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TOURON, Jacques (1749-1827)
Autre(s) forme(s) du nom : TOURRON
Date(s) : 1749-1-24 / 1827-9-17
C'est vers l'âge de 7 ou 8 ans que Jacques TOURON intègre le chapitre de la cathédrale de Tulle comme enfant de chœur puis musicien, pour ensuite rejoindre le chapitre de la collégiale Saint-Martin de Brive, petite ville située à près de six heures de marche au sud-ouest de Tulle. Il y exerce en tant que chantre, musicien, serpent, et vraisemblablement maître de musique. Après l'épisode révolutionnaire, nous retrouvons Jacques TOURON percepteur et propriétaire.
• 24 janvier 1749, Tulle [Corrèze] : Jacques TOURON est issu du deuxième mariage de son père Antoine Touron, originaire de Brive, maître serrurier et de sa mère Marie Grillière, originaire de Tulle. Tous deux avaient su signer leur acte de mariage. Né le jour même, Jacques est baptisé le 24 janvier 1749, paroisse Saint-Julien : seul le parrain, marchand, signe. Par sa mère, l'enfant est le neveu de Jean GRILLERE, sonneur de cloches et marguillier de la cathédrale de Tulle.
• Vers 1756 ou 1757, Tulle : Le jeune garçon entre au chapitre de la cathédrale Notre-Dame comme enfant de chœur, puis il devient musicien au bas chœur "jusqu'à l'âge de 21-22 ans". TOURON est lui-même approximatif quant à son âge d'entrée à la maîtrise ("7 ou 8 ans"), et sur son temps de service à Tulle il déclare "13 ou 14 ans".
• [1766-1768??], Tulle : L'on suppose que c'est autour de ces années-là que le jeune homme se hisse au rang de chantre et musicien, une formation de dix ans à la maîtrise étant le plus souvent requise avant d'accéder à ce statut. Si l'on en croit ses déclarations ultérieures, il serait resté ensuite durant trois ou quatre ans musicien au chapitre de Tulle.
• 20 mai 1767, Brive [Corrèze] : Le musicien épouse Françoise MARUT à Brive, ville située à une trentaine de kilomètres au sud de Tulle. Le jeune homme est dit, comme d'ailleurs ses parents, qui sont présents, "de la paroisse de St-Jullien de Tulle", mais son activité professionnelle n'est pas précisée. L'acte indique en revanche que feu son beau père était maître chirurgien.
• [Vers 1768 ou 1770], Brive : Jacques TOURON quitte le chapitre de Tulle pour celui de la collégiale Saint-Martin de Brive, où il exerce désormais ses talents de musicien, serpent et chantre. Les dates de son arrivée à Brive sont contradictoires selon ses déclarations mais tournent autour des deux années indiquées. Toutefois, c'est l'année 1770 qui semble la plus vraisemblable. Peut-être est-ce son récent mariage qui l'incite à s'installer dans la ville d'origine de son épouse.
• 15 novembre 1770, Brive : Une fille, Françoise, naît de l'union Touron/Marue paroisse Saint-Martin de Brive. Sur l'acte de baptême, le père de la nouvelle-née est qualifié de "maître de musique". Peut-être partageait-il ce poste avec Pierre GIRON, peut-être s'agit-il d'un raccourci fait par le curé, ou bien encore peut-être cela signifie-t-il qu'à ce moment là il vit essentiellement de leçons de musique données en ville. L'on trouve également un dénommé GIRON parmi les signataires de l'acte. Il s'agit très vraisemblablement du chef de chœur de la Collégiale.
• 14 décembre 1776 : Jacques TOURON est choisi comme parrain du fils d'un vigneron habitant à Ussac. C'est dans ce petit bourg situé à une heure de marche de Brive qu'a lieu le baptême. TOURON est dit musicien sans plus de précision et signe le registre avec le prêtre.
• 1784, Brive : Cette année voit le décès de la mère de TOURON, Marie, "veuve de feu Antoine Touron, maître serrurier..." et celui de Pierre GIRON, le maître de psallette du bas chœur de St-Martin. Il est remplacé par son fils Jean-Baptiste GIRON, jusqu'à présent musicien et choriste.
• 1790, Brive : Jacques TOURON est toujours au service de la collégiale Saint-Martin, comme musicien et chantre. On le retrouve également qualifié de maître de musique dans plusieurs documents. Peut-être en a t-il acquis le statut, après que Jean-Baptiste GIRON a laissé son poste pour se consacrer à l'orgue à la fin de janvier 1790. Pourtant, les enfants de chœur Étienne LAVILLE et Pierre LAFON ont été contraints de quitter le chapitre officiellement en raison de la perte de leur maître de musique. Le chapitre de Brive semblait souffrir d'un manque de moyens ne lui permettant plus de rémunérer les enfants de chœur.
Si le prieur de Brive verse 120 livres de revenus à Jacques TOURON, ce dernier jouit également d’un casuel de 100 livres car il « exerce les fonctions des prêtres communalistes tant aux enterrements que pour les messes de requiem chantés ou obits attachés à la paroisse » Rappelons que cette fonction très particulière de prêtres communalistes se retrouve surtout dans les diocèses de Limoges et de Clermont-Ferrand. Notons également que TOURON n'est évidemment pas lui-même prêtre communaliste, puisqu'il est marié, il exerce seulement leur fonction et chante les obits et messes de requiem. En tant que gagiste il gagne "1 muid de vin, 25 livres d'argent et 17 setiers et demi de seigle". Ses ressources totales sont estimées à 300 livres par an, ce qui est relativement peu, l'on peut donc supposer qu'il enseignait la musique en dehors du chapitre ou qu'il exerçait une autre activité.
• 6 octobre 1790, Brive : Sur la demande du musicien, le chapitre de Brive délivre un certificat qui prouve la durée de son service au chapitre de Saint-Martin, "21 ou 22 ans". Les chanoines soulignent son activité de musicien et serpent et certifient également sa bonne conduite, "son assiduité et exactitude, soit par la pureté de ses mœurs et de ses sentiments à méritter l'approbation et l'estime de tout le corps du chapitre".
• 26 octobre 1790, Tulle : Chanoines et syndics du chapitre de la cathédrale de Tulle, justifient à leur tour les services du sieur TOURON à la cathédrale de Tulle: "enfant de chœur puis musicien, jusques à l'âge de 21 ou 22 ans". Sa bonne vie et ses bonnes mœurs sont encore une fois attestées ainsi que sa fidélité à "la religion catholique, apostolique et romaine".
• 10 novembre 1790, Brive : Un médecin et un chirurgien rédigent une attestation médicale faisant part des fluxions à la poitrine dont a souffert Jacques TOURON, ainsi que de ses mauvais rhumes. Ils affirment que "ces maladies de poitrine ainsi que le chant à l'église ont réduit sa poitrine aux abois et luy ont laissé une extinction de voix".
• 25 novembre 1790, Brive : Un certificat médical signé Bachelier, fait part de l'état de santé laborieux du sieur TOURON, décrit comme étant d'un "très faible tempérament", et ayant subi une "extinction de voix causée par le chant". Ce mal "devient quelque fois si considérable qu'il a de la peine à se faire entendre, ce qui lui occasionne une fièvre lente que nous avons combattu plusieurs fois". Le docteur en médecine relève que les remèdes à ces maux induisent des dépenses bien au dessus de la fortune du musicien, "en foi de quoi nous lui avons donné le présent, pour lui servir ainsi que de droit". Il n'est pas mentionné que les chanoines de Brive donnaient "bouillons et médecines" aux personnes du bas chœur, comme le faisaient leurs confrères de Tulle !
• 6 janvier 1791 : Les officiers municipaux de Brive établissent un certificat en faveur de Jacques TOURON, ils reconnaissent les revenus de gagistes qui lui sont accordés, à savoir : "un muid de vin, 25 livres d'argent et 17 septiers et demi de seigle", et font foi de ses bonnes mœurs ainsi que de l'assiduité et du zèle dont il a fait preuve dans l'exercice de son emploi.
• 7 janvier 1791 : Hubert, curé de Brive, atteste et signe une déclaration certifiant la présence du musicien de Saint-Martin aux enterrements qui ont eu lieu dans son église, et certifie lui avoir accordé les honoraires correspondants.
• 8 janvier 1791, Brive : Jacques TOURON adresse une pétition aux membres du directoire du district. Il y évoque ses 41 ou 42 années de service dédiées au culte religieux. Il rappelle son passage à la cathédrale de Tulle, en tant qu'enfant de chœur puis musicien ainsi que son entrée à la collégiale Saint-Martin de Brive, où il fut entre autres, musicien et serpent. Il espère qu'il peut lui être accordé un "traitement soit en pensions ou en gratifications, suivant les temps et la nature de son service et de son âge et de ses infirmités".
• 11 janvier 1791 : Le directoire du district donne un avis favorable à sa requête, après lecture de celle-ci et des différents actes médicaux qui y sont joints. L'autorité estime qu'il est juste d'accorder au sieur Touron une gratification ou une pension telle que le département le jugera convenable, mais observe toutefois que le traitement plutôt mince du pétitionnaire (120 livres sans le casuel ni les versements en nature), ne peut être amélioré.
• 11 février 1791 : Le directoire de département "est d'avis que les longs services du pétitionnaire doivent lui faire conserver son traitement, qui étoit de 120 livres, en pension".
• 17 avril 1791 : Jacques TOURON devient propriétaire d'une partie du site de Saint-Antoine à Brive. C'est dans ce lieu, ou plutôt dans ces grottes, situées sur les hauteurs au sud de Brive que le futur saint Antoine de Padoue, de passage, aurait vécu l'été 1226. Après sa mort, ces grottes (dont une aménagée en oratoire) deviennent un lieu saint dans lequel de nombreux pèlerins viennent faire leurs dévotions, et ce jusqu'à aujourd'hui encore ! Un petit ermitage y est construit, ainsi qu'une chapelle. Lors de la Révolution, les différents éléments sont déclarés biens nationaux puis sont vendus aux enchères à Noël 1790. L'acheteur ayant émigré, "l'ermitage, la principale Grotte-chapelle et les deux petites chapelles adossées de part et d'autre au mur du rocher, un petit jardinet" sont acquises le "17 avril 1791, par le sieur Jacques Touron, pour la somme de 1 325 livres."
• 9 novembre 1791, Brive : L' arrêté du directoire de la Corrèze signé à cette date, fixe le traitement du musicien à 190 livres par an.
• 17 août 1792 : À la suite d'une demande de Jacques TOURON adressée au directoire de la Corrèze, qui exprime le souhait de voir son traitement fixé à 190 livres se transformer en pension annuelle et viagère, le directoire se plie à sa requête, et lui accorde 190 livres payées trimestre par trimestre, en étant inscrit en qualité de "pensionnaire ecclésiastique du département".
Comme tous les citoyens français, non réfractaires, percevant une pension ou un traitement venant de l'État, Jacques TOURON prête serment dans lequel il jure d'être fidèle à la nation et de défendre la liberté et l'égalité.
• 5 septembre 1797 : L'ancien musicien renouvelle sa "profession de foi" du citoyen, il signe la loi du 19 fructidor an V et de ce fait, prête serment de "haine à la royauté et à l'anarchie et d'attachement et de fidélité à la République et à la constitution de l'an III".
• [1803], Brive : Dans l'annuaire du département de la Corrèze pour l'an XII, édité en 1803 et rédigé par Philippe Juce, secrétaire général de la préfecture du même département, Jacques TOURON figure sur une liste de receveurs de communes nommés par le premier consul. Il est indiqué que l'arrêté du 4 pluviôse an I (24 janvier 1796) autorise l'établissement des receveurs particuliers dans les villes et communes dont les rôles s'élèvent à plus de 4000 francs. L'on apprend ainsi que l'ancien musicien est désormais receveur communal, il est donc responsable de la trésorerie de la ville de Brive. Nous le retrouvons également mentionné sur un tableau du Ministère des finances en 1800. Sa carrière musicale y est brièvement retracée et une attestation de résidence confirme qu'il vit à Brive.
• 7 septembre 1805, Brive : Françoise Marue, épouse de Jacques TOURON, "percepteur" décède à l'âge de 72 ans.
• 17 septembre 1827, Brive : Jacques TOURON, veuf de Françoise Marue, "propriétaire", demeurant à Saint-Antoine s'éteint à son tour, à l'âge de 80 ans.
Mise à jour : 3 mai 2017