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SORIN, Étienne (1735-1794)
État civil
NOM : SORIN     Prénom(s) : Étienne     Sexe : M
Date(s) : 1735-8-4  / 1794-4-11
Notes biographiques

Étienne SORIN est recensé sous le site généalogique Geneanet comme maréchal et "chantre", une erreur de transcription de registre pour "et autres". Cependant, à bien examiner sa biographie, SORIN réunit nombre d'attributs du chantre. Il est originaire de Saint-Lumine-de-Coutais, modeste bourg au sud de Nantes et du lac de Grand-Lieu, une zone marécageuse où les habitants sont stables, les mariages endogènes, la maîtrise de l'écriture rare. SORIN écrit, est maréchal, a une famille nombreuse et sera officier municipal en 1791. Son statut de notable suffit-il cependant à en faire un "chantre"?

• 4 août 1735, Saint-Lumine-de-Coutais [Loire-Atlantique] : Lors de son baptême paroisse Saint-Léobin, Étienne, fils de Jean Sorin et Marie Gallais est entouré de sa famille ainsi que des notables du village. Les Gallais, mais surtout les Reliquet et Guilbaud sont sollicités comme parrain-marraine.

• La question de la formation du jeune Étienne est soulevée. Il est vraisemblable qu'il ait étudié au réputé  "Collège de Machecoul" situé à une dizaine de kilomètres.

• 1753-1788, Saint-Lumine-de-Coutais : Les premières signatures d'actes d'Étienne SORIN commencent le 27 février 1753 d'une calligraphie encore maladroite qui s'affirme au cours des années. Son nom apparaît au moins 18 fois hors actes concernant sa vie familiale. On peut regretter que les vicaires successifs aient omis de citer les professions, restant centrés sur les liens familiaux essentiels dans ce milieu en repli. Seul le sacristain Billot qui n'intervient que pour les sépultures est clairement identifiable.

• 15 février 1757, Saint-Lumine-de-Coutais : Étienne SORIN épouse Marguerite Musset native et domiciliée de la paroisse. Les témoins sont les pères des deux époux, les oncles. L'épouse n'est pas en mesure de signer le registre.

• 29 novembre 1757-17 février 1778, Saint-Lumine-de-Coutais : Dix naissances se succèdent dans la famille Sorin dont deux décès en bas âge, et deux à 14 et 18 ans. Restent six enfants viables, deux garçons et quatre filles qui sont cultivatrices restées au pays. Des deux fils, Pierre Joseph né en 1763 sera maréchal tout comme son frère cadet, Étienne Jean-Baptiste qui s'installera à quelques kilomètres à Saint-Même-le-Tenu.
L'analyse des registres paroissiaux pointe l'importance du mariage dans ce village infortuné. Les familles regroupent les cérémonies, croisant les alliances : il est commun de rencontrer trois mariages le même jour avec les mêmes témoins. En 1779, six mariages sont organisés le même jour. Les dispenses de consanguinité sont récurrentes et le vicaire s'attache, tel un "griot" à établir les liens de chaque famille.

• 1791, Saint-Lumine-de-Coutais : Étienne SORIN qui fait partie des rares habitants à savoir écrire, est officier municipal.
Il se trouve mêlé à un évènement qui va opposer Saint-Lumine-de-Coutais au district de Machecoul. L'origine de ce bras de fer semble anecdotique puisqu'il s'agit d'un rituel annuel, profane, qui se déroule entre l'église et la place du village le jour de Pentecôte. Cette tradition permettait selon la légende d'éviter de payer des droits sur des marais dits royaux inaccessibles. Le jeu ou mystère du cheval Mallet/Merlet se trouve ainsi au cœur d'une polémique, le District l'ayant supprimé compte tenu de la loi d'abolition des droits seigneuriaux. Les Luminois sont eux attachés à ce rituel festif et entendent le conserver. S'ensuivent résistance, convocation, interrogatoire et envoi de la troupe. Le pauvre cheval de bois sera finalement enlevé en 1793...

• 1791-1807, Saint-Lumine-de-Coutais : L'abbé François Chevalier, vicaire, ex-député des États-Généraux en 1789, insermenté. Il vit désormais caché dans les marais. Lallié prétend qu'il était hébergé chez une Madame de la Barre. Il tient un registre paroissial clandestin, émaillé d'annotations personnelles et qui permet de suivre les familles. 

• Juin-juillet 1793, Saint-Lumine-de-Coutais : F. Chevalier, recherché et en fuite, est aumônier des troupes catholiques de Vendée. Il rentre à Saint-Lumine se sentant protégé par les succès des armées royalistes stationnées à proximité. Ainsi qu'il le rapporte dans son registre, le 18 juillet, il fait revivre son église et dispense les sacrements aux paroissiens. Il baptise les enfants alors que son vicaire Duffay, à la porte du sanctuaire, procède aux exorcismes. L'abbé cite les personnes présentes probablement par ordre d'importance puisqu'il commence par Billot, le sacristain et nomme Étienne SORIN en cinquième position sur vingt-neuf.

• 11 avril 1794, Saint-Lumine-de-Coutais : Le registre clandestin répertorie d'une manière clinique les 66 morts du village en ce 11 avril, hommes, femmes et enfants tués par les colonnes infernales. Étienne [Jean-Baptiste], le fils, trouve les corps d'Étienne SORIN, sa femme, sa bru et une petite fille qui ont été exécutés. Seul le petit garçon de trois ans a survécu. Le village connaît d'autres journées de deuil puisque 272 personnes sont tuées en trois ans, soit le quart de la population. L'église est également brûlée en partie.

• 12 janvier 1795, Saint-Lumine-de-Coutais : Jeanne Julienne Sorin, qui a perdu père et mère six mois plus tôt, convole avec André Arlais en présence de ses deux frères Pierre et Étienne [Jean-Baptististe] ainsi qu'il se fait dorénavant appelé. Il a clairement pris la place du père. Pour sa part, l'abbé Chevalier s'octroie probablement des droits qu'il n'a pas précisant dans l'acte "après dispense de deux bans avec les solennités requises par l'église catholique et apostolique et romaine autant que la persécution le permette"...

• 30 avril 1796, Saint-Lumine-de-Coutais : Marie [Isabelle] Sorin mineure épouse Pierre Roquet mineur en présence d'E. Sorin.

• 30 août 1796, Saint-Lumine-de-Coutais : Pierre Joseph Sorin après dispense de deux bans, 3ème degré d'affinité, veuf d'Honorée Billot (tuée en 1794) se remarie avec Marie Prudhomme, également veuve. E. Sorin est témoin du marié ainsi qu'André Arlais. Ces épousailles ne seront pas les dernières car Pierre Joseph convole une troisième fois le 10 février 1806 toujours assisté de son frère Étienne Sorin.

• Alors que les guerres fratricides de Vendée ont décimé une partie du village et des familles, le mariage semble à nouveau intervenir comme catharsis ou pragmatisme économique. Trois mariages se suivent. Des familles se constituent à nouveau à Saint-Lumine sous le regard et la plume du vicaire recteur clandestin François Chevalier.

Étienne SORIN réunit les attributs d'un chantre alors que la fonction n'est jamais explicite. Sa mort violente éclipse tout commentaire de la part du rédacteur de l'acte. D'autres chantres comme Joseph Nicolas BOUCAUD ou Benjamin BLONDEAU sont reconnus par leur fonction au moment de leur décès.

Mise à jour : 21 septembre 2021

Sources
Bulletin société archéologique de Nantes..., 1909 ; F-Ad44/ BMS St-Lumine-de-Coutais

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