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PARIN, Joseph Dominique (ca 1736-1806)
État civil
NOM : PARIN     Prénom(s) : Joseph Dominique     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : PARRIN
PARRAIN
PARAIN
Date(s) : 1736 ca  / 1806-4-5 
Notes biographiques

Un organiste alsacien à Dijon... Joseph PARIN fait partie de cette diaspora alsacienne qui se retrouve aux tribunes de nombreuses orgues partout en France. En 1790 il était l'organiste des bénédictins de l'abbaye Saint-Bénigne à Dijon, mais il touchait ou avait touché également d'autres orgues de la ville, notamment celles de l'église collégiale et paroissiale de Saint-Jean. Il était également maître de clavecin et actif dans d'autres domaines musicaux (vente ou location d'instruments, de partitions…).

• [1736 ou 1738], Haguenau, en Alsace : Selon l'âge indiqué dans divers documents, notamment le recensement de l'an IV, Joseph-Dominique PARIN serait né vers 1738, mais selon son âge au décès il serait plutôt né vers 1736. Son lieu de naissance est mentionné dans ses contrats de mariage et son acte de décès, de même que sa filiation : il est fils de Benoît Parin, marchand, et de Dorothée Kesterline.

• [1744-1754] : A-t-il été enfant de chœur dans une maîtrise et si oui, laquelle, avec quel(s) maître(s) ? On peut supposer qu'il a reçu sa formation musicale en Alsace, mais ce point reste à l'heure actuelle tout à fait hypothétique.

• [1765], Dijon : Joseph PARIN arrive à Dijon et s'y installe (selon l'ancienneté de sa domiciliation à Dijon indiquée dans le recensement de l'an IV).

• 10 juillet 1768, Dijon : Devant notaire, Joseph PARIN "musicien demeurant en cette ville" signe un contrat de mariage avec Reine Jomain, dont le père, décédé, était marchand aubergiste. Elle est entourée de nombreux membres de sa famille appartenant aux milieux de la moyenne bourgeoisie artisane et commerçante (aubergiste, maître charcutier, entrepreneur, imprimeur…). Le musicien apporte au mariage "la somme de 100 livres qu'il a pour tous biens en argent", tandis que la jeune femme est dotée par sa mère de 800 livres "en effets de ménage et trousseau". La mise en communauté ne s'élève qu'à 50 livres de part et d'autre.
• Le surlendemain, 12 juillet, est célébré le mariage en l'église paroissiale de Fontaine-lès-Dijon, tout près de Dijon, en présence toujours de la famille de Reine Jomain, et aussi de Nicolas Fauconney, recteur d’école, et probablement chantre, de Fontaine. Aucun musicien n'est signalé ni lors de la cérémonie, ni lors du contrat, et le marié est dans les deux cas qualifié de "musicien" sans précision de poste.
• Un fils, Germain, naît et meurt en mars 1769, paroisse Saint-Jean de Dijon. Joseph PARIN est toujours dit "musicien".

• 19 avril 1772, Dijon : Sur les fonts baptismaux de l'église Notre-Dame, Joseph PARIN "organiste à Dijon" – sans plus de précision – présente le fils d'un plâtrier nommé Jacques Larray. Le parrain signe "Joseph Parin Organiste".

• 30 octobre 1774, Dijon : Le Doyen du chapitre de la collégiale Saint-Jean a reçu une lettre qu'il transmet à la fabrique, lettre par laquelle l'organiste Antoine MILLOT informe le chapitre et la fabrique de sa démission "en leur faisant part du sort qu’on luy faisoit à Paris". L'organiste Joseph PARIN, dont les talents sont connus des paroissiens "puisqu’il avoit desservi l’église en l’absence du sieur MILLOT", est engagé pour le remplacer. La fabrique vote une augmentation notable des appointements (300 livres au lieu de 240 livres) dans l'espoir de le stabiliser dans le poste : l'argumentaire déployé est "que depuis bien des années la fabrique s’étoit attachée à des jeunes gens qui avoient beaucoup couté pour les former et qui après avoient quitté l’église". En conséquence, les fabriciens pensent "qu’il étoit plus convenable de prendre un sujet fixé et domicilié à Dijon", ce qu'est le sieur PARIN, sans que rien ne soit précisé au sujet de son emploi jusqu'alors. Le jour-même est établi son contrat, son "bail", pour une durée de neuf années qui commenceront au 1er novembre 1774.

• 22 mars 1775 : "Parin organiste" signe l'acte de mariage de Jean-Baptiste LABOUREY "marchand en cette ville" – mais en fait luthier – dont le second mariage est célébré paroisse Saint-Philibert.

• 30 août 1779, Dijon : Joseph PARIN est présent et signe "organiste de St-Jean" au domicile de la famille Gathey, où est établi le contrat de mariage de Louis-François SAGOT, "musicien à la cathédralle de cette ville", et de demoiselle Anne Gattey (ou Gathey), fille d'un marchand traiteur.

• Mars 1780 : Joseph PARIN réclame de la fabrique de Saint-Jean un bail à vie et l'autorisation "de desservir l’orgue des Bénédictins qui n’est point incompatible avec l’heure des offices de lad. église St-Jean". À l'abbaye mauriste Saint-Bénigne il prend probablement la succession de Nicolas PIGALLE. Peut-être l'avait-il remplacé déjà depuis quelque temps et ne s'agit-il ici que d'une officialisation ?
Après discussion, les fabriciens de Saint-Jean acceptent l'idée d'une pension viagère de 150 livres (l'organiste en réclamait 200) lorsque "ses infirmités reconnues lui empêcheront de toucher de l’orgue", mais seulement si d'ici là il a accompli vingt ans de service à compter de l'expiration de son bail en cours, c'est-à-dire à partir du 1ernovembre 1783. L'organiste n'était donc censé prendre sa retraite qu'à partir de fin 1803 au plus tôt (il aurait alors 65 ou 67 ans). Il accepte cette proposition et signe l'acte "Joseph Parin organiste de St-Jean".

• 27 juillet 1781, Dijon : Conjointement avec la demoiselle GELIN, "organiste de l'église St-Nicolas", le sieur Joseph PARIN "organiste de St-Jean", est chargé par les fabriciens de visiter l’orgue construit par le facteur RABINY pour l’église paroissiale de St-Nicolas, afin de parvenir à sa réception.
Le 31 juillet, "après un mûr examen", il rend son rapport "par lequel il est d’avis que le dit orgue est très recevable". Le 19 août les fabriciens prennent acte de ce rapport et reçoivent officiellement les travaux de RABINY. Ils versent au "sieur PARREIN organiste de l’église paroissiale et collégiale de Saint-Jean de cette ville" la somme de 48 livres "en le priant de vouloir s’en contenter pour la peine qu’il a eue de visiter le dit orgue".

• 14 janvier 1785, Dijon : Munie des sacrements, Reine Jomain décède. Elle est inhumée le lendemain au cimetière de la paroisse Saint-Jean. L'acte précise que "Messieurs les Chanoines [de la collégiale Saint-Jean] ont assisté processionnellement à son convoi", ce qui est l'indice d'un lien particulier de la famille avec la collégiale. Toutefois, Joseph PARIN est à nouveau qualifié de "musicien", sans autre précision.
• 22 mars et 19 juillet 1785 : Joseph PARIN fait insérer deux petites annonces successives dans les Affiches de Dijon, par lesquelles il indique qu'il "loue, vend & troque violons, épinettes, clavessins & Forte-Piano Allemand & Anglois" (la seconde annonce ajoute les harpes). Il se dit "Organiste de MM. les Bénédictins de cette ville" et précise même la seconde fois " demeurant chez MM. les Bénédictins".
• 10 septembre 1785 : Un contrat de mariage est signé entre  Joseph PARIN "musicien demeurant en cette ville place St Bénigne paroisse St Philibert" (il logerait donc sans doute toujours dans l'enceinte de Saint-Bénigne) et Nicole Dosse/Dausse, fille d'un marchand parfumeur. Le futur apporte 600 livres "tant en argent qu'en effets" et cela représente "tous ses biens actuels". Le père de la future dote sa fille de la même somme dont il précise qu'il a déjà versé 150 livres "pour l'apprentissage de la Demoiselle future d'ouvrière en Robbes".
 • 13 septembre 1785 : Le mariage de Joseph PARIN et Nicole Dosse est célébré dans l'église Saint-Jean, paroisse de la mariée. Elle est mineure. Il a 47 ans. Il est toujours dit "musicien" dans l'acte de mariage, sans précision, ce qui incite à lui supposer une activité multiforme dans le domaine de la musique, qui a dilué sa précédente identité d'organiste.
• 25 septembre 1785 : Les deux époux retournent chez le notaire pour établir un acte de donation mutuelle de tous leurs biens en cas de mort de l'un d'eux.
• L'organiste quitte son logement de l'abbaye et le couple s'installe d'abord "rue Poulaillerie paroisse St-Jean".

• 26 mars 1786 : Le sieur Joseph PARIN, "organiste", demeurant rue Poulaillerie, et son épouse Dlle Nicole Dausse, signent un bail de location d'une maison dépendante du canonicat du chanoine de la Sainte-Chapelle Claude-Maurice Raviot, située rue de l’Oratoire, pour la somme (élevée) de 400 livres par an. La maison n'est pas décrite mais au vu de la valeur du loyer convenu, il s'agit probablement d'une assez vaste demeure, comportant vraisemblablement des espaces qui vont permettre à l'organiste d'organiser son activité d'achat / réparation / revente d'instruments à claviers. Le bail est prévu pour une durée de neuf ans qui doivent théoriquement commencer le 11 novembre suivant.
Toutefois, dès le 15 août 1786 une nouvelle annonce de PARIN dans Les Affiches concernant une épinette indique comme adresse "rue de l’Oratoire, maison du sieur Thillier, tailleur".
• 23 juin 1786 et 18 juillet 1788, Dijon : Deux enfants issus de ce remariage sont baptisés paroisse Saint-Jean. À l'occasion du 1er baptême, Joseph PARIN est qualifié d'organiste, sans précision de poste. Le parrain de l'aînée est Louis CAMUS, lui aussi organiste et mari d'une organiste, Antoinette DUPLUS.
• 31 juillet 1786 : Les comptes du chapitre collégial de Saint-Jean font apparaître une somme de 15 sols versée au sieur PARIN organiste "pour avoir touché de l’orgue pour la confrairie du St-Sacrement suivant sa quittance du dernier juillet 1786". Les sources relatives à Saint-Jean (délibérations et comptes de la fabrique comme du chapitre) s'interrompent peu après et ne permettent pas de suivre Joseph PARIN jusqu'en 1790.

• 17 février 1789 : PARIN, qui se dit cette fois "maître de Clavecin, rue de l’Oratoire" fait toujours commerce d'instruments à claviers. Il annonce dans la presse une nouveauté originale : l'instauration d'un abonnement de 36 livres par an – ce qui est un prix élevé –, permettant d'emprunter à volonté la musique "la plus nouvelle" pour forte-piano. Il transforme donc son domicile en une sorte de centre de ressource autour de la musique, en particulier pour forte piano (on dirait aujourd'hui 'une partothèque').

• En 1790, Dijon : Joseph PARIN est organiste de l'abbaye bénédictine mauriste Saint-Bénigne de Dijon. Il l'est toujours également de l'église collégiale et paroissiale de Saint-Jean. Si c'est seulement au titre d'organiste de l'abbaye qu'il apparaît dans les sources relatives aux demandes de secours, c'est que ses gages à Saint-Jean étaient pris en charge par la fabrique – et non par le chapitre. De ce fait il a dû être considéré comme un organiste paroissial, ne relevant donc pas des procédures de secours mises en place sous l'égide du Comité ecclésiastique. Dans son manuscrit conservé à la BM de Dijon, Joseph Dietsch affirme que PARIN était toujours organiste à St-Jean en 1789.
Relevons que l'abbaye de Saint-Bénigne au début de 1790 rémunérait aussi un autre musicien, Didier MORLOT, chargé à la fois de jouer du serpent et d'éduquer les six enfants de chœur, et touchant pour cela 600 livres. Il est licencié dès le 24 février, les Bénédictins ne pouvant plus le payer. PARIN, en revanche, dont on ignore le niveau de rémunération, semble être resté en poste jusqu'à la fermeture de l'abbaye.

• 8 novembre 1791 : Le  sieur PARIN, "organiste, rue Bossuet, à Dijon" se manifeste à nouveau dans la presse. Il réitère le système d'abonnement lancé durant l'hiver 1789, mais il en baisse le prix de 36 à 24 livres. Chaque abonné pourra venir aussi souvent qu'il le voudra "choisir telle partie & telle quantité qui lui fera plaisir" parmi "toute sorte de musique vocale & instrumentale de tous les meilleurs Auteurs les plus modernes de Pleyel, Steihelt, Dufeck, Cramer, Haydn, Kotzluch, Clementi". Il poursuit également son trafic  d’instruments, "forte-piano de Paris & d’Angleterre, des clavecins à marteau & à buffle des Auteurs les plus parfaits", qu'il vend, loue ou troque "contre des vieux".
 
• 5 septembre 1792, Dijon : PARIN réclame la somme de 153 livres 6 sols pour avoir joué de l'orgue pendant quatre mois à l'Abbaye Saint-Bénigne provisoirement devenue cathédrale.

• Pluviôse an II (janvier 1794), Dijon : La Municipalité accorde l'église Saint-Michel pour servir de Temple de la Raison. Sur la demande de PARIN, "organiste musicien", la municipalité délibère qu’il demeure adjoint à LAUSSEROIS "pour toucher l’orgue au temple de la Raison".
• 1794 : En compagnie de nombreux ci-devant musiciens d'Église tels BORNE, DELAURIÈRE, FREYHAMER, LEFRANC, MILLOT ou SAGOT, le citoyen "PARREIN" est engagé comme instituteur de musique à l'Institut de Musique nouvellement créé par la Municipalité. Comme son confrère organiste Pierre LAUSSEROIS, comme l'ex-serpent Jacques LEFRANC, et comme deux musiciennes, Bernarde BOILLOT et la citoyenne LABOREY, il est chargé d'y enseigner le clavecin.
• 17 décembre 1794 et 17 mars 1795 : PARIN se fait rembourser deux sommes importantes par la Municipalité, 97 et 72 livres. Les fournitures par lui procurées à l'Institut de musique sont hétéroclites (clés pour entrer dans les locaux de l'Institut, réparation de l'armoire à musique ou d'un instrument abîmé, cordes de clavecin, un "tableau peint"…), mais on voit qu'il n'oublie pas ses propres affaires en plaçant des instruments de son propre stock – sans doute des clavecins ou des piano-forte –, en location à l'Institut, dont il touche ainsi des loyers réguliers (15 livres par instrument et par mois). Il signe une fois "Parin instituteur au Lycée" et une fois seulement "Parin instituteur".

• Fin 1795/début 1796, Dijon : Joseph PARIN, organiste, est recensé rue M[ais]on rouge, section Crébillon, avec sa femme Nicolle Dosse, leurs deux enfants et ses beaux-parents.

• 23 ventôse an VII [13 mars 1799], Dijon : PARIN fait partie de la liste mise à jour des professeurs de musique proposés par Philippe Legras (1751-1824), Dijonnais installé à Paris, dans une lettre qu'il écrit au ministre de l'Intérieur François de Neufchâteau afin de relancer l'Institut de musique de la ville. PARIN y enseignerait le clavecin ou le forte piano. Cette ultime tentative semble ne pas avoir eu de suite.

• 1804 : L'organisation des effectifs de la cathédrale Saint-Bénigne en nivôse an XII (janvier 1814), prévoit un traitement de 300 francs pour l'organiste, "à compter du 1er vendémiaire dernier" (24 septembre 1803). C'est de loin le traitement le plus élevé, les autres musiciens recrutés devant toucher entre 60 et 100 francs. Il s'agit des citoyens CHEVALIER, FAIVRE, JACQUESON et LUCAN, le serpent. BORGET est aussi prévu pour chanter la taille et s'occuper des enfants de chœur quand il y en aura à nouveau.
Selon le manuscrit de Joseph Dietsch, c'est Joseph PARIN qui devient l'organiste de la nouvelle cathédrale.

• 5 avril 1806, Dijon : À huit heures et demie du matin, Joseph PARIN meurt brusquement à son domicile, rue du Chanet (rue Vannerie). Il est dit organiste, mais sans précision de lieu d'exercice. Son décès est déclaré le lendemain par Louis CAMUS, ancien organiste devenu "officier de paix".

Mise à jour : 28 décembre 2018

Sources
F-Ad 21/ L 514 ; F-Ad21/ 4E7/ 464 ; F-Ad21/ 1Q 746 ; F-Ad21/ 4E15/ 63 ; F-Ad21/ 4E3 / 58 ; F-Ad21/ 4E5/37 ; F-Ad21/ BMS Châtillon-sur-Seine ; F-Ad21/ BMS Dijon, St-Jean ; F-Ad21/ BMS Fontaine en ligne ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Philibert de Dijon en ligne ; F-Ad21/ G 2138 ; F-Ad21/ G 2365 ; F-Ad21/ G sup 27-1 ; F-Ad21/ L 85 ; F-Ad21/ NMD Dijon ; F-Ad21/ série V ; F-Am Dijon/ 2 R1/1 ; F-Am Dijon/ L 329 bis ; F-AmDijon/ 2 R1/1 ; F-An/ DXIX/01 ; F-BmDijon/ Ms 1818 ; F-BmDijon/ Res 1104, Affiches de Bourgogne ; F-BmDijon/ Res 1104, Affiches de Dijon ; J.-E. Doussot, Musique et Société à Dijon..., 1999 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; P. M. Guéritey, "Les orgues et la musique…", 2012 ; PM Guéritey, courriel 27 nov 2018 ; R. Adelson et alii, The History of the Erard Piano…, 2015 ; http://www.sebastienerard.org D.2009.1.1890 ; http://www.sebastienerard.org/ D.2009.1.83

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