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GAUTHIER, Gervais (ca 1744-1807)
État civil
NOM : GAUTHIER     Prénom(s) : Gervais     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : GAUTIER
GAULTIER
Date(s) : 1744 ca  / 1807-1-15 
Notes biographiques

Comme tous les patronymes homonymes, celui de ce chantre maître d'école oscille entre GAULTIER, GAUTIER, GAUTHIER… C'est cette dernière version qu'il a choisie pour sa signature, très reconnaissable, énergique et nantie d'une ruche. Elle permet de le suivre de poste en poste à travers la Beauce jusqu'à ce jour de 1792 où il prête serment pour exercer en tant que chantre dans l'une des paroisses de la grande ville voisine, Orléans. À son décès, au tout début de l'année 1807, c'est cette identité de chantre qui a perduré.
Le grand intérêt de cette biographie minutieusement reconstituée est d'offrir un nouvel exemple des passerelles qui relient le chant des paroisses rurales à celui des paroisses urbaines.

• [1744] [dans la Beauce] : Selon l'âge indiqué à son décès, Gervais GAUTHIER serait né en ou vers 1744. Ceux qui déclarent son décès disent qu'il est "natif de Neuvy en ce département" [du Loiret]. Or son baptême n'a pas été trouvé à Neuvy-en-Sullias, seul "Neuvy" du Loiret. Gervais GAUTHIER est beaucoup plus vraisemblablement né à Neuvy-en-Beauce, au cœur de la petite région où on le voit agir au début de sa carrière, dans la zone agricole de la Beauce riche (mais son baptême n'y a pas été trouvé non plus). On sait d'après son premier acte de mariage qu'il est fils de Jacques Gauthier et de Marie-Andrée Couturier. Ceux-ci s'étaient mariés à Oinville-Saint-Liphard, en Beauce, tout près de Neuvy et c'est là qu'ils avaient eu leurs premiers enfants...

• 22 avril 1764, Teillay-le-Gaudin [Loiret] : En ce "saint jour de Pâques" le curé Crosnier baptise le fils d'un manouvrier. Son parrain est Gervais GAUTHIER, qui signe alors de manière encore appliquée et 'scolaire' "Gervais gautiez". Le 9 août de la même année, le jeune homme est à nouveau parrain, cette fois d'un fils de Denis Merlet, charron.
Ces deux baptêmes rapprochés font immanquablement penser à Louis SIMON, dans le Maine, exactement au même moment : "Je passais donc mon temp dans le plaisir de jouer des instruments et à Lire tous les livres que je pouvais me procurer […] j’aimais aussi Beaucoup les chanssons et les cantiques ; comme s’était moi qui faisait la Sacristie j’alais a toutes les Noces, souvent garçon de ceremonie et souvent parain" (durant l’année 1764, Louis Simon est sept fois "garçon de cérémonie" ou parrain)... Le profil d'ensemble est assez similaire, à la différence que Louis Simon était étaminier (tisserand de laine) et fils d'étaminier dans un village sans école, alors que les Gauthier père et fils sont maîtres d'école.

• 2 avril 1766, Teillay-le-Gaudin : Son père, décédé la veille âgé de 55 ans, est inhumé au cimetière de la paroisse en présence de Marie Couturier, son épouse, et de ses fils Jacques et Gervais. Le défunt, Jacques Gauthier, était "maître des petittes écoles". C'est au plus tard à partir de ce décès – et peut-être avant s'il avait été précédé d'une maladie – que Gervais GAUTHIER devient à son tour maître d'école.
Le 9 juin 1766, à l'occasion d'un mariage où il est témoin, Gervais GAUTIER est dit "maître d'école et bedeau". Sa signature commence à adopter l'allure qu'elle aura ensuite toute sa vie (moins la ruche, pas encore acquise).

• 17 janvier 1767, Saint-Péravy [Loiret] : Dans ce village aujourd'hui fusionné (avec plusieurs autres, dont Teillay) à Outarville, Gervais GAUTHIER, "de Teillay-le-Gaudin", et Marie-Magdelaine Pointeau, de cette paroisse de Saint-Péravy, se marient. Les deux jeunes époux sont accompagnés de leur mère et d'autres membres de leurs familles. Ils savent tous deux signer. Lui de façon aisée, avec une amorce de ruche (moins élaborée que celle qu'il fera plus tard) ; elle d'une manière plus appliquée, mais bien formée et claire. Il en va de même pour sa sœur, Marguerite Pointeau.
• 18 et 20 mai 1767, Teillay-le-Gaudin : Un baptême puis une sépulture "en présence de Gervais GAUTHIER, maître des petittes écoles qui a aussi signé avec nous" atteste que le jeune maître d'école termine l'année scolaire dans son village d'exercice antérieur.
• 26 novembre 1767, Neuvy-en-Beauce [Eure-et-Loire] : Le couple Gauthier s'est installé dans cette bourgade, située à 13 km au nord/nord-ouest de Teillay-le-Gaudin. Ce jour-là, une première sépulture a lieu en présence de Gervais GAUTHIER, maître d'école, et de Jacques Denizet, bedeau. Gervais GAUTHIER a pris la suite de Jean-Pierre CHÂTEAU, attesté comme maître d'école jusqu'à la fin de l'année scolaire précédente.
Curieusement, alors que la plupart des maîtres se déplacent d'une école à une autre, ce dernier semble ensuite rester au village et y vivre d'un tout autre métier : le 14 janvier 1768, les deux hommes signent à une sépulture, qui s'est déroulée "en présence de Jean-Pierre CHÂTEAU, ouvrier en laine, et de Gervais GAUTHIER, maître d'école, demeurants en cette paroisse". Ils ont peut-être chanté côte à côte  durant la cérémonie.

• 8 janvier 1768, Neuvy-en-Beauce : Marie-Madeleine Pointeau met au monde son premier enfant avec l'aide de la veuve Mineau, sage-femme. Celle-ci procède à l'ondoiement de l'enfant "pour péril de mort". Finalement ce garçon, prénommé Jean-Gervais-Hilaire, survit [voir ci-après]. Il est baptisé le lendemain : sa marraine est sa tante maternelle Marguerite, son parrain Jean-Baptiste DUPUIS, maître d'école à Oinville-Saint-Liphard, village situé à peu près à mi-chemin entre Saint-Péravy et Neuvy.

• 30 avril 1769, Neuvy-en-Beauce : À cette date a été relevée la dernière signature de GAUTHIER dans le registre paroissial, ayant assisté – et sans doute chanté – à une sépulture en tant que "maître d'école de cette paroisse". À la fin de l'année scolaire, la famille quitte ce village trop petit pour la faire bien vivre et s'en retourne à Teillay-le-Gaudin, à 13 km au sud, où exerçait le jeune homme au moment de son mariage.
• 1er novembre 1769, Teillay-le-Gaudin : À cette date, Gervais GAUTHIER, maître d'école, signe pour la première fois dans le registre paroissial à l'occasion d'une sépulture.

• 31 janvier 1770, 27 janvier 1772, 20 avril 1773, Teillay-le-Gaudin : Plusieurs enfants Gauthier-Pointeau sont baptisés à Teillay. Gervais GAUTHIER est dit "maître des petites écoles" ou  "maître d'école en cette paroisse". Les deux premiers, Agnan-François et Jacques-Robert, meurent à l'âge de quelques semaines. La troisième, Marie-Madeleine, survit [voir ci-après au 12 thermidor an VI (30 juillet 1798)].

• 8 mars 1774, Teillay-le-Gaudin : À cette date, à l'occasion d'une sépulture, Gervais GAUTHIER, maître d'école, signe pour la dernière fois dans le registre paroissial. Le 11 octobre 1774, il est encore cité en fin d'acte, mais il ne signe pas.

• [1774-1775] : La trace des GAUTHIER-Pointeau se perd. On peut supposer qu'ils sont partis exercer dès la rentrée scolaire de 1774 à Chilleurs-aux-Bois, à une vingtaine de km au sud-est de Teillay, à 28 km au nord-est d'Orléans, sur la route entre Orléans et Pithiviers. Toutefois aucun indice n'a surgi du dépouillement des registres paroissiaux. Les comptes de fabrique parleraient-ils ?

• 9 avril 1776, Chilleurs [actuellement Chilleurs-aux-Bois, Loiret] : Dans ce bourg comptant environ 1 500 habitants, est inhumée "au cimetière de cette église" Marie-Madeleine Pointeau, "maîtresse d'école de cette paroisse", décédée la veille à l'âge de 37 ans. Son mari, Gervais "GAULTIER", sa sœur Marguerite, son fils aîné Jean-Gervais-Hilaire (qui a huit ans) sont présents.

• 8 janvier 1778, Orléans : Dans l'église de Saint-Pierre-Ensentelée est célébré le mariage de Gervais GAULTIER, veuf de M. Madeleine Pointeau, de la paroisse de Chilleurs, d'une part, et Marie-Anne Antoinette Besson, veuve de Nicolas-Joseph Charpentier, de cette paroisse d'autre part. Aucun métier n'est indiqué. On remarque que l'époux est accompagné de son ancienne belle-sœur, Marguerite Pointeau, et de son fils Jean-Gervais-Hilaire. Celui-ci (qui fête ses dix ans le jour même du remariage de son père) sait déjà très bien signer, d'une signature étroitement similaire à celle de son père, avec une ruche.

• 21 octobre 1782, Chilleurs : En tant que "ami de l'époux", Gervais GAUTHIER est témoin du mariage d'un veuf, Pierre-François Quinton, et de Catherine Chauvet, fille majeure, auvergnate originaire du diocèse de St-Flour.
 Depuis son veuvage, sa signature est apparue de loin en loin dans le registre paroissial, plus souvent pour des mariages où il est invité en tant que "ami" de l'un ou de l'autre des époux – sans doute au début avec l'arrière-pensée de susciter son remariage... Dans cette paroisse le maître d'école ne semble pas assujetti à l'assistance aux sépultures, ce qui rend plus difficile de cerner sa présence. Néanmoins sa signature est suffisamment régulière pour qu'on soit certain qu'il vit et exerce toujours à Chilleurs à cette date et au moins jusqu'au printemps 1783.

• 23 mars 1783, Chilleurs : L'histoire se répète. Marie-Anne "Toinette" Besson, la deuxième épouse de Gervais GAULTIER, décédée de la veille à l'âge d'environ 45 ans, est inhumée au cimetière, en présence de  son époux "maître d'école de la dite paroisse" et de son beau-fils. On ne discerne plus ensuite aucune trace de la famille Gauthier dans le registre paroissial de Chilleurs.
• 21 juillet 1783, Orléans : Sauf erreur, c'est à cette date qu'apparaît la première signature "Gauthier" dans le registre de la paroisse Saint-Victor, à l'occasion de la sépulture d'une vieille dame de 82 ans. Gervais GAUTHIER semble avoir pris la suite de François HERMILLY qui le 29 novembre 1782 signait "Hermilly chantre". La paroisse Saint-Victor est située entre celles de Saint-Aignan et de Saint-Euverte, un peu à l'écart du centre actif de la ville. Peut-être Gervais GAUTHIER habite-t-il déjà la longue rue de Bourgogne, qui traverse plusieurs paroisses, où il est attesté neuf ans plus tard.

• 27 septembre 1784, Orléans : Dans l'église de Saint-Victor, Gervais GAUTHIER, de la paroisse de Saint-Donatien, épouse Marie-Marguerite-Julie Pelletier, qui était précédemment paroissienne de Saint-Victor et qui demeure "actuellement" à Huisseau (probablement Huisseau-sur-Mauve, à 17 km à l'ouest d'Orléans). Le marié est accompagné à la fois de sa mère, Marie-Andrée Couturier, veuve Jacques Gauthier, et de son fils ainé, Jean-Gervais-Hilaire – qui a bientôt 17 ans.

•[Juillet 1787], Orléans : À partir du milieu de l'année 1787 au moins, en compagnie de la signature de Gervais GAUTHIER, on voit apparaître celle de Guillaume BERTEAU ("berteau"), de manière relativement fréquente dans les actes de sépulture de la paroisse Saint-Victor.

• 25 janvier 1789, Orléans : Né le jour même sur la paroisse Saint-Victor, un fils de Gervais GAULTIER et de Marie-Marguerite-Julie Pelletier reçoit le double prénom sans doute significatif d'une longue attente de "Henry-Désir". Aucun indice ne vient éclairer professionnellement les parents, ni les parrain et marraine, Germain-Henry Delahaye et Christine-Victoire Mouflet.

1790, Orléans : Gervais GAUTHIER est toujours chantre de la paroisse Saint-Victor. Il assiste et signe à de nombreuses sépultures au fil de l'année, en compagnie ou en alternance avec Guillaume BERTEAU. Signalons plus particulièrement, le 13 octobre, celle d'un maçon de la Marche âgé de 62 ans décédé subitement rue des Pucelles, "sans avoir pu recevoir aucun sacrement". Les trois témoins signataires sont "Gauthier", "berteau" et "gellet vicaire".

• [1791] : À Orléans comme partout ailleurs, la réorganisation des paroisses urbaines entraîne des mouvements au sein des effectifs des chantres. On peut supposer que c'est au cours de l'année 1791 que, la paroisse Saint-Victor supprimée,  Gervais GAUTHIER est entré au service de celle de Saint-Aignan, tandis que Guillaume BERTEAU, lui, se recasait à Saint-Euverte.

• 6 octobre 1792, Orléans : Les citoyens Gervais GAUTHIER, demeurant rue de Bourgogne section de St-Victor, et Edme DELAUGÈRE, demeurant rue des quatre fils "Aimonds", section de l'Université, prêtent serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant". Tous deux sont dits "chantres de la succursale de Saint-Aignan". Le premier signe "Gauthier" d'une écriture penchée vers la droite, agrémentant sa signature d'une ruche. C'est cette signature qui a permis le développement de l'enquête à son sujet.

• 12 thermidor an VI (30 juillet 1798), Orléans : Gervais GAUTHIER est présent et consentant au mariage de sa fille Marie-Madeleine, "fille de confiance", avec un confiseur nommé Jean Bourdaux, originaire du département de la Creuse.

• 16 janvier 1807, Orléans : Deux épiciers demeurant rue de la vieille porte Bourgogne déclarent le décès, survenu la veille vers huit heures du soir à son domicile, de Gervais GAUTHIER, "ancien chantre". Ils précisent qu'il était âgé de 62 ans, "natif de Neuvy en ce département". Ils rappellent ses trois mariages successifs et savent qu'il était en 3èmes noces époux de Marie-Marguerite-Julie Peltier et qu'il habitait "cloître Saint-Étienne, n°2".

Mise à jour : 13 juin 2019

Sources
F-Ad28/ BMS Neuvy-en-Beauce ; F-Ad45/ BMS Chilleurs-aux-Bois ; F-Ad45/ BMS St-Pierre-Ensentelée, Orléans ; F-Ad45/ BMS St-Péravy ; F-Ad45/ BMS St-Victor, Orléans ; F-Ad45/ BMS Teillay-le-Gaudin ; F-Ad45/ NMD Orléans ; F-AmOrléans/ 2 J 16

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