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LAUMOND, Jean-Baptiste (1747-1791 ap.)
Autre(s) forme(s) du nom : LAUMON
LAUMONT
Date(s) : 1747-9-29 / 1791 ap.
Jean-Baptiste LAUMOND embrasse la double vocation musicale et cléricale au début des années 1760. Établi comme semi-prébendé à Brive, en Limousin, puis choriste et maître de psallette à Noailles, localité située à deux heures de marche au sud de Brive, l'on peut se demander si, après la fermeture des chapitres, de nouveaux horizons se sont ouverts pour lui.
• 29 septembre 1747, Brive [Corrèze] : Jean LAUMOND, "fils légitime de M. Jean-Baptiste Laumond et de demoiselle Henriette Liège", naît et est baptisé paroisse Saint-Martin. Il a pour parrain M. Jean Peyrou, chanoine régulier de Saint-Augustin et pour marraine sa tante maternelle, "demlle Louise Liège épouse de M. Marque bourgeois de la présente ville". Parrain, marraine et amis présents au baptême ont signé. S'il n'y a pas de détails sur la profession du père, le fait qu'il soit dit "monsieur", que la mère soit dite "demoiselle", signe d'honorabilité, et que de nombreux présents soient signataires, tous les indices confirment qu'on est ici dans un milieu de petits notables. Signalons que si son prénom de baptême est Jean, comme son parrain, il sera ensuite appelé Jean-Baptiste, comme son père.
• 2 septembre 1763, Allassac : À l'occasion d'une visite épiscopale de Mgr Louis-Charles Duplessis d'Argentré, évêque de Limoges, Jean-Baptiste LAUMOND reçoit de ses mains la tonsure cléricale dans l'église paroissiale d'Allassac, petit village situé au nord de Brive, à quelque trois heures de marche. La lettre de tonsure signée par l'évêque précise que le nouveau clerc tonsuré est désormais inscrit sur les registres du clergé. Il a alors 16 ans.
Que fit-il jusqu'en 1766 ? Nous n'en savons rien encore et ne pouvons émettre que des suppositions : probablement fut-il d'abord enfant de chœur à la collégiale Saint-Martin ? Toutefois les dossiers postérieurs, en faisant systématiquement état d'un service de 15 ans à Brive avant son départ pour Noailles en 1781, obligent à faire démarrer son service en 1766 seulement.
• 7 septembre 1766, Brive : Jean-Baptiste LAUMOND est établi comme semi-prébendé au chapitre de St-Martin (poste vacant depuis "la désertion" de Me Guilhaume CHASTAING, clerc tonsuré et chanoine du chapitre de Noailles). Réputé pour sa "bonne conduite" et "sa capacité", LAUMOND qui est dit "clerc tonsuré habitant de la ville de Brive" est jugé "suffisant et capable" de reprendre le poste. On peut penser qu'avant cette date, il exerçait des fonctions au sein du bas chœur de la collégiale, dans l'attente de ce canonicat.
Dans l'acte de nomination, le prieur de la Collégiale, Charles-François de Lubersac, indique qu'il sera accordé au clerc tonsuré un droit de "provision, nomination, institution, pour servir ladite semy prébende", et qu'il peut désormais jouir à St-Martin des "droits de place, stalle, fruits, profits, revenus et émoluments, avec tous les droits, dépendances et appartenances quelconques". Enfin, le prieur invite les différents membres du chapitre et les chanoines à "mettre le sieur LAUMOND en possession réelle, actuelle et corporelle de la semy prébende".
D'autres documents nous relatent plus en détail l’événement : pour prendre possession "corporelle et réelle" de sa semi prébende, le clerc tonsuré comparaît dans le chapitre de la collégiale St-Martin, devant différents témoins, dont quelques chanoines et un notaire. Un des chanoines, le sieur Mayjonade prend la main du sieur LAUMOND et l'accompagne devant le maître autel. Tous deux se mettent à genoux, et "après avoir fait les solemnités accoutumées, le sieur Mayjonade conduit le sieur LAUMOND dans le chœur, et l'a fait placer dans la seconde stalle dudit chœur en bas du côté de l'Epître, et de là, au pupitre ou lutrin, sur lequel ledit sieur LAUMOND a posé la main, et de là il l'a conduit sous le clocher de ladite église, et luy a fait sonner les cloches dudit chapitre, et ensuite ledit sieur Mayjonade accompagné de nous et de nos témoins a conduit ledit sieur LAUMOND devant la principale porte du chœur, et par tous ces signes ledit sieur Mayjonade a mis en possession réelle, actuelle et corporelle de ladite semi-prébende ledit sieur LAUMOND..."
• 6 mai 1767, Brive : "LAUMOND prébendé" signe l'acte de baptême de l'un des fils de Pierre Coueffe dit GIRON, "musicien du chapitre" de Brive.
• 1781, Noailles : Après 15 ans de bons et loyaux services à Brive, Jean-Baptiste LAUMOND, toujours clerc tonsuré, devenu borgne, est admis au chapitre de Noailles en tant que choriste. Ses appointements s'élèvent annuellement à 225 livres.
L'église paroissiale de Noailles était devenue collégiale en 1557 par Bulle du pape Paul IV, et était "composée d'un doyenné-cure auquel était annexé un canonicat, et de six autres canonicats réduits plus tard à quatre'', toutefois la date de la fondation de la charge de maître de psallette par la Maison de Noailles reste indéterminée.
• 20 novembre 1789, Noailles : Jean-Baptiste LAUMOND est confirmé choriste par le Maréchal de Noailles à la collégiale Sainte-Catherine. Si le prieur de Brive nommait le curé doyen, la maison de Noailles se chargeait des autres nominations, lesquelles semblent être révocables à volonté.
• 1790 : Jean-Baptiste LAUMOND est toujours musicien chantre à la collégiale Sainte-Catherine de Noailles à 225 livres de gages annuels. On s'aperçoit ensuite que sa situation réelle est plus complexe et ses revenus plus diversifiés qu'en première analyse. Selon les documents qu'il produit au début de l'année suivante, il exerçait aussi la fonction de maître de psallette, émargeait à la mense capitulaire et touchait en plus un petit casuel.
• 16 janvier 1791 : Le syndic du chapitre de Noailles certifie que le sieur LAUMOND a servi la collégiale Sainte-Catherine pendant 9 ans, en qualité de maître de psallette. Son travail, très apprécié, suscitait dit-il "l'applaudissement et l'approbation du chapitre, ainsi que de tout le public". Ses appointements s’élevaient à 239 livres pour ses fonctions de maître de psallette.
D'autres attestations viennent confirmer l'état de service du sieur Laumond, soit quinze années en qualité de semi prébendé au chapitre de Brive, puis neuf années au chapitre de Noailles comme maître de psallette. De ce "service pénible et non interrompu", et cherchant à faire tenir compte de son état de borgne, Jean LAUMONT espère recevoir un traitement gratifiant de la part du directoire du département.
• 18 janvier 1791 : Laulerie, docteur en médecine de la faculté de Montpellier, signe un certificat dans lequel il relate les problèmes de santé de LAUMOND. Outre sa mauvaise vue et son œil "mort", Laulerie révèle aussi une maladie: "l'etmophtisie"... D'après le spécialiste, ce mal signale une faiblesse au niveau des poumons, qui, selon lui, "n'a pu être occasionnée dans le temps que par un chant trop soutenu".
• 8 février 1791 : Le doyen du syndic du chapitre de Noailles rédige un certificat en faveur de Jean-Baptiste LAUMOND. Ainsi, fait-il part des fonctions de "maître de psallete" exercées par le musicien borgne et des avantages dont il bénéficiait en cette qualité. Il recevait, à part égale des autres chanoines, "une portion des dîmes, du blé et du vin de la paroisse". Il est également précisé qu'il "n'a jamais affermé ou pu affermer moins de cent quarante livres". "Plus, le sieur Laumont jouissoit de la somme de soixante quinze livres sur les rentes dues au cy-devant chapitre sur l'hôtel de ville de Paris. On ne peut de même évaluer moins de vingt et quatre livres le petit casuel qui lui revenoit de son assistance aux enterrements et services qui se faisoient dans l'église de Noailles".
• 17 février 1791 : Différents tableaux représentants les membres du bas chœur des chapitres de chaque district sont envoyés au comité ecclésiastique du département. L'on peut remarquer, que pour le chapitre de Noailles, seul le nom de Jean-Baptiste LAUMOND apparaît. Il est ici désigné comme "musicien" percevant 225 livres de gages annuels. Les chanoines considèrent qu'il mérite qu'on lui attribue 150 livres de pension.
Le directoire du département entend bien la demande du sieur LAUMOND, qui, vu sa "mauvaise santé n'a pas d'autre état pour gagner sa vie que celui de maître de psallette", et il lui accorde une pension viagère de 150 livres.
• 17 novembre 1791 : Ainsi que la plupart des musiciens des différents chapitres français, LAUMOND poursuit ses démarches pour faire valoir ses droits en réclamant une pension à la hauteur de ses nombreuses années de travail. Le directoire du département délibère sur sa demande et lui octroie une "gratification" de 200 livres.
• LAUMOND figure dans le calendrier du département de la Corrèze pour l'année 1791 sur le " Tableau des membres de la société des amis de la constitution établie à Brive". Il est qualifié de "clerc tonsuré".
• Un tableau des pensionnaires ecclésiastiques du district de Brive [sd, vers 1791-1792] indique un organiste, GIRON recevant 300 livres, un maître de musique le sieur TOURON 300 livres, et deux chantres "mrs laumon 200 et lidon 200".
• 22 novembre 1797 : Un passeport pour Paris est établi au nom d'un certain Jean-Baptiste LAUMOND, qualifié d'instructeur. Est-ce le même homme ?
Qu'est devenu ensuite Jean-Baptiste LAUMOND ? Ses poumons ont-ils eu raison de lui ou a-t-il refait sa vie ? Après différentes recherches nous n'avons rien trouvé.
Mise à jour : 17 septembre 2017