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MUGNIÉ, Jean-Baptiste (1749-1793)
Autre(s) forme(s) du nom : MUGNIER
MUNIER
MUNIÉ
MEUNIER
Date(s) : 1749-12-6 / 1793-11-12
Organiste apprécié à la cathédrale de Béziers lors de la Révolution, à laquelle il sut s'adapter avant de mourir, jeune, en 1793, Jean-Baptiste MUGNIÉ, frère aîné d'un autre organiste, Jean MUGNIÉ, naît et commence, très jeune, sa carrière d'organiste à Dijon ; on connait encore mal, pourtant, les étapes centrales de sa carrière, qui passe par la Corse vers 1776.
• 6 décembre 1749, Dijon : Jean-Baptiste MUGNIÉ, fils d'Étienne Mugnié, tailleur d’habits, et de Denise Chevillard, naît paroisse Saint-Jean, et est baptisé le surlendemain. Ses parrain et marraine appartiennent à la bourgeoisie d'Is-sur-Tille, localité située à 25 km au nord de Dijon. Il est le frère aîné de Jean MUGNIÉ, né en juin 1755, qui sera plus tard organiste à Bar-le-Duc [Meuse] et à Clermont-Ferrand. Les parrain et marraine de Jean, le fils d'un marchand épicier et la fille d'un apothicaire, suggèrent également que les organistes Mugnié sont issus d'un milieu plutôt aisé.
• 10 mai 1757, Dijon : Jean-Baptiste MUGNIÉ est reçu enfant de chœur de la paroisse Notre-Dame pour sept ans, après un concours où il l'a emporté sur le nommé BOURNIER. Le maître des enfants de chœur est alors CHENEVET.
• [1764], Dijon : S'il a bien terminé ses sept années prévues, Jean-Baptiste MUGNIÉ serait sorti de la maîtrise au cours de l'année 1764. Il est possible qu'il ait été prolongé durant une ou deux années supplémentaires.
• 1766-1767, Dijon : Selon ses déclarations des années 1790-1791, c'est vers 1767 qu'il a commencé sa carrière comme organiste au service de l'Église, sans qu'il en précise le lieu. Les comptes de fabrique de l'église paroissiale et collégiale Saint-Jean de Dijon montrent que c'est dans sa paroisse de naissance qu'il a exercé au moins de juin 1766 à juin 1767 : le 26 décembre 1766 une quittance atteste le paiement de 120 livres "au sieur MUGNIER organiste pour une demi année de ses gages". Puis la même somme est versée "au sieur Mugnier père pour la demi année de son bail fait conjointement avec son fils organiste de St-Jean pour toucher l’orgue, échue le 1er juin" [1767]. Cette formulation montre que le jeune homme – qui n'a alors que 18 ans – est toujours placé sous l'autorité de son père. Une lacune dans les comptes de fabrique conservés aux archives départementales de la Côte-d'Or interdit de savoir à quelle date le jeune Mugnier a pris le poste. Dans les comptes précédents conservés, ceux de 1763-1764, c’était alors le sieur PRUDENT qui était organiste. Ce dernier a vraisemblablement terminé son contrat début juin 1766.
• 18 janvier 1768, Dijon : Antoine MILLOT est reçu organiste de l'église collégiale et paroissiale de Saint-Jean pour neuf années, qui sont considérées comme ayant commencé le 1er de ce mois de janvier 1768.
Où est alors parti Jean-Baptiste MUGNIÉ ? On perd sa trace durant une dizaine d'années.
• 26 avril 1776, Bonifacio [Corse-du-sud] : Jean Baptiste MUNIER, originaire de Dijon, âgé de 27 ans, épouse Marie Monti, fille d'un marin du lieu. Il est dit organiste dans l'acte de mariage.
• 22 novembre 1776, Bastia [Haute-Corse] : Jean Baptiste MUGNIER, organiste de Dijon, âgé de 27 ans, s'embarque sur un navire en partance pour Marseille. On ignore depuis quand il était en Corse et ce qu'il était venu y faire.
• 24 octobre 1779, Béziers [Hérault] : Jean-Baptiste MUGNIÉ est entendu par le chapitre de la cathédrale Saint-Nazaire et jugé "bien plus capable pour jouer et entretenir l'orgue" que Louis BERGER, l'organiste attitré. Il est reçu aussitôt comme organiste du chapitre aux appointements de 800 livres annuelles et BERGER renvoyé. On a pu supposer qu'il avait été guidé vers Béziers par la présence d'un membre de sa famille, Jean-Baptiste MUNIÉ, trompette de la ville, originaire de Franche-Comté, décédé en 1762, mais ayant fait baptiser au moins quatre enfants à Béziers.
• 5 août 1781, Béziers : Une fille issue de son mariage avec Anne-Marie Monti, Élisabeth Jeanne Marie, est baptisée "au son de l'orgue" dans la cathédrale de Béziers. Ils auront d'autres enfants : Jean-Baptiste Charles (1783) et Denise (1787).
• 1788, Béziers : Jean-Baptiste MUGNIÉ se charge des réparations à l'orgue de la cathédrale, qui a été endommagé par un orage.
• 1790, Béziers : Jean-Baptiste MUGNIÉ est toujours organiste du chapitre cathédral Saint-Nazaire, aux mêmes appointements de 800 livres annuelles. Il perçoit des sommes au-delà de ce chiffre pour l'entretien de son instrument qui portent le tout à 900 livres. Il signe la supplique collective des musiciens de la cathédrale de Béziers à l'assemblée nationale, fait sa demande individuelle de pension au Comité ecclésiastique et intervient en faveur de Jean Rouger, souffleur de l'orgue, pour qu'il continue à recevoir un traitement.
• 6 avril 1791 : Le directoire du département de l'Hérault accorde à Jean-Baptiste MUGNIER la conservation de ses appointements de 800 livres à la charge de continuer son service dans l'église, devenue cathédrale du département, "avec toute la décence, la majesté et la pompe due à l'exercice de la religion de l'état". Un premier avis du directoire du district de Béziers, en février, proposait même de fixer ses appointements à 1 000 livres annuelles, y compris les charges pour l'entretien de l'orgue, et suggérait une pension de retraite de 500 livres au cas où son emploi serait supprimé.
• 16 avril 1792, Béziers : Jean-Baptiste MUGNIÉ est toujours en service pour les dimanches et fêtes dans la cathédrale du département. Il écrit une belle supplique aux directoires du district et du département pour accompagner la demande des paroissiens de la cathédrale concernant son traitement et l'entretien de l'orgue. Il souligne qu'un organiste est un "artiste" qui n’acquiert son métier "qu'à force de temps, de soins, et de dépenses" et "[qu']il est donc convenable d'assortir le traitement d'un organiste et à son travail et à son talent". Or, le traitement qu'on veut lui accorder n'atteint que les trois quarts des 900 livres qu'il recevait de l'ancien chapitre, alors que la cherté des denrées et la dévaluation monétaire réduisent encore plus la valeur de cet argent. Il se plaint amèrement de ce qu'il ne peut plus donner de leçons en ville, non seulement parce que Béziers "a toujours fourni peu de ressources à cet égard", mais parce que "dans presque toutes les maisons qui me les fournissaient, ma fidélité à ne pas abandonner le service de la cathédrale, mon patriotisme, sont des crimes irrémissibles à l'horreur desquels on sacrifie sans regrets tous les talens possibles, et l'on sacrifierait bien autre chose". Il se décrit lui-même comme artiste exerçant son talent "à la satisfaction de tout ce qu'il y a d'honnête et de connaisseur dans la ville", père de famille et bon citoyen, et signale que son frère, curé constitutionnel de Bédarieux [Hérault], est mort pour la cause de la Révolution.
• 21 novembre 1793, Béziers : Jean-Baptiste MUGNIÉ décède à 44 ans, dans sa maison, rue de Lignan. Son épouse est toujours vivante.
Mise à jour : 25 octobre 2024