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LEJAY, Sulpice Philippe (1765-1851)
Autre(s) forme(s) du nom : LEGEAY
LEGAY
Date(s) : 1765-2-19 / 1851-11-11
Formé à la psallette de la cathédrale d'Orléans, sa ville natale, Sulpice Philippe LEJAY, fils d'un menuisier, occupe dès l'âge de dix-neuf ans, en 1784, un poste de maître de musique dans la principale collégiale de cette cité. Un an plus tard, il est déjà parti et on le retrouve en Champagne, dans un emploi équivalent à la collégiale Saint-Étienne de Troyes ; il donne également des cours de musique vocale et instrumentale. En 1786, le jeune clerc tonsuré semble à l'étroit dans ses nouvelles fonctions et découvre une opportunité en lisant les Affiches de Paris. La place de maître de psallette de la cathédrale Saint-Gatien de Tours étant vacante, il offre ses services au chapitre, se prévalant de la recommandation de l'abbé GUILLEMINOT-DUGUÉ, l'ancien maître de musique de Notre-Dame de Paris.
Ce n'est qu'à la fin de l'année 1787 que l'abbé LEJAY arrive en Touraine, les chanoines de Saint-Gatien ayant jusqu'au bout cherché à convaincre François MARC de quitter la cathédrale du Mans pour la leur. LEJAY dirige alors une quinzaine de musiciens et dix enfants de chœur, et il compose. La suppression de l'institution capitulaire, en décembre 1790, lui fait perdre une place avantageuse mais il reste à Tours, dirigeant dans un premier temps la musique de la Garde nationale et composant des hymnes à la déesse Raison dans le cadre du culte décadaire. En 1792, il concourt pour la place d'organiste de la cathédrale mais n'est pas retenu. Sous le Directoire, il ouvre à l'ancien archevêché une école de musique avec deux autres musiciens. Il se marie à l'âge de 37 ans avec une marchande de modes et on le dit alors "artiste". Finalement c'est à l'enseignement qu'il se consacre totalement et peut-être donne-t-il ses cours à son domicile de la rue du Commerce.
En 1818, il retrouve son poste de maître de musique à la cathédrale dans un contexte complètement différent avec des effectifs et des moyens financiers moindres mais il continue de composer des œuvres religieuses qu'il léguera à l’Église après son départ de la psallette en juillet 1851. Il offre aussi sous la Restauration des pièces de sa composition à la fille du "tyran" qu'il n'avait eu de cesse de dénoncer sous la Terreur... Retiré à Vendôme auprès de sa fille adoptive [et sans doute naturelle], il meurt peu de semaines après sa retraite, pleuré de tous ses anciens élèves, en particulier de l'abbé Rastier qui lui a succédé à la psallette tourangelle et qui continuera à populariser ses œuvres.
• 19 février 1765, Orléans : Sulpice Philippe LEJAY vient au monde et il est baptisé paroisse Notre-Dame de la Conception (appelée tout aussi fréquemment paroisse Saint-Flou). Ses parents, Philippe Lezay [sic] et Anne Fourniquet, s'étaient mariés paroisse Saint-Pierre-Lentin le 5 juillet 1763. Son père est menuisier, fils d'un menuisier du diocèse de Périgueux. Son parrain, qui lui confère son premier prénom, est un oncle maternel déjà présent au mariage de ses parents, Sulpice Julien.
Dans les années suivantes le petit Sulpice Philippe voit naître, et parfois mourir, plusieurs frères et sœurs, sur la paroisse Saint-Liphard où s'est installée la famille. Les parrains et marraines sont choisis dans la famille élargie de la mère. Les métiers sont rarement indiqués (on croise un apprêteur de bas). Les parrains savent signer, mais pas les marraines : la famille évolue dans un milieu où l'alphabétisation est encore très fragile et inégalement acquise entre les hommes et les femmes.
• D'environ 1772 à environ 1781, Orléans : Sulpice Philippe LEJAY est enfant de chœur, sans doute à la psallette de la cathédrale. Les registres capitulaires orléanais sont perdus pour ces années là, ce qui interdit de préciser davantage ces années de formation. Dans le cas où il aurait été formé à Sainte-Croix, ses maîtres successifs seraient Nicolas SAVART puis Charles HÉRISSÉ, ainsi que Jean-François FOUCART, ayant sans doute fait fonction de maître dans l'intervalle entre les deux. Vers 1781, "à peine âgé de 16 ans", selon sa notice nécrologique, le jeune homme fait exécuter de la musique de sa composition. Produire une œuvre et la faire chanter marque probablement l'approche de sa sortie de la maîtrise. Sulpice Philippe LEJAY fréquente ensuite le séminaire.
• 21 septembre 1781, Cassel [Nord] : Les chanoines de la collégiale Saint-Pierre signent une "déclaration d'exercice" reconnaissant qu'il a été en poste chez eux mais on ne connait pas la nature de ce poste.
• [Mai 1784]-20 mars 1785, Orléans : Sulpice Philippe LEJAY est maître de musique à la collégiale Saint-Aignan pendant dix mois. Il y a succédé à Julien-Élie LEROY, qui lui-même avait succédé à Antoine FAGUER. LEJAY quitte Saint-Aignan muni d'un certificat établi le 20 mars 1785. Son successeur dans le poste sera Jacques-Marin DAUVILLIERS.
• 11 juillet 1785, Chartres : Le chapitre de la cathédrale Notre-Dame lui octroie également une "déclaration d'exercice" mais on ne sait rien du poste qu'il y a occupé.
• [Courant 1785], Troyes : Sulpice Philippe LEJAY est reçu maître de musique à la collégiale Saint-Étienne de Troyes. Ses gages annuels s'élèvent à 700 livres.
• 7 décembre 1785, Troyes : "M.l’Abbé LEJAY, maître de musique de saint Étienne" passe une annonce dans le Journal de la ville de Troyes par laquelle il propose d’enseigner la musique vocale et instrumentale ainsi que la composition.
• 4 novembre 1786, Tours : La vacance de la place de maître de musique de la cathédrale Saint-Gatien étant effective depuis l'été avec le départ d'Antoine MERLE pour Paris, le chapitre a fait paraître l'annonce dans "Les Affiches de Paris". Les chanoines lisent en chapitre la lettre du sieur LEJAY, "maitre de musique de la ste chapelle de Troyes qui previent que mr Dugué de Paris l’a choisi pour remplir la maitrise de cette Eglise, vu que le chapitre n’a pu encore rien decidé sur cet objet, ou deliberé que M.Chasles, qui s’est employé pour avoir un maitre, lui repondroit de ne venir que d’après l’avis qui lui sera donné si le chapitre fixe son choix sur lui". L'abbé Jean-Baptiste François GUILLEMINOT DUGUÉ, l'ancien maître de musique de la cathédrale Notre-Dame de Paris est alors une sorte de 'faiseur de roi', consulté par toutes les compagnies capitulaires d'un vaste bassin parisien à la recherche d'un maître de musique. À cette époque, le chapitre tourangeau est en négociations avec le maître de musique de la cathédrale du Mans.
• 25 novembre 1786, Tours : Les chanoines de la cathédrale Saint-Gatien prennent connaissance de la réponse de François MARC "qui previent que dans la circonstance ou il se trouve par le present il ne peut quitter sa place pour accepter la maitrise de cette Eglise, Mrs ont commis mondit sr pour ecrire ou faire ecrire quelque’un a Troyes afin d’avoir des connoissances certaines du talent et des mœurs du sr Le jay qui se presente pour remplir cette place".
• 6 décembre, Tours : "Vu la reponse de M.Dumarest, vicaire general du diocese de Troyes qui atteste a Mr le Chantre que le sr Lejay, maitre de musique de la sainte Chapelle de la ville de Troyes a du talent et une bonne conduite, Mrs ont delibéré que ledit sr lui ecriroit qu’on lui donne la Me de cette Eglise et qu’il lui enverroit en meme tems un etat des charges de cette place, et de ce qu’elle pourroit lui valoir". On ignore pourquoi les négociations sont alors interrompues durant un semestre entier.
• 5 août 1787, Tours : "Lecture faite d'une lettre du sr Lejai maitre de musique de la ste chapelle de Troye qui pour des raisons particulieres, offre à nouveau ses services au chapitre, Mrs ont commis m.Gosmer pour en ecrire a Paris a m.chasles [commissaire capitulaire qui défend les intérêts du chapitre dans un procès] et savoir s'il n'auroit point pris d'engagement pour un maître et mr Miné pour repondre audit lejay que le chapitre poura accepter ses offres de service si m.chasles n'a donné de paroles a personne".
• 17 août 1787, Tours : Sans réponse du chanoine Chasles et sur proposition du chanoine Gosmer, "comme il est essentiel que cette place ne reste pas vacante plus longtemps, M.Miné annonceroit audit maître de Troyes que le chapitre le reçoit et lui donne la maîtrise aux charges et conditions et avec les revenus qu’on lui a fait connoitre ci devant".
Sulpice Philippe LEJAY arrive en Touraine en novembre et perçoit le 3 de ce mois la somme de 80 livres pour ses frais de voyage.
• 9 novembre 1787, Tours : Le chapitre organise la messe du Saint-Esprit qui sera célébrée le 12 à l'issue de la messe canoniale à la cathédrale afin de marquer le début de "l'assemblée de la généralité". C'est l'archevêque, Mgr de Conzié, qui la célébrera. Les chanoines porteront leurs soutanes rouges ou violettes et une délégation recevra les députés et les placera dans les stalles du chœur, "...le maître de musique en se bornant a ne donner qu'une messe qui soit courte feroit néanmoins un motet pour l'offertoire". Le jeune LEJAY, à peine arrivé, doit briller devant toute la province réunie en respectant les exigences strictes des chanoines en matière de composition. On a du mal à imaginer qu'il puisse avoir composé et fait apprendre au bas-chœur ce motet en quelques jours... Cette "assemblée générale des trois provinces de la généralité de Tours", chargée par ordre du Roi de proposer des taxes additionnelles pour acquitter les taxes de leur ressort (G.Cabourdin), était composée de 48 membres dont douze du clergé (dont l'évêque du Mans), douze de la noblesse et vingt-quatre du Tiers-État. L'un des procureurs-syndics est le maire de Tours.
• 19 décembre 1787, Tours : Sulpice-Philippe LEJAY figure comme maître de musique lors de l'évocation du chapitre général. On lui verse 72 livres pour le rembourser des frais occasionnés "pour traiter les musiciens qui ont assisté" à la fête patronale de saint Gatien.
• 4 février 1788, Tours : Il signe comme témoin au mariage de Jean-Louis Carré, garçon horloger, fils de l'organiste de la cathédrale d'Orléans, Nicolas Augustin CARRÉ, indice de liens qui perdurent avec sa ville natale.
• 24 septembre 1788, Tours : On lit en chapitre un projet de traité à faire avec le maître de musique dans lequel sont expliquées ses charges et obligations, ses revenus et honoraires ; il sera signé en double et l’exemplaire capitulaire placé aux archives. Cet exemplaire n'a pas été retrouvé, ayant été probablement signé sous seing privé.
• 15 décembre 1788, Tours : On lit dans le registre capitulaire qu'il "a été représenté qu’a raison de la rigueur extraordinaire de la saison, il seroit bon de faire retrancher au me de musique qq chose de la musique en symphonie qu’il doit donner le jour de la S.Gatien, de ne point donner de motet et de recommander à l’organiste d’etre plus court qu’il ne l’est ordinairement".
• 17 décembre 1788, Tours : "Sur les representations qui ont été faites de la part de m. le Maitre de musique a l'occasion de l’exces de froid qui empesche absolument qu’on execute demain jour de la St Gatien la messe en symphonie, Mrs ont deliberé qu'on se contenteroit pour cette fois d’une messe ordinaire et qu’on supprimeroit la musique du 1er pseaume des vespres".
• 24 décembre 1788, Tours : Le chapitre rembourse 72 livres au maître de musique "pour le repas qu"il a donné aux musiciens le jours de la St Gatien".
• 30 janvier 1789, Tours : Sulpice Philippe LEJAY signe comme parrain au baptême de Jeanne, la fille du basson Alexandre Antoine HARDY.
• 26 février 1790, Tours : Le maître de Saint-Gatien adresse une attestation de revenus détaillée pour son dossier de demande de pension au Comité ecclésiastique.
• 5 mai 1790, Tours : "Vu les plaintes graves qui ont été portées par plusieurs de Messieurs contre les maitre et sous maître de la psallette de cette Eglise, MM. ont autorisé Mr le Chantre à les mander chez luy pour leur faire au nom du Chapitre des reprimandes, leur faire part du mecontentement de la compagnie et donner tous les avis qu'il croira convenables".
• 19 mai 1790, Tours : "Sur ce qui a été représenté relativement aux dettes que peut avoir contractées le maitre actuel de la psallette, Mrs ont chargé m. Morguet de vouloir bien s'informer des fournisseurs pour lad. psallette et prendre d'eux tous les renseignemens nécessaires à cet égard et ensuite s'il est à propos pour les intérêts du chapitre, faire suspendre tout payement que pourroit prétendre led. mtre de la recette de cette Eglise". Deux jours plus tard, le chapitre fait avertir les créanciers qu'il "n'entre pour rien dans les dettes de cette sorte et n'en répond nullement".
• 30 octobre 1790, Tours : Le receveur de Saint-Gatien de Tours certifie qu'il est payé annuellement à Lejay une somme de 2700 livres plus celle de 80 livres à cause du revenu de la chapelle Saint-Martin-du-Chevet, réunie à ladite maîtrise. Ses obligations sont : éclairer, chauffer, blanchir, nourrir, vêtir 10 enfants de chœur, un maître de grammaire et une domestique et lui payer ses gages.
• 5 novembre 1790, Tours : LEJAY rédige une supplique au comité ecclésiastique à la tonalité bien nostalgique qui renseigne sur le financement de sa fonction : "[...] il serait malheureux qu'ayant consacré ma jeunesse, sacrifié mon tems pour acquérir des connaissances particulières dans l'art de la musique, j'eusse travaillé en vain jusqu'à ce moment et perdu tout le fruit que devait nécessairement me fournir mes talents. Que puis-je devenir dans cette alternative ? Quelles sont les ressources qui me sont ouvertes? Aucunes. Mon seul espoir était de pouvoir être attaché toute la vie à l'église. J'étais autorisé par toutes les lois à pouvoir professer cet art enchanteur et sublime. Les églises subsistaient, la musique y était fondée, enfin tout me promettait un avenir tranquile et assuré. La place de maître de musique de l'église de Tours était fondée, ses revenus étaient en parti pris sur les biens de la fabrique, l'autre partie était le revenu d'un canonicat réuni à cette même place; les formalités que j'ai remplies à mon installation me mettaient en jouissance pour la vie de cet emploi, et le chapitre qui m'avait installé ne pouvait m'en déposséder sans au préalable faire mon procès d'après des faits très graves et très motivés".
• 9 décembre 1790, Tours : Au moment de la cessation du culte canonial, Sulpice Philippe LEJAY, clerc tonsuré, est toujours maître de musique à la cathédrale Saint-Gatien avec des appointements qui s'élèvent à 4 000 livres par an (dont la plus grande partie servent à payer les frais de la psallette). Sous sa direction, on trouve un corps de musique ainsi composé: un joueur de serpent, Jacques Michel Pierre LERAT et un joueur de serpent et basson, Alexandre Antoine HARDY; douze chantres dont quatre basses-contre, Jean GALLIOT, Émery Henri LEFEBVRE (plus précisément basse récitante), Adrien François MALLET et Louis NOTTIN ; deux basses-tailles, Louis PLEUVRY et Louis PÉRIGORD une haute-taille, Jean Claude VERNIER deux hautes-contre, Jean-Baptiste BROQUERIE et Jean LEFORESTIER et trois chantres à la tessiture non précisée, Louis Joseph BERTRÉE (qui assure avec VERNIER les fonctions de quartaire), René Marie COMPAGNON et Joseph LETANNEUR, évangélistes dont les fonctions de diacre et sous-diacre sont également cantorales d'après l'acte de leur fondation). Les neufs enfants de chœur en fonction au moment de la fermeture de la psallette (sur un effectif théorique de dix) sont, dans l'ordre d'ancienneté : Philippe DUVAU, Antoine DREUX, Pierre LOISEAU, Pierre JOUSSET, Pierre ALEXANDRE, Ambroise François CARELLE, Augustin SEGUIN, Mathurin BOECE et Étienne Jean Louis VERNIER. En outre, l'organiste Louis Antoine GUICHARD touche les orgues de la cathédrale.
• 1790-1793, Tours : D'après l'historien Giraudet, Sulpice Philippe LEJAY dirige la musique de la garde nationale de Tours et celle "des concerts exécutés lors des fêtes décadaires au Temple Gatien". Certaines de ses œuvres qui ont été conservées corroborent cette affirmation.
• 1er février 1791, Tours : Le directoire du district établit que sa pension doit être fixée à 600 livres par an (il fait état de 1500 livres de revenus annuels).
• 16 juillet 1791, Tours : Sulpice-Philippe LEJAY signe la pétition collective des musiciens de Tours. Il fait une demande de pension. Le district de Tours propose de lui accorder 600 livres de traitement. Le département lui accorde 350 livres.
• 27 janvier 1792, Tours : Après le départ de Louis-Antoine GUICHARD, un concours est organisé pour lui succéder à la tribune de la cathédrale de Tours. Il est présidé par Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ, ancien organiste de la collégiale Saint-Martin. LEJAY se présente, ainsi que Joseph JOUBERT, mais c'est Étienne BOYER qui l'emporte. Sulpice Philippe a-t-il été organiste dans son jeune temps? Lors de ce concours, il n'obtient aucune voix des quinze juges nommés parmi les fabriciers de la paroisse Saint-Gatien et certains "amateurs" connus en ville. Ces derniers ne connaissaient pas l'ordre de passage.
• 2 octobre 1792, Tours : Le directoire du district lui accorde une gratification de 1600 livres.
• 5 août 1797, Tours : En compagnie d'un certain RAOUL et de l'ancien serpent de la collégiale Saint-Martin, Louis PINSON, Sulpice-Philippe LEJAY obtient du directoire du département l'ouverture dans les locaux du musée [ancien archevêché] d'une "Ecole publique de musique vocale et instrumentale, offrant d'instruire gratis plusieurs Enfans abandonnés". En conséquence ils "auront le matin l'usage de la 1ere salle d’Étude du dessin et du cabinet à côté; [...] celuy de la grande salle d'assemblée à chacune des reunions d'artistes pour exercices publics en se concertant toutefois avec les conservateurs du musée".
• 16 décembre 1802, Tours : Sulpice Philippe LEJAY se marie, avec Anne-Françoise-Catherine Vincent, marchande de modes, fille d'un officier de santé. Il est alors qualifié d'artiste musicien et demeure alors 28 rue du Cygne, dans le quartier de la cathédrale. Parmi les témoins, on note la présence de Jean-Jacques Raverot, professeur à l’école centrale d’Indre-et-Loire, également amateur de musique.
• 6 mars 1803, Orléans : Sa mère meurt à l'âge de 58 ans à son domicile du 9, rue de la Tour Neuve. Cet acte rappelle le métier du père de notre musicien : il était menuisier. Son nom est orthographié LEGAY. L'acte de mariage de 1802 mentionne qu'il est "propriétaire".
• 2 avril 1804, Tours : Leur premier enfant, Philippe, voit le jour. Sulpice Philippe est mentionné comme professeur de musique demeurant à Tours 12 rue du commerce , et son épouse marchande de modes.
• 27 mai 1806, Tours : Lors de la naissance de leur second fils Philippe Jules, la profession et l'adresse des parents sont les mêmes qu'en 1804. Ces deux enfants mourront jeunes.
• 1806, Tours : Il fait partie de l'Académie dont le recueil "contient plusieurs rapports de lui qui méritent d'être signalés".
• 19 janvier 1807, Tours : Professeur de musique au 12, rue du Commerce, Sulpice Philippe LEJAY signe comme témoin au mariage de François Xavier PROFF, facteur d'instruments à vents, fils de Jean Christian, avec Adélaïde-Perrine Leblanc, cousine germaine de son ancien élève à la psallette de Saint-Gatien, Pierre LOISEAU.
• 1818, Tours : Sulpice Philippe LEJAY redevient maître de chapelle de la cathédrale. En même temps, il enseigne la musique : “notre ville [Tours] lui doit un grand nombre d’élèves et quelques uns de nos professeurs les plus distingués” et il compose “une quantité considérable de musique”, dira plus tard le Journal d’Indre & Loire du 30 octobre 1851.
• Janvier 1821, Tours : LEJAY, "professeur de musique" fait partie des "associés libres" de la "Société académique d'Agriculture, Sciences, Arts et belles-Lettres d'Indre-et-Loire", fondée en mai 1806. On note également parmi ces associés libre les noms de Jean François LESUEUR et Guillaume André VILLOTEAU.
• 13 avril 1821, Tours : Professeur de musique, demeurant 12 rue du Commerce, Sulpice Philippe LEJAY signe comme témoin de la mariée au mariage de Jean François CHOLLET, Pensionnaire du Roi, avec Victoire-Adélaïde Pichard.
• 24 novembre 1824, Paris : Julie, fille naturelle d'Euphémie Durier et d'un père inconnu voit le jour.
• Jeudi 3 avril 1828, Tours : Un Stabat Mater à grands chœurs "de la composition de M. LEJAY maître de musique de la cathédrale" est exécuté à Saint-Gatien par les professeurs et amateurs de musique [annoncé par le Journal d’Indre & Loire le 29 mars 1828].
• 22 novembre 1831, Tours : MM. les amateurs et professeurs de musique donneront (à l'occasion de la Sainte-Cécile à St-Gatien) une messe à grand orchestre de la composition de M. LEJAY, maître de musique de la cathédrale, annonce le Journal d’Indre&Loire. Finalement, la messe n'a pas lieu "par suite de circonstances extraordinaires et imprévues".
• 1836, Tours : Le recensement indique que Sulpice Philippe LEJAY demeure 4 rue de la Psallette.
• 28 décembre 1841, Tours : Julie Durier, âgée de dix-sept ans, qui demeure chez eux rue de la psallette et son futur époux, Élie-François Picard, avoué près le tribunal civil de Vendôme, signent leur contrat de mariage devant le notaire Julien. Les époux LEJAY dotent la jeune fille. Il est rappelé que déjà, le 25 juin 1835, devant Bidault, notaire à Tours, le couple avait fait une donation de deux mille francs à la jeune fille, somme que la mère de cette dernière avait reçue en dépôt et qu"'elle doit lui remettre le jour du mariage. A l'occasion de cette union, les Lejay lui octroie une fois encore deux mille francs de donation en effets mobiliers et enfin, chacun s'engage s'il est le dernier survivant à faire donation à la future épouse et à ses enfants à naître "de tout ce qui pourra dependre de lui donateur sans exception ni réserve". Le 17 janvier 1842, le mariage civil a lieu à la mairie de Tours en l'absence des Lejay mais les PROFF père et fils signent déjà.
• 3 avril 1846, Tours : Sulpice Philippe LEJAY, "propriétaire" et son épouse comparaissent devant l'adjoint au maire, officier de l'état-civil afin de célébrer l'adoption de Julie Durier, âgée de 21 ans, épouse d'Élie François Picard, avoué près le tribunal civil de Vendôme [Loir-et-Cher], fille majeure d'Euphémie Durier, épouse d'Emile Leduc Ménétrier. François Xavier PROFF et son fils François-Xavier-Charles, tous les deux professeurs de musique, sont témoins. Cette cérémonie fait suite au jugement du tribunal de première instance de l'arrondissement de Tours, rendu le 23 décembre 1845 portant homologation de la déclaration faite devant le juge de paix du canton de Tours-centre le 8 du même mois par laquelle le couple LEJAY déclare vouloir adopter Julie Durier. Le 12 février 1846, un arrêt de la cour royale d'Orléans (Loiret) a confirmé le jugement.
• 15 novembre 1850, Tours : Le doyen du chapitre de la cathédrale Saint-Gatien s'adresse à ses confrères lors d'une assemblée capitulaire. "Messieurs, une délibération du 14 mars 1828, approuvée par mgr de Montblanc (l'archevêque de Tours], règle, d'après le cérémonial, les parties de l'office qui doivent être chantées en musique et en contre-point ou faux-bourdon. Ce contre-point offrait de grandes difficultés, car il s'agissait d'établir une basse et deux parties, tenor et soprano, sur le plain-chant, sans y changer une seule note. Votre maitre de chœur, M.Lejay, entreprit ce travail, et depuis vingt-deux ans, le chant ainsi arrangé est chanté avec succès dans la cathédrale. Mais, il y avait des lacunes. Certaines parties de l'office n'avaient pas été traitées. Il y en avait d'autres qui avaient besoin d'être revues et corrigées; c'était un nouveau travail à entreprendre. Mr Lejay ne se découragea pas; et il vous offre aujourd'hui un recueil complet où toutes ses anciennes partitions éparses ont été réunies en une seule qu'il a revue et corrigée avec soin. Il a intitulé ce Recueil : "Varii cantus quatuor vocibus, ad usum sancta Ecclesia Metropolitana Turonensis". C'est ce recueil que j'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui pour que vous y donniez votre approbation". La compagnie "vote à l'unanimité des remerciements à M.Lejay, et lui décerne des éloges justement mérités sur l'habilité et la science musicales qu'il a déployées dans un travail de si longue haleine et rempli de tant de difficultés. Il décide en même temps que sa Grande partition sera soigneusement conservée aux archives du chapitre afin d'être suivie à l'avenir dans l’exécution du plain-chant dans l'Eglise Métropolitaine" et "offre de vifs remerciements à M. le Doyen, qui a dirigé avec zèle et persévérance cette grande entreprise et qui en a été l'âme et l'inspirateur".
• 27 juillet 1851, Tours : "Sur la proposition de M.le Doyen, le Chapitre, à l'unanimité, prend la décision suivante: à partir de ce jour et jusqu'à sa mort, il sera payé à M.Lejay, Maître de Chapelle de la cathédrale de Tours, une somme de six cents francs sur les fonds alloués pour le bas-choeur. A cette occasion, le Chapitre, appréciant les longs et honorables services rendus à la musique et au plain-chant, dans l’Église Métropolitaine de Tours, par M.Lejay, s'empresse de lui adresser les plus vifs et les plus sincères éloges et remerciements. Il aime à reconnaître dans cet acte public, le zèle , le talent, la science que M.Lejay n'a cessé d'employer pendant tout le temps qu'il a dirigé la musique et le chant dans l’Église Métropolitaine de Tours".
• 31 juillet 1851, Tours : Sulpice Philippe LEJAY se démet de sa charge, offre sa musique au chapitre de Saint-Gatien . Son successeur est l’abbé Pierre Charles Marie RASTIER, "l'un de ses élèves les plus distingués dont toute l'ambition sera certainement de respecter et de suivre les traditions du maître".
• 1er août 1851, Tours : Il écrit une lettre de remerciement au chapitre. "Il y a près de 33 ans que j’ai été appellé pour occuper la place de Mtre de chapelle et diriger le chant musical dans cette respectable Eglise. Je me suis dès lors representé toutes les obligations que je contractais et les fonctions que j’avais a remplir. L’acceuil que je reçus du chapitre, ainsi que les encouragemens qui ne m’ont jamais manqué m’ont fait accomplir mes devoirs plutôt comme plai[sir] [zone comme humidifiée, l’encre est partie] que comme Devoir. Mes rapports avec le Chapitre se sont de plus en plus identifiés avec ceux de l’Eglise (encre disparue), je les regardais comme indissolubles. Le nombre de mes années, mes forces intellectuelles et physiques y ont mis un terme que la nature avait arreté. Vous avez su, Messieurs, mettre fin a mes travaux en mettant un terme a ma carriere : Vous avez par un excès de zèle et de bonté pris par un acte capitulaire qui me conserne comme preuve d’attachement le titre de Mtre de Mque jusqu'à ma mort. En y ajoutant comme munificence ineffable une pension de 600 f qui jointe a ma petite fortune m’aidera à soutenir mon existence, et à benir vos bienfaits, et remercier le ciel de vos bons souvenirs Daignez Messieurs agréer toute ma reconnaissance pour vos biens....".
• 6 août 1851, Tours: . Le chanoine Laboureau remet au chapitre une lettre de M.LEJAY, "dans laquelle celui-ci adresse ses remerciements au chapitre pour la bienveillance qu'il lui a témoignée dans son acte du 27 juillet dernier" et dans laquelle il "donne au Chapitre toutes les partitions de musique de ses grands motets, des hymnes de la fête-Dieu, des Proses des fêtes annuelles, des introïts des principales fêtes, et généralement de toute la musique qu'il a composée. Le chapitre remercie M.Lejay et ordonne que ces partitions seront déposées dans les armoires de la bibliothèque".
• 11 novembre 1851, Vendôme : Philippe Sulpice LEGAY [sic], rentier, époux de Anne Françoise Catherine Vincent, décède au domicile de sa fille, rue Poterie. Il s'était installé dans cette ville en raison "d'affections de famille"; c'est le mari de sa fille adoptive, Élie François Picard, qui déclare d'ailleurs son décès. Le Journal d'Indre-et-Loire fait paraître une notice nécrologique qui complète l'article de Ladevèze en forme d'hommage publié le 30 octobre à l'occasion de sa retraite. Il évoque un "artiste de grand talent, et, ce qui est plus encore, [...] un véritable homme de bien". Deux jours auparavant, le défunt avait déposé chez le notaire Rolland les originaux d'un transfert de créances due par deux couples de particuliers de la région tourangelle, effectué au mois d'octobre. Ces créances portaient sur la somme de 3 500 francs à 5%. "Et a mr Lejay declaré ne pouvoir plus signer a cause du tremblement de ses mains par suite de la maladie dont il est atteint".
• 15 novembre 1851, Tours : Le chapitre décide qu'il sera célébré un service solennel pour le repos de son âme. "L'office se fera au chœur et le catafalque sera placé dans la nef, en face de la porte principale du chœur. Ce service sera célébré le jeudi 21 nov., à 11 heures".
• 20 novembre 1851, Tours : Une cérémonie funèbre est organisée en son honneur à la cathédrale Saint-Gatien pendant laquelle sont exécutés sa messe des morts, son De profundis, le Pie Jesu de Louis Auguste Panseron [composé par ce musicien à l'occasion des obsèques de son professeur François Joseph Gossec en 1829], deux marches funèbres, celle de Frédéric Chopin (1837) et celle de Luigi Cherubini (1820). Les chanteurs mentionnés sont d'anciens élèves du défunt : "M. Henry, et MM. De Toulgouet, Contremine et Bonnin, accompagnés sur l'harmonium par M. PROFF, un des élèves les plus distingués de M. LEJAY".
• 3 janvier 1852, Vendôme : Sa veuve meurt à son tour. C'est toujours Élie François Picard qui vient déclarer le décès. Ce dernier meurt à Vendôme en octobre 1866 après son épouse qui s'est éteinte en mai 1861 [l'acte la mentionne comme "Julie Durier Lejay Vincent"]. Leur fils Jules Élie Philippe PICARD, principal clerc de notaire à Vendôme, se marie à Loches en avril 1869 et s'y installe. Il y meurt en 1924. C'est lui qui prête le portrait de Sulpice Philippe LEJAY pour "l'exposition des souvenirs religieux de la Révolution en Touraine", organisée entre les 12 et 23 novembre 1913 [voir ci-dessus].
• 29 avril 1852, Vendôme : Un banquier et un avocat de la ville certifient dans un acte de notoriété passé devant le notaire Rolland qu'aucun inventaire n'a été fait après les décès successifs de Sulpice Philippe et de son épouse, qu"ils n'ont pas laissé d'héritiers à réserve, "et qu'ils ont l'un et l'autre laissé pour leur seul et unique héritière Madame Julie Durier Lejay Vincent, épouse de mr Elie François Picard, avoué près le tribunal civil".
L'héritage musical
À sa mort, Sulpice Philippe LEJAY laisse une œuvre importante qu'il a léguée au chapitre de la cathédrale de Tours. On évoque dans la presse une "collection d'un grand prix car elle renferme un nombre considérable d’œuvres inédites des plus remarquables et des plus justement appréciées des maîtres de l'art. Il nous suffira, pour donner une idée de la valeur de ce présent, de citer parmi ces morceaux le Sub tuum (devenu pour ainsi dire populaire), le Qui est iste ?, le Quare fremuerunt ; la Prose et les hymnes de la Fête-Dieu ; la Messe des morts, etc...".
Il est actuellement conservé aux Archives diocésaines de Tours un fonds de partitions d'un certain nombre de ses œuvres : "Aria rondo d'alto Signore, Bouquet pour la fête de Madame la comtesse de B...exécuté à La Bonde le 20 juillet 1789" ; "Trois messes en harmonie pour la Garde citoyenne de Tours", 1790 ; "Motet en harmonie pour un défunt", 1791 ; Recueil d'hymnes patriotiques mis en musique ; Vive Henri IV à grand orchestre, avril 1816 (Ph.Lejay) ; Pour la fête de Madame [fille de Louis XVI] ...le 15 août 1817 ; Pour la fête de Madame ...le 15 août 1818 ; "Chants sacrés, hymnes du dimanche traduites par mr l'abbé Cummins, musique de M. P. LEJAY dédiés à Mgr l'Archevêque, Tours, chez Proff et Denizot", 1830 ; "Leçons de piano extraites de la méthode de la Viguerie arrangées à quatre mains pour exercer les élèves à exécuter en mesure et précision", 1835.
Et peut-être aussi "Fêtes de Noël, fête de l’Épiphanie", "Fête du Saint-Sacrement (faux-bourdon, soprano et ténor)" ; "Hommage à la Renaissance, quintette à M.Delacombe", Tours, 9 décembre 1838 ; "Ecce quam Bonum...".
À la bibliothèque municipale de Tours sont actuellement répertoriées ses "Leçons de Jérémie pour les jeudi, vendredi, et samedi saints", composées en 1829.
Mise à jour : 10 avril 2018