FRINQUESSE / TRINQUESSE pour une durée  de huit ans.
 Selon la durée de service que Nicolas BORNE déclare lors de ses démarches de 1790-1791, c'est en effet vers 1753 environ qu'il serait entré au service de l'Église. Cela confirme qu'il serait devenu enfant de chœur vers l'âge de dix ans, ce qui est un âge tardif. Cela coïncide avec la durée d'engagement plus courte que celle des deux autres garçons engagés le jour même.

• 14 juillet 1759, Gray : Le jeune DUMONT, fils de Jacques Dumont, marnier, est reçu à la maîtrise de Notre-Dame, pour remplacer Nicolas BORNE. Ce dernier a en effet rempli les six années auxquelles il s'était engagé. Il a 16 ans. 'est alors seulement, sans doute, qu'il intègre la Sainte Chapelle pour terminer sa formation musicale.

• 1765, Dijon : Selon les indications livrées par le recensement de l'an IV, l'année 1765 serait celle de l'arrivée de Nicolas BORNE et de Jeanne-Françoise-Gertrude Ménétrier à Dijon. Mais cette date, vraisemblablement fondée sur ce qu'ont déclaré les deux époux lors de la visite des recenseurs chez eux, n'est pas à prendre au pied de la lettre. Elle n'est pas vraiment cohérente avec les observations qui suivent.

• 24 janvier 1769, Champlitte [Haute-Saône] : Dans cette petite ville du diocèse de Dijon, le sieur Nicolas BORNE, "maitre musicien", se marie avec Dlle Jeanne-Françoise-Gertrude Ménétrier, fille mineure du sieur Claude-François Ménétrier, "marchand épicier à Longeville près Metz", et de feue delle Colombe Vaillard. La mère du marié, Denise Legret, a donné son consentement devant notaire la veille même, à Gray. Quant au père de la mariée, il avait signé une procuration devant notaire à Metz dès le 11 juin 1767. La cérémonie se déroule "en présence de Françoise Fournier, marraine de la ditte épouse", ce qui suggère vraisemblablement que la jeune femme est originaire de Champlitte.
En revanche, le lieu d'exercice du marié comme "maître musicien" n'est pas précisé. L'acte ne mentionne la publication des bans (un seul, dispense des deux autres) qu'à Champlitte et à Gray. Ce qui indique que Nicolas BORNE est domicilié dans l'une de ces deux villes, et non pas à Dijon. C'est totalement contradictoire avec certaines de ses déclarations ultérieures qui suggèrent un service sans interruption à la Sainte Chapelle de 1753 à la Révolution. Or Champlitte est situé à 53 km au nord-est de Dijon, et Gray à peu près à la même distance. Il pourrait éventuellement travailler à la collégiale de Champlitte, ou à l'église paroissiale Notre-Dame de Gray.

• Où vivent alors les nouveaux mariés ? Aucun baptême d'enfant n'a actuellement permis de jalonner leur itinéraire...
     ... jusqu'en 1773 où on les retrouve installés à Dijon.

• 19 juillet 1773 et 12 avril 1778, Dijon : Deux baptêmes d'enfants Borne-Ménétrier sont célébrés paroisse Notre-Dame de Dijon. Vincent et François-Gabriel reçoivent pour parrains et marraines un notaire à Auxonne, la veuve d'un aubergiste, un maitre de forge et l'épouse d'un chirurgien de Champlitte, ce qui représente un éventail relationnel assez diversifié mais préférentiellement situé dans les milieux aisés.

•  3 août 1779, Dijon : Leur fils Vincent, qui a tout juste six ans, est choisi comme parrain pour leur fils par un couple de marchands épiciers. Le jeune parrain est dit "fils de sieur Nicolas BORNE, musicien à la Ste Chapelle du Roi". Il ne sait pas encore signer. Lorsque, le 14 mai 1790, il sera à nouveau parrain – du fils d'un huillier, cette fois – il signera avec aisance "Vincent Borne".

• 1785, Dijon : Trois musiciens "de la ville" figurent dans la liste de la troupe de St-Géraud et viennent s'ajouter à l'orchestre qui joue au théâtre. Ce sont : PAIOT [PAILLOT], basse, BORNE, alto, et PAPIAT, violon.

• 1786, Dijon : Les rôles fiscaux attestent que la famille Borne demeure alors rue du Trésor, rue où habite également un autre musicien, le sieur PAPIAT.

• 29 novembre 1788, Dijon : BORNE fait partie des musiciens qui, sous la direction de François COUET, jouent et chantent en l'église St-Jean-Baptiste, au mariage en grandes pompes d'une jeune "rosière" vertueuse avec un laboureur. L'orchestre est composé de plus de trente musiciens, amateurs, musiciens d'Église et musiciens de la Comédie, tous venus bénévolement. On relève la présence, notamment, de BORGET, BRICARD, CAILLOT, JARLOT, LEFRANC, MALLOGÉ, MANDRAY, REGNAUD, SAGOT, tous repérés en poste au même moment dans des églises dijonnaises, ainsi que AUDROUX, PAPIAS et PAQUIER qui restent à éclairer.

1790, Dijon : Nicolas BORNE est toujours musicien à la Sainte Chapelle de Dijon. Il fait une demande de pension au Comité ecclésiastique dans laquelle il déclare être au service de la Sainte Chapelle de Dijon depuis 37 ans et être âgé de 48 ans. Ses appointements en tant que Haute-contre récitante sont de 600 livres par an.
Sous la direction de COLIN, les musiciens de la Sainte Chapelle sont alors Antoine BERTHOT, Nicolas BORNE, André CAILLOT, François DELAURIÈRE, Jean FAIVRE, Pierre-Alexandre FEUVRIER, Pierre JARLOT, Jean-Baptiste MILLOT, François PARISOT, ainsi que l'organiste Pierre-Philibert LAUSSEROIS. On trouve aussi mention de SIRJEAN et de REGNAUD... sur lesquels on est moins bien renseignés. Quatre chapelains étoffent le chant, MICHELIN, Pierre BOUCHÉ, Pierre-François GIGAUD et le "sous-chantre" LEBRUN. Longtemps musicien en titre à la Sainte Chapelle, Jacques PAILLOT semble en 1790 n'y intervenir que ponctuellement en renfort, de même que le violoniste François BARY.

• 10 janvier 1791, Dijon : Avec Antoine BERTHOT, François DELAURIÈRE, Jean FAIVREPierre JARLOT, Jean-Baptiste MILLOT, tous eux aussi anciens musiciens de la Sainte Chapelle, avec aussi le sous-chantre LEBRUN, Nicolas BORNE entre au service de la cathédrale constitutionnelle. Le chœur est placé sous la direction de François COUET, précédemment maître de la cathédrale.
• [1791] : Le district de Dijon propose d'accorder à Nicolas BORNE une pension de 500 livres.
• 8 mai 1791 : Le plan de réorganisation de sa musique présenté par Volfius, Évêque de la Côte-d'Or, sans aucun doute inspiré par François COUET, prévoit quatre basse contre, deux venant de la ci-devant Sainte Chapelle (BERTHOT et FAIVRE), deux étant déjà précédemment à la cathédrale (BRICARD et VERPAULT), une basse taille, BORGET, de la cathédrale, une taille, JARLOT, de la Sainte Chapelle,  et bien entendu la haute contre de la Sainte Chapelle, Nicolas BORNE. À ces voix s’ajoutent trois instrumentistes, DELAURIÈRE et MILLOT de la Sainte Chapelle et le violoncelliste MICHAUD, sans oublier bien sûr l’organiste de la cathédrale, François LECLERC.

• Mars-avril 1792 : Messieurs Nicolas BORNE, Jean FAIVREFrançois DELAURIÈRE et Jean-Baptiste MILLOT, "musiciens en la ci-devant Ste Chapelle de Dijon" déposent une requête faisant observer "qu'indépendemment du salaire de leur service en la cathédrale pendant 1791, ils ont droit a la gratiffication comme employés de la Ste Chapelle". Pour ces quatre hommes, il s'agit de faire reconnaître qu'ils doivent toucher la fraction de la pension à laquelle ils ont droit en tant qu'ex musiciens de la Sainte-Chapelle qui dépasse le traitement qu'ils touchent en tant que musiciens de l'actuelle cathédrale.

• 1794, Dijon : En compagnie de nombreux autres ci-devant musiciens d'Église tels DELAURIÈRE, FREYHAMER, LEFRANC, MILLOT ou SAGOT, le citoyen BORNE est engagé comme instituteur de musique à l'Institut de Musique nouvellement créé par la Municipalité. Il est chargé d'y enseigner le chant, le violoncelle et la guitare .

• Fin 1795/début 1796, Dijon : Nicolas BORNE, musicien, est recensé rue Porte fermerot, Section de l’Égalité, en compagnie de son épouse Jeanne-Françoise-Gertrude Ménétrier, 48 ans, et d'un "pensionnaire" de 13 ans.

• 2 ventôse an V (20 février 1797), Dijon : Nicolas BORNE, musicien  âgé de 50 ans, "demeurant rue de la Chouette en cette commune", est témoin du troisième mariage de Joseph BORGET, lui aussi dit musicien sans plus de précision, demeurant rue Tonnellerie. Veuf depuis moins de trois mois, Borget épouse Antoinette Louet, qui habite rue de la Chouette et est donc une voisine de la famille Borne.

• 23 ventôse an VII [13 mars 1799], Dijon : BORNE fait partie de la liste mise à jour des professeurs de musique proposés par Philippe Legras (1751-1824), Dijonnais installé à Paris, dans une lettre qu'il écrit au ministre de l'Intérieur François de Neufchâteau afin de relancer l'Institut de musique de la ville. BORNE y enseignerait le chant et le violon. Cette ultime tentative semble ne pas avoir eu de suite.

• 21 prairial an X (10 juin 1802), Dijon : Nicolas BORNE musicien à Dijon, âgé de 57 ans, est l'un des quatre témoins au mariage de Jeanne-Françoise Faivre, fille de l'ancien musicien de la Sainte-Chapelle Jean FAIVRE, devenu instituteur à Dijon.

• Mars 1803, DijonNicolas BORNE, musicien, 54 ans, est recensé rue Poussier, Section de l’Égalité, en compagnie de sa femme née Ménétrier.
• 2 germinal an IX (23 mars 1801), Dijon : Toujours dit "musicien" sans autre précision, Nicolas BORNE est présent au mariage de son fils Vincent. Celui-ci, devenu chapelier à Dijon, épouse une Lorraine, Jeanne-Antoine Raymond, fille d'un teinturier en indienne à Metz,

• 22 avril 1808, Dijon : "Vers environ les trois heures du matin", Nicolas BORNE, âgé de 65 ans, "musicien pensionné", meurt  en son domicile maison n°406 de la rue Poussier.

Mise à jour : 28 novembre 2018

Sources
F-Ad 21/ L 514 ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Pierre de Dijon en ligne ; F-Ad21/ G 2066 ; F-Ad21/ G 729 ; F-Ad21/ L 1797 ; F-Ad21/ L 39 ; F-Ad21/ NMD Dijon an V ; F-Ad21/ NMD Dijon en ligne ; F-Ad70/ 279 E suppl. 796  ; F-Ad70/ BMS Champlitte-et-le-Prélot ; F-Ad70/ BMS Gray en ligne ; F-Am Dijon/ 1F 1 ; F-Am Dijon/ 2 R1/1 ; F-Am Dijon/ I 133 ; F-AmDijon/ 2 R1/1 ; F-An/ DXIX/093/820-2/14,15,17,18 ; F-An/ DXIX/093/820-2/50 ; J.-E. Doussot, Musique et Société à Dijon..., 1999 ; Journal de ce qui s’est passé à Dijon…, 1789 ; PM Guéritey, courriel 27 nov 2018

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