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RICHET, François (1765-1826)
État civil
NOM : RICHET     Prénom(s) : François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : RICHER
RICHÉ
Date(s) : 1765-10-19   / 1826-4-16 
Notes biographiques

Ayant au départ suivi, à la collégiale de Beaune, le cursus de l'enfant de choeur doué, tant pour les instruments (basson) que pour le chant (voix de haute taille), François RICHET semble d'abord s'orienter vers une carrière classique de musicien d'Église. Mais fin 1788, alors qu'il est maître de musique à Dijon, sa vie prend un tour radicalement différent lorsqu'il épouse une marchande de modes de douze ans son aînée : il ne quittera plus sa boutique...

• 19 octobre 1765, Beaune [Côte d'Or] : François RICHET nait et est baptisé paroisse de Notre-Dame de Beaune. Il est fils d'un maitre serrurier et filleul d'un maitre cordonnier.

• 23 février 1772, Beaune : François RICHET est reçu enfant de chœur de la collégiale Notre-Dame, à l'issue d'un concours auquel ont participé huit autres candidats. Quelques jours plus tard, 3 mars 1772, un drame se produit pour l'enfant puisque sa mère meurt, à l'âge de 42 ans.
À la maîtrise, son maître de musique est le sieur ALOTTE, mais il s'en va dès le 7 août 1772. Le deuxième maître de musique du jeune RICHET est ensuite Laurent DUPUIS arrivé de Coutances en décembre 1772. Entre temps, l'intérim a été assuré par Lazare GOOSSENS.

• 16 novembre 1773, Beaune : Son père, Lazare Richet, se remarie. Il épouse Louise Lacroix, une Comtoise installée "depuis plusieurs années" à Beaune. Parmi les témoins on remarque le "sieur Jean-Baptiste GRATPANCHE clerc à la collégiale, ami de l’épouse" : ce dernier joue du serpent et du basson (et chante) à la collégiale. On peut penser qu'il sera le maître de basson du jeune garçon.

• Avril 1775, Beaune : À la suite de la démission de Laurent DUPUIS, le chapitre renonce à chercher un nouveau maître de musique qui soit clerc. Un partage des tâches s'organise entre un prêtre (dans un premier temps Pierre FAVIER) qui gèrera la maîtrise et enseignera la grammaire aux enfants, et Lazare GOOSSENS, qui leur enseignera la musique. C'est donc finalement ce dernier qui a été le plus longtemps le formateur musical de RICHET. À la maîtrise, le jeune garçon a côtoyé plusieurs futurs musiciens comme Louis MATROT, Claude TRUCHEUR, Jacques-François CHAMPEAUX...

• 12 mai 1780, Beaune : François RICHET est désormais l’ainé des enfants de chœur de la collégiale. Il montre "un certain empressement et aptitude pour jouer du basson" et a commencé à en jouer au chœur le dimanche précédent. Le chapitre lui fait cadeau de "6 francs" [sic] en présence des autres enfants "afin d’exciter l’émulation".
• 3 août 1780 : À cause de la mutation de sa voix, RICHET quitte la maîtrise de la collégiale. Le 6 septembre 1780 sa place est attribuée à Gabriel GOOSSENS, le fils du maître.

• 9 novembre 1782, Beaune : Ayant licencié "Félix PERRIER cy devant musicien haute taille", le chapitre de la collégiale fait appel au jeune François RICHET pour "chanter la haute taille les jours de fêtes, dimanches et jours de congé". Il lui promet "quelques gratifications en attendant que sa voye se fortifie". Le fait que François RICHET ne soit employé que les jours de fêtes, dimanches et jours de congé indique vraisemblablement qu'il est alors étudiant au collège.

• 5 avril 1783, Beaune : RICHET "chorial qui chante la partie de haute taille" reçoit 24 livres de gratification, et le chapitre lui enjoint de continuer à chanter à la musique "autant que ses études luy permettront".
• 30 avril 1783, Dijon : En compagnie d'André CAILLOT, devenu musicien de la Sainte Chapelle, "Maitre François RICHET, prêtre chapelain de la cathédrale", assiste à la signature du contrat de mariage de Pierre JARLOT, lui aussi musicien de la Sainte-Chapelle. Contrairement à André Caillot, François Richet n'est plus présent le lendemain lors de la cérémonie du mariage célébrée en l'église cathédrale.
S'agit-il de François RICHET de Beaune ou d'un exact homonyme ? Le concernant, la mention du titre de "prêtre chapelain" serait erronée : il était seulement clerc tonsuré. Cet épisode dijonnais est sujet à caution, d'autant que le même jour 30 avril 1783, le chapitre beaunois note, mécontent, que "Richet chorial" n’a pas fait sa communion pascale au chœur, comme il aurait dû. Le 2 mai, le jeune homme explique qu’il a eu la fièvre… Le 9 mai, il se fait à nouveau remarquer, traversant deux fois "son chapeau sur la tête" la procession des paroissiens de St-Nicolas.
• 6 juin 1783, Beaune : Félix PERRIER est rétabli dans sa fonction de haute taille de la collégiale.
• Juin 1783, Beaune : RICHET est toujours mentionné comme chorial à l'occasion du chapitre général de la collégiale Notre-Dame. Néanmoins, on peut penser que la réintégration de PERRIER lui a barré la route du poste de haute taille à la collégiale. Sans doute est-ce à ce moment qu'il quitte Beaune pour Dijon : on ne l'aperçoit plus dans le registre capitulaire...

• 2 septembre 1788, Beaune : Devant notaire, le père de François RICHET l'autorise à épouser Claudine Cottenet.
• 6 septembre 1788, Dijon : Au domicile de la demoiselle future, rue des Forges, un contrat de mariage est signé entre François RICHET, "maitre de musique en cette ville, y demeurant" et Claudine-Françoise Cottenet, "marchande de modes en cette ville", majeure, dont le père, décédé, était en son vivant "bourgeois à Dijon", écrit le notaire. Le déséquilibre dans les apports au mariage des deux futurs est spectaculaire : le musicien dispose de 150 livres "provenantes de ses gains et épargnes et consistante tant en linge, nippes et hardes servant à sa personne, qu’argent comptant", tandis que la jeune femme dispose de 9 000 livres, dont elle précise qu'elles lui appartiennent en propre et viennent de ses gains et épargnes (et non de l'héritage de son père). Il s'agit de son stock de marchandises, de ses dettes actives, et de ses effets personnels. Seules 50 livres sont, de part et d'autre, mises en communauté. Le futur promet d'offrir 600 livres en "bagues et joyaux", et s'engage à un douaire de 1 200 livres.
• 9 septembre 1788 : Le mariage est célébré en l'église Notre-Dame, paroisse de la mariée. Aucun musicien de la ville ne semble présent. Le jeune marié demeurait jusqu'alors la paroisse Saint-Michel. Son métier n'est pas indiqué.

• 18 novembre 1789 : Claudine Cottenet accouche d'une fille, baptisée Marie-Anne le surlendemain, 20 novembre, jour où sa mère meurt de ses couches, âgée de 36 ans (elle était donc née vers 1753). Elle est inhumée le 22 novembre, au grand cimetière de la paroisse Notre-Dame.
Dans ces deux actes, François RICHET est déjà dit "marchand". Cet état professionnel lui sera désormais régulièrement accolé et son éventuelle activité musicale ne laissera plus de trace dans les archives accessibles.

• 23 avril 1790, Dijon : François RICHET, "marchand", demeurant paroisse Notre-Dame (sans doute a-t-il conservé la boutique et le logement de Claudine Cottenet), épouse Simone Lamblin, en l'église Saint-Jean. Le mariage est célébré par un chanoine.
Un premier enfant, Jean-Claude-François, naît dès le 16 décembre 1790, soit un peu moins de huit mois après les noces.
Une fille, Anne, suit le 13 décembre 1792, puis un enfant mort-né le 10 novembre 1798. Dans tous les actes, François Richet est dit marchand ou négociant, et il se confirme qu'il est domicilié rue des Forges. Il est bien difficile de savoir s'il pratique encore quelque activité musicale que ce soit.

• 1795-1796 : François RICHET, marchand à Dijon, achète divers biens nationaux, servant d'intermédiaire à divers acheteurs, dont notamment le Conventionnel "Prieur de la Côte d'Or" et Joseph Vétu, lui aussi marchand à Dijon.

• 23 septembre 1811, Dijon : Simone Lamblin meurt d'une "obstruction" au domicile familial, désormais rue Rameau. Dans l'acte de décès, François RICHET est dit "marchand de modes".

• 28 janvier 1812, Dijon : Une troisième fois, François RICHET se marie. Il épouse Jeanne-Baptiste-Victoire Choffez, née le 6 mai 1785 à Luxeuil [Haute Saône] mais habitant maintenant à Dijon. Le marié est dit "marchand de modes" et habite toujours rue Rameau.
• 6 mars 1813 : François RICHET, "marchand modiste", vient à l'hôtel de ville avec un chapelier et un "propriétaire" déclarer la naissance du premier enfant de son épouse Jeanne Choffez, rue Rameau. C'est une fille, prénommée Marie-Louise-Victoire.
Deux autres enfants naissent ensuite (un fils le 16 mars 1816, une fille le 16 juin 1820). Le père est toujours qualifié de "marchand modiste", et l'on apprend son adresse précise : n°8 rue Rameau.

• 16 avril 1826, Dijon : François RICHET, négociant, décède à son domicile, n°8 place Saint-Étienne, à Dijon. Son fils Didier-Dominique-Alfred a dix ans et un mois.

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• 16 août 1834, Dijon : Lorsque sa plus jeune fille, Marie-Octavie, meurt à l'âge de 14 ans, on apprend que Jeanne Choffez, la veuve de François Richet, est devenue elle aussi "marchande modiste" et qu'elle demeure toujours place Saint-Étienne (au n°10).

• 13 mai 1867 : À l'âge de 82 ans, Jeanne Choffez meurt chez elle, 10 rue Chabot-Charny. Elle est dite "rentière", veuve de François Richet.

Le fils unique du couple Richet / Choffez, Didier Dominique Alfred Richet, deviendra docteur en Médecine, Chirurgien des Hôpitaux, Professeur de pathologie chirurgicale à la Faculté de médecine de Paris, et sera Membre de l'Institut de France, élu à l'Académie des Sciences le 7 mai 1883. Il meurt le 30 décembre 1891 à Carqueiranne (Var), à l’âge de 75 ans.
Il est lui-même le père de Charles-Robert Richet, lui aussi médecin, Professeur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Paris, Romancier, Poète, Aviateur... et Prix Nobel de physiologie en 1913 (travaux sur l'anaphylaxie), Membre de l'Académie de Médecine (1898), Membre de l'Institut de France, élu à l'Académie des Sciences le 19 janvier 1914.

De la maîtrise collégiale de Beaune au Nobel... en trois générations.

Mise à jour : 24 février 2018

Sources
Ad21/ 4 E 7/460 ; Ch. Monod, Biographie d'Alfred Richet…, 1894 ; F-Ad21/ 4E 12/43 ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame ; F-Ad21/ BMS St-Jean ; F-Ad21/ BMS St-Martin ; F-Ad21/ G 2552 ; F-Ad21/ G 2553 ; F-Ad21/ M Dijon 1812 ; F-Ad21/ N Dijon 1813 ; F-Ad21/ N Dijon 1816 ; F-Ad21/ NM Dijon 1793-1794 ; F-Ad21/ NMD Dijon 1811 ; F-Ad21/ NMD Dijon 1826 ; F-Ad21/ état civil Dijon ; extraits divers en ligne

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