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CARILLON, Isaac (ca 1684-1760)
État civil
NOM : CARILLON     Prénom(s) : Isaac     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : CARILLION
CARRILLON
CARILION
Date(s) : 1684 ca  / 1760-2-13 
Notes biographiques

Si l'on en croit l'âge qui est indiqué à son décès, Isaac CARILLON (ou CARILLION) serait né vers 1684. Il a marqué la collégiale Notre-Dame de Beaune par le long service qu'il y a effectué successivement comme chantre basse contre, puis maître de musique, puis à nouveau chantre. Après des débuts peu assidus, qui lui valent maintes récriminations de la part du chapitre, il s'assagit et dans son acte de sépulture, le curé prend la peine d'évoquer la "satisfaction" ressentie par "tous ceux qui l’entendoient"...

• 17 mars 1696, Beaune [Côte d'Or] : Isaac CARILLON est reçu enfant de chœur à la collégiale Notre-Dame. Le maitre des enfants de chœur est alors Jean BIGARNE, au moins depuis le 28 juin de l'année précédente. À la maîtrise, le jeune Carillon côtoie Antoine JOLY, reçu le 15 juillet 1695.

• 5 mars 1704 : Isaac CARILLON quitte la maîtrise de Notre-Dame. Le chapitre lui verse 40 livres 13 sols 4 deniers qu'il "avoit ganié pour huit années qu’il y a demeuré". Malgré des conflits successifs avec les chanoines, Jean BIGARNE est alors toujours "maistre de musique de céans". C'est donc lui qui a entièrement assuré la formation musicale d'Isaac Carillon. Ce dernier est remplacé à la maîtrise par Jean–Louis CHARBONNIER reçu enfant d'aube le 24 avril 1704.

• Durant l'année scolaire 1706-1707, Beaune : Isaac CARILLON est étudiant en philosophie au collège. Il est en même temps "habitué" à la collégiale Notre-Dame et les dimanches, jours de fête et jours de congé, il fait les fonctions de sous-chantre "pour le soulagement de Me Pierre PETIT, dont la santé est fort faible". Le chapitre lui octroie un petit dédommagement (20 livres en argent, et 22 en blé et vin).
• 18 novembre 1707 : Isaac CARILLON est reçu officiellement sous-chantre de la collégiale, aux appointements de 150 livres, en argent et en blé et vin.
• Durant l'été 1708, un premier épisode d'absentéisme est signalé dans le registre capitulaire. Le jeune homme, dûment admonesté, rentre manifestement dans le rang puisque le 6 mars 1709 ses gages sont augmentés et passent de 150 à 200 livres / an. En cas d'absence, un barème de retenues sur salaire est prévu et le chapitre décide que "la même règle sera observée à l’égard d’Antoine ARVIN [HARVIN] joueur de serpent qui a aussi 200 francs d’appointements tous les ans".

• 14 août 1709 : Atteint d'une fièvre double tierce, Isaac CARILLON est autorisé par le chapitre à aller se reposer à la campagne pour se rétablir.
• 10 octobre 1709, Beaune : François BOILLOT, sous diacre, Claude RENTIER et Isaac CARILLON, clerc tonsurés, tous trois habitués de la collégiale, se font délivrer un certificat de vie et mœurs, avant de partir pour le séminaire, sans doute à Autun.

• Juin-juillet 1711, Beaune : Le chapitre de la collégiale admoneste ses deux sous-chantres, Claude RENTIER et Isaac CARILLON "sur leurs fréquentes absences et la précipitation avec laquelle ils chantoient au chœur". Il leur enjoint de "mener une vie conforme à leur estat". Peut-être faut-il lire dans cette dernière phrase une allusion à la fréquentation trop intime d'Isaac Carillon avec la sœur de son camarade ?
Les incartades se poursuivent néanmoins : en octobre 1711, CARILLON subit une retenue sur ses gages et le 23 décembre 1711 RENTIER est relevé de ses fonctions de sous–chantre.
Entre temps, néanmoins, le 5 août 1711, Isaac CARILLON a été autorisé à se rendre deux jours à Dijon pour participer au service funèbre du Dauphin, en compagnie du maître de musique Jacques DELAUNAY et de son ami le serpent Antoine HARVIN.

• 7 janvier 1712, Beaune : Dans l'église Notre-Dame, Isaac CARILLON et Philiberte Rentier se marient. Rien n'est dit du métier du jeune homme, qui signe "Isaac Carillon". Les deux pères exercent un métier du cuir, maître cordonnier pour le père du marié, marchand tanneur pour celui de la mariée. On remarque la présence parmi les témoins de Claude RENTIER, frère de la mariée, et d'Antoine HARVIN, "habitué en l’église de Notre-Dame" : c'est le joueur de serpent de la collégiale. La jeune femme est enceinte de plus de six mois : leur premier enfant naît, à Beaune, le 21 mars 1712.

• Entre mars 1712 et octobre 1723, le couple Carillon / Rentier donne le jour à neuf enfants, un chaque année ou presque, dont au moins 4 meurent en bas âge. Lors du premier baptême, aucune indication n'est donnée sur l'emploi occupé par le père. En revanche sept des baptêmes suivants, ainsi que les actes de sépulture, indiquent nettement le métier paternel, ce qui permet d'en suivre les évolutions (voir ci-après). Les parrains et marraines sont pris dans la famille Rentier ou parmi les notables locaux (plusieurs marchands, "avocat à la cour", ancien conseiller du roi au bailliage, épouse d'un "procureur du Roy à la châtellenie de Pomard et Volnet" [sic], et même l'épouse de "Mr Guyard, écuyer, seigneur de Bagnol"…). Un seul parrain appartient clairement aux milieux de la musique : en 1719, M. Jacques DELAUNAY, "prestre, Maistre de musique à la ditte église", est le parrain de Jacques CARILLON, qui d'ailleurs deviendra plus tard musicien. Toutefois on peut douter de l'influence réelle sur l'enfant de ce parrain qui est déjà âgé et qui est absent à la cérémonie (représenté par un certain Jean Nicole).

• 6 décembre 1714, Beaune : Le troisième enfant du couple est une fille, qui reçoit Cécile comme second prénom. Lors de son baptême, paroisse Notre-Dame de Beaune, Isaac CARILLON est qualifié de "chantre de Besançon". À une date incertaine, après l'admonestation du 24 octobre 1711, il a quitté la collégiale Notre-Dame pour s'engager à 100 km de là, à la cathédrale de Besançon. Il est possible que le deuxième enfant Carillon soit né à Besançon vers la fin de 1713. Néanmoins son épouse est ensuite revenue à Beaune, et tous les enfants suivants sont baptisés paroisse Notre-Dame.

• 16 mars 1715, Beaune : Le chapitre fait le constat qu'il lui manque une "bonne voix pour soutenir le chœur" et décide d'écrire à CARILLON "qui sert à présent l’Églize métropole de Besançon". Dès le 23 mars, aux vêpres, le chantre est de retour à Beaune et y fait entendre sa voix de basse-contre. Le lendemain, la compagnie délibère et l'engage "aux mêmes gages et honoraires que Martin SOUILLARD, basse taille", c'est-à-dire 324 livres par an. Sur la demande de Carillon, l'après-midi, le chapitre ajoute 30 livres de gratification "pour le dédommager de la dépense de son voyage et de son déplacement".
• 15 décembre 1715, Beaune : L'acte de sépulture de la petite Jeanne-Cécile donne son père comme "chantre de l’insigne église de Notre Dame de Beaune". Il en va de même ensuite lors de tous les baptêmes et sépultures qui suivent. Le registre capitulaire, en revanche, le désigne toujours comme sous-chantre. Quelques jours plus tard, le 24 décembre, le sous-chantre est à nouveau réprimandé pour son manque d'assiduité : il ne s'est "trouvé qu’une fois à Mâtines pendant 11 jours"... (absences qui semblent correspondre à la période entourant la mort de sa fille).

• 1er avril 1716 : Moyennant un loyer de 12 livres par an, la famille Carillon s'installe dans une maison appartenant au chapitre, située rue des Prestres, qui était occupée auparavant par Claude RENTIER.
Les rappels à l'assiduité se poursuivent de loin en loin durant les années qui suivent (9 avril 1717, 14 octobre 1717, 6 janvier 1718, 3 janvier 1721, 5 janvier 1722), alternant avec des remises de loyer (5 janvier 1717), des gratifications (11 juillet 1725) et des augmentations de gages (15 janvier 1717, 4 mars 1722) qui semblent indiquer que le chapitre est finalement satisfait de son sous-chantre.

• 14 avril 1728, Beaune : Le maître de musique de la collégiale, Claude GAVEAU, a démissionné le 27 août 1727 (démission qui fait suite à des mois de difficultés…). Après un intérim assuré par un chanoine pour la gestion de la psallette et par le serpent Bernard GAULON pour l'enseignement de la musique aux enfants de chœur, Isaac CARILLON est nommé "pour faire les fonctions de maître de musique" durant trois ans. La famille Carillon libère la maison de la rue des Prestres et s'installe à la maîtrise.
Son contrat étant ensuite plusieurs fois renouvelé, Isaac CARILLON est finalement maître de musique de la collégiale Notre-Dame de Beaune durant presque 23 ans (d'avril 1728 à la fin de janvier 1751). Il est régulièrement attesté dans les délibérations capitulaires des années suivantes (courts congés en août 1733, février 1735, maladie en septembre 1735…).

• 4 mai 1735 : Son fils aîné, Jean–Baptiste (né le 21 mars 1712), devenu maître écrivain, est nommé massier de la collégiale.

• 30 juillet 1737 : Isaac CARILLON obtient du chapitre qu'une petite indemnité de 5 sols par séance soit versée à quatre anciens enfants de chœur récemment sortis qui reviendraient travailler "tous les jeudys de chaque semaine" les instruments sur lesquels "ils s’étoient exercés" durant leur séjour à la maîtrise. Ainsi, avec cette formation instrumentale supplémentaire "ils pourroient être dans la suitte de quelque utilité à la symphonie".
• 16 avril 1738 : Le chapitre autorise son maître de musique à "conduire les enfants de chœur un jour chaque semaine au concert qui se fait chez  monsieur Grozelier procureur du roy" [et proche parent d'un chanoine].

• 5 mai 1740 : Le chapitre observe "que le maître de musique ne faisoit chanter ny fauxbourdon ny chant sur le livre lorsqu’il n’y avoit pas de serpent". Il lui rappelle "que la Compagnie souhaitte qu’il y ait chant sur le livre et fauxbourdon tous les dimanches et fêtes même en l’absence de celuy qui joue du serpent auquel cas il auroit soin de faire apporter une basse".

• 12 avril 1747 : Le maître de musique se fait à nouveau rappeler à l'ordre concernant la nécessité de faire "chanter le chant sur le livre suivant l’usage les jours de dimanche et fêtes quoi qu’il n’y ait point de serpent". Il doit également fournir les parties au basse-contre BAYARD reçu six mois plus tôt (12 octobre 1746) "toutes les fois qu’il les demandera pour les prévoir".

• 30 avril 1748, Beaune : Son fils Jacques CARILLON "musicien étant actuellement à Toul" qui a présenté sa candidature à la collégiale Notre-Dame, est engagé par le chapitre. Il est encore attesté le 28 août 1748, puis disparaît du registre capitulaire.
• 20 décembre 1748 : Le Doyen du chapitre tance en privé son maître de musique au sujet de "sa résistance à se conformer à ses intentions". Les deux sujets sensibles semblent être non pas la musique ou les usages liturgiques, mais la fourniture de lumière et de vin aux enfants de chœur.

• 7 février 1749 : Le Maître de musique emprunte 400 livres au chapitre, "au denier 20".
• 28 novembre 1749 : Le chapitre demande à son maître de musique "d’apprendre à jouer de la basse à un ou deux enfants de chœur". Cette obligation lui est rappelée le 15 mai 1750 : il doit "se conformer aux conventions faittes avec luy et d’enseigner à quelques uns des enfants de chœur à jouer de la basse ou du violon". Quelques jours plus tard, le chapitre achète une basse pour la maîtrise.

• 30 juin 1750, Beaune : "Demoiselle Jacquette Cécile Carillon, fille du sieur Isaac CARILLON maître de musique" de la collégiale, est marraine de l'un des jumeaux nés du mariage de Léonard Bidremant [Biderman] maître tailleur de pierre rue Sainte-Marguerite, paroisse Saint-Martin, et de Marie Gonet. Elle signe "jaquette Cecille Carillon". Le parrain est Guy Modeste BRIET, "musicien à Beaune, habitué à l'église collégiale Notre-Dame". Les deux enfants baptisés sont des cousins germains de Jean-Baptiste BIDERMANN, qui depuis fin 1747 est enfant de chœur à la collégiale, sous la houlette d'Isaac CARILLON.
• 23 décembre 1750 : D'un commun accord avec le musicien, semble-t-il, le chapitre fait le constat que "l’âge et les indispositions du dit maître Isaac CARILLON ne luy permettent plus de remplir avec toute l’exactitude qu’il souhaiteroit les fonctions et obligations de la place de maître de musique". Une convention est établie avec lui, organisant sa sortie de la fonction de maître de musique et sa mise à la retraite. Le chapitre lui promet une pension de 500 livres à vie, pension à laquelle s'ajouteront "toutes les distributions en bled, vin et argent" que touchent les habitués, tant du moins qu'il pourra faire le service "assistant à tous les offices portant la chape et chantant à la psalmodie, plein chant et à la musique".

• 8 février 1751, Beaune : Le chapitre ayant décidé, quelques jours auparavant, d'engager Joseph GARNIER comme maître de musique, fait établir les comptes avec le maître sortant. Deux jours plus tard, Isaac CARILLON reçoit 100 l. de gratification et 100 livres supplémentaires à titre de prêt, "dont le chapitre sera remboursé peu à peu en ce qu'il sera retenu sur les appointements dud sieur CARILLON 6 francs par mois à commencer du mois de mars prochain jusqu'à fin du payement". Même s'il n'exerce plus désormais la charge de maître de musique, il reste donc au service du chapitre.
Le 12 février, le chapitre mandate des représentants "pour reconnaître les partitions que Carrillon doit laisser au chapitre". Il ne semble pas s'agir de compositions du maître sortant mais plutôt de copies "des anciennes musiques" qui avaient été inventoriées à son entrée et qu'il est tenu de laisser en quittant la maîtrise. Le chapitre demande également "qu'en considération des gratifications qui luy ont été faittes il fournisse des partitions des meilleurs musiques qu'il peut avoir".

Au cours de ses années d'exercice comme maître, Isaac CARILLON a assuré la formation musicale de nombreux musiciens, parmi lesquels Étienne CHAUFFETET, Dominique ESCARD, Jean-Baptiste GRATEPANCHE... Il a aussi débuté celle de Jean-Baptiste BIDERMANN, reçu à la maîtrise le 16 décembre 1747 et de François ROBELIN, reçu le 3 septembre 1749.
Selon Charles Bigarne ("La Musique à Notre-Dame de Beaune", Mémoires de la Société d'Histoire, d'Archéologie et de Littérature de l'Arrondissement de Beaune, 1878), Isaac CARILLON  était aussi un compositeur fécond, qui a laissé un grand nombre d'ouvrages, lesquels, en 1878 étaient encore conservés dans la collection du chapitre. On y trouvait deux messes à quatre voix, avec symphonie, deux stabat, un Magnificat en Noël, plusieurs psaumes...

• 14 février 1760, Beaune : Le chapitre enregistre le décès du sous–chantre Isaac CARILLON, survenu la veille au soir. Il est inhumé le même jour au cimetière de la paroisse Notre-Dame de Beaune, en présence de son frère, maître cordonnier à Beaune, et de plusieurs cousins.
Le curé rédige un éloge funèbre précis et rare : "ancien maître de musique pendant 23 ans et chantre digne de l’insigne église collégialle Notre Dame dudit Beaune pendant l’espace d’environ 44 ans, emploi qu’il a rempli avec honneur, assiduité et satisfaction du chapitre, de la ville et de tous ceux qui l’entendoient".

Mise à jour : 11 juin 2017

Sources
Ch. Bigarne, La Musique à Notre-Dame de Beaune..., 1878 ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Beaune ; F-Ad21/ BMS St-Martin ; F-Ad21/ G 2543 ; F-Ad21/ G 2544 ; F-Ad21/ G 2545 ; F-Ad21/ G 2547 ; F-Ad21/ G 2548 ; F-Ad21/ G 2549 ; F-Ad21/ G 2550 ; F-Ad54/ 5 Mi 527/R 31

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