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DOBET, Maurice (1713-1795)
État civil
NOM : DOBET     Prénom(s) : Maurice     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : DAUBET
Date(s) : 1713-2-20  / 1795-8-20
Notes biographiques

Maurice DOBET est l'archétype du musicien d'Église, au service de la liturgie depuis la psallette jusqu'à la retraite, parcours classique de plus de soixante-dix ans. Une carrière telle qu'il s'en est déroulé des milliers, avec la particularité de régner sur la vie musicale d'une petite ville dont il tient les principaux leviers musicaux et où il joue un rôle évident dans le développement de l'orgue au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. (Caillou & al., p.417-418)

• 20 février 1713, Chartres : Maurice DOBET nait et est baptisé en la paroisse Saint-Hilaire. Il est le fils de Maurice Dobet, "compagnon peigneur", et de Catherine Guillaume. Ni le père ni la marraine (une tante) ne savent signer : la famille appartient au petit artisanat urbain faiblement alphabétisé, entretenant probablement peu de liens avec les pratiques culturelles savantes.

• 23 mars 1720 - Pâques 1731, Chartres : Maurice DOBET est enfant de chœur à la cathédrale. Ses parents en profitent pour donner pour parrain à l'une de ses sœurs, née en 1722, un chantre de la cathédrale, Claude ROBERT. Maurice DOBET étudie alors sous la direction de Pierre CHENU (jusqu'à la fin 1722), puis Charles LESCHENAULT (1722-1725) et Louis-René LEGRAS (1725-1731). En 1729, suivant un usage réservé aux meilleurs enfants de chœur, il "fait chanter une messe", et apprend à toucher l'orgue probablement avec l'organiste de la cathédrale COLESSE. Lorsqu'il quitte la psalette le 13 mars 1731, le chapitre lui accorde la rétribution traditionnelle : 200 livres.

• 1731-1741, où ? : Le parcours de Maurice DOBET durant ces dix années est pour l'instant inconnu. Du moins peut-on affirmer qu'il ne reste pas comme musicien à la cathédrale de Chartres.

• 29 mai 1741, Châteaudun [auj. en Eure-et-Loir] : En la paroisse Saint-Pierre est célébré le mariage de Maurice DOBET "marchand épicier et organiste desservant la paroisse de la Magdeleine" [de Châteaudun] et de Marie Raux. Le marié apporte 400 livres "en espèces d'or et d'argent", la mariée 1.200 livres dont 300 en meubles : la beau-père de Maurice DOBET est en effet un cordonnier bien installé dans la capitale du Dunois. De ce mariage naîtront 8 enfants, les 3 qui parviendront à l'âge adulte seront musiciens : Jean Maurice (né en 1742), François Maurice (1744) et Marie-Louise (née en 1746). À partir de 1771 la famille est installée à l'extrémité de la rue Dodun qui débouche sur la place Saint-André. Jusqu'en 1748, la mention de "marchand épicier" (avec ou sans celle d'organiste) revient dans les actes administratifs pour désigner Maurice DOBET.

• [À partir d'avant 1741 et jusqu'en 1791], Châteaudun : Maurice DOBET est organiste de l'abbaye génovéfaine de La Madeleine. À partir de 1751 probablement, il officie également à la Sainte-Chapelle de Dunois, puis à partir de 1764 à la collégiale Saint-André où il tient en plus le poste de maître des enfants de chœur. Enfin, il est régulièrement rémunéré par les religieuses de l'abbaye bénédictine de Saint-Avit (à 3,5 km à l'ouest de Châteaudun) qui l'emploient comme organiste et maître de musique, "pour les services qu'il rend à la maison en montrant l'orgue".
Il cumule donc l'ensemble des postes d'organistes de la ville :  "tout indique que Maurice DOBET a joué un rôle moteur dans le développement de la musique à Châteaudun et alentours dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, en tant qu'enseignant, mais aussi en tant que musicien talentueux, et peut-être en tant que compositeur de musique sacrée." (Caillou & al., p.401).

 1790, Châteaudun : Un acte administratif détaille ses revenus avant suppression des chapitres. Il est d'une part organiste à Saint-André pour 200 livres par an, à La Madeleine pour 240 livres et à la Sainte-Chapelle pour 150 livres. Il est d'autre part maître des 4 enfants de chœur du chapitre de Saint-André. Pour leur entretien, il touche 520 livres en argent et l'équivalent de 380 livres en nature (logement, chapons, bois, setiers de méteil ...). Au total, il dispose d'un revenu d'environ 1840 livres par an qui lui permet de vivre de son art et même de se hisser au niveau de la petite bourgeoisie locale.

• 1791, Châteaudun : Le district ayant fixé sa pension à 800 livres par an, Maurice DOBET demande à ce qu'elle soit partagée avec sa fille, Marie-Louise DOBET, attendu que "depuis 32 ans [elle] touche avec luy les orgues qu'il ne pouvait toucher seul". Le 13 janvier, considérant que l'essentiel du traitement de Maurice DOBET est lié à sa charge de maître des enfants de chœur, le district accepte de verser 100 livres de pension à la demoiselle DOBET, réduisant du même coup la pension de son père à 700 livres. Les décrets des 26 août 1791 et 1er juillet 1792 stipulant qu'aucune pension attribuée aux anciens salariés des chapitres et abbayes ne pourra excéder 400 livres, la pension de Maurice DOBET est réduite à cette somme en août 1792. La famille ne semble pourtant pas trop souffrir de cette perte de revenus : lorsque la maison de la rue Dodun qu'ils occupent est vendue comme bien national en janvier 1791, ils peuvent la racheter pour 2.625 livres aux enchères.

• 17 février 1793, Châteaudun : Un décret de la Convention réduit la ville de Châteaudun à une unique paroisse, La Madeleine. Aucun organiste n'est prévu par la municipalité quoique le sujet ait été débattu : "Maurice DOBET, trop âgé, et sa fille, trop timide peut-être pour faire entendre sa voix, semblent tous deux hors jeu" (Caillou & al., p.412) ; quant aux deux fils, ils ne sont pas alors présents dans la ville.

• 20 août 1795 (=4 fructidor an III), Châteaudun : Le décès de Morice DOBET, "organiste sis rue Dodun quartier du collège section du nord", 82 ans et six mois, est enregistré en présence de ses enfants Jean Maurice, François Maurice et Marie-Louise. L'acte est également signé par une garde-malade.

• • • À lire : François CAILLOU, Sylvie GRANGER, Christophe MAILLARD, « Deux générations de musiciens au XVIIIe siècle : la famille Dobet de Chartres à Châteaudun, 1713-1829 », Revue historique, 2012/2, n°662, p.391-419

En ligne : http://www.cairn.info/revue-historique-2012-2-page-391.htm

Mise à jour : 11 novembre 2015

Sources
F-Ad28/ 3 E 088/011 ; F-Ad28/ 3 E 088/033 ; F-Ad28/ E 7/23 ; F-Ad28/ E 7/24 ; F-Ad28/ GG 9 ; F-Ad28/ H 4239 ; F-Ad28/ L 427 ; F-Ad28/ L 428 ; F-Ad28/ L 438 / A2 ; F-Ad28/ L 438/ A2 ; F-Ad28/ L 438/A2

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