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BUÉE, Pierre Louis (1746-1827)
État civil
NOM : BUÉE     Prénom(s) : Pierre Louis     Sexe : M
Date(s) : 1746-9-6   / 1827-6-28 
Notes biographiques

Pierre Louis BUÉE est le frère d'Adrien Quentin, maître de musique à Coutances et à Tours, avec lequel il a été parfois confondu. Il reste beaucoup à découvrir sur cet ecclésiastique qui servit avec zèle le chapitre Notre-Dame de Paris en tant que secrétaire avant la Révolution, puis comme chanoine dans la période post-concordataire. Formé par l'abbé Doriot dans la psallette de la Sainte-Chapelle de Paris, célébré par la critique après un motet qu’il fait chanter au Concert spirituel en 1765, il réunit tous les critères pour accomplir une brillante carrière de maître de musique dans un établissement prestigieux. Il semble hésiter quant à son orientation future (carrière dans les salons parisiens, musicien d'Église en Bourgogne). Finalement, il entreprend des études qui le conduisent au doctorat et lui permettent d'entrer à Notre-Dame de Paris en 1777. Il s'y trouve encore treize ans plus tard, titulaire d’une vicairie perpétuelle qui implique des obligations cantorales. Choisissant l'exil comme son frère Adrien avec lequel il partage une même vision de la societé et de l’Église, il revient en France dès le rétablissement du culte.

• 6 septembre 1746, Paris : Pierre Louis BUÉE, fils de Adrien Joseph, bourgeois (mentionné ainsi à son décès en 1778), et de Marie Angélique Gantellet, naît. Il est le frère d'Adrien Quentin et d'Auguste BUÉE, qui furent comme lui de farouches adversaires des idées révolutionnaires. Pierre Louis partage également avec son aîné une formation musicale de prime jeunesse, et dans la décennie qui précède la Révolution, il lui succède aux fonctions de secrétaire du chapitre Notre-Dame de Paris.

• 8 juin 1754, Paris : Le jeune Pierre Louis BUÉE est reçu enfant de chœur à la Sainte-Chapelle, dont la maîtrise est réputée.

• 19 juillet 1763, Paris : Devenu premier enfant de chœur de la Sainte-Chapelle, il met en musique une "scène" au cours de laquelle sont chantés plusieurs morceaux de sa composition, entre autres une ariette, devant le premier président et plusieurs officiers de la Chambre des Comptes, sous le regard rempli de fierté de son maître, l'abbé François Robert DORIOT.

• 2 mai 1764, Paris : Pierre Louis BUÉE, ancien des enfants de chœur, sort de la maîtrise de la Sainte-Chapelle et reçoit une récompense.

• 2 mars 1765, Paris : Il obtient une gratification de 48 livres pour avoir touché l'orgue de la Sainte-Chapelle les jours de musique, ce qui prouve qu'il conserve des liens avec son ancien établissement et amène à penser que DORIOT veille sur sa jeune carrière.

• 26 mai 1765, Paris : Au Concert spirituel, il fait entendre un motet à grand chœur de sa composition, Benedic anima mea. Il est encensé par le Mercure de France, pour lequel "la distribution des récits, le caractère des chants, sont du meilleur goût & du genre le plus vrai" et qui va jusqu'à le qualifier de génie. Le journal ajoute qu'il fait honneur à son "école" et au maître qui l'a formé. Le Mercure le présente comme le maître de musique de la cathédrale de Dijon mais les sources locales ne confirment pas cette assertion dans l'état actuel de nos investigations.

• 1765, Paris : C'est à la même époque qu'il compose une cantatille nouvelle, L'Amour Apollon, qu'il dédie à la marquise de Villeroy, Jeanne-Louise-Constance d'Aumont de Villequier. Cette pièce est peut-être chantée dans la salle de spectacle qu'a fait construire la marquise dans son hôtel particulier du faubourg Saint-Germain.

• [1765-vers 1777] : Où se trouve Pierre Louis BUÉE ? Exerce-t-il des fonctions musicales ? On sait qu'il fit ses études au collège Louis-le-Grand et obtint sa licence en Sorbonne. Le octobre 1775, un BUÉE, prêtre, est choisi comme diacre d'office avec logement par les fabriciers de l'église paroissiale des Saint-Innocents ; il exercera aussi les fonctions de catéchiste. Ce ne peut être Adrien Quentin, en poste à Tours mais il est possible qu'il s'agisse du troisième frère, Auguste, dont la carrière est mal connue.

• 2 juillet 1777, Paris : Après avoir été ordonné prêtre à une date inconnue, Pierre Louis BUÉE est mis en possession de sa charge de secrétaire du chapitre Notre-Dame et prête serment à la barre capitulaire. Il a été élu le 4 avril précédent. Il succède à Sébastien Bracquemond, devenu chanoine de Saint-Benoît.
• 19 novembre 1777, Paris : Il est pourvu d'une chapelle en l'église Saint-Eustache sous le double vocable de Notre-Dame et du Sauveur ; son revenu annuel est de 150 livres sous forme d'une rente sur l'hôtel de ville de Paris.

• 1782, Paris : Pierre Louis BUÉE est reçu docteur en Sorbonne.

• 24 avril 1786, Paris : Pierre Louis BUÉE se démet de son office de "secrétaire et notaire capitulaire" après sa nomination le même jour par le chapitre à un canonicat de Saint-Benoît. Son frère Adrien Quentin BUÉE lui succèdera le 1er octobre suivant.

• 26 avril 1786, Paris : "Pourvu par conclusion du 24 de ce mois d'un canonicat de S. Benoit, [Pierre Louis BUÉE] a été installé le 26 dans les bas stals du chœur de l'Eglise de Paris, du côté droit par mr le souchantre pendant tierce et dans les hauts stals du chœur de l'Eglise S.Benoit aussi du côté droit". Il est qualifié de docteur en théologie, prêtre de Paris, "gradué et insinué et réitéré" ; il succède à feu le chanoine Dinuart. Une source précise qu'il aurait été nommé sous-pénitencier de la cathédrale.

• 9 mars 1789, Paris : Pierre Louis BUÉE est pourvu du vicariat perpétuel de Saint-Victor en l’église de Paris, détenu précédemment par Jacques LE ROUX, qui nécessite l'assistance à tous les offices sauf pendant 45 jours dans l'année. Ses revenus s'élèvent pour ce bénéfice à 2 498 livres 6 sols 6 deniers. Sur cette somme, il touche 530 livres pour honoraires d'obits, ce qui laisse à penser qu'il exerce des fonctions cantorales. La date exacte de sa naissance est mentionnée dans cet acte.

• 11 février 1790, Paris : Il rédige sa déclaration ecclésiastique comme vicairie de Saint-Victor et chapelain à Saint-Eustache. Il continue à demeurer dans le cloître Notre-Dame, sans doute aux côtés de son frère.
• 21 décembre 1790, Paris : Il signe sa déclaration de revenus qui s'élèvent pour ses deux bénéfices à la somme de 2 648 livres 2 sols 6 deniers. 

• 1791 : Pierre Louis BUÉE rédige un pamphlet contre la Constitution civile du clergé intitulé Obstacles à ma conversion constitutionnelle, exposés confidemment aux Parisiens. Adrien Quentin et Auguste rédigent à la même période des ouvrages polémiques critiques à l'encontre de la Constitution civile du clergé.

• 1792-1802, Angleterre : Pierre Louis BUÉE émigre outre-Manche ; son frère Adrien Quentin l'accompagne ou le suit de près. Les occupations de Pierre Louis sont inconnues.

• 1802, Paris : De retour en France, il est attaché au clergé de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont.

• 1803[-vers 1823], Paris : Il est secrétaire de l'archevêché, tâche qu'il remplit "avec une exactitude, une intelligence et un zèle qui justifioient le choix qu’on avoit fait de lui", selon les Tablettes du clergé et des amis de la religion.

• 1806, Paris : Pierre Louis BUÉE obtient un canonicat titulaire de l'église métropolitaine.

• 9 avril 1814, Paris : Il est l'un des signataires de la délibération par laquelle le chapitre de Notre-Dame révoque les pouvoirs d’administrateur donnés au cardinal Maury. Celui-ci avait été nommé archevêque par Napoléon en 1810 contre l'avis du pape. Il se place aux côtés d'Augustin de Barruel dont il possédera à son décès plusieurs des ouvrages polémiques.

• 1er avril 1823, Paris : Il signe avec son frère le bail de l'appartement où ils s’installent au n° 4 de la rue Massillon, dans l'immeuble presque voisin de l'ancienne maîtrise des enfants de chœur de la cathédrale Notre-Dame. Ils vivent aux côtés de trois femmes : Madeleine Victoire Papillon qui possède sa propre chambre et a la haute main sur la gestion de la maison ; madame Guérin, une ancienne religieuse ursuline et ancienne compagne de leur sœur, qui a été recueillie par charité ; leur domestique Marie Rose Grégoire.

• 11 octobre 1825, Paris : Son frère Adrien Quentin BUÉE, chanoine honoraire de Notre-Dame, décède.

• 3 février 1826, Paris : Pierre Louis BUÉE rédige un nouveau testament, révoquant toutes les dispositions antérieures qui devaient sans doute faire de son frère son légataire universel. Il demande que soit célébré à leur intention commune un annuel de messes et entend remercier par plusieurs legs la dame Papillon qui s'est occupée d'eux dans leur vieillesse mais aussi la dame Guérin et sa domestique. Ses cousins germains sont désignés comme légataires universels et on apprend que les frères BUÉE ont eu une sœur, peut-être religieuse.

• 19 octobre 1826, Paris : Trop malade pour s'occuper de ses affaires, il s'en remet à Charles Étienne Chapellier, notaire qu'il a institué également son exécuteur testamentaire. On relève trois types de revenus : sa pension d'ancien secrétaire du chapitre ramenée à 100 francs par mois, son traitement de chanoine titulaire de Notre-Dame qui s'élève apparemment à 4 000 francs par an et enfin les revenus tirés de rentes sur l’État qui se montent à 5 000 francs.

• 28 juin 1827, Paris : Pierre Louis BUÉE décède des suites d'une longue maladie qui l'a immobilisé au moins depuis avril précédent, laissant "à sa famille et à ses amis le souvenir d’un ecclésiastique distingué par sa piété, sa sagesse, sa modestie, son instruction, mérite auquel il joignoit un caractère heureux, et toutes les vertus de son état" (Tablettes du clergé et des amis de la religion). Il s'éteint à deux heures du matin, à son domicile du n°4 rue Massillon. Il est inhumé au cimetière de l'Est dans la tombe voisine de celle de son frère mais au moment de son décès les deux pierres tumulaires n'ont pas encore été placées.
• 6 septembre 1827, Paris : On procède à son inventaire après décès, dont le montant s'élève à 7 042 francs dont 3521 francs en "deniers comptants" et 685 francs d'argenterie. Si on note l'absence de références à la musique, c'est la bibliothèque du chanoine qui individualise nettement cet inventaire. On relève près de mille volumes inventoriés par le libraire Leclerc. Plusieurs titres permettent de mieux cerner les opinions du défunt en matière politique et religieuse. Il possédait par exemple les ouvrages de Joseph de Maistre parus entre 1819 et 1821 qui défendent le principe de la théocratie pontificale (Du pape, De l’Église gallicane) ou Les Soirées de Saint-Pétersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence ; les Mémoires de la marquise de la Rochejaquelein, qui font le récit des guerres de Vendée ; les œuvres complètes d'Augustin Barruel, prêtre jésuite et écrivain polémiste qui explique la Révolution par la théorie du complot maçonnique. L'abbé BUÉE détient en outre deux exemplaires des Helviennes, ou Lettres provinciales philosophiques, parues en 1781, dénonçant les encyclopédistes et l'esprit des Lumières mais aussi l'Examen du matérialisme de Nicolas Sylvestre Bergier, paru en 1771, visant le baron d'Holbach. Plusieurs ouvrages font l'apologie du roi martyr Louis XVI dont Louis XVI et ses vertus aux prises avec la perversité de son siècle de l'abbé Proyart paru en 1808. BUÉE possède encore le Voyage à Cayenne, dans les deux Amériques et chez les anthropophages de Louis Ange Pitou, déporté après l'insurrection royaliste de 1795. Enfin, on relève quelques traces de son long séjour en Angleterre avec les œuvres de Hume en quatre volumes et les Blairs Lectures on Rhetoric and Belles Lettres.

Mise à jour : 25 avril 2016

Sources
l'Encyclopédie catholique, répertoire universel et raisonné des sciences, des lettres, des arts et des métiers, formant une bibliothèque universelle, 1842 ; F-Ad37/ 6NUM6/ 261/ 696 ; F-Ad75/ 5 Mi 1 1220 ; F-An/ LL 232/ 40 ; F-An/ LL 232/35/2 ; F-An/ LL 232/41/2 ; F-An/ LL 615 ; F-An/ LL 616  ; F-An/ LL 761 ; F-An/ MC/ET/ LIV/ 1321 ; F-An/ MC/ET/ LXXV/ 1081 ; F-An/ MC/ET/LIV/1321 ; F-An/ S 460 ; F-An/ S 7051 ; F-Bnf/Notice n° : FRBNF39607938 ; L'Ami de la Religion et du Roi, Journal ecclésiastique, politique et littéraire, Tome Quarante-sixième à A Paris, chez Adrien Le Clere, M.DCCC XXVI, page 166.  ; L’Avantcoureur ; M. Brenet, Les musiciens de la Ste-Chapelle du Palais ; Mercure de France ; Nécrologie des archevêques de Paris, vicaires généraux, et du chapitre de l’Église de Paris

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