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LABIE, Pierre (1739-1817)
État civil
NOM : LABIE     Prénom(s) : Pierre     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LABBI
LABBIE
LABI
Date(s) : 1739-10-24   / 1817-12-25 
Notes biographiques

Pierre LABIE est un bon exemple de ces musiciens de province qui ont circulé d'une région à l'autre à la recherche, certainement, d'un poste plus lucratif. Né en 1739 à Cahors dans le Quercy où il a dû se former – mais le lieu de sa formation n'est pas encore connu avec certitude – il exerce environ trente années comme organiste dans deux abbayes du Périgord, celles de Chancelade et de Brantôme. Pierre LABIE, de plus, a une particularité professionnelle originale : il est aussi procureur fiscal dans la justice seigneuriale de l'abbaye de Brantôme. En 1797, il est à Saint-Yrieix (Haute-Vienne) avec sa femme, dans une maison qui appartient à cette dernière. Marguerite Valette, épousée en 1789, est en effet la fille d'un ancien maire de la ville.

• 24 octobre 1739, Cahors [Lot] : Pierre LABIE voit le jour dans cette grande ville du Quercy et il est baptisé le lendemain en l'église paroissiale Notre-Dame-des-Soubirous. Il est le fils de Jean [marchand selon des sources ultérieures] et de Marie Molès.
 
• Avant 1760 : Pierre LABIE, dans le même mémoire, dit avoir "consacré sa jeunesse au culte divin, exerçant son état jour et nuit". Renseignement intéressant en ce qu'il suggère une formation juvénile et très probablement maîtrisienne. Mais qui ne dit rien de concret à ce sujet, ni de son passage de Cahors en Quercy à Chancelade en Périgord à l'âge d'environ 20 ans.

• [1760], abbaye de Chancelade [Dordogne] : Pierre LABIE obtient un poste d'organiste à l'abbaye bénédictine de Chancelade en plein cœur du Périgord, à quelques kilomètres de Périgueux mais à plus de 100 km de Cahors.

• 4 août 1772, Beauronne, paroisse de Chancelade : Pierre LABIE épouse Bertrande Rey, veuve du sieur Dujarrey, procureur du sénéchal de Périgueux.

• 1er juin 1777, Brantôme [Dordogne] : Un traité est passé entre LABIE et le prieur de l'abbaye bénédictine de Brantôme, à une vingtaine de kilomètres plus au nord. Un double est fourni avec son mémoire de 1790 et il est précisé "que led Sr Labie s'étoit engagé à toucher l'orgue des ci-devant Bénédictins les jours de dimanche et fêtes moyennant la somme de 250 livres en argent et six boisseaux de froment annuellement payables, savoir l'argent le 1er juin de chaque année et le froment à la St-Michel". Ces informations sont précieuses car les archives de l'abbaye n'ont fourni aucun renseignement sur Pierre LABIE.
De plus, il exerce l'office de procureur fiscal de l'abbaye de Brantôme, ce qui lui rapporte un revenu médiocre mais qui lui permet de toucher de nombreuses gratifications qui augmentent sa pension de base. Le procureur fiscal est le magistrat chargé du ministère public dans la justice seigneuriale de l'abbaye.

• 7 février 1784, Brantôme : Sa première épouse, Bertrande Rey, meurt à l'âge de 50 ans à Brantôme, où Pierre touche l'orgue depuis maintenant sept ans.

• 18 août 1788, Brantôme : Mr Pierre LABIE, "procureur d’office de la terre de Saint-Pierre et procureur en la présente juridiction", est le parrain du petit Pierre Corbege, né la veille du sieur Nicolas CORBÈGE, facteur d’orgues, et de demoiselle Jeanne Bardon/Bardou son épouse. Bien que seul son titre de procureur soit mis en avant dans l'acte de baptême, c'est sans nul doute en tant qu'organiste que Pierre LABIE a noué des liens avec le facteur.

• 20 janvier 1789, Périgueux : Pierre LABIE se remarie, épousant Marguerite Valette dont le père est maire de Saint-Yrieix-la-Perche [Haute-Vienne]. Il est dit "procureur d'offices à l'ordinaire". L'un et l'autre des mariés signent l'acte.
• 7 novembre 1789, Brantôme : Lors du baptême de sa fille Marie, LABIE est dit "procureur de la juridiction de Brantôme". Tous ces qualificatifs sont équivalents. Le parrain, qui signe, est maître chirurgien de la ville.

1790, Périgueux : Pierre LABIE est depuis près de 14 ans organiste de l'abbaye de Brantôme. Il touche toujours une rémunération de double nature, qui comporte un fixe de 250 livres en argent, versé le 1er juin, et six boisseaux de froment livrés à la St-Michel.

• 3 décembre 1790, Brantôme : Lors du baptême de son fils Jean, il est dit "organiste". Le parrain est huissier royal ; il signe l'acte, ainsi que la marraine. Ces trois actes en moins de deux ans (son mariage et deux baptêmes) montrent que LABIE fréquente des milieux alphabétisés et de moyenne aisance, en particulier les hommes de loi.
 
• [1790-1791] : Pierre LABIE fait une demande de pension et explique sa situation. Il est "chargé d'une nombreuse famille". Il envoie deux requêtes accompagnées d'un certificat de pauvreté de la municipalité de Brantôme (janvier et juin 1791). Elles sont restées en dépôt au district du département de la Dordogne et il n'a donc pas eu de réponse. Il rédige alors un mémoire.

• 14 janvier 1791 : Le directoire du district de Périgueux enregistre le mémoire du sieur LABIE organiste de la ci-devant abbaye de Brantôme, qui demande ses appointements échus et son traitement pour l'avenir. Le document est accompagné d'une copie du traité passé entre lui et l'abbaye le 1er juin 1777 et d'un certificat du frère Richard, cellérier syndic de la "ci-devante abbaye" par lequel il atteste que LABIE a été "fort exact à toucher leur orgue pendant l'espace de quatorze années et jusqu'au premier juin dernier, et qu'il n'a été payé que jusqu'à lad époque, d'où il résulte qu'il lui est à revenir ses appointements de sept mois, qui, à raison de 250 livres par an, montent à la somme de 145 livres 16 sols 8 deniers, et considérant que le blé n'est payable qu'à la St-Michel, qu'il est à présumer qu'il ne l'a pas reçu".
Le district décide alors que le trésorier doit lui payer la somme de 145 livres 16 sols 8 deniers pour les sept mois (restant de 1790 après le 1er juin) de la somme de ses appointements annuels fixés en argent et celle de 33 livres pour les 4 boisseaux de blé, revenant au total à celle de 178 livres 16 sols 8 deniers.
Le détail de cette situation met bien en valeur la capacité d'action d'un homme, certes organiste mais aussi frotté de droit dans son travail de procureur fiscal et qui sait argumenter et avancer des preuves fiables pour soutenir ses dires. On le reverra en action dans les années qui vont suivre. En six mois Pierre LABIE s'est battu pied à pied pour obtenir ce qu'il estime lui être dû. Mais il va continuer.
• 16 février 1791 : Dans le tableau envoyé au Comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale, le directoire du département de la Dordogne propose une pension de 250 livres pour Pierre LABIE, musicien, "sans ressources, la Révolution lui a fait perdre ses deux états, celui de procureur et celui d'organiste".
• 4 juin 1791 : LABIE envoie un mémoire (2 pages), ainsi qu'une lettre d'accompagnement (6 pages), directement aux membres du Comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale à Paris, afin que soit fixé le montant de son traitement, qu'il ne connait toujours pas. Il explique qu'il a par ailleurs envoyé deux certificats de ses supérieurs, joints à celui de la municipalité de Brantôme et à un extrait d'acte de baptême qui confirme son âge (52 ans). Il précise qu'il est marié et père de famille. Il se dit presque aveugle, "ne pouvant ni lire ni écrire à la lumière".
Il explique que depuis le 1er janvier 1791 il a touché en acompte de son traitement à venir la somme de 120 livres, en deux fois, par un trésorier du directoire du district.
Enfin, Pierre LABIE explique qu'il loue une maison au sieur Luginaud qui lui coûte 90 livres, et que le contrat de cette location a été passé devant un notaire royal de Brantôme. Ayant perdu son traitement il ne peut payer son loyer, son propriétaire le menace de l'expulser à la prochaine fête de la Saint-Jean-Baptiste, c'est-à-dire le 24 juin. Il demande donc à ce que son cas soit rapidement examiné, du fait de la grande détresse dans laquelle est plongée sa famille, ses parents ne lui ayant laissé aucune fortune.
Par conséquent, il explique qu'il désire partir s'installer dans la ville de Saint-Yrieix (Haute-Vienne), où sa femme a une maison, mais qu'il ne peut partir avant que son traitement ne soit fixé au département de la Dordogne. Ayant le montant de sa pension, il pourra s'arranger avec son propriétaire.

• Entre avril 1791 et juillet 1792 : LABIE reçoit 200 livres de pension en plusieurs acomptes. À partir de 1792, les versements deviennent plus réguliers ; il est payé par quartiers (1er janvier, 1er avril, 1er juillet, 1er octobre).
 
• 18 juillet 1792 : Le directoire de la Dordogne délivre un certificat au sieur "Laborie" [erreur de nom pour "LABIE"] pour qu'il touche désormais sa pension à Saint-Yrieix et un certificat atteste le montant de la pension qui lui a été accordée en tant qu'organiste de la communauté des bénédictins de Brantôme, à la suite d'une délibération du 3 janvier 1792 : 175 livres par an. Pierre LABIE a donc rejoint Saint-Yrieix, certainement avec femme et enfants.

• été 1792-été 1797 : Aucune information n'a été retrouvée (pour le moment) sur cette période de cinq ans. Il vit à Saint-Yriex, recevant sa pension ecclésiastique et sans doute l'arrondissant de quelques revenus musicaux (leçons de musique, de piano ?) ou judiciaires (vacations de procureur ?).

• 8 thermidor an V (26 juillet 1797), Saint-Yrieix (Haute-Vienne) : Dans une lettre adressée aux administrateurs du département de la Haute-Vienne, à Limoges, il dit avoir reçu une pension de 400 francs, le 1er juillet 1792, mais que depuis cette date il n'a rien touché. Il semble avoir un problème avec Ganit, payeur général du département de la Haute-Vienne Il dit ne pas comprendre les arrérages de l'an IV et demande à ce qu'il lui soit payé les retards de sa pension, et qu'il en va de même pour les autres pensionnaires ecclésiastiques de la commune de Saint-Yrieix,  Bernard et Pierre PAGNON ainsi que Jean BERGERAS dont il semble se faire porte-parole dans une autre lettre du 17 juillet. Il se dit âgé de 59 ans, sans ressources, obligé de manger du pain et de boire de l'eau pour vivre.

Sa trace se perd alors... jusqu'à son décès, retrouvé dans sa ville natale. On ignore actuellement à quelle date il avait quitté Saint-Yriex pour retourner à Cahors.

• 25 décembre 1817, Cahors : Le jour de Noël, à une heure de l’après-midi, Pierre LABIE, âgé de 78 ans, "pensionnaire ecclésiastique", époux de Marguerite Valette, décède "dans la maison de Lourque tailleur, rue Saint-Urcisse".

 Mise à jour : 26 août 2023

Sources
F-Ad24/ 1 L 661 ; F-Ad24/ 5MI21746_003, vue 14/454 ; F-Ad24/ 8 L 10 ; F-Ad24/ 8 L 40 ; F-Ad24/ Beauronne paroisse de Chancelade 1739-1792 ; F-Ad24/ Brantôme ; F-Ad46/ 4E 62 b 2 ; F-Ad46/ NMD Cahors ; F-Ad87/ L 363 (1791) ; F-Ad87/ L 364 ; F-An/ D XIX 090/738/7 ; F-An/ DXIX/090/738/03 ; F-An/ DXIX/102/638/13

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