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LONDEIX, Martial (ca 1725-1785)
État civil
NOM : LONDEIX     Prénom(s) : Martial     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : LOUDEIX
LANDEIX
LOUDIEX
LONDIEX
Date(s) : 1725 ca  / 1785-5-21 
Notes biographiques

Fils d'un musicien, Martial LONDEIX est devenu maître de musique de la collégiale Saint-Martial de Limoges à une date qui reste à préciser (antérieure à 1751, peut-être dès 1745-1746), il le reste jusqu'à son décès en 1785. Les baptêmes de ses 17 enfants le montrent installé avec sa nombreuse famille dans la maison de la maitrise au sein des bâtiments de l'ancienne abbaye sécularisée Saint-Martial. Deux de ses enfants, au moins, sont musiciens en 1790 : son fils Pierre, prêtre, qui lui a succédé dans le poste de maître de musique et sa fille Marie-Valérie (alias parfois "Françoise") qui est organiste de la collégiale en 1790.
Les scripteurs de tous ordres hésitent sans cesse entre Loudeix et Londeix. Le musicien signe son acte de mariage "Martial Loudeix", toutefois la graphie la plus fréquemment apparue est LONDEIX, c'est aussi celle adoptée par la presse locale, ce qui semble indiquer qu'ainsi se prononçait le patronyme du maître. C'est donc celle qui, après hésitations, a été adoptée en autorité.

• [1725] : Selon l'âge indiqué dans son acte de mariage, confirmé par celui indiqué à son décès, Martial LONDEIX serait né en 1725. Néanmoins la notice nécrologique parue dans la presse locale lui donne trois ans de plus, ce qui placerait sa naissance vers 1722. Il est le fils de Pierre LONDEIX et de Marie Reynaud.

• [Date ?], Limoges : Son père, Pierre LONDEIX, quitte le chapitre de Saint-Étienne où il exerçait antérieurement pour entrer au service de celui de la collégiale Saint-Martial comme maître de musique.
• En juin et au début de juillet 1738, lors du décès de deux jeunes frère et sœur de Martial, son père porte le titre de "maître de psalette de Saint-Martial".
• À la fin du mois de juillet 1738 (l décision prendra effet au 1er octobre suivant), son père est évincé de la direction de la musique de Saint-Martial au profit du sieur DUBOIS dont les chanoines jugent la "bonne volonté", et surtout son "habilité et son zele pour l'education des enfants de chœur" supérieurs à ceux de Pierre LONDEIX. Le nouveau maître est prié de tenir les enfants de chœur "dans l'église avec plus de modestie que par le passé", phrase où l'on devine que c'est l'un des reproches faits par le chapitre au maître précédent. Le père de Martial se voit offrir en compensation un poste de choriste à 180 livres par an. Le jeune garçon, qui a environ 13 ans, a probablement tiré leçon de l'affaire.

• 10 juillet 1742, Limoges : Son père, toujours choriste de la collégiale Saint-Martial, meurt "dans l'abbaye du dit chapitre, âgé d'environ 64 ans". Il est inhumé le lendemain "dans l'église royale collégiale séculière de St Martial de Limoges". Un "loudeix" mal identifié signe l'acte ; il s'agit probablement de Martial, qui a alors environ 16 ans.
À cette date, le sieur DUBOIS est toujours maître de la psallette de Saint-Martial. Il en est encore de même en mai 1744 lorsqu'il signe l'acte de sépulture de la servante de la maîtrise.

• [1745 ou 1746 ?], Limoges : Martial LONDEIX devient à son tour maître de la psallette de la collégiale Saint-Martial. Le registre des sépultures du chapitre comporte une lacune sur les années 1745-1746 : c'est peut-être durant ce laps de temps que DUBOIS est mort et que Martial  – qui aurait alors environ vingt ans – l'a remplacé. Beaucoup plus tard, en 1791, son fils Pierre déclarera que Martial LONDEIX "avait occupé cette place pendant plus de 50 ans". Cela ramènerait à une date antérieure à 1735, ce qui est évidemment exagéré mais qui traduit l'impression de très longue durée et de très grande stabilité laissé par Martial LONDEIX dans les mémoires, qui ont amalgamé en une seule les carrières de son père et la sienne, effaçant le sieur DUBOIS.

• 12 janvier 1751, Limoges : Dans l'église paroissiale de St-Michel-des-Lions est célébré le mariage de "mr Martial LANDEIX maitre musicien demeurant dans l'Abbaye de St Martial âgé d'environ 25 ans" avec une jeune fille de 18 ans, Françoise Nouhaud / Nouaud.
La mention "maitre musicien demeurant dans l'Abbaye de St-Martial" indique qu'il demeure à l'intérieur des bâtiments de l'abbaye, donc très certainement dans la maison de la maîtrise. Il est donc d'ores et déjà maître de la psallette de Saint-Martial. C'est la localisation qui sera régulièrement donnée lors des baptêmes de ses très nombreux enfants qui vont suivre...

• Du 2 juin 1752 au 21 avril 1776 se succèdent... 17 baptêmes chez les Londeix-Nouhaud !
Les formulations pour désigner le métier du père sont très variables oscillant de "musicien" ou "maitre musicien" tout court à des titres plus précis : "maitre musicien de St Martial", "maitre de musique au chapitre de St Martial", "maitre de psalette de St Martial" ou encore "maitre de musique de l'église roïalle collégiale de st Martial de Limoges, demeurant dans l'abbaye du dit St Martial".
Dès le premier baptême, en 1752, le célébrant indique que la petite fille est "née aujourd'hui à la maitrise", ce qui confirme que Martial LONDEIX est bien déjà alors le maître de musique de la collégiale. Le lieu de la naissance est d'ailleurs souvent indiquée dans les actes de baptême qui suivent : "dans la maison ou l'on tient la maitrise des enfants de chœur du chapitre de St Martial scise rue de l'abbaye" (1756), "dans la maison de la maitrise de St Martial, enceinte de l'abbaye" (1757), "dans la maison du chapitre de St Martial appelée la psalette dans le cloitre de l'abbaye" (1765), et, plusieurs fois, "dans l'intérieur de l'abbaye de St Martial".
Les prénoms conférés sont peu variés. Cinq des filles sont baptisées "Marie" tout court et trois autres ont un prénom composé comportant Marie (Marie-Valérie, Marie-Rose, Marie-Françoise), deux sont baptisées "Jeanne". Chez les garçons, on compte deux "Bernard" et un "Bernard-Martial".
Les parrains et marraines choisis pour les premiers-nés sont classiquement les grands-parents encore de ce monde. On fait ensuite appel aux oncles et tantes en ordre d'honorabilité décroissant, à chaque fois en s'efforçant de croiser les lignages paternels et maternels. La première fille est ainsi portée sur les fonts par Pierre Nouhaud son grand-père maternel et par "Dlle Marie Reynaud", sa grand-mère paternelle, veuve de Pierre Londeix. La grand-mère maternelle est marraine de l'enfant suivant. Si un chanoine de Saint-Martial est parrain du 4ème enfant, les parrainages restent pour la plupart étroitement choisis au sein de la famille, oncles, tantes ou cousins Londeix, la grand-mère paternelle étant à nouveau sollicitée en décembre 1761 pour le baptême de Marie-Valérie. Très vite les aînés parraineront leurs petits frères et sœurs...
Les musiciens paraissent peu nombreux parmi ces 34 parrains et marraines : seul est clairement repéré Pierre GROSSEREIX chantre à St-Martial en 1758. Mais qui est Jean-Baptiste Coussedière en 1760 ? Quant à Antoine-Étienne Laurier, qui signe "antoine etienne fraisse laurier", parrain en 1769, il est à l'évidence proche parent d'Étienne-Bonaventure LAURIER, dit Fraisse ou Fresseix, mais est-il lui-même musicien ? On le retrouve à nouveau parrain en 1776 et il est cette fois prêtre et vicaire de la collégiale.
La mort frappe certains de ces enfants en bas âge. L’enfant n° 14 meurt à cinq jours en octobre 1769, l’enfant n°17 baptisée "Valérie Thérèse" en avril 1776 meurt à trois ans et quatre mois en septembre 1779 sous les prénoms de "Marie Thérèse".

• [1767], Limoges : Le compte des recettes et dépenses du Collège courant d'avril 1766 à juillet 1767 mentionne une somme de 8 livres et 8 sols payée "à LANDEIX, organiste, pour les fêtes de Notre-Dame d’Aoust de Sainte-Catherine et du jour de l’an". S'agit-il de Martial ?

• [1772] : Sa fille Marie-Valérie, à l'âge de dix ans, commence à tenir l'orgue de la collégiale Saint-Martial. Elle en est officiellement dite organiste un peu plus tard (en 1776). On peut imaginer que d'autres enfants Londeix, tous peut-être, avaient été initiés à la musique.

• [Autour de 1780] : Louis Guibert, dans son "Catalogue des artistes limousins" (1909) écrit que le maître de musique de la collégiale de Saint-Martial "passe pour avoir beaucoup contribué à développer, parmi la population de Limoges, le goût de la musique, en particulier de la musique concertante". Il ajoute : "Il est souvent parlé, vers 1780, de messes en musique dont il organise et dirige l'exécution". Des mentions éparses dans La Feuille hebdomadaire de la Généralité de Limoges corroborent cette assertion. Par exemple, en juin 1778, pour la clôture de l'Ostention, on lit : "La Grand’Messe, qui fut chantée en musique, fit honneur au goût & aux talens de M. LONDEIX, Maître de Psallette".

• 21 mai 1785 : Martial LONDEIX, "maitre de psalette", décède à l'âge de 60 ans (selon l'acte de décès) ou de 63 ans (selon la presse), peut-être à l'hôpital (selon L. Guibert). Rien toutefois dans l'acte de sépulture ne le spécifie : cet acte a été inscrit dans le registre spécifique destiné à enregistrer les sépultures capitulaires, honneur offert par le chapitre au maître de musique qui l'a si longtemps servi. Il est inhumé le lendemain "dans les cloitres" c'est-à-dire au plus près du lieu où il avait vécu et exercé son métier de maître de musique pendant tant d'années.
Autre signe de la notoriété du défunt dans la ville : La Feuille hebdomadaire publie une élogieuse notice nécrologique dix jours après son décès. Elle salue "Les talens & le mérite personnel de cet habile maître, connus de tous nos Concitoyens". Parmi les qualités mises en exergue figurent le fait qu'il ait eu "une nombreuse famille, qu’il avoit élevée avec soin, & pour l’éducation de laquelle il n’avoit rien épargné". Sont aussi soulignés les "élèves de toutes les classes" qu'il a formés. Le journal conclue en exprimant "les plus sincères regrets de la société dont il faisoit les délices"...
Son fils Pierre LONDEIX, devenu prêtre, prend son relais à la direction de la musique et à la gestion de la maîtrise, assisté de sa mère qui y vit "chargée de dix enfants", selon ce que déclarera son fils ultérieurement.

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• Les 26 décembre 1790 et 16 décembre 1791, à un an d'intervalle, meurent deux de ses filles, Marie, 25 ans et demi, puis Marie-Valérie, âgée d'exactement 30 ans, toutes deux demeurant rue du clocher. Ces deux décès successifs, ainsi que l'allusion à la "pulmonie" dont était atteinte la jeune organiste en 1790-1791, laisse imaginer une famille touchée par la tuberculose.

• 7 fructidor an III (24 août 1795), Limoges : L'une de ses filles, Marie, née en 1768, se marie avec Jean-Baptiste CHABOT, né en 1757, musicien.

• 6 novembre 1806, Limoges : À huit heures du soir, rue du clocher où elle demeurait toujours, s'éteint Françoise Nouhaud âgée de 74 ans, née à Limoges, veuve de Martial LONDEIX. Bien qu'ayant mis au monde 17 enfants, elle a donc survécu durant plus de vingt ans à son mari. C'est son gendre, Jean-Baptiste CHABOT, "artiste", demeurant rue du Maupas, qui s'occupe de déclarer son décès.
• Plusieurs années plus tard, Jean-Baptiste CHABOT, toujours "musicien", déclare le décès de sa belle-sœur Marie-Rose, célibataire de 63 ans, qui demeurait elle aussi rue du Maupas.

• La dernière survivante de la fratrie Loudeix semble avoir été Marie, l'une des premières-nées (9 septembre 1753), qui s'éteint le 31 octobre 1837 boulevard Sainte Catherine. Elle est dite alors "ancienne religieuse", sans qu'on puisse savoir à travers son seul acte de décès depuis quand elle avait cessé de l'être : depuis la Révolution ? Ou plus récemment ?

Mise à jour : 24 février 2018

Sources
A. Leroux, Inventaire sommaire des Ad antérieures à 1790, 1882. ; F-Ad87/ BMS St-Michel-des-Lions ; F-Ad87/ Bibliothèque/séminaire 42]- ; F-Ad87/ NMD Limoges ; F-Ad87/ S Saint-Martial ; F-Ad87/ S chapitre St-Martial ; F-An/ DXIX/091/776/04 ; Feuille hebdomadaire de Limoges ; L. Guibert, Catalogue des artistes limousins…, 1909 ; R. Martin, Orgues du Limousin…, 1993

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