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LECLERC, François, à Dijon (1736-1824)
État civil
NOM : LECLERC     Prénom(s) : François     Sexe : M
Complément de nom : à Dijon
Date(s) : 1736-12-29   / 1824-1-10 
Notes biographiques

Durant les trente années qui précèdent la Révolution, François LECLERC, organiste de la cathédrale Saint-Étienne de Dijon, est un personnage actif du milieu musical dijonnais, apparaissant dans la presse locale pour des mises en vente d'instruments (orgue, harpe) mais aussi pour son implication dans les célébrations des chevaliers de l'arquebuse. Il était également compositeur. Après enquête on découvre qu'il avait de qui tenir : il est en effet fils, petit-fils, neveu et cousin d'organistes...

• 29 décembre 1736, Flavigny [Côte-d'Or] : Né le 29, François LECLERC est baptisé le lendemain dans l'église paroissiale de Flavigny [aujourd'hui Flavigny-sur-Ozerain] dont son père, François LECLERC, est l'organiste – tout en étant marchand épicier. Sa mère se nomme Marie Navier. Son parrain est notaire royal, sa marraine est son aïeule maternelle, Dlle Claudine Berthier [ou Burthier], veuve d'Étienne Navier marchand. Tout le monde signe avec aisance.
Ses parents s'étaient mariés en octobre 1735 à Flavigny, mais son père est originaire de Tonnerre, où son grand-père, également prénommé François, est lui aussi organiste et marchand épicier. Sa tante Catherine LECLERC, et le mari de celle-ci, Pierre VIENNE, ainsi que leur fils Jean-Joseph, sont également organistes.

• [1750], Dijon : François LECLERC arrive et s'installe dans la ville (selon l'ancienneté de son séjour dijonnais donnée par le recensement de l'an IV, toutefois les durées indiquées sont approximatives et probablement arrondies). Il aurait alors 13 ou 14 ans, ce qui est âgé pour une première réception comme enfant de chœur dans une maitrise. On peut faire l'hypothèse qu'il aurait commencé à être formé antérieurement dans une maîtrise située dans une autre ville (éventuellement à Tonnerre ?). Ce point de sa biographie reste – actuellement – obscur.

• 31 octobre 1754, Dijon : Telle est la date officielle de sa réception à la cathédrale en qualité d'organiste, retenue par le District de Dijon lorsque, en janvier 1792, il résume la carrière passée de François LECLERC. Au moment de la Révolution, il déclarera avoir été organiste pendant 36 ans, ce qui positionne son début de carrière en effet vers 1754. Les comptes de la fabrique paroissiale de Saint-Médard – la paroisse partage les frais du culte avec l'Évêque et le chapitre – ne le mentionnent nominativement qu'à partir de 1759, il était antérieurement  caché sous l'anonymat de la formule utilisée les années précédentes ("à l’organiste pour une année de ses honoraires"). Il pourrait avoir succédé à Laurent DESMAZURES, si ce n'est que celui-ci semble avoir quitté Dijon dès 1752. On ignore qui a assuré l'intérim, si intérim il y eut.

• 27 novembre 1759, Dijon : Dans la cathédrale, la bénédiction nuptiale est conférée au sieur François LECLERC, "organiste de la cathédrale de Dijon", et à demoiselle Anne Bizac, fille majeure, dont le père est sculpteur du Prince de Condé (il signe "Bizac père"). Les témoins sont architecte, entrepreneur, marguillier de la cathédrale, "domestique de monsieur le Trésorier", et un cousin Navier est étudiant en rhétorique au Collège de Dijon. Les musiciens de Saint-Étienne ne sont ni mentionnés ni signataires. Le père du marié, François LECLERC, est dit "marchand à Flavigny", il est présent et signe "fs LeClerc père".

• 2 mars 1768, Dijon : François LECLERC, organiste de la cathédrale de Dijon, s'engage par contrat écrit à "montrer et enseigner en confiance" à Antoine MILLOT fils de Philippe Millot, maître perruquier, "à toucher de l’orgue et du clavecin, de lui faire connoitre et exécuter touttes les différentes pièces qui se touchent sur l’orgue, de luy apprendre les principes d’accompagnements", et ce durant trente six mois, à raison de 20 leçons par mois qui ont commencé le 18 janvier 1768 et contre la somme (élevée) de 432 livres. Il procurera aussi à son élève "de la musique concernant l’orgue et le service de l’église à laquelle il est attaché, seulement pour copier". Ces leçons seront profitables puisque, cinq ans plus tard, les fabriciens de Saint-Jean parlent de la "perfection acquise sur l’orgue" par Antoine MILLOT.
• 9 juillet 1768 : Le beau-père de François LECLERC, Marc-Antoine Bizac, toujours "sculpteur de S.A.S Mgr le Prince  de Condé", est parrain du premier enfant du musicien Joseph BORGET et de sa deuxième épouse, Marie Lavoignat. Cela confirme les liens entrecroisés entre ces familles d'artistes. 

• 10 janvier 1769, Dijon : Une signature "Le Clerc" indique que l'organiste de la cathédrale est présent au mariage de sa cousine germaine, Catherine Vienne, avec un jeune veuf de 28 ans, Pierre Rebillard, marchand chapelier.

• 26 juin 1770, Saint-Julien [Côte-d'Or] : François LECLERC se rend dans ce village situé à 12 km au nord-est de Dijon, pour assister au remariage de Pierre VIENNE, ancien organiste et marchand épicier à Dijon, veuf de sa tante Catherine LECLERC depuis 1766.

• À partir au moins de février 1772 (et sans doute plus tôt, mais les comptes précédents n'ont pas été dépouillés), LECLERC tient aussi l'orgue des Bernardines de Notre-Dame de Tart, installées à Dijon, rue des Crais, paroisse St-Jean. Tous les six mois, en avril et en octobre, "Mr LECLERC notre organiste" reçoit 36 livres "pour six mois d’honoraires". L'orgue des Bernardines est alors entretenu par RABINY, pour 24 livres par an.

• 11 avril 1773, Dijon : LECLERC, "organiste de l’église de Dijon", expertise l’orgue Rabiny de l'église Saint-Nicolas.
•  7 juin 1773, Flavigny : François LECLERC est venu de Dijon pour assister aux noces de sa sœur Marie avec le fils d'un marchand de Chagny. Il signe fièrement "LeClerc orgte de l'église de dijon". Ses parents et son frère Jean sont également présents.

• 26 septembre 1778, Dijon : Pour fêter la grossesse de la Reine, la Compagnie de l’Arquebuse de Dijon fait célébrer dans l'église des Jacobins "une Messe solemnelle du Saint-Esprit en musique, précédée du Veni Creator & suivie de la prière ordinaire pour le Roi". La musique est dirigée par MIELLE. L'orgue est touché par LECLERC, organiste de la cathédrale, dont les Affiches de Dijon disent que ses "talents sont connus". Elle précisent qu'il "a touché pendant la Messe, à l’entrée & à la sortie de la Compagnie, qui s’étoit rendue à cette cérémonie tambour battant, drapeau déployé, il a exécuté une marche qu’il avoit composée pour elle, & qu’elle a acceptée".
Quelques années plus tôt, Claude BALBASTRE avait été reçu chevalier de l’arquebuse le 3 septembre 1775, à la suite d'une grand’messe et d’un Te Deum pour le sacre du roi, où il avait joué.

• 27 novembre 1781, Dijon : Le "sieur François LECLERC organiste de la cathédrale" est l'un des quatre témoins au mariage de son jeune cousin germain, Jean-Joseph VIENNE, qui après avoir été quelque temps organiste de l'abbaye de Cîteaux est devenu marchand, peut-être marchand épicier comme son père, le sieur Pierre VIENNE. Les trois autres témoins sont tous marchands.

• Octobre 1783 : Les honoraires que versent les Bernardines à leur organiste passent de 72 à 100 livres par an. À partir de cette date, François LECLERC reçoit donc 50 livres tous les six mois, en avril et en octobre. Son souffleur, le sieur Aillou, touche 12 livres par an. L'orgue est toujours entretenu par RABINY, jusqu'à Pâques 1788.

• 7 juin 1785, Dijon : Les Affiches de Dijon annoncent la mise en vente d'un petit orgue à un seul clavier "que l’on peut transporter avec deux brancards, comme une chaise à porteur". Il faut "s’adresser à M. LECLERC Organiste de la cathédrale, rue Porc-Sanglier ; & à Dôle, au sieur ESCOT, Organiste de la Collégiale, Grande-Rue". Ce qui pose la question de la localisation de ce petit orgue : se trouve-t-il à Dijon, à Dole, ou quelque part entre les deux villes, qui sont séparées par une petite cinquantaine de km ? L'autre intérêt de cette annonce est de confirmer les liens entre les organistes à une assez vaste échelle.

• 1786, Dijon : LECLERC, organiste, est recensé rue du Porc Sanglier par les rôles fiscaux. Toutefois en tant que musicien de la cathédrale, il est exempté de taille, comme la plupart des musiciens d'Église dijonnais. Dans la même rue demeure le musicien Louis-François SAGOT.

• Décembre 1787, Dijon : Dans les pièces comptables du chapitre de Saint-Étienne est conservé un "état des gages et gratifications dues aux musiciens de la cathédrale". En ordre alphabétique il donne la liste suivante de musiciens : BAILLY, BORGET, BRICARD, MAGNY, MALLOGÉMANDRAY, SAGOT, et VERPAULT, auxquels s'ajoutent ARNAULD, violoncelle, LECLERC, organiste, et LEFRANC, serpent.

• 25 mars 1788, Dijon : François LECLERC, qui demeure toujours à la même adresse, rue Porc Sanglier, cherche cette fois à vendre une "excellente Harpe, garnie de sa housse & de sa caisse bien ferrée".
• Automne 1788 : L'organiste de la cathédrale prend part à la liesse qui entoure le retour du Parlement. La description des décorations dans les rues de Dijon imprimée quelque temps plus tard mentionne dans la rue Porc-Sanglier "Chez le sieur Leclerc, Organiste de la Cathédrale, se voyait un transparent représentant un Apollon très-bien dessiné, tenant d’une main une lyre française, et de l’autre une couronne ; à ses pieds était un écusson avec ces lettres : S. P. Q. D." [Senatui Populoque Divionensi].

1790, Dijon : François LECLERC est organiste de la cathédrale Saint-Étienne de Dijon en 1790 et reçoit du chapitre 331 livres par an (en réalité : "331#, 2 pintes de sel et les honoraires payés par la fabrique de St-Médard"…). "LECLERC organiste" est taillé à 8 livres rue Porc Sanglier, paroisse Saint-Michel. Il est classé parmi les "cy-devant privilégiés". À la cathédrale, il côtoie le maître de musique François COUET, et les autres musiciens qui sont alors quatre basse-contre (André BAILLY, Jean-Baptiste BRICARD, UTINET, Henri VERPAULT), une basse-taille (Joseph BORGET), une haute-taille (Sébastien MALLOGÉ), une haute-contre (Dominique MANDRAY) deux serpents (Jacques LEFRANC et Claude MAGNY), un basson (Louis-François SAGOT), un joueur de basse ou de violoncelle (Nicolas-Joseph ARNAULD).
• 11 juillet 1790 : La fabrique de la paroisse Saint-Médard verse 15 livres à M. COUET maître de musique, et 6 livres à M. LECLERC organiste, pour leur participation à la fête patronale de Saint-Médard.

• Avril 1791, Dijon : Pour la dernière fois, les Bernardines versent "50# à Mr LE CLERC organiste pour six mois d’honoraires échus le dernier de ce mois". Le souffleur est toujours le sieur Alliou et il touche toujours 6 livres par semestre. Depuis Pâques 1788, le facteur chargé de l'entretien de l'orgue des religieuses est Jean-Baptiste LABOUREY, pour un abonnement de 24 livres par an.
• 8 mai 1791 : Le plan de réorganisation de sa musique présenté par Volfius, Évêque de la Côte-d'Or, sans aucun doute inspiré par François COUET, prévoit quatre basse contre, deux venant de la ci-devant Sainte-Chapelle (BERTHOT et FAIVRE), deux étant déjà précédemment à la cathédrale (BRICARD et VERPAULT), une basse taille, BORGET, de la cathédrale, une taille, JARLOT, de la Sainte-Chapelle, et la haute contre de la Sainte-Chapelle, Nicolas BORNE. À ces voix s’ajoutent trois instrumentistes, DELAURIÈRE et MILLOT de la Ste-Chapelle et le violoncelliste MICHAUD, sans oublier bien sûr l’organiste de la cathédrale, François LECLERC.
• Novembre 1791, Dijon : Un arrêté du directoire du département de Côte d'or fixe le traitement de François LECLERC, organiste de la cathédrale Saint-Étienne, à son niveau antérieur, 331 livres.

• 1792-1793, Dijon : Plusieurs décisions contradictoires suivront, alternant versement d'avances, réclamations, fluctuations dans les niveaux de pension arrêtés. François LECLERC continue à toucher l'orgue de Saint-Étienne jusqu'au transfert du siège de la cathédrale à Saint-Bénigne, en 1792.

• 17 septembre 1793, Dijon : Porté sur la liste des suspects, François LECLERC est emprisonné pendant la Terreur. Dans son manuscrit de 1888, Joseph Dietsch raconte : "Sa femme étant décédée pendant son incarcération, on l’autorisa à sortir de prison pendant huitaine pour assister à l’inventaire qui fut fait chez lui, et ce sous le cautionnement de Claude Robinet son ami qui répondit de lui". Toutefois il s'agit ici d'un raccourci : Anne Bizac son épouse meurt en effet le 11 juillet 1793, soit deux mois avant l'arrestation de l'organiste. Son acte de décès précise qu'elle est décédée rue Saumaise "au domicile de son mari", à l'âge de 60 ans.

• 1er frimaire an III (21 novembre 1794), Dijon : François LECLERC est libéré.

• Prairial an III (mai 1795) : Se trouvant "de présent à Flavigny", peut-être réfugié dans sa famille, François LECLERC est commis par le district de Semur le 4 prairial, pour aller à Saulieu "estimer le jeu d’orgue placé dans la cy devant église colegiale". Il s'y rend le 10 prairial et rédige un procès verbal d'où il ressort que l'orgue de Saint-Andoche est "dans le plus mauvais état", car "la majeure partie des tuyaux ont été enlevé et ce qui reste tout boselés ou cassé". Il estime la valeur de ce qui reste à 200 livres.

• Fin 1795 / début 1796, Dijon : François LECLERC, organiste, est recensé rue Saumaise, Section de la maison commune. Il vit manifestement seul.

• 23 ventôse an VII [13 mars 1799], Dijon : LECLERC fait partie de la liste mise à jour des professeurs de musique proposés par Philippe Legras (1751-1824), Dijonnais installé à Paris, dans une lettre qu'il écrit au ministre de l'Intérieur François de Neufchâteau afin de relancer l'Institut de musique de la ville. LECLERC y enseignerait le clavecin ou le forte piano. Cette ultime tentative semble ne pas avoir eu de suite.

• [À une date qui reste à préciser, au plus tard en 1802], Dijon : François LECLERC reprend ses fonctions d'organiste. Il succède à Pierre-Philibert LAUSSEROIS au bel orgue RIEPP anciennement à la Sainte-Chapelle et qui en 1793 a été transféré à Saint-Michel.

Joseph Dietsch indique : "Le livre d’orgue de LECLERC, aujourd’hui [1888] en ma possession, porte le titre suivant :

"Recueil général pour l’organiste de St-Michel de Dijon selon l’ordre des fêtes.
Commencé en 1802 par LECLERC, vétérant de 40 années de l’orgue de St-Étienne, Cathédralle de cette Ville, jusqu’à 1792.
Et dans ce moment organiste provisoirement de l’église paroissialle de St-Michel."

Ce long titre inscrit par l'organiste en tête de son ouvrage est un bon résumé de sa carrière.

* * *

• 11 janvier 1824, Dijon : Deux "amis", un propriétaire de 72 ans et un jeune pianiste de 26 ans, Jacques CORNEMILLOT (qui signe "Cornemillot fils") déclarent le décès survenu la veille, à six heures du matin, de François LECLERC, âgé de 87 ans, propriétaire et organiste, mort à son domicile, à Dijon rue Saumaise n°10. Il était veuf d'Anne Bizac.
Selon Joseph Dietsch, il avait conservé ses fonctions d'organiste "jusqu'à sa mort" et GROGNEY fut son successeur.

Mise à jour : 28 novembre 2018

Sources
F-Ad21/ 1Q 741 ; F-Ad21/ 1Q 748 ; F-Ad21/ 78 H R 1218 ; F-Ad21/ 78 H R 1219 ; F-Ad21/ 78 H R 1220 ; F-Ad21/ BMS Flavigny-sur-Ozerain ; F-Ad21/ BMS Flavigny-sur-Ozerain en ligne ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Julien en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Médard de Dijon ; F-Ad21/ BMS St-Philibert de Dijon en ligne ; F-Ad21/ G 192 ; F-Ad21/ G 2138 ; F-Ad21/ G 3601 ; F-Ad21/ G 720 ; F-Ad21/ G 721 ; F-Ad21/ G 723 ; F-Ad21/ G 724 et 725 ; F-Ad21/ G 726 ; F-Ad21/ G 728 ; F-Ad21/ G 732 ; F-Ad21/ G Sup 24/45 (1) ; F-Ad21/ G sup 27-1 ; F-Ad21/ L 1522 ; F-Ad21/ L 1797 ; F-Ad21/ L 42 ; F-Ad21/ L 514 ; F-Ad21/ L 85 ; F-Ad21/ NMD Dijon 1824 ; F-Ad21/ NMD Dijon en ligne ; F-Am Dijon/ L 329 bis ; F-An/ DXIX/093/820-2/10 ; F-An/ DXIX/093/820-2/14,15,17,18 ; F-An/ F19/1128 ; F-Archives Erard/ D.2009.1.82 ; F-Bm Dijon/ Ms 1818 ; F-BmDijon/ Res 1103, Affiches de Bourgogne ; F-BmDijon/ Res 1104, Affiches de Bourgogne ; F-BmDijon/ Res 1104, Affiches de Dijon ; J.-E. Doussot, Musique et Société à Dijon..., 1999 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; Journal de ce qui s’est passé à Dijon... ; P.M. Guéritey, "La Haute-Saône, Terre d’accueil pour les Callinet…", Salsa, 2019 ; PM Guéritey, courriel 27 nov 2018

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