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LELIÈVRE, Vincent (1763-1830)
État civil
NOM : LELIÈVRE     Prénom(s) : Vincent     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LE LIÈVRE
LIÈVRE
Date(s) : 1763-10-22  / 1830-1-20 
Notes biographiques

Issu d'un milieu d'artisans du textile peu alphabétisés installés dans une paroisse périphérique du Mans, fils d'un migrant venu de Bretagne, Vincent LELIÈVRE s'est obstiné à devenir musicien, refusant le destin d'artisan ferblantier que les chanoines de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour lui ouvraient à sa sortie de la maîtrise. En 1790, il est serpent de la collégiale. La Révolution le contraint à renouer avec un métier artisanal : il devient tisserand, comme l'avait été son père.

• 22 octobre 1763, Le Mans : Fils d'Olivier Lelièvre et de Marie Bellanger, Vincent LELIÈVRE naît le 22 octobre 1763 et est baptisé le lendemain dans l'église paroissiale Saint-Germain. Cette paroisse, située rive droite de la Sarthe, dans une zone d'habitat dispersé, a une population encore largement rurale. Son père, son parrain et le mari de sa marraine sont tous maîtres sergers, aucun ne sait signer.

• Toussaint 1771, Le Mans : Vincent LELIÈVRE est reçu enfant de chœur à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour. C'est alors le chantre Julien LETOURNEAU qui, sans avoir le titre de maître de musique, est chargé d'instruire les enfants de la psallette.

• 17 novembre 1780 : LELIÈVRE est maintenant 1er enfant de chœur à la collégiale. Le chapitre observe que "la voix du nommé Lelièvre, 1er enfant de chœur, commençoit à se former… conséquemment il pouvoit être de quelque utilité pour le chant…". Aussi décide-t-il de "prolonger sa sortie jusqu'à Pâques 1782". Depuis novembre 1778, le nouvel organiste (et compositeur) Pierre BERTIN est chargé d'instruire les enfants de la psallette collégiale. C'est donc avec lui que le jeune Vincent LELIÈVRE termine sa formation musicale générale.

• [Vers 1781 / début 1782], Le Mans : Les chanoines décident de donner au jeune homme – manifestement prometteur –, à leurs frais, "un maître d'instrument afin de lui procurer un état plus avantageux". Vincent LELIÈVRE, grand enfant de chœur, apprend à jouer du serpent d'abord avec François LETERTRE, puis surtout avec René LEMERCIER qui donne "beaucoup de soins" pour ce faire.

• Avril-mai 1782, Le Mans : Les chanoines de la collégiale Saint-Pierre organisent la sortie de la maîtrise de Vincent LELIÈVRE, programmée pour la Pentecôte. Ils lui font confectionner "un habit veste et culotte de drap", lui achètent un chapeau, mais surtout ils concluent devant notaire un marché d'apprentissage pour le métier de ferblantier (au prix de 150 livres, dont 100 payées d'avance).
• 31 mai 1782 : LELIÈVRE ayant bien profité de ses leçons de musique et de serpent, le chapitre l'autorise à venir les fêtes et dimanches jouer du serpent au chœur, aux gages de 60 livres par an, tout en suivant son apprentissage de ferblantier.

• 4 mars 1785, Le Mans : Ayant pris lecture d'un "mémoire du nommé Lelièvre, un de nos anciens enfants de chœur, par lequel il implore le secours de notre Compagnie", le chapitre lui accorde 10 sols par jour jusqu'au chapitre général du mois de juillet
• 13 juillet 1785 : Le chapitre général décide la prolongation de six mois du sieur Lelièvre "reçu en qualité de chantre et serpent à 10 sols"… "et pour lui donner la facilité de travailler audit serpent avec plus d'ardeur nous ordonnons qu'à partir de ce jour il lui sera donné 15 sols par jour". À compter de là, il est régulièrement qualifié de "psalteur et serpent" et on peut considérer qu'il appartient pleinement au corps de musique de la collégiale.

• D'avril à août 1786, Le Mans : Vincent LELIÈVRE, qualifié de "l'un de nos psalteurs et serpent de notre église", prend pendant quatre mois des leçons d'écriture, aux frais du chapitre, avec le sieur Portais, maître d'écriture, en compagnie du grand enfant de chœur Pierre GUINOISEAU. C'est le jeune serpent qui en mars en avait fait la demande au chapitre "ayant représenté qu'il désiroit apprendre à écrire"... Ce qui indique qu'il n'avait pas acquis l'écriture durant ses pourtant longues années de psallette, ou qu'il ne l'avait pas acquise complètement.
• 13 juillet 1786 : Décédé la veille, le père de Vincent LELIÈVRE est inhumé au cimetière de la paroisse Saint-Germain. L'acte indique qu'il avait été "baptisé dans la ville de St-Brieuc en Bretagne il y a environ 60 ans". Vincent et sa sœur Marie sont cités en premier parmi les témoins mais rien n'est dit de l'activité professionnelle du jeune homme. Il signe "Lièvre".
• 24 novembre 1786 : Le chapitre accorde une augmentation "au nommé Lelièvre, un de nos serpents". Il passera de 5 lt 5 sols à 6 lt (par semaine) à partir du 1er février 1787, soit 312 livres / an. Les autres serpents de la collégiale sont Pierre Antoine LEMEUNIER et Jacques CHAUFFIER.

• 17 août 1789, Le Mans : Vincent LELIÈVRE, "musicien demeurant paroisse de Saint-Germain de cette ville", est le parrain du premier fils de Jacques Armelin et Françoise Blanchard, les aubergistes du Chapeau Rouge, paroisse St-Jean-de-la-Chevrie (voir ci-après au 7 juin 1791). La marraine est Marie Chesneau, fille, qui habite paroisse de Notre-Dame du Pré. Toutes ces paroisses se situent sur la rive droite de la rivière Sarthe. Le jeune homme est  retourné habiter sur sa paroisse natale, sans doute chez ses parents. Une telle localisation paraît mal en adéquation avec un emploi à temps plein à la collégiale, située rive gauche, à environ une vingtaine de minutes de marche à pied. Pourtant son identité de "musicien" est clairement affirmée, quoique sans précision de lieu d'exercice. Il signe ENCORE "Lièvre", de la même écriture dont il signera "Lelièvre" ultérieurement ses démarches des années 1790.

1790, Le Mans : Vincent LELIÈVRE est serpent à 400 livres de gages annuels à la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour. Il y côtoie Julien Marin LETOURNEAU, qui fait office de maître de musique, le vieux serpent peut-être partiellement retraité Jacques CHAUFFIER, et les chantres François Charles BOISNÉ, Jean Louis Charles DUVAL, Antoine Joseph FLAMAND et Pierre SOUCHET, ainsi que quelques "chantres de remplacement" comme René LEMARCHAND ou le  sieur ROCHER, et bien sûr l'organiste Michel BOYER.
 
• 16 janvier 1791, Le Mans : Le Directoire du District émet un 1er avis, proposant d'attribuer à Vincent LELIÈVRE une gratification de 500 livres.
• 7 juin 1791 : Dans l'église de la paroisse Notre-Dame du Pré, rive droite de la rivière Sarthe, Vincent LELIÈVRE épouse la fille d'un aubergiste du quartier du Pré, Jacquine Avice. Les deux époux ont tous deux été baptisés "dans la ci-devant paroisse de St Germain, il y a 27 ans". Le métier du jeune homme n'est pas indiqué. Sa mère est présente, ainsi que Jean et Marie Lelièvre son frère et sa sœur. Le reste de l'assistance est essentiellement constitué de la famille Avice.

3 novembre 1792, Le Mans : Un arrêté départemental fixe sa gratification à 400 livres.
• 18 décembre 1792, Le Mans : L'ancien grand-chantre du chapitre collégial lui délivre un certificat faisant état d'un service de dix ans et trois mois en qualité de joueur de serpent au service de la collégiale, donc avant fin 1790. Ce qui est évidemment impossible au sens strict, sauf en faisant compter largement ses années d'enfant de chœur.
• 15 janvier et 7 février 1793 : Vincent Lelièvre obtient deux autres certificats équivalents, et il dépose une nouvelle requête.
• 5 mars 1793 : Le directoire remplace son arrêté du 3 novembre précédent par un autre accordant à Lelièvre une gratification de 600 livres.
• 1er octobre 1793 : Vincent LELIÈVRE, "tisserand demeurant section d'Outrepont" et sa femme Jacquine Avice achètent pour la somme de 110 livres un terrain sis rue du Pré, pour y faire construire maison, terrain mesurant 30 pieds de long sur 19 pieds de face. Les dimensions de ce terrain correspondent au parcellaire observé dans ce quartier fait de maisons jointives, le long de la rue, chacun disposant d'un terrain étroit, tout en longueur, à l'arrière.

• 2 vendémiaire an V (23 septembre 1796) : Lors de la naissance de son fils Vincent-Jeoffroy, Vincent LELIÈVRE est dit "tisserand, demeurant section de la fraternité". L'enfant meurt seize jours plus tard.

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• 16 janvier 1830, Noyen-sur-Sarthe : Le sieur Joseph Deniau Lamarre, 30 ans, "aubergiste en ce bourg" vient à la mairie déclarer le décès de sa belle-mère Marie [sic] Avice, "épouse en son vivant de Vincent LELIEVRE", survenu la veille "dans sa maison en ce bourg".
• 21 janvier 1830 : Cinq jours plus tard, l'aubergiste réitère la même démarche, et elle concerne cette fois "Vincent LELIEVRE, son beau père à cause de Euphrosine Lelièvre son épouse", lui aussi "décédé de hier, dans sa maison en ce bourg".
Le couple Lelièvre - Avice était donc venu s'installer chez leur fille Euphrosine dans ce bourg situé au bord de la Sarthe, à une trentaine de km au sud-ouest du Mans. Depuis quand ?

Mise à jour : 18 mai 2018

Sources
F-Ad72/ 4E 37/839 ; F-Ad72/ BMS ND du Pré, Le Mans ; F-Ad72/ BMS St-Germain du Mans ; F-Ad72/ BMS St-Jean-de-la-Chevrie ; F-Ad72/ G 510 ; F-Ad72/ G 511 ; F-Ad72/ G 512 ; F-Ad72/ G 513 ; F-Ad72/ L 568 et L 39 ; F-Ad72/ NMD Le Mans ; F-Ad72/ NMD Noyen-sur-Sarthe

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