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VADET, Pierre Louis (1748-1797)
État civil
NOM : VADET     Prénom(s) : Pierre Louis     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : VADÉ
Date(s) : 1748-4-17   / 1797-6-6 
Notes biographiques

En 1790, Pierre-Louis VADET chante la basse taille à la cathédrale de Dol-de-Bretagne. La longue supplique qu'il rédige en janvier 1791 permet d'assez bien éclairer son itinéraire antérieur.

• [1748], Quettreville [aujourd'hui Quettreville-sur-Sienne, Manche] : Selon son dossier de 1790, Pierre-Louis VADET serait né en ou vers 1748 – il déclare avoir 42 ans en 1790. Il dit avoir à la date de sa requête, le 18 janvier 1791, 43 ans "qui expireront" le 17 avril 1791, ce qui le fait naître le 17 avril 1747 (ou 1748, s'il faut traduire "qui expireront" par "qui seront révolus" ?). Selon ce que répètent tous les documents le concernant, il est originaire de la paroisse de Quettreville, diocèse de Coutances (village situé à environ 10 km au sud de Coutances). Toutefois son acte de baptême n'y a pas été retrouvé. Fils de Jean Vadet et de Marie-Magdeleine Lefèvre / Le Febvre, il est donc frère de Jacques-Louis VADET qui en 1790 chante à la cathédrale de Saint-Brieuc.

• [1755 à environ 1763], Quettreville : Pierre-Louis VADET raconte dans sa requête avoir été formé dans sa paroisse d'origine. Il écrit : "après avoir passé sa plus tendre jeunesse dans l’étude qui procure les talents propre a s’introduire dans les Eglises tant Paroisses que Cathédrales, il parvint dès l’âge de sept ans à être enfant de chœur dans sa paroisse, ce qu’il exerça pendant L’espace de huit ans" (il a alors 15 ans). Il pourrait en avoir été de même pour son frère (et en effet on ne trouve nulle trace des frères VADET à la maîtrise de la cathédrale de Coutances). Une paroisse comme celle de Quettreville (2 000 habitants en 1790) pouvait donc conférer à certains de ses garçons un bagage digne de leur ouvrir ensuite une carrière musicale.

• [1763 à 1770], Quettreville : "Il y continua ses exercices pendant sept autres années en qualité de Chantre Choriste".

• [Durant la seconde moitié de l'année 1770], Quettreville : "A vingt deux ans il osa se persuader que ses talents et sa capacité l’appellaient dans les Cathédrales". Dans cette phrase percent une certaine ambition et la conscience de ses qualités vocales. Il entame donc des démarches pour quitter Quettreville. On peut imaginer qu'il ait d'abord frappé à la porte de la cathédrale de Coutances. Mais c'est celle de Dol qui s'ouvre.

• 1er janvier 1771, Dol-de-Bretagne [Ille-et-Vilaine] : Sa requête de janvier 1791 livre précisément la date à laquelle Pierre-Louis VADET a été engagé pour chanter la basse taille à la cathédrale Saint-Samson de Dol ("il se transfera pour lors en celle de Dol, le premier janvier 1771"). Le registre capitulaire ayant disparu, cette indication est précieuse.

• 21 juin 1773, Dol-de-Bretagne : Pierre VADET est témoin du mariage de sieur Pierre-Antoine FEUILLET et de la Dlle Marie-Anne Mesnier, célébré dans l'église paroissiale Notre-Dame. Bien que son second prénom n'apparaisse pas dans l'acte, sa signature ne laisse aucun doute quant à son identification. Le second témoin du marié est Jean Guillou (qui signe "Guilloux"). Ce dernier est vraisemblablement Jean-Baptiste GUILLOUX. Un autre signataire nommé Breton pourrait être lui aussi musicien, éventuellement.

• 9 avril 1782, Dol-de-Bretagne : Originaire de la paroisse de Quettreville, diocèse de Coutances où il reste "domicilié de droit", Pierre-Louis VADET est domicilié en réalité à Saint-Broladre lorsqu'il épouse, à Notre-Dame de Dol, Anne-Marie Pinel, originaire de Champ-Dolent, à proximité immédiate de Dol. Le mariage est célébré par "Pinel prêtre vicaire de la cathédrale", frère ou oncle de l'épouse. Les parents de l'époux – encore vivants mais absents – sont gratifiés de l'avant-nom "honnêtes personnes". Parmi les quatre témoins cités figure Jacques-Louis VADET, frère de l'époux, qui sera très peu de temps après (le 21 novembre 1782) reçu choriste à la cathédrale de Saint-Brieuc, à 85 km de là vers l'est. On remarque aussi la présence de "Monsieur le Chevalier de Normanville" et de la famille Lemonnier de Pontbaudry, que l'on apercevra ensuite régulièrement dans les actes familiaux des Vadet.
L'hypothèse d'un emploi en continu à la cathédrale de Dol depuis 1771 jusqu'à la Révolution semble donc quelque peu contradictoire avec cette domiciliation de Vadet à Saint-Broladre en ces années 1782-1783 : le village est situé à 10 km au nord-est de Dol, à proximité de la côte de la baie du Mont-Saint-Michel, ce qui suppose un temps de déplacement pédestre de l'ordre de plus d'une heure et demie.

• 15 janvier 1783, Saint-Broladre [Ille-et-Vilaine] : Le couple Vadet-Pinel semble effectivement installé à Saint-Broladre puisque c'est là que naît leur premier fils, Pierre-François. Son parrain est Messire François-Bertrand Pinel, prêtre vicaire de la cathédrale de Dol, qui a fait le déplacement, et sa marraine une tante Pinel, dite "Demoiselle Du Bignon".
• 3 février 1783, Saint-Broladre : Le père des frères VADET, "honorable homme Jean Vadet", âgé de 71 ans, décède et est inhumé le lendemain. À peine un mois et demi plus tôt, le 20 décembre 1782, leur mère était décédée à l'âge d'environ 67 ans, "au prieuré". Le prieuré de Saint-Broladre n'est alors plus conventuel, et ce depuis longtemps, puisqu'en 1647 dom Le Roy écrivait déjà : "Ce n'est qu'un prieuré simple tenu en commende et affermé 7 à 800 écus par an". La famille Vadet loge dans l'ancien logis prioral – qui sera décrit à la fin du XIXe siècle comme un grand pavillon avec tourelle en encorbellement, posé comme un nid d'aigle sur un rocher, dominant le bourg et la mer.
• 23 octobre 1783, Saint-Broladre : Pierre-Louis VADET est le parrain d'un fils de Jean Pichon et Marguerite Launay – au mariage desquels il avait assisté l'année précédente. Cet acte de baptême permet enfin de savoir pourquoi le musicien a installé sa famille à Saint-Broladre : il est "fermier général du Prieuré". Cette fonction, dans laquelle il a sans doute pris le relais de son père, est-elle une activité à plein temps ? Lui permet-elle d'aller – à cheval ? – chanter au moins les dimanches et jours de fête à la cathédrale de Dol ? Les informations actuellement disponibles ne permettent pas de répondre à ces questions. Sa requête du 18 janvier 1791 n'en dit évidemment rien, le contexte lui imposant au contraire d'aligner la carrière la plus longue possible au service de l'Église pour pouvoir prétendre à des secours plus importants.

• [Au plus tard en juin 1784], la famille Vadet revient s'installer dans la ville de Dol.

• De 1784 à 1792, Dol-de-Bretagne : Là naissent successivement quatre autres enfants, les 7 juillet 1784, 19 décembre 1785, 22 février 1788 et 21 avril 1792. Les trois baptêmes antérieurs à 1790 révèlent des pratiques d'imitation des manières des élites : parrains qualifiés de "noble homme", nombreux assistants signataires, garçon de 1785 ondoyé "par permission de Mr le vicaire général" et baptisé en grandes pompes deux mois plus tard (son parrain est "noble homme Pierre Simon de Louerie" et sa marraine "Dame Anne Hélène Pouriel, épouse de Noble Maitre Jean Laurent Lemonnier de Pont Baudry, avocat à la cour"). Le parrain de 1792 est le fils aîné, Pierre-François Vadet, nanti de l'avant-nom "maître", ce qui n'est pas sans étonner concernant un garçon de 9 ans qui a difficilement pu déjà recevoir la tonsure cléricale.
Aucun de ces actes ne mentionne jamais le métier de Pierre-Louis VADET et les liens avec le monde de la cathédrale se discernent peu dans le registre paroissial. Toutefois, parmi les présents qui signent l'acte de février 1788 figure "Bisson", c'est-à-dire Louis-Magloire-Laurent BISSON, qui chante la haute-contre à la cathédrale depuis la fin de 1786.

• 5 août 1785, Dol-de-Bretagne : "Voulant donner au sieur Vadet un témoignage de leur satisfaction, tant de ses talents que de sa pointe et decence", les chanoines lui accordent "un titre à vie". En conséquence "il ne pourra être renvoyé ni privé de ses appointements sous prétexte d’age d’infirmité ou de diminution de sa voix". C'est pour lui un arrangement très avantageux qui le rassure sur son avenir ; pour le chapitre c'est une manière de stabiliser ses effectifs en s'assurant la fidélité de ce chantre.

1790, Dol-de-Bretagne : Selon un état du personnel de la cathédrale établi en septembre 1790, Pierre-Louis VADET est en poste à la cathédrale de Dol-de-Bretagne "depuis 1771", comme basse-taille et sous-chantre, également chargé de "la pointe" (le contrôle des présences et absences). Il est laïc, marié, et père de quatre enfants (ce qui est signifie qu'aucun des enfants dont on a retrouvé le baptême avant 1790 n'a succombé à la mortalité infantile). Sa rémunération annuelle se monte à un total de 618 livres, résultant de l'addition de plusieurs sommes : des honoraires fixes de 312 livres ("à raison de six livres par semaine"), une "obiterie ou place de Chœur" de 100 livres, 52 livres "pour faire la pointe du Chœur" et diverses rétributions "en qualité de sous chantre", dont une part payée directement par "Monsieur Le Grand Chantre" – et non par le chapitre.
Le maître de musique de la cathédrale Saint-Samson est alors, depuis huit ans, Louis-Clément MIELLE, 43 ans. Ce dernier a sous sa conduite, en plus de VADET, un prêtre de 29 ans, Louis-Magloire-Laurent BISSON, qui chante la haute-contre, et deux jeunes laïcs, mariés, Nicolas LÉVEILLÉ, 29 (ou 26 ?) ans, qui chante la haute-taille, et Pierre-Nicolas JACOB, 27 ans, basse contre. Par ailleurs, un état du clergé de la cathédrale de Dol daté du 18 septembre 1790 mentionne quatre enfants de chœur ainsi que de nombreux officiers (quatre vicaires de chœur, un diacre d’office, un sous-diacre d'office [c'est François LEMESLE, un ancien chantre], un massier, un sacriste, un porte verge et un sonneur), ce qui fait monter les effectifs totaux à près de vingt personnes.
• 10 février 1790 : Pierre-Louis VADET est présent et signe au baptême de Clémentine-Anne Mielle, fille du maître de musique, lequel a choisi pour marraine Anne Pinel, l'épouse de son sous-chantre.

• 18 janvier 1791, Dol-de-Bretagne : Pierre-Louis VADET rédige une longue supplique dans laquelle il résume son itinéraire passé et détaille ce qui lui est dû. Il se présente comme vieilli prématurément – on dirait un septuagénaire – tant par les maladies que par la pénibilité des fonctions de chantre.
• 15 février 1791 : À la suite de la requête du sieur VADET "ci-devant sous chantre de l’ancienne cathédralle de Dol", le district convient qu'il lui est "véritablement du" la somme de 178 livres "pour reste de ses gages de 1790" et qu'il doit en recevoir le paiement. Il n'est pas précisé à quelle durée de service correspond cette somme, qui a été confirmée par "le ci-devant receveur du chapitre" lequel "paiait à la semaine les suppôts du chœur de la cathédralle".

• 1er février 1792, Dol-de-Bretagne : Un tableau consacré au bas chœur donne toujours VADET comme "sous-chantre" tandis que BISSON, "L'ÉVEILLÉ" et JACOB sont "chantres". À la fin de la liste, SILLARD et AMICE sont dits "choristes". Chacun de ces hommes, ainsi que MIELLE, encore qualifié de "maître de psallette", a touché 50 livres par quartier tout au long de 1791 et jusqu’au quartier de janvier 1792. Ils ont donc poursuivi leur service à l'église constitutionnelle.

• 27 frimaire an V (17 décembre 1796), Dol-de-Bretagne : Pierre VADET, 48 ans, est devenu instituteur lorsqu'il déclare le décès de son ancien collègue au bas-chœur de la cathédrale, Pierre JACOB.

• 18 prairial an V (6 juin 1797), Dol-de-Bretagne : À midi, "en sa maison, rue ceinte", décède Pierre-Louis VADET. Sa veuve effectue la déclaration près de trois semaines plus tard, sans que l'officier public n'explique la raison de ce retard ("d'après cette déclaration, que les témoins n'ont pu faire plutôt…"). Il est dit du défunt qu'il était "fils de Jean Vadet et de Marie Le Febvre, mari de ladite Pinel, natif de Questreville, département de la Manche, âgé de 49 ans", ce qui confirme les éléments antérieurement connus.

Mise à jour : 11 novembre 2019

Sources
F-Ad35/ 10 NUM 35633 1 ; F-Ad35/ BMS Dol-de-Bretagne ; F-Ad35/ BMS Dol-de-Bretagne, Crucifix ; F-Ad35/ BMS St-Broladre ; F-Ad35/ C 4067 ; F-Ad35/ L 1001 ; F-Ad35/ L 1040 ; F-Ad35/ L 1042 ; F-Ad35/ NMD Dol-de-Bretagne ; F-Ad35/ Notre-Dame de Dol-de-Bretagne ; F-An/ DXIX/091/760/1 ; O. Charles, Les nobles dignités, chanoines et chapitres de Bretagne…, 2002

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